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Jacques Aubergy (Traducteur)
EAN : 9782491742225
235 pages
Editions L'atinoir (14/05/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
S'il s'agit de sauvegarder le souvenir du mouvement [ouvrier] et de ses protagonistes anonymes contre l'oubli institutionnel, il est aussi question d'en bâtir l'épopée. La fois où le patron et le dirigeant syndicaliste jaune furent écrasés aux dominos par deux leaders syndicaux, celle où les soudeurs de Tula en grève résistèrent en mangeant les cactus des alentours, la double destruction de la voiture du patron par un monte-charge...

Une épopée ouvri... >Voir plus
Que lire après Irapuato mon amour : Petite épopée d'une mémoire ouvrière au MexiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Eh bien non, il ne s'agit pas, malgré la signature, d'un nouveau roman policier… Pourtant c'est du Paco Ignacio Taibo II pur jus. Donc pour ceux qui aiment. Comme moi. Sauf que cette fois, on ne suit pas les enquêtes de son détective fétiche, Beloascaran, dans le dédale des ruelles tortueuses (les ruelles ou la trajectoire de l'enquêteur ?) de Mexico.
On est plutôt dans le domaine de l'essai, genre recueil d'articles de presse. C'est à une évocation des luttes ouvrières au Mexique que nous convie Paco Ignacio Taïbo. Ce nouveau petit livre rouge raconte l'épopée sauvage des affrontements entre opprimés et oppresseurs. Alors pas de traitres, pas de gangsters ? Mais si ! Il n'en manque pas tout au long de ces pages : le patronat mexicain n'hésite pas à recruter tueurs, hommes de mains, briseurs de grève... Tout ce petit monde, bénéficiant de nombreuses complicités dans le milieu politique et médiatique, ne fait pas dans la dentelle. Irapuato mon amour est un récit épique, une collection d'articles écrits à différentes occasions, mais non dépourvus de lien.
Paco souhaite faire vivre la mémoire des luttes ouvrières et étudiantes dans le Mexique des années 70. Ces combats, il les a suivis en tant que journaliste mais aussi en tant que militant. Dix, vingt années plus tard il constate que la mémoire s'effrite… Comme le dit l'historien Howard Zinn, « Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs. » Et pour alimenter un mythe, le faire vivre et grandir, rien de mieux que de l'enrichir d'anecdotes. C'est l'un des objectifs de ce recueil et notre regard, guidé par la plume de l'auteur, se promène de comités de lutte en piquets de grève. Notre oreille entend les témoignages de ces centaines d'anonymes qui se sont engagés dans des luttes souvent ingrates. Solidarité est l'un des maîtres mots de ce combat incessant contre la misère et l'exploitation. Et, dans ce domaine là, notre conteur est tout à son affaire. le style d'écriture bien particulier qu'il utilise dans ses polars fait mouche à nouveau dans ses chroniques syndicales…
« Dans les zones industrielles, il n'y a jamais de lampadaires tous les vingt mètres. Ceux qui décident de construire dans ces endroits-là considèrent qu'il n'y a rien à éclairer…»
« Comme il est impossible de frapper à la porte d'une tente, on se contente d'écarter légèrement la toile et un peu comme si on voulait demander quelque chose, on dit : pardon. »
Au fil des pages, on va de la truculence et de la franche rigolade au ressenti de la pauvreté dans toute sa noirceur. On se délecte parfois, on rit souvent mais, par moment, on se sent envahi par une profonde tristesse.
Une partie importante des articles publiés est consacrée à la lutte exemplaire des ouvriers de chez Pascual, divisée en une succession de rounds, comme un match de boxe. Une grève qui a commencé par l'assassinat sauvage de deux travailleurs et qui s'est prolongée pendant des mois avant d'aboutir à l'autogestion de l'entreprise par ses salariés. Toutes les conclusions ne sont pas aussi heureuses par ailleurs. Dans beaucoup de passages, j'ai apprécié le ressenti de l'auteur et le caractère profondément humain des scènes qu'il nous présente.
On retrouve comme seconds rôles en toile de fond de ses fictions certains des personnages qu'il nous décrit. Si l'on veut appréhender de façon plus sensible l'inspiration de l'auteur, la lecture de ce portrait kaléidoscopique de la classe ouvrière mexicaine me paraît un outil important. Deux petits bémols pour conclure : la relecture de la traduction laisse parfois à désirer et certaines erreurs orthographiques auraient pu être facilement évitées. Les choix typographiques - petit corps et encre un peu grise - ne facilitent pas la lecture de ce long texte. Eh oui le lectorat ne rajeunit pas !
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Camarades, je vais vous présenter aujourd'hui un livre que je n'aurais jamais imaginé lire. J'avoue (honteusement) que les grèves et la lutte sociale n'intéressaient pas ma petite personne (égoïste, va), mais Paco Ignacio Taibo II est un auteur que j'aime beaucoup, et c'est la raison pour laquelle j'ai vite foncé sur ce titre quand je l'ai vu dans la Masse Critique de Babelio (merci beaucoup !)

Ce livre est un recueil des nouvelles autour de la lutte sociale au Mexique dans les années 70-80, notamment dans la création des sindicats indépendants (et non pas à corrompus à la solde des patrons et du gouvernement…). Vous y trouverez tantôt des expériences vécues, des reportages ou de la fiction.

C'est donc un recueil cohérent, autour du même sujet. On vit avec les grévistes, on suit leur combat, les injustices qu'ils subissent, on veut les soutenir, applaudir leur courage. On découvre le visage le plus vil de l'humanité chez ces patrons voyous, qui n'hésitent pas à intimider, menacer, voler, séquestrer et même tuer les grévistes. Pire encore quand on sait que tout ce que demandent les ouvriers est le respect de la Loi du travail. C'est dingue, mais ça m'étonne pas malheureusement.

Parmi les nouvelles les plus percutantes, j'ai beaucoup aimé les apparitions de "L'araignée", justicier des usines, "Les délices de Leïla", car son côté coquin permet de souffler un peu. Mais celle qui m'a passionnée a été "Pascual, dixième round".

Sur cette dernière, je vais m'étaler un peu, vous m'excuserez. Cette nouvelle raconte la lutte des ouvriers des boissons Pascual (bien connues dans le bassin autour de México). Ils se sont battus pendant quasiment deux ans contre un patron voyou (qui plus est avait assassiné de sang froid 2 grévistes au cours d'un guet-apens). En le lisant, je suis passée par plusieurs émotions. Principalement parce que les boissons Pascual, notamment Boing et Lulu ont sucré mon enfance. À Mexico et ses environs, il n'y a avait pas de pique-nique, de voyage, de sortie scolaire, ou d'anniversaire sans un délicieux Boing, en bouteille ou dans son emballage pyramidal avec son canard sosie de Donald en logo. le goût goyave est une tuerie ! du coup, en lisant ceci, j'ai d'abord été dégoutée d'avoir bu ça, puis, en poursuivant l'histoire, le dégoût s'est envolé. No spoil, mais Pascual finalement est un bel exemple de coopérative. Et je fus rassurée de savoir qu'à l'époque où j'ai bu du Boing, je soutenais une coopérative ouvrière et non pas un patron voyou. Comme une madeleine de Proust, j'ai eu un délicieux goût de Boing goyave dans ma bouche.

Pour revenir au recueil, la plume de Paco Ignacio Taïbo II est délicieuse, surtout quand on le lit en espagnol, car il restitue très bien le parler populaire mexicain, imagé et un délicieusement vulgaire ("d'un bleu niquemoilarétine"). J'ai beaucoup apprécié. Puisque je l'ai lu en français en restituant la VO dans ma tête, j'ai senti qu'au fur et à mesure le traducteur avait pris confiance et trouvé le bon ton, nous restituant le style propre à l'auteur. Si vous le lisez, n'oubliez pas de lire le préface de Sébastien Rutès (à qui l'on doit le génial "Mictlán"), pour mieux comprendre le contexte. Pardonnez aussi les quelques coquilles.
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Reçu dans le cadre de "Masse critique" . Des syndicalistes qui viennent épauler les « travailleuses , travailleurs » pour créer des syndicats indépendants , obtenir l'application de leurs droits …ça vous parle ? « Germinal » bien sûr , sauf que ce n'est pas dans les corons miniers mais dans les « maquiladores » au Mexique . La misère n'est pas moins pénible au soleil et l'oppression patronale (violence, lock out, « jaunes » …) identique , et le ton est résolument épique , Taïbo II raconte ses souvenirs de lutte avec truculence (plus Rabelais que Zola ) et tout son amour pour ses humbles avec qui il a combattu. Il parait que la lutte des classes n'existe pas …. Ah bon ?
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Finalement David est arrivé. Il était resplendissant. Comme si baptiser un nain au milieu d'une grève de la faim faisait partie du quotidien. De là, on est allé au bureau de l'état-civil qui était à trois cents mètres. Heureusement, la maman avait tous les papiers et on n'a pas trop attendu. Le juge nous a reçu tout de suite. Il nous a juste un peu regardé de travers quand David a sorti, tout fier, un cigare de sa poche, se l'est mis à la bouche et a annoncé :
- Il va s'appeler José Independiente.
Le fonctionnaire s'est tourné pour regarder les témoins. On a tous eu un signe affirmatif de la tête pour accompagner David dans sa folie. La maman avait un air résigné.
À l'église, le curé a été plus chiant que la grève. Il a dit :
- Pourquoi vous l'appelez pas José tout court ?
David a répondu sans broncher :
- Parce qu'il est né il y a une semaine.
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La suspicion, la méfiance pour la bonté désintéressée forment les plus sûrs boucliers pour les travailleurs mexicains. Ils sont tellement habitués à se faire avoir par d'immenses quantités de rédempteurs professionnels que pour eux la méfiance est la meilleure façon d'avoir confiance dans le genre humain.
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J'prouve la tentation de raconter des histoires d'amours impossibles ,parce que l'impossible était l'essence de ces jours -là.Comme celui qui ,devenu un simple schéma,dirait:elle :ouvrière d'une usine de pantalons ,mère célibataire,arrivée presque à la fin de la primaire,la femme la plus dure de toute,qui faisait trembler le patron quand elle montait l'escalier métallique à la tête du comité de grève.
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C'était une colonia qu'on aurait dit comme faite d'alluvions successifs. Pas tellement parce que les maisons semblaient vouloir se coller les unes aux autres, comme pour se soutenir, mais à cause des rues qui ressemblaient aux lits de rivières asséchées, où l'on voit ressortir une terre mal aplanie à cause du passage des voitures, avec aussi des petits tas de pierres, des petits morceaux de roches, et des immondices comme si, poussée par l'hygiène, une force mystérieuse les avait balayées sur les côtés. Je suppose que quand il pleuvait les rues se transformaient en rivières, en une putain d'Amazone plus vraie que nature qui descendait vers le "Periférico". Le nom de la colonia, ça non, je ne m'en souviens pas. Ça devait être une de celles qu'on appelle "les hauts de Mixcoac", du côté de Santa Fe, dans le coin des mines de sable, entre le "Periférico" et la cambrousse.
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Je me disais alors qu'on doit se convaincre chaque jour et aucune importance si l'ennemi existe ou s'il est un voile , une ombre,les paroles d'un boléro,le souvenir d'un baiser,une engueulade avec les chefs quand on avait cinq ans.
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Vidéo de Paco Ignacio Taibo II
Paco Ignacio Taïbo II raconte ses origines, sa vie familiale ainsi que ce qui l'a mené au Mexique.
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