AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Le bréviaire de Saint-Orphée tome 2 sur 4
EAN : 9782859402020
256 pages
Phébus (01/08/1991)
4.33/5   6 notes
Résumé :
De quoi sommes-nous fait ? Assurément de ce qui nous précède. Mais s'il nous parait évident d'appliquer cette logique à nous-mêmes, le passé nous semble composé d'éléments clos sur eux-mêmes. Nous saisissons l'Histoire par blocs : la Renaissance est humaniste et pas autre chose, le baroque est extravagant et n'est que cela... On découpe le réel en tranches. On le débite pour le mieux circonscrire. Mais on en oublie qu'il n'est pas que cela. Et qu'il déborde les moye... >Voir plus
Que lire après Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 2 : Renaissance noireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Qu'on en commun Dunstan, un moine du Moyen-âge, l'auteur romain antique Tacite et l'artiste de la Renaissance Brunelleschi ? Je n'aurais su le dire. Mais le lien, aussi ténu soit-il, a été fait par Miklos Szentkuthy dans son deuxième tome du bréviaire de Saint-Orphée, intitulé Renaissance noire. Je l'écris d'emblée, ça prend du courage pour se lancer dans cette lecture, cet exercice de style hautement intellectuel. Dans tous les cas, pour moi, ce fut une expérience enrichissante mais pas toujours facile d'accès.

En effet, Szentkuthy fait danser son lecteur à grands coups d'érudition. Et il faut suivre la cadence sinon, c'est fini. On décroche et l'on n'a plus envie de reprendre la danse. C'est que son histoire labyrintique est constituée d'un tourbillon, d'une avalanche de connaissances et de culture. Et pas générale, oh non, tout est d'une précision inouïe, d'une attention au détails hors du commun. Parfois, j'avais l'impression d'être emporté par un raz-de-marée, pire, un tsunami de savoirs encyclopédiques.

Mais jamais je n'ai eu l'impression que l'auteur étalait des connaissances accumulées un peu pompeusement. Plutôt, je sentais que j'avais affaire à un amoureux de l'histoire, de la philosophie, des arts. À un grand humaniste, comme en produisait jadis…

Ainsi, Miklos Szentkuthy nous propose de le suivre à travers les pensées (réflexions, supputations, tout ce que vous voudrez) de quelques personnages, essentiellement ceux mentionnés plus haut. Et ceux-là, plongés dans leurs savoirs, en évoquent d'autres à leur tour. Tout un voyage dans le temps !

Il faut savoir que l'on s'embarque dans des eaux mouvementées, troubles. Éléments, qu'un individu ordinaire n'a probablement vu passer que dans les notes de bas de pages des ouvrages généraux. D'autant plus que son histoire (si je peux appeler ainsi son ouvrage) ne fait pas de cas de la chronologie, encore moins des anachronismes. Par exemple, le narrateur établit une comparaison entre le vieux et laid empereur Tibère et un garçon d'une peinture de Matisse. Une autre fois, il insinue que son successeur Claude était une marionnette byzantine. Un peu plus loin, il lâche : « Tout le romantisme de Tacite, tout son rococo à la Philippe II apparaît en filigrane chez Sénèque. » (p. 54). Des effets de style bien volontaires, je serais le dernier à penser que Szentkuthy ne maitrise pas son «matériau».

Mais tout n'est pas si sombre. En fait, ça et là, on reconnaît des personnages ou bien des événements, tels des bouées de sauvetage auxquelles on s'accroche. En effet, même si on n'est pas féru d'histoire, de philosophie ou de musique, il est difficile de croire que certains noms comme Messaline ou Monteverdi n'allument pas une étincelle, même toute petite. Certains de ces noms sont mentionnés au passage, d'autres sont au centre d'intrigues, d'anecdotes intéressantes. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié celle de l'impératrice Théodora, qui reproduit une scène de la Genèse en cueillant une pomme et lançant au pape : « Adam et Ève, remake à Byzance ! Je veux croire que vous accepterez la pomme de mes mains. » (p. 80) Très ingénieux et audacieux.

On cherche un sens à une telle réécriture de l'Histoire. Sans garantie de réussite. le secret ? Il faut se laisser guider par Miklos Szentkuthy sans trop se poser de question. Par exemple, moi, je suis encore en train de «digérer» cette lecture. Pour tout dire, tant qu'à être dans cet état d'esprit réceptif à une pareille expérience, j'ai immédiatewment enchaîné avec le troisième tome. Je me sentais courageux.
Commenter  J’apprécie          230
Il était avec le dictionnaire Khazar. Ce sont des plaisirs d'esthètes relief de ma jeunesse où on cherchait le texte rare.
Je n'ai lu que deux tomes du bréviaire de Sainte Orphée. Celui ci et en marge de Casanova. Ici on parle de Monteverdi. Je crois que c'est au même moment que Jordi Savalk a edité son Orfeo enregistré sur les lieux de sa création. Je n'ai jamais trouvé d'autres volumes du bréviaire.
Relire cela maintenant me paraît anachronique mais tellement rassurant. A l'âge du numérique se préoccuper de beauté et d'érudition paraît vain. Mais O combien neceo
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Si l'homme et la vieillesse ont le mérite d'être univoques, la jeunesse apparaît bien comme un rêve horrible, dont on ne saurait déterminer l'élément le plus atroce - le rêve ou l'horreur? L'âge mûr se distingue essentiellement par son activité, et c'est là le plus négatif jugement que l'on puisse porter sur une pareille ignominie. Seule la vieillesse est vie - seul Tibère a vécu (à Capri), seul Tacite a vécu (avec Tibère), seul Sénèque a vécu (promenant son bouddhisme gras dans ses innombrables villas!) Fuyons l'insondable nullité des jeunes! Quant aux minus habens prétendument dans la force de l'âge, n'hésitons pas à les persécuter! Les vieux sont tout - lire et s'engraisser!
Commenter  J’apprécie          110
On sait qu'au Moyen Age mathématiques et musique constituaient deux disciplines soeurs - des soeurs incestueuses! -, ce qui ne nuisait nullement ni à l'exaltation sentimentale et sensuelle de la musique, ni à plus forte raison à la rigueur enivrante, voire salvatrice, des nombres.
Commenter  J’apprécie          130
Financer des entreprises papales - passe-temps élégant certes - pouvait se révéler danger mortel.
Commenter  J’apprécie          190
Paysage, source toute musique? Temps, sylphide de l'écho?
Sans ces deux Muses, le chant peut-il éclore au minuit d'or de la Toscane?
Commenter  J’apprécie          120
Assurément, le surréalisme d'aujourd'hui n'est qu'un mausolée de morve impuissante au regard des mille facettes éternelles du dessin dunstanien.
Commenter  J’apprécie          40

Video de Miklos Szentkuthy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miklos Szentkuthy
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature hongroiseVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}