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Nahal Tajadod (Autre)Jean-Claude Carrière (Autre)
EAN : 9782251451084
240 pages
Les Belles Lettres (08/10/2020)
3.62/5   8 notes
Résumé :
En 1185, à Tabriz dans le nord-ouest de l'Iran, Shams voit le jour. Encore enfant, il refuse le quotidien, les amitiés, les obligations. Pourquoi demeurer auprès de parents qui ne sont que des inconnus ? Prendre une épouse et fonder un foyer reviendrait à forger sa propre cage. Sa place est ailleurs, dans le grand océan. Il pratique le sama, cette danse mystique cherchant à relier le ciel à la terre. Il part pour Bagdad, Damas, Alep à la recherche de celui qui pourr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai été surprise par la profondeur et l'intensité de ce récit.
Nahal Tajadod nous fait le récit de la rencontre, l'union et la séparation de Shams de Tabriz avec Mowlana, de son nom Jalal al-din Mohommad Balkhi, plus connu sous le nom de Roumi ; Shams fit de lui « un prince du langage, un poète suprême car il savait qu'il ne l'était pas lui-même ».
Nahal Tajadod s'appuie sur les Maquâlât (soleil de la religion)écrits de Shams de Tabriz qui en fit le récit.
Roumi est donc un très grand poète Persan du XIII siècle dont le nom est lié au soufisme. La confrérie des Mevlevis ou derviches tourneurs a été fondé dans la ville de Konya par ce sublime créateur.
Lire l'affamé c'est entrer dans le monde mystique du soufisme. C'est partir sur les routes, en Perse, en Anatolie, en Syrie, en Egypte et traverser l'histoire du temps de Saladin, de Hassan Sabbah, de Gengis Khan et de ses hordes destructrices.
C'est voyager en compagnie des grands philosophes et des mystiques du soufisme pratiquant « le sama » danse mystique censée relier la terre et le ciel.
C'est entrer dans un monde spirituel, un monde intérieur, une religion de l'amour et de la tolérance. Mais c'est aussi beaucoup de mystères, de méditations…
Je pense qu'il faut lire et relire ce livre pour bien tout saisir.
Shams de Tabriz le mystique, le faiseur de poètes nous dit : « Si j'ai pris ma plume, c'est à cause de lui, de notre relation qui, tel un jet d'eau, s'éleva, s'éleva, culmina au sommet et se fracassa. Chute libre, vertige, éparpillement. J'ai dû le quitter et m'en aller pour le libérer de moi, pour me libérer de lui ». Ainsi libérer Roumi composa et fut « capable de faire danser même les mots. Les cieux, la terre, les créatures et aussi le musulman de l'autre côté de la planète. Je caresse chacune des lettres. Je prends la feuille où est inscrit son nom et je la rapproche de la bougie. Lui et moi, nous n'avons parlé que le langage du feu. La flamme connaît nos secrets. Elle aussi se met à danser. J'ose même prononcer son nom et l'appeler comme si j'entendais encore ses pas ».
La lecture de ce livre est fascinante et vivifiante, l'affamé est comme le dit Jean- Claude Carrière dans la préface « une nourriture qui donne faim, qui se dévore, et qui ne rassasie jamais »



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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
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Là où la Vérité a jeté son masque et dévoilé sa beauté, la parole n'est qu'un prétexte. La parole est une flèche. Les flèches remplissaient mon carquois. Mais j'étais incapable de tirer.
Quel est le sens de la parole?

Le champ de la parole est vaste, le champ du sens est étroit. Il existe, pourtant, un autre sens qui enferme le champ de l'expression, des mots et des sons. Il les écrase. Il les engloutit. De sorte qu'il ne reste plus aucune expression. Ce silence, qui était le mien, ne venait du pas manque, mais de l'abondance du sens.

p.129
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Dans la vallée où je faisais s'envoler Mowlana, il n'y avait plus ni religieux, ni infidèles, ni bien, ni mal, ni doute, ni certitude, ni hier, ni demain. Là-bas, la prudence et l'espérance fuyaient comme des voleurs. Là-bas, l'amour était le feu et la raison la fumée. Face à l'amour, la raison déguerpissait.
En se soumettant à moi, Mowlana congédia sa raison, expulsa la tristesse, intégra la joie.
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Je ne me souviens plus de l'identité de cet ardent compagnon, ni de son nom, ni de son métier. Ses yeux me suffisent : deux bols de sang. Et sa voix, son cri : "la danse d'un homme sincère met en mouvement les cieux, la terre et toutes les créatures. La danse d'un musulman, à l'est, enfièvre le musulman qui est à l'autre bout de la terre au couchant.
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Je relevais sa tête, puis je l'abaissais vers le sol : « Il n'y a rien à chercher là-haut, ni ici-bas. Le salut se trouve ailleurs, dans l'ouverture du cœur. »

p.121
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Je me rappelle aussi un fou. On l’internait ici ou là, dans les cuves des tanneries, dans les puits à sec, dans les basses-fosses, mais il réussissait à s’évader. Un jour, il s’avança nerveusement vers mon père et leva le poing pour le frapper. Au dernier moment, il ajouta en me désignant : « Si ce n’était pas pour lui, je t’aurais traîné jusqu’à cette mare et précipité dedans ! »
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Videos de Nahal Tajadod (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nahal Tajadod
Golshifteh Farahani et Nahal Tajadod : L'exil (France Culture / L'Atelier intérieur). Émission diffusée sur France Culture le 12 juillet 2014. Nahal Tajadod et Golshifteh Farahani - 2012 - ©Tina Merandon. Son site internet : http://www.tinamerandon.com. “L’Atelier intérieur” s'ouvre à l’exil. À ce qui fait perdre et tout recommencer. Ce qui fait réfléchir à ce que l’on garderait : qu’est-ce qui pourrait témoigner de ce que l’on a été ? Le poète persan Rūmī avait choisi la poésie. Le poème se lit, oui, mais d’abord il se vit. Et comme c’est le “Printemps des poètes” cette semaine dans les “Ateliers de la nuit”, deux femmes en studio, deux vies cramponnées à la poésie. Dont on pourrait dire : “c’est tout un poème.” D’ailleurs l’une est devenue le personnage du roman de l’autre. Golshifteh Farahani a dit “oui” à Nahal Tajadod. Ce sont deux exils à 30 ans d’écart. Deux Iran. Golshifteh a fait son premier film à 14 ans, et à 14 ans déjà elle réalise que tout est éphémère. Elle se dit petit soldat du cinéma, qui un jour prend sa liberté au risque de perdre son pays. L’image de départ ce soir serait celle-là : « La maison de notre enfance celle qui n’existe plus, celle qui est en ruine, celle qui est habitée par d’autres » écrit Nahal Tajadod. L’exil accélère l’oubli, il paraît. Pourtant il reste encore les odeurs des bibliothèques, les bruits des portes, pourtant il y a des lieux que l’on ne quitte jamais. Après une biographie de Rūmī, Nahal Tajadod s’intéresse à Golshifteh Farahani. Parce qu’elle a en elle la question du poète : « D’où je suis, moi ? » Pour l’émission de ce soir, Golshifteh nous a dit : « Je suis là lundi soir à 99%. Probablement. » On a décidé d’y croire et on a bien fait. On a pris le risque : d’avoir une absence, parce que la vie nomade c’est aussi ça parfois : du silence à un endroit. C’est ne promettre à personne “un lieu à telle heure” parce qu’à elle rien n’a été promis. C’est ne pas croire complètement aux rendez-vous. C’est présenter tout comme un miracle. Une chance. Quand on vous a enlevé l’envol et l’élan, pour mettre sous vos pieds la contrainte de certains tracés, alors : “arrive ce qui arrive”. Et ce n’est pas une coquetterie. Ça fait partie du poème. Ça fait partie du poème, donc, de se dire que l’émission de ce soir aurait pu ne pas avoir lieu. La présenter comme un miracle, et alors qu'elle fait du silence à un autre endroit : la vivre jusqu’à minuit en faisant l’inventaire de tout ce qu’“ici ou très loin”, témoigne et témoignera toujours, comme cette “maison habitée par d’autres”, de ce que l’on est. Golshifteh Farahani, actrice iranienne, en exil depuis 6 ans. Et Nahal Tajadod, écrivain iranienne, pour son roman “Elle joue” : récit de la vie de Golshifteh Farahani et de leur amitié. Sur leur exil, la reconstruction d’un intérieur « ailleurs ». Nahal Tajadod est spécialiste du poète persan soufi Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī.
Invitées : Nahal Tajadod, écrivain Golshifteh Farahani, comédienne
Thèmes : Création Radiophonique| Cinéma| Littérature Française| Théâtre| Cinéma Iranien| Exil| Poème| Golshifteh Farahani| Nahal Tajadod| Anne Steffens| St.Lô| Musique| Poésie| Rūmī| Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī
Source : France Culture
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