Il s'appelle Lapinot, comment voulez-vous qu'avec un nom comme ça on puisse prendre ses aventures au sérieux. Et puis il y a Richard, un casse-pied de compétition, roi de la Punchline. Ces histoires démarrent toujours sur des petites remarques, faites dans la rue en marchant, au tables des terrasses, ou dans un appartement citadin, quelques discussions, de moments impromptus, juste des petites remarques insolentes et pertinentes, des réflexions anodines, quelques idées farfelues… et avec une nonchalance, des grandes oreilles, de grands pieds, l'air de rien,
Lewis Trondheim nous refait
les possédés de
Dostoïevski.
Bon, évidemment, si je compare ces aventures de Lapinot à “
Les possédés” de
Dostoïevski, ça va grincer un peu, mais pourtant… en tout cas, c'est l'impression que ça m'a fait. Des personnages beaucoup plus complexes qu'ils n'en ont l'air. On trouve, dans cette aventure, beaucoup d'impertinences, une critique sociale, un objectif révolutionnaire, une vision assez désabusée de cette révolution, on aborde le sujet du rôle de l'individu dans l'action révolutionnaire, artistique, économique, on aborde aussi la critique de la culture, l'art conceptuel en prend pour son grade, sans oublier la vie de couple, l'amitié, les concessions, la confiance…
Lucide… et très drôle, c'est totalement hilarant, les répliques claquent comme des coups de fouet, c'est juste excellent.
Dans la production pléthorique de
Lewis Trondheim, il y a vraiment de belles perles, Midi à quatorze heures fait partie du haut du panier, cet album est même furieusement vertigineux.