C'était un réel plaisir de découvrir la suite de la vie de Cécile et de Jérôme, ainsi que de leurs enfants et petits-enfants. C'est vraiment réconfortant de voir évoluer des personnages aussi attachants, et d'être témoin de leur guérison et de leur pardon.
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Toujours bien je ne me suis pas ennuyée
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Quand je les ai connus, ils avaient vingt ans. L’âge pour être heureux. Pourtant Cécile et Jérôme n’ont pas vraiment goûté au bonheur. Alors qu’ils ne s’y attendaient pas, la vie les a séparés. Chacun de son côté a tenté de se réaliser. À leur façon, petit à petit, ils ont tout de même réussi à être heureux. Malgré cela, ils n'oubliaient pas. Le regard de l'autre restait posé sur leur vie. Comme une attente. Comme une grande soif non désaltérée. De loin, sans oser intervenir, je les ai suivis au fil des années. J'ai partagé leurs espoirs et leurs déceptions. Quand je les ai quittés, ils venaient de se retrouver, incrédules, un peu méfiants. Ils étaient dans un cimetière de France et la vie leur proposait un retour inattendu.
J'ai l'impression d'être une gamine qui ne sait pas ce qu'elle veut... J'ai toujours pensé que Jérôme, c'était toute ma vie. Je l'avais choisi pour être mon mari et le père de mes enfants. Et finalement, c'est effectivement lui le père de l'unique bébé que j'ai mis au monde. Il n'y a pas eu une seule journée où je n'ai pas pensé à lui. Pas une, Gérard. Son fantôme a même failli détruire le couple que je formais avec Charles. Et Dieu sait si Charles était un homme exceptionnel. Je n'ai pas besoin de te le dire, n'est-ce pas? Oui, j'ai aimé Charles sincèrement, du plus profond de mon cœur. Et je lui serai toujours reconnaissante pour l'amour qu'il m'a donné, pour la belle vie qui a été la nôtre.
Elle savait que c'était ridicule, qu'elle n'était pas responsable, mais elle n'y pouvait rien. Elle avait l'impression de marcher sur des œufs, se sentant prise entre son mari et son fils comme entre l'arbre et l'écorce. En même temps, son ressentiment envers Cécile avait disparu, fondu comme neige au soleil. Elle venait de comprendre qu'il y a parfois certains événements qui dépassent tout entendement et viennent fausser les comportements habituels.
Il aurait envie que ce soit hier, ce temps des amours un peu folles. Ce temps des amours insouciantes. Que ce soit hier et que ce soit encore aujourd'hui. Il aurait envie de la prendre dans ses bras, de la porter à l'intérieur de la cabane pour lui faire l'amour. Comme lorsqu'ils avaient vingt ans. Mais voilà, ils n'ont plus vingt ans et Jérôme a passé la plus grande partie de sa vie dans un monde d'hommes. Alors il se sent malhabile et malheureux.
Si j'ai retrouvé le sourire un peu moqueur et la droiture des yeux noisette de Jérôme, j'ai l'impression qu'ils appartiennent maintenant à un étranger. Comme si quelqu'un les lui avait volés et essayait de me faire croire qu'ils sont bien à lui. Cet accent qu'il a, ces brusques et fréquents retraits silencieux comme à l'intérieur d'un monde que je ne connais pas, qui ne sera jamais mien.
23-Émission Littéraire "Cause toujours" Auteurs Laurentides/TVCL- Louise Tremblay-D'Essiambre