Nouvelle lecture fort perturbante pour ne pas changer. Alors que les personnages semblent avancer à leur façon totalement tordue et parfois dérangeante, le discours lui est toujours aussi sombre et malaisant.
Je continue à avoir du mal à cerner le propos d'
Akane Torikai dont je trouve la mise en scène souvent brouillonne et le chemin emprunté fort tortueux, mais elle a le mérite de me faire réfléchir et de laisser une trace après la lecture, ce qui est la preuve d'une oeuvre forte. Ici, nous assistons à des chemins de vie inextricablement mêlés, dont le seul reproche que j'aurais à faire, c'est que comme par hasard, ils concernent tous des gens avec des traumas bien lourds, ce qui est tout sauf réaliste. Comme je l'avais déjà écrit, cela donne un sentiment de surenchère et d'exagération alors que j'aurais aimé un propos plus juste et sensible.
Il y a d'un côté Misuzu et Niizuma dont l'histoire semble avancer à pas de fourmis car ce n'est pas simple pour l'un tout comme pour l'autre de se défaire de ses traumas pour avancer dans une histoire romantique, mais j'apprécie beaucoup leur fraicheur et leur fragilité. Si le chemin emprunté par Niizuma me dérange énormément et en dit long malheureusement sur une certaine image qu'on attribue aux hommes, je suis plus séduite par celui de Misuzu qui redevient la jeune femme qu'elle aurait dû être sans ce qu'elle a vécu. Il n'y a que cette image de la "femme-mère" qui pardonne qui me dérange profondément tant je la trouve clichée et rétrograde à l'heure actuelle... Mais cela avance quand même joliment entre eux vers une romance que je trouve belle, touchante et faisant sens.
Mélangé à leur histoire, nous touchons également à la vie sordide de Misato, personnage terriblement ambigu dans sa représentation "des femmes" pour ne pas dire glauque mais tout de même très moderne dans ce qu'elle dit de ce qu'on accepte pour ne pas être ennuyée ou violentée en tant que femme. Cela déchire le coeur. Elle est vraiment bien cabossée et l'autrice semble nous amener tranquillement à la considérer comme un élément explosif pour la suite.
Reste en marge et pourtant au centre de tout cela, le couple Minako-Hayafuji qui pourri la vie à tout le monde. Je n'arrive pas à éprouver la moindre pitié pour eux, je les déteste autant l'un que l'autre. Je trouve Minako à vomir dans ce qu'elle accepte de cet homme et dans cette soumission qu'elle accepte naturellement. Alors même si elle se fait plus douce depuis qu'elle est enceinte (quel cliché !), ça ne suffit pas pour moi. C'est le genre de femme à fuir pour moi. En revanche, cette scène où Misuzu lui rend visite et s'avoue la vraie nature de leur relation est frappante. Quant à Hayafuji, c'est bien que la parentalité le remue mais c'est impossible pour autant de pardonner tout ce qu'il a fait et fait encore. Ce type est l'une des pires ordures que j'ai pu trouver dans une oeuvre de fiction et je ne veux pas d'une rédemption. Ce qu'il dit des femmes "qui acceptent tout" comme si c'était leur faute est à vomir ! du coup, je comprends parfaitement le coup de folie qui prépare Reina.
En proie au silence est vraiment un titre qui porte bien son nom tant les personnages étouffent ce qu'ils ressentent et pensent vraiment. Il renferme de vraies qualités dans son intention de dénoncer les travers d'une société dans son rapport aux femmes. Cependant je continue à le trouver bancal dans sa forme, tout est trop surjoué, trop cliché, manquant de nuances et certains discours mis en avant me dérangent vraiment. Je n'arrive pas à trouver la sensibilité que j'aime et que j'attendais dans ce genre de titres. Quand des séries comme Don't Fake your Smile ou Blue Flag dénoncent des sujets similaires, je trouve qu'elles le font bien mieux avec un côté moins voyeuriste, plus juste et réaliste. C'est ce qui fait qu'En proie au silence restera pour moi une bonne série mais pas une série que j'aurais envie de relire, je pense.
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