Cet ouvrage numérique regroupe différents livres de Tacite :
Annales, Histoires, Vie de CN. Julius Agricola, Moeurs des Germains et enfin Dialogue sur les orateurs.
Autant le dire de suite, je n'ai pas tout lu. Je me suis intéressée aux livres « Agricola » et « Moeurs des Germains ». C'est d'ailleurs ce dernier livre qui m'a incitée à acheter ce recueil au départ.
L'ouvrage commence par une introduction de J.L. Burnouf (philologue et traducteur français du XIXème), assez longue, sur Publius Cornelius Tacitus (55-120).
Concernant le livre portant sur la vie d'Agricola :
Il présente un personnage de l'Antiquité que je ne connaissais pas. Agricola fut un général romain qui s'est distingué dans la conquête de l'île de Bretagne. Gendre d'Agricola, Tacite en fait une véritable éloge dans ce livre, en mettant en avant son humilité, sa diplomatie et sa stratégie militaire. Même si on sent le manque d'objectivité de la part de l'auteur, - Agricola semble en effet avoir toutes les vertus - ce livre demeure intéressant car il retrace cette conquête de la Bretagne tout en montrant un respect certain envers les peuples Bretons et leurs cultures. Il montre aussi qu'il n'est pas toujours aisé de servir l'empire romain, la gloire et la renommée pouvant apporter son lot de jalousie et de haine de la part des puissants.
Concernant le livre sur les Moeurs des Germains :
Travail impressionnant de l'auteur qui a recensé un grand nombre de tribus germaniques en décrivant leur situation géographique, leurs cultures, leurs croyances, leurs traditions, leurs organisations sociales et militaires.
J'ai peut-être mal interprété quelques passages, mais j'ai toutefois été dubitative sur certaines informations qui m'ont semblé légèrement contradictoires avec ce que rapporte Jules César dans son ouvrage « La Guerre des Gaules ». Des divergences par exemple sur l'ampleur des sacrifices humains (considérés comme minimes par César par rapport aux Gaulois alors que caractéristiques des germains pour Tacite), ou encore sur les raisons de si petites cités en Germanie (prestige et sécurité de l'espace vierge selon César, rempart contre les incendies/ignorance dans l'art de bâtir pour Tacite).
Mais ma remarque est insignifiante au regard de l'ensemble. Ce livre demeure incontournable car il regorge d'une mine d'informations sur ces tribus germaniques et constitue, j'imagine pour les historiens, un support dont on ne peut faire l'impasse.
J'ai trouvé Tacite plutôt facile à lire avec ses petits chapitres (une quarantaine pour chaque livre). Cette édition numérique est par ailleurs enrichie de notes auxquelles je me suis souvent référées, par exemple pour les noms anciens de territoires.
Je lirai certainement ses autres livres, je complèterai alors ma critique, mais pas dans l'immédiat.
Challenge Livre Historique 2020
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L'absence de gouverneur éloignant toute crainte, les Bretons discourent entre eux sur les maux de la servitude, se rappellent les uns aux autres leurs outrages, et les aigrissent encore par l'interprétation : "La patience ne mène à rien, se disent-ils, qu'à faire subir un joug plus pesant à ceux qui semblent ainsi le supporter avec facilité. Jadis nous n'avions qu'un roi, maintenant deux nous sont imposés, un gouverneur avide de notre sang, un procurateur avide de nos biens : dans notre soumission, l'accord de ces maîtres et leur discorde sont également funestes. Les satellites de l'un, les centurions de l'autre, mêlent la violence aux outrages."
(Vie de CN. JULIUS AGRICOLA)
Mais le principal aiguillon de leur courage, c'est qu'au lieu d'être un assemblage formé par le hasard, chaque bande d'hommes à cheval, chaque triangle d'infanterie, est composé de guerriers unis par les liens du sang et de la famille. Et les objets de leur tendresse sont près d'eux ; ils peuvent entendre les hurlements plaintifs de leurs femmes, les cris de leurs enfants : ce sont là pour chacun les témoins les plus respectables, les plus dignes panégyristes.
(Moeurs des Germains)
Les Germains aiment à donner des festins, et aucune nation n'exerce l'hospitalité d'un coeur plus généreux. Fermer sa porte à un homme, quel qu'il soit, semblerait un crime. Chacun offre à l'étranger une table aussi bien servie que le permet sa fortune. Quand ses provisions sont épuisées, le premier hôte en montre un second dans la maison voisine, et s'y rend de compagnie : les arrivants n'étaient invités ; peu importe, ils n'en sont pas reçus avec moins d'égards. Connus ou inconnus ont les mêmes droits à l'hospitalité.
(Moeurs des Germains)
Mutuellement enflammés par ces discours et de semblables, et prenant pour chef Boadicea, femme de sang royal, car pour les commander ils ne distinguent point de sexe, tous courent aux armes, dispersent les soldats disséminés dans les citadelles, enlèvent nos forts, et envahissent la colonie même comme siège de la tyrannie.
(Vie de CN. Julius Agricola)
Celui (*) de Germanie est moderne et ajouté depuis peu. Les premiers qui passèrent le Rhin et chassèrent les Gaulois, et qui maintenant se nomment Tongres, se nommèrent alors Germains. Ce nom, borné d'abord à une simple tribu, s'étendit peu à peu, et, créé par la victoire pour inspirer plus de crainte, il fut bientôt adopté par la nation toute entière.
(Moeurs des Germains)
(*) le nom
Tacite (vers 58-120), l'amour de Rome et le désespoir de l'historien : Une vie, une œuvre (1999 / France Culture). En 1999, dans la collection “Une vie, une œuvre” France Culture proposait un montage d'entretiens sur l'historien romain Tacite, avec Alain Michel, Claude Nicolet, Alain Pons, Jacques Gaillard et Claude Aziza, un documentaire signé Pascale Lismonde. Photographie : Statue de Tacite (Caius Cornelius Tacitus) (vers 58-120), historien romain. Parlement de Vienne, Autriche. • Crédits : Leemage - AFP. Diffusion sur France Culture le 25 mars 1999. Tacite aura-t-il été le premier “spin doctor” ? C'est une image peut-être un peu tirée par les cheveux et surtout anachronique pour évoquer l'historien de l'Antiquité contemporain de Néron... Il reste que Tacite fut tout à la fois haut serviteur de l'état et historien, conseiller du pouvoir et témoin de son temps. Il nous a laissé pour trace la vie politique du premier siècle après Jésus-Christ. Le lecteur curieux de notre histoire qui s'est un jour laissé happer par l'exploration des célèbres “Annales” aura saisi d'emblée l'extraordinaire passion de ces pages enfiévrées où s'entrechoquent l'ambition, le goût du pouvoir, la cupidité, le calcul, mais aussi l'amour. Tacite (en latin Publius Cornelius Tacitus) est un historien et sénateur romain né en 58 et mort vers 120 ap. J.-C. On connaît peu de choses sur la vie de Tacite. Les débuts de sa carrière et son contexte familial sont désormais mieux connus grâce à l'identification quasi certaine d'un fragment d'inscription latine avec son épitaphe. L'historien romain est né probablement en 58, sous Néron. De ce fragment et de son contexte archéologique on peut supposer que le nom complet de Tacite était Publius Cornelius Tacitus Caecina Paetus. D'une des “Lettres” de Pline le Jeune on déduit qu'il était vraisemblablement originaire d'Italie du Nord, ou de Gaule narbonnaise, peut-être de Vaison-la-Romaine. Il était issu d'une famille de l'ordre équestre. On sait grâce à Pline l'Ancien que son père probable, nommé aussi Cornelius Tacitus, fut procurateur de la province de Gaule belgique. En revanche, l'épouse de son père était peut-être issue d'une famille sénatoriale puisqu'elle semble avoir été une Caecina appartenant à une famille sénatoriale originaire d'Étrurie. Premier membre de sa lignée à entrer au sénat, Tacite fut donc un homo novus. Tacite a fort probablement suivi le parcours classique de l'éducation des jeunes aristocrates romains, il a fréquenté le grammaticus, puis le rhetor et il est possible qu'il ait été l'élève de Quintilien. Ses études et ses origines lui ouvrent les portes du forum et c'est ainsi que commence sa carrière vers 75, date à laquelle il situe plus tard son “Dialogue des orateurs” : grâce à Vespasien il entre dans l'ordre sénatorial.
Sources : France Culture et Wikipedia
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