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EAN : 9782072995361
128 pages
SCRIBES (25/08/2022)
3.31/5   26 notes
Résumé :
"Toute cette époque, c'étaient des jours comme aujourd'hui. Des jours du ventre mou de l'été. Où le ciel s'affaisse. En se couvrant de longues traînées mauve et noir. De grandes fleurs tristes."Dans une ville où règnent la langueur et l'ennui, où des immeubles sombres barrent l'horizon, un jeune homme, Dylan, disparaît dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations. S'agit-il d'une fuite, d'une fugue, d'un meurtre ? Pour combler cette absence, l... >Voir plus
Que lire après Au moins nous aurons vu la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Commençons par les points positifs. L'ambiance brumeuse est bien dépeinte. Il y a des accents poétiques à certains endroits qui sauvent le livre, comme les lignes sur le ventre mou du ciel, ravivées par une lèvre molle un peu plus loin, mais ce travail sur la dichotomie visible dès les premiers lignes n'est pas très fin. Les O coupés, les 0 coupés, n'agissent pas sur la lectrice que je suis tant le procédé parait grossier, d'autant plus que juste après viennent les silhouettes qui se dédoublent, des phrases qui finissent par de. C'est rigolo, oui c'est un exercice rigolo ou.

Tout est englouti dans un trou pour ainsi dire : l'oeil voit. Tout est englouti dans un trou métaphorique qui existe d'ailleurs dans le texte. C'est à se demander si à force de jouer avec le feu, le poète n'y perdrait son. Jeu.

Pour les thèmes, mystère, errance, disparition et déambulation se disputent la vedette. Il faut croire qu'une pandémie à l'échelle mondiale qui a vidé les rues ne dissuade toujours pas le petit monde éditorial à raconter. le vide. De.

Signalons qu'à partir de la page 45, ça se gâte sérieusement. J'ai eu beaucoup de mal à avancer dans la déambulation signalée comme étant « une espèce de déambulation lourde ». Ensuite, c'est l'errance mais sans dynamique interne comme on peut trouver chez d'autres auteurs. On sent l'influence de Joyce et Beckett, mais on ne retrouve ni vélocité ni énergie dans cette plume. Une écriture au couteau, diront les prestidigitateurs. Ou mieux : la cité moderne décrite avec une plume minimaliste. Une phrase au souffle court. Ou le non-style pour dire l'errance. le cirque habituel.

Puis vient la descente dans la nuit, page 95 : il faut encore persévérer après le rituel du départ tous les soirs pour explorer l'autre territoire du côté des villas. Une chambre au bout d'un couloir avec une tête désarticulée qui aurait pu émettre une « longue plainte molle ».

Quand on y pense, tous ces narrateurs dans cette rentrée littéraire, écrivains en mal d'inspiration, ou le narrateur et son binôme (non parce qu'au-delà de deux personnages, il pourrait y avoir un semblant de relation, voire un thème intéressant en prise avec les problèmes de notre siècle, et ça ce n'est pas permis) qui errent, c'est le signe que l'on est envahi d'auteurs qui n'ont pas de sujet mais des éditeurs qui leur disent, non, mais tu as du style, on tient le bon bout : ta renommée fera la mienne. Et puis tous ces récits qui sont tout juste suffisants pour alimenter un divan de psychanalyse, chacun se croyant plus original que son voisin, sont vraiment lassants.

Appelons ça la crise du sujet. L'éditeur parle d'une écriture faussement simple. de surcroit (j'aime beaucoup ce mot et m'en excuse une nouvelle fois), de surcroit donc, cet aveuglement devant l'absence de sujet à part l'errance sans style particulier, lui permet néanmoins de classer son livre au rayon de la littérature qui explore des territoires. C'est symptomatique d'un monde de l'édition dominé par de gros bonnets qui s'écoutent parler, de style, de, qui font du mystère et de la subjectivité une religion bien pratique, l'exploration de la noirceur en jonglant avec des crânes un levier supplémentaire, puis ensuite s'écoutent parler en soliloquant devant un parterre de libraires qui de toute façon tendra les bandeaux rouges au lecteur 99 fois sur 100. Alors, peu importe finalement. C'est l'image ici que la maison tente de (re)construire.

Remarquons que le livre est un bel objet mais comme il fait penser aux 3 derniers livres de Déborah Levy aux Editions du Sous-Sol, cette « beauté » lui nuit... Cette trilogie est évidemment plus riche, plus inventive, ancrée dans des sujets contemporains. Deborah Levy enlace dans sa plume les textes d'autres écrivains et nous offre une matière malléable, riche, réflexive. Cette trilogie (voir mes chroniques plus bas) qui brasse quantité de thèmes universels offre un texte que l'on n'oublie pas et qui longtemps nous travaillent (on saluera au passage le travail de la traductrice Céline Leroy).

J'ai aussi pensé à Peter Stamm publié d'ailleurs dans l'ancienne maison de l'éditeur qui a fondé cette collection. Peter Stamm pratique également le dédoublement de personnage, procédé narratif très répandu en littérature, qui symbolise une sorte de rupture, faite de séparations et de rapprochements, mais chez Peter Stamm, c'est fait avec plus de grâce, de complexité, une tension permanente. Et surtout moins de prétention.

Bref, cette langue inventive dans une nouvelle collection inventive est le sous-produit d'autres livres contemporains. La recherche formelle est trop démonstrative pour prétendre « arpenter des territoires encore inconnus ». le travail sur le style comme souvent malheureusement dans la littérature essoufflée de cette fin de cycle/siècle n'est porté par aucun sujet suffisamment fort pour lui donner l'impulsion nécessaire pour éclore. Aucune motivation ni geste radical ne surprend le lecteur. Les éditeurs qui font du style une obsession par snobisme (un sentiment d'appartenance à une certaine aristocratie littéraire) oublient qu'une langue c'est d'abord un sujet, une colère, une obsession sous-jacente. Ou alors c'est un geste gratuit qui s'évapore aussi vite que les phrases qu'il porte. Derrière un style, il y a une langue qui écume. Puis le style survient. Cette écriture minimaliste n'est pas portée par des thèmes forts, ni exil, ni tiraillement, rien à part l'errance comme sujet. Elle n'a de surcroit aucune puissance symbolique qui pourrait justifier ce minimalisme. On retrouve cette correspondance entre la géographie urbaine et les conditions psycho-sociologique des personnages comme partout ailleurs. Un personnage qui erre et finit par. La recherche identitaire des personnages est assez simpliste. Elle tangue entre deux personnages, le narrateur qui raconte les errances avec Dylan qui disparaît, et des capuches tantôt remontées, tantôt baissées.

Que cela ne nous empêche pas de lire les écrivains et poètes belges. Dans une époque lointaine, c'était d'ailleurs un gage de qualité tant les éditeurs français d'un snobisme (encore oui…) légendaire les filtraient avec un tamis plus fin que les écrivains français. Depuis le snobisme est toujours là, il s'est déplacé au rayon du.

3/5
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Au moins je l'aurais lu.
Ce qui n'était pas gagné, loin de là. Emprunté en septembre pour son hypnotisante couverture bleue, je l'ai commencé et arrêté au bout de quelques chapitres. Long séjour dans ma paf, une cyberattaque aidant. Je me décide à le reprendre, fin de cyberattaque aidant. Et je m'arrête au bout des quelques mêmes chapitres. Pourquoi je ne me décide pas à le rendre à la bibliothèque ? Un principe, celui de terminer un livre commencé, une bonne surprise pouvant toujours arriver. Troisième tentative donc qui sera la bonne. Sans que ce soit une réussite pour autant.

Au moins nous aurons vu la nuit est un roman étrange. Je ne saurais pas bien le résumer. Il y est question de Dylan, qui a disparu. D'une nuit criminelle. D'un chat et d'une Anglaise. Tout ça raconté dans un style particulier, télégraphique. L'atmosphère est celle d'un film noir. C'est déroutant, fascinant, un peu. Sans que ça me plaise pour autant.

Un court texte, un peu plus de cent pages, et le sentiment de quelque chose de très dense. le style haché ne me dérange pas outre mesure mais je l'ai trouvé très froid. Il y a une constante mise à distance du lecteur qui ne peut jamais être en empathie avec le narrateur. Je ne peux pas nier que ce texte a de véritables qualités littéraires mais on en arrive pour moi à la limite entre le fond et la forme.
C'est formellement intéressant mais je ne comprends pas l'histoire. J'aime l'ambiance nocturne mais je ne vois pas ce que l'auteur veut me dire. En poésie, je peux facilement me laisser porter et ne pas chercher à tout prix un sens à tout ça. Dans un format de novella, noire qui plus est, j'ai besoin de plus de romanesque. Cet absence de romanesque qui fait que j'ai posé deux fois ce livre avant de vraiment le lire.

Malgré tout, j'ai aimé decouvrir cette nouvelle maison d'édition dont j'aime le choix esthétique et dont les textes suivants me semblent originaux et prometteurs. Et pour copier notre cher président, je dirai qu'il n'y a pas eu d'erreur, c'est juste que ça n'a pas marché.


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Écrit à la première personne, Au moins nous aurons vu la nuit est l'histoire d'une amitié forte entre le narrateur et Dylan.
Dans une banlieue indéfinie où les grands disparaissent quelques fois pour revenir plus tard roder autour de l'étang, dans ce monde d'inégalités sociales, les deux amis, qu'on devine adolescents, vont se créer un univers commun fait de déambulations nocturnes. Un univers où il n'est pas nécessaire de se parler pour devenir complices. La disparition soudaine de Dylan, dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations, va créer dans la vie du narrateur un vide et une errance des souvenirs.
Entre rêve et réalité, la prose poétique choisie par l'auteur pour nous livrer ce récit, est particulièrement efficace pour nous faire vivre dans la tête du narrateur et recréer à travers ses souvenirs et ses questionnements une ambiance d'horizons bouchés et de mystères non résolus.
Phrases courtes, qui parfois ne se finissent pas, le style peut surprendre. D'aucuns détesteront. Personnellement j'ai trouvé que cette façon d'écrire témoignait d'une réelle maîtrise de la langue et des sentiments. J'ai avalé ce court roman d'une seule traite, et, il m'en reste une impression de légère tristesse et des images de déambulation sans fin dans la brume.
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L'auteur est né en 1984 à Liège en Belgique. Il a déjà publié plusieurs ouvrages de poésie sous le pseudonyme de Louis Adran dont « Nu l'été sous les fleurs » et « Cinq lèvres couchées noires », tous deux primés. « Au moins nous aurons vu la nuit » est son premier roman.

Un roman court. Des chapitres courts. Des phrases courtes, parfois très courtes comme un haïku ou une pensée abrégée qui pourtant en dit long. le style d'Alexandre Valassidis peut surprendre, casse les codes de la syntaxe. L'écriture est vive, rapide, suspendue.

L'histoire se passe en été dans un quartier de barres d'immeubles bordé d'un étang et dominé par des villas cossues sur les hauteurs de la ville. La disparition soudaine de Dylan, jeune homme bohème aux mauvaises fréquentations, demeure tout aussi suspecte qu'inattendue. le narrateur revient sur les jours qui précèdent l'évènement : sa rencontre avec ce mystérieux garçon, leur amitié naissante, leurs aventures nocturnes dans cette ville hostile, le lien fort qui peu à peu les unit.

Ce roman court invite aussitôt à une seconde lecture. Il ne laisse pas indifférent. L'oeuvre donne quelques frissons et nous conduit là où l'on ne s'attend pas.
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C'est une nouvelle collection que nous propose Gallimard : "Scribes". C'est un auteur belge qui l'inaugure avec son premier roman. Alexandre Valassidis est né à Liège en 1984. Il a déjà publié de la poésie sous le pseudo Louis Adran et l'on ressent sa poésie dans ce récit.

C'est un roman composé de 42 courts chapitres de trois pages environ qu'il nous propose.

Dylan a disparu ! le narrateur, un post adolescent, nous raconte son quartier, la barre d'immeubles, la cité, les grands, le trou dans le grillage, l'étang, la brume, et plus loin..., le quartier des villas.

Il nous partage son inquiétude pour Dylan mais avant tout sa rencontre, le début d'une amitié, leurs balades nocturnes, leurs errances...

Les chapitres sont très courts. Les phrases longues ou courtes souvent inachevées. L'auteur casse les codes de la syntaxe, cela perturbe un peu au début, mais on s'y habitue très vite.

J'ai commencé la lecture à voix haute pour entendre la musicalité de la langue. C'est noir et poétique.

Ce style particulier nous fait ressentir la nuit, une ambiance, l'errance et la solitude du narrateur. Cela intensifie le mystère et la tension palpable dans l'écriture.

Une belle découverte, une écriture visuelle, cinématographique qui fait avant tout ressentir la nuit, entre rêve et réalité, poésie et noirceur.

Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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critiques presse (2)
LeSoir
19 septembre 2022
Première incursion d’Alexandre Valassidis dans le domaine de la fiction en prose : « Au moins nous aurons vu la nuit » : un roman noir et poétique.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
01 septembre 2022
"Au moins nous aurons vu la nuit", un texte fait d'errance et de brume, lance la collection "Scribes" dirigée par Clément Ribes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Durant ces nuits-là, il n'y avait jamais rien eu dans ses yeux ou son comportement qui aurait laisser penser que. Je veux dire rien d'assez clair pour en être frappant. Et qu'on se dise qu'il y avait là matière à. Une sorte de terreau sur lequel aurait poussé la suite des évènements. Dont on aurait pu sinon prévoir la tournure, au moins imaginer le genre.
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Les frontières de son monde connu, pourrait-on dire. Tout petit monde. Inscrit à l'intérieur d'un minuscule périmètre. Incluant d'une part la barre d'immeubles. Avec le grillage autour et l'étang derrière. Puis le studio de la cousine, d'autre part. Juste à côté de la gare et du passage souterrain qui débouchait sur le fleuve. Et ces deux pöles, les deux extrémités de son monde, reliés par un long terrain vague.
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Entre nous, ça avait tout de suite pris, si je puis dire. Dès la première fois où nos regards s'étaient croisés. J'avais ressenti quelque chose. Une sensation très forte. Sur laquelle je n'avais pas voulu mettre de mots. Pour qu'elle reste comme un cheval sauvage, cette impression. Qu'elle reste libre.
p. 30.
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Nos yeux s'étaient habitués à l'absence de lumière. Presque d'un coup. Sans qu'on s'en soit véritablement aperçu. Et j'ai pensé qu'il y avait des moments dans la vie où c'était comme ça. Des moments où il fallait accepter de ne rien y voir, de ne rien savoir. D'avancer vraiment dans la nuit. Parfois durant un temps qui pouvait ne pas être très long. Au bout duquel on finissait toujours par voir les lignes se dessiner. Des chemins apparaître, ou la forme d'une idée.
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C'est alors que j'ai cru comprendre ce qu'avait peut-être été l'abri en ville de Dylan? Malgré la noirceur qui allait avec. Il devait y avoir cet aspect de lieu hors du temps. Comme une vie à l'intérieur de la vie. Une sorte de passage secret entre deux endroits. Où jamais personne ne pourrait venir nous chercher.
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