"Millediou maugréa Marcabru, mais alors vous recherchez des bateaux qui ont disparu?"
Nous voilà en 1147, au temps d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII, la reine Aliénor, en personne, a confié au Chevalier Galeran de Lesvenen, au "courage" et "savoir faire" légendaires, (dont l'imaginative
Viviane Moore a déjà relaté de nombreuses enquêtes moyenâgeuses dans la collection Labyrinthes chez Hachette) une "délicate mission": trouver le comment du pourquoi des naufrages qui se multiplient sur la Gironde, des bateaux pillés,des chargements qui disparaissent et des naufrageurs, qui lorsqu'ils réchappent de la tempête sont assassinés de façon horrible.
Les "fées des houles" séviraient-elles toujours?
C'est sur fond d'étranges pouvoirs et de superstitions que nous retrouvons avec plaisir ce preux chevalier, Quolibet son "fidèle hongre" et ce coup ci Marcabru, un troubadour ami (déjà rencontré dans
Bleu sang) qui va l'aider en se renseignant et se mêlant à la foule.
Jaune sable se présente dans un contexte historique intéressant et nous fait assister à la vie de l'époque de la chasse au faucon pèlerin du Vicomte de Blaye à un obscur cellier où gémit un naufragé devenu fou à une taverne de Talmont tenue par un manchot obéissant aux ordres d'un "maître" cupide...Bref, l'angoisse et le suspense sont toujours au rendez-vous chez
Viviane Moore, journaliste et romancière,qui a beaucoup écrit de policiers médiévaux, mais également contemporains (comme
Tokyo des Ténèbres), une trilogie celte (dont l'excellent
Par la vague) et un roman d'anticipation.
J'ai apprécié l'ambiance un brin fantastique et l'atmosphère d'antan avec vocabulaire médiéval pittoresque (ex: "fin amor","crapaudaille", "viguier"..); expressions chantantes (ex: "Morgué, c'était donc ça!", "Par ma barbe", "Par Bacchus"..)qui rendent le récit plus vivant ou mots particulièrement imagés ( un "étrange regard de basilic") .
Sachant que le basilic, reptile fabuleux, tue d'un seul regard (petit rajout personnel issu du Dictionnaire des symboles).....Aaaahhhhh!!!!!!!!!!!! Un frisson parcourt déjà l'échine des lecteurs surtout lorsque l'auteur rajoute des "doigts palmés" à sa description.
Bravo!