Sangs mêlés

John Vergher, dans ce premier roman, semble vouloir, comme on dit familièrement, « cocher toutes les cases ». le thème principal est celui du « passing » (le fait de vouloir se faire passer pour ce qu'on n'est pas), thème traité autrefois avec génie par @Philip Roth dans @La Tache. Ici, pas de génie, mais un propos beaucoup plus scolaire et appuyé. Dès le début, l'auteur nous annonce la couleur, sans mauvais jeu de mots. Car Bobby est blanc, mais il apprend à l'adolescence que son père, qu'il ne connaît pas et qui est supposé mort, est noir. Gros choc pour Bobby, qui a des tendances racistes assumées. L'auteur tisse ce fil conducteur avec des intrigues parallèles, notamment un meurtre, auquel la lectrice impuissante que je suis a assisté un peu médusée, car il y a peu de logique interne (quel culot ! un meurtre ! mais… pourquoi au fait ? ). Les intrigues parallèles, qui sont certes censées se rejoindre à un moment dans un roman, sont ici tellement cousues de fil blanc qu'elles empêchent tout effet de surprise. Et, last but not least, les personnages sont vraiment très caricaturaux. Les racistes sont TRES racistes, les pauvres sont alcooliques et le jeune homme raciste torturé par la découverte de son métissage est finalement un bon bougre à l'esprit ouvert, mais on s'en doutait, non ? L'auteur déroule d'autres thèmes « de société », la violence dans les prisons, le désir d'enfant, les couples mixtes, les bandes de jeunes dans les banlieues, les familles monoparentales, la drogue, etc. Bref, un roman fourre-tout, qui a l'avantage de se lire vite, mais est-ce vraiment un avantage ?

Des romans noirs ou des polars brossant un tableau de la condition des noirs en Amérique, j'en ai lu un certain nombre, mais rarement aussi fort que celui-ci, avec une telle tension, du début à la fin. 

John Vercher s'impose et en impose avec ce premier roman époustouflant. 

À travers l'histoire de Bobby et de son identité raciale cachée à son entourage mais surtout à son meilleur ami, on redécouvre tout l'impact que peut avoir sur la vie d'un homme, d'être un noir à la peau claire face aux préjugés racistes qui perdurent toujours aux États-Unis notamment comme ici présent. 

Un polar d'une grande justesse avec des personnages profonds qui reflètent bien les conditions de vies de certains américains, des serveurs des Diner, aux médecins des hôpitaux, aux flics racistes, aux ex- détenus bien plus violents qu'avant leur incarcération, les difficultés financières, les jobs multiples pour juste se loger et se nourrir, la violence omniprésente, tout y est représenté avec beaucoup de maîtrise et de réalisme. 

Sangs mêlés ne pourra pas vous laisser indiffèrent, et risque de vous hanter longtemps, tant son sujet est actuel, violent,puissant m hélas tellement vrai, et prouve encore une fois que l'on soit aisé ou pas, être noir en Amérique pose toujours problème. 

Déchirant du début à la fin, ça pourrait faire un sacré bon film ou une super série, de l'encre à la bobine ça me plairait vraiment. 

En attendant, aussi tragique soit-il, ce premier roman est à découvrir absolument.

Roman gagné lors de la dernière masse critique de Babelio

Je suis bien contente d'avoir pu faire connaissance de cet auteur que je ne connaissais pas du tout.
Nous sommes ici dans un polar bien sûr mais il y'a bien d'autres choses derrière comme la quête d'identité, le racisme, l'amitié , la souffrance et ce qu'elle entraine.

Nous sommes confrontés à un jeune homme qui est blanc mais qui est pourtant né d'un père noir qu'il ne rencontrera que bien plus tard. Et pourtant ce jeune homme se refuse à se considérer comme noir et cache sa véritable identité. Son (ex) meilleur ami n'est autre qu'un jeune tatoué de motifs racistes.

Nous sommes confrontés à la violence face au racisme. C'est assez violent mais tellement réaliste. Pour moi qui ne suit pas du tout raciste ce roman et ce qui en découle a été assez éprouvant.

Nous y découvrons aussi l'amitié car même si tout n'est pas rose entre les deux jeunes hommes Bobby et Aaron on y décèle quand même beaucoup de soutien. Ils étaient les meilleurs amis mais la prison en a détruit un.

Le roman met en évidence aussi la famille et les sacrifices que certains doivent faire pour survivre. Et le fait aussi que face aux problèmes certains se réfugient dans l'alcool.

Bref c'est un roman qui est vibrant du début à la fin. On ne s'ennuie pas une minute. Et jusqu'à la fin il est haletant. C'est un roman noir. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas lu et je le vous conseille surtout que l'auteur a une très belle plume.

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Comment vivre dans un monde discriminatoire ? C'est ce à quoi sont confrontés Bobby, métis très clair élevé dans les théories racistes de son grand-père blanc, Aaron, petit blanc paumé qui voudrait être noir mais dont la prison fera un suprémaciste blanc, ainsi que Robert, médecin de classe aisée lui aussi confronté quotidiennement au racisme.
Né d'un père noir inconnu, Bobby se fait passer pour un Blanc. Un soir, il retrouve son meilleur ami Aaron, sorti de prison après avoir purgé sa peine pour trafic de stupéfiants. Mais la soirée tourne au cauchemar lorsque Aaron agresse un jeune Noir, rendant Bobby complice d'un meurtre raciste. Ce dernier n'a pas d'autre choix que fuir la police, Aaron devenu son ennemi et sa propre identité.
Quels choix, quels valeurs doivent guider nos vies ? Quelles conséquences ont nos actes sur nous-mêmes et nos proches ? Un premier roman fort et dense, intensément noir.
Par Flo, Bibliothèques de la Ville de Paris
Lien : https://collectifpolar.blog/..

[Tensions raciales et construction identitaire]
Mars 1995. L'Amérique est plongée dans l'affaire O.J. Simpson, et encore empreinte de l'acquittement des quatre policiers après le passage à tabac de Rodney King. Un climat tendu fertile aux tensions raciales - et à l'idiotie - dans lequel Bobby a été élevé par une mère célibataire, contrainte de vivre chez son paternel par manque de moyens. le grand-père, profondément raciste, élève Bobby qui n'a pas conscience qu'une autre vérité existe. Imaginez donc sa confusion lorsqu'il apprend que son père est noir ! L'auteur joue de la filiation pour évacuer de nombreux préjugés et stéréotypes tout en posant la constat d'une société malade. Les conflits intellectuels et émotionnels s'enchaînent dans une spirale déchirante.

[Une amitié tragique]
C'est à travers l'amitié de Bobby et d'Aaron que l'auteur cristalise ces conflits ; de leur rencontre où Aaron s'approprie la culture afro-américaine, en passant par sa sortie de prison radicalisé par la Fraternité aryenne et jusqu'au meurtre d'un jeune noir dans un parking. Une amitié tragique qui m'a fait penser au lien fraternel de Derek et Danny dans American History X avec événements vécus en marche-arrière. D'autres thèmes importants se greffent à l'histoire : alcoolisme, précarité, conditions des serveur·euses americain·es, univers carcéral... En totale transparence, j'ai dévoré ce livre, mais j'aurais aimé que certaines scènes soient plus développées, que l'auteur s'autorise à aller au bout de certaines choses touchées du bout des doigts. Quoiqu'il en soit, je vais le suivre de près !

[En bref]
John Vercher signe un premier ouvrage déchirant auquel j'aurais souhaité encore plus de pages...