La publication des « Cours de poétique » inédits, donnés au Collège de France, entre 1937 et 1945, par le poète et essayiste, révèle une surprenante pensée de l'acte créatif, aussi originale que jubilatoire.
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Nous serions peu de chose si nous n'avions pas cette division intérieure, cette division contre nous-mêmes, quelquefois.
[La genèse de l'œuvre d'art - 3 février 1945]
À côté de l'œuvre, voyons un certain nombre de possibilités qui sont à côté d'elle et qui nous conduisent à l'idée où je voulais en venir, à l'idée de recherche, à l'idée de tâtonnements, à l'idée de modifications successives qui doivent amener l'œuvre à exister.
Il y a eu une période pendant laquelle nous étions devant les choses et devant les gens comme l'artiste devant ce buste dont il n'est pas sûr. Seulement, la différence, c'est que l'artiste tend vers une limite, tandis que l'enfant qui commence à marcher, à toucher, à palper, à considérer le monde extérieur et à se le construire ne sait pas où il va ; il le devine sans le savoir.
Je vous dirai même, en livrant le secret des dieux, que, hier, à l'Académie, comme nous discutions le mot "art" pour le dictionnaire célèbre et éternel, on avait mis comme définition : "manière de bien faire" ; et j'ai dit : "Non, pour moi c'est une manière de faire, parce que le bien n'est pas là-dedans."
[Devoir et pouvoir dans la création - 2 février 1945]
Chez ce poète, vous rappelez-vous ce très beau vers : "sur le vide papier que sa blancheur défend *" ? La blancheur, c'est la possibilité en face de l'impuissance. Ce vers confronte les deux éléments de jugement que je vous disais : la possibilité, c'est la blancheur du papier, où tout peut se produire ; l'impuissance, c'est que l'ensemble des possibilités est paralysé.
* Stéphane Mallarmé, "Brise marine".
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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