Là, Gil est moins leste.
Etant passé de Pif Gadget à Tintin, j'ai raté Spirou et donc, le Gil Jourdan de Tillieux.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, surtout quand on tombe sur un aussi beau travail d'édition.
Dupuis a mis les petits plats dans les grands à l'occasion de cette intégrale, avec pour ce volume, plusieurs albums de taille variable : "Le Gant à trois doigts", "Le Chinois à 2 roues", "Chaud et Froid"/"Le Grand Souffle", "Pâtée explosive"/"La Guerre en caleçon"/"La Poursuite", et quelques histoires courtes et nouvelles illustrées. Comme pour les éditions précédentes, on retrouve une introduction d'une vingtaine de pages par
José-Louis Bocquet.
En termes de qualité si on prend aussi en compte le beau et épais papier sur lequel tout ça est couché, c'est un must !
Quant aux aventures de Gil Jourdan, c'est un peu le début de la fin, les albums se terminent brutalement, les histoires raccourcissent...Tillieux devient de plus en plus, scénariste pour d'autres (René Follet, Will,
Roba, Piroton...). le dessin est toujours d'un dynamisme remarquable, et comme toujours également, navigue entre plusieurs styles, entre
Hergé,
Franquin, Morris, voire Jacobs (la planche 6B de "La guerre en caleçon" pourrait sortir du "Secret de l'Espadon".
Les histoires sont simples mais agréables, l'humour est omniprésent.
"Le Chinois à 2 roues" rappelle "Le Salaire de la peur" et "100 000 dollars au soleil".
Signe des temps, des "gags" limites font leur apparition. Ainsi, dans "Chaud et Froid", quand un vendeur un peu efféminé et stressé dit à son complice qu'il est "tout retourné", ce dernier lui répond "Et alors, mon minet, c'est mieux qu'à l'endroit ?". Et la phrase "Je peux rentrer à pinces maintenant ! A travers le marais, c'est gai !" dans l'album "Le Chinois à 2 roues" s'en sort au bénéfice du doute.
De la BD à l'ancienne, ça fait du bien aussi. Mais là, ça se termine.