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EAN : 9782868534835
154 pages
Le Temps qu'il fait (20/04/2007)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Le taupier louait ses services dans les fermes et travaillait entre le ciel d’hiver et la terre souvent boueuse à délivrer des taupes le terrain agricole. Jean-Loup Trassard a longuement interrogé celui qu’il connaissait depuis l’enfance.
Ce solitaire, tant démuni, est plus misérable sans doute qu’un domestique agricole mais plus libre. Pourtant, la bouche pleine d’un silence terreux, il s’empêche de dire à table ce qu’il a vu dans la campagne. Il ne peut par... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le seul à écouter les taupes. Elles sont en dessous, on ne les voit pas. Il dit qu’elles marchent quand elles creusent des couloirs, plutôt nagent dans la terre, petites mains roses écartées. On voit le tas où elles montent la terre, par la couleur on sait à peu près combien de temps. Parfois jusque devant les marches de la maison, coup de pied dedans pour égailler. Lui n’entre pas au jardin des fermes, son domaine : la courbure de la -commune. Ou alors il attend qu’on lui demande, j’en ai une là, si tu pouvais la prendre.

— Chacun savait un peu quand même…
— Plus ou moins, oui, le monde s’en occupait parce qu’on ne pouvait plus faucher. Je me souviens, tandis que j’étais chez mes parents, à La Rouaberie, trois sœurs plus vieilles que moi, mon frère plus vieux aussi, ça nous faisait cinq et le père avec nous, six. Six à égailler les taupinières dans la prée qui est au bout du chemin. On a travaillé tout une après-midi, mais on en a laissé presque autant comme on en avait égaillé, les taupinières se touchaient bientôt. Va faucher là-dedans ! Les scies faisaient deux ou trois tours, c’était fini, les juments n’en voulaient plus, ça arrachait au lieu de couper, et encore si ça ne cassait pas, souvent une petite pierre bloquait la scie, une dent sautait.

Trop de terre sous la terre, pour ouvrir des couloirs elles doivent en pousser dehors. Sur une prairie broutée personne n’aime voir des taupinières, guère plus que des parelles, oseilles à grosse feuilles que refusent les bêtes. C’est comme une négligence. Mais le foin — herbe montée en graine, mariée aux trèfles, boutons d’or et pâquerettes — le foin cache leur ouvrage où la luisante mécanique lame s’use, s’enraye.

— Si ç’avait été comme maintenant, les gens qui passent une herse ou un bandage de roue traîné à plat, il y aurait eu du terreau partout. Autrefois on mettait du terreau pour graisser l’herbe, là, rien qu’avec les taupinières, l’herbe aurait été toute cachée !

La boue molle des fonds de chemins creux ou le curage de la cour ou de la mare, étaient portés, tombereau dégoulinant, sur une prairie. On mettait de la terre sur la terre et rien n’était perdu.

— Maintenant y en a beaucoup moins.
— C’est vous qui les avez prises…
— Dame, celles qui sont prises ne peuplent pas.
— Les gens disaient : il laisse les mères…
— Ah, il aurait fallu les connaître à la passée ! Avec ça le soleil, l’année dernière, en a vantié pris pu qu’ma !
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Le reste de l’année, toujours à journée, le coup de main donné aux récoltes d’été ; il faut bien compléter la chiche pension d’invalidité concédée par l’Etat au sortir de la guerre. Joseph y a perdu son souffle. Et la pleurésie qui rôde c’est le pourquoi du sac à grains toujours jeté sur les épaules pour se protéger de la pluie. La drôle d’allure que ça lui donne.
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Une fois, j’ai mis sept pièges sur la même passée, à un mètre au moins les uns des autres et entre chaque j’ai mis une pince, ça faisait quatorze, et je ne l’ai pas eue ! A la fin, elle ne passait même plus. C’était une terre très tendre, presque marécageuse, alors elle creusait en dessous facilement et mettait sa terre je ne sais où. Pourtant elle continuait à marcher. Eh bien j’ai dit : celle-là…je n’en ai jamais trouvé une aussi forte !
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J’avais toujours un gros sac su l’dos et s’il venait à être trop mouillé j’en demandais un autre dans la ferme pendant que le mien seuchait dans la cheminée. J’ai vu les gens m’en mettre deux durant les journées de flotte.
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Elles, les taupes, marchent aussi « elles marchent toute la journée », « elles marchent la nuit tout pareil », mais elles marchent en dessous, dans les passées qu’elles se creusent sans répit.
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Vidéo de Jean-Loup Trassard
La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement. Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Pierre Schoentjes, professeur à l'Université de Gand, spécialiste du « nature writing » en langue française pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
Dans Ecopoétique, Pierre Schoentjes étudie les spécificités du « nature writing » en langue française – le terroir plus que la terre, le lieu plutôt que le paysage, l'esthétique plutôt que l'éthique – en délimitant un corpus littéraire constitué d'écrivains comme Jean-Loup Trassard, Pierre Gascar, Charles-Ferdinand Ramuz ou Philippe Jaccottet. Mais il explore aussi les oeuvres d'écrivains très contemporains comme Emmanuelle Pagano, Belinda Cannone ou Marie-Hélène Lafon. En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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