Le réalisme , comme toutes les vertus , a besoin d’être imposé aux hommes par les lois de la conservation , de l’intérêt et du milieu . Il est bon , tant la nature humaine est faible et pesante , que le désir de bonheur nous engage dans les rudes chemins montants de la discipline et de l’effort . Tant que nous avons l’espoir de trouver un refuge en contrebas , nous ne nous soucions guère de monter . Seule la cruelle expérience peut nous enseigner que les chemins qui descendent conduisent à des impasses . Les catastrophes qui s’abattent aujourd’hui sur le monde auront peut - être ce résultat positif de nous rendre le sens des dures nécessités naturelles qui sauvent l’homme malgré lui.
Là où rien ne peut jeter de vraies racines dans la mémoire , rien ne peut porter de vrais fruits dans la volonté . Des mouvements de l’esprit ou du cœur aussi artificiellement engendrés ne lient , n’engagent pas plus l’individu que les images et les désirs qui peuplent nos rêves.
Débat entre Alain de Benoist et Gustave Thibon 2-3