Derrière ces couvertures en mode pub à l'ancienne que j'adore, derrière cette énergie folle qui transpire à travers les pages que j'adore aussi, je suis bien embêtée pour parler de cette oeuvre et de ce tome en particulier, car il y a aussi de sacrées failles qui me dérangent...
Depuis toujours,
Tsutomu Takahashi aime parler de la violence. Il en a même fait sa marque de fabrique mais je trouve que le monsieur va parfois un peu loin et clairement ici, il manque de nuance. Il montre un monde de la boxe archi violent et vulgaire, au point de le rendre ridicule et caricatural. A-t-il besoin pour exciter la rivalité entre Reon et Ryoga d'aller aussi loin et de faire promettre le seppuku d'un côté et un film porno de l'autre ? C'est de la provocation pure et simple, et j'ai un peu l'impression que c'est aussi là pour plaire à un certain lectorat amateur de vulgarité. Ce n'est pas mon cas.
Je n'ai pas non plus aimé la transformation qui s'opère chez Ryoga. L'auteur s'inspire toujours à mort d'Ashita no Joe, la référence en la matière, mais il est beaucoup moins fin que l'original. Il veut transcender le héros, le réinventer en boxeur parfait, mais la définition qu'il en a me dérange énormément. Pour lui, le boxeur parfait est un tueur. Là, je dis stop. Je pensais qu'on allait au contraire déjouer cette image qui colle à Ryoga dans cette saga et là, j'ai de plus en plus l'impression au contraire qu'on cherche à lui coller cette étiquette et à en faire une force de frappe pour lui. Je n'aime pas du tout. Je ne dis pas que la boxe n'est pas un sport violent, sans concession, mais c'est tellement premier degré ici que cela en devient ridicule. C'était tellement plus fin et puissant dans Ashita no Joe.
Ainsi même si le match est archi percutant, même si cette violence qui transpire de partout fascine et pousse à toujours vouloir lire la suite pour découvrir jusqu'où cela va, pour le moment je trouve le titre très putassier dans un sens, très racoleur et je le regrette. J'aime le côté très brut du décor, j'aime l'histoire passée de Ryoga qui lui donne un vrai relief, j'aime les dessins qui sont explosifs et enflammés, mais tout le reste est too much. Les valeurs ou plutôt l'absence de valeurs des personnages me dérangent profondément. On avait déjà eu un viol conjugal avec Reon, là on a la valorisation du meurtre, ça va loin.
Alors certes les matchs et les échanges sont percutants. L'auteur sait capturer l'attention du lecteur. Il a une narration très immersive et explosives. Mais ça ne suffit pas. D'ailleurs, je serais curieuse d'avoir l'avis de gens pratiquant vraiment la boxe sur ce titre. J'ai notamment l'impression que les positions des boxeurs pendant les matchs sont totalement fumées et pas du tout réalistes, même si elles font classe. Un beau dessin ne fait pas tout.
Je ressors donc assez mitigée de cette lecture, totalement sous le charme de l'ambiance graphique, je ne vais pas vous mentir, mais aussi totalement désarmée face au malaise que les propos tenus et les actions enclenchées me provoquent. J'ai du mal à adhérer à cette narration bien trop racoleuse et manquant de nuance, surtout face au poids lourd qui le précède dans ce sport et qui était un modèle d'écriture puissante mais pensée. Ici, j'ai l'impression que l'auteur cherche trop à faire plaisir à un certain lectorat et se fait plaisir avec des dessins classes mais qu'il a oublié de travailler vraiment son scénario. A voir dans les deux derniers tomes si je me trompe ou pas.
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