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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme beaucoup de personnages publics, Verlaine fait partie de ces artistes complexes dont on ne peut séparer « l'homme » et « l'oeuvre », même si certains aspects de leur personnalité sont fortement choquants, vis-à-vis de la morale ou de la loi. Les exemples ne manquent pas au cours des siècles. Et s'il fallait mettre au rencart les oeuvres de tous ceux qui ont à un moment ou un autre offensé leurs contemporains par des actes répréhensibles, le patrimoine littéraire et artistique risquerait d'être fortement amputé. le problème est ancien, mais il se fait de plus en plus sensible, en fonction d'une part de l'évolution des moeurs, d'autre part de celle des réseaux sociaux qui permettent de dire tout et son contraire, « sans filtre » et donc de construire ou détruire des personnalités. Ce qu'on appelait autrefois « la rumeur » est devenue une arme de destruction massive. Mais on ne va pas refaire le monde, ni vous ni moi. Faute de pouvoir trancher, soyons objectifs, et tâchons d'être raisonnables, sans être emportés par une passion partisane.
Exemple parfait : Paul Verlaine (1844-1896). Sublime poète, et homme exécrable : alcoolique et violent, il battait sa femme enceinte et son enfant, et même sa mère (qu'il adorait). Puis il abandonne sa famille pour vivre avec Rimbaud une passion « infernale » qui finit par une tentative de meurtre par balle sur son jeune amant. de prisons en hôpitaux il tombe dans une misère noire dont il ne ressortira pas. Et pourtant, il nous laisse une poésie d'une beauté extraordinaire, pure et limpide, semblable à une musique berçante ou enchanteresse, ou encore d'une élégiaque authenticité…
Pour comprendre sa poésie, il faut comprendre son caractère. Verlaine est un être plein de contrastes : voluptueux, il ne sait pas résister à l'appel des plaisirs (tous les plaisirs, y compris les plus répréhensibles) et en même temps, il est un chercheur d'absolu, lucide sur ses faiblesses et avide de rédemption. Il est en quête d'un bonheur qu'il sait impossible à atteindre, d'une innocence qu'il sait à jamais perdue. Sa poésie se ressent de ces contradictions.
Littérairement parlant, il est à la fois un héritier et un précurseur : il connaît ses classiques depuis Villon jusqu'à Baudelaire, en passant par Nerval (ces trois poètes sont des étapes majeures dans la façon d'écrire la poésie), sans oublier bien sûr les romantiques avec Hugo, les Parnassiens avec Gautier et Leconte de Lisle, ou toute la mouvance impressionniste. Attaché à montrer les mystères de l'âme humaine et celle des choses, il pratique un art poétique d'une grande musicalité, basé sur une simplicité lexicale, familière et consensuelle, comme une confidence avec le lecteur. Il multiplie les expériences poétiques (cf son poème « Art poétique », dans « Jadis et naguère ») :
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
L'un des grands mérites de Verlaine, c'est d'avoir remis au goût du jour une poésie cadencée comme un chant (toujours ce rapport à la musique), qui était celui de du Bellay, De Lamartine, de Nerval, de Hugo, et qui après lui sera amplifié par Apollinaire, Eluard et Aragon.
Et le Verlaine poétique qui restera, c'est bien celui de ce chant profond, mêlant nature et vie intérieure, l'âme partagée entre l'ange et le démon, proche de la vie des pauvres gens, d'une simplicité et d'une humilité exemplaires, et pour nous lecteurs, rempli d'accents à la fois émouvants et déchirants, ce chant profond, c'est celui du Pauvre Lélian..
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Pour moi, le plus grand poète français. "De la musique avant tout chose... " Je suis moi même, modestement, à la croisée de la littérature et de la musique et Verlaine est LA référence. Sensibilité et (apparente) simplicité. Indispensable.
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Cette immense oeuvre poétique qui lui a valu sa gloire, Verlaine nous laisse, seul, avec ses vers qui reflètent, dans toute leur splendeur, la grande complexité de l'homme. Bien qu'il se soit plu souvent à brouiller les pistes en mêlant les poèmes de « jadis » à ceux de « naguère ».

Le premier recueil qu'il a publié, s'intitule les « Poèmes saturniens » (1866). Les tableaux poétiques qui y sont évoqués ont un fort goût parnassien. Son adhésion à l'esthétique (impersonnelle) du Parnasse, une adhésion qui tend d'ailleurs au pastiche, n'empêche pas le poète de faire l'aveu d'une expérience psychologique originale, en évoquant, avec toute sa sensualité, sa mélancolie (« Nevermore »), ses tourments moraux (« Soleil couchant ») ou encore la femme idéale (dans, « Mon rêve familier »).

Et le rêve devient prédominant dans les « Fêtes galantes » (1869) et « la Bonne Chanson » (1870). Si le premier livre apporte l'évasion dans un XVIIIe siècle un peu factice, avec une mélancolie insidieuse qui s'infiltre dans la joie revendiquée.
Le second livre est marqué par la fadeur qui s'instaure comme tonalité spécifiquement verlainienne. Ici, l'être est en proie à des tournoiements d'où s'effacent le temps et le moi.
Il se dégage, en outre, un fort lyrisme « impersonnel » qui masque, en réalité, une grande revendication de « l'individualité » de sa part. Et cette dualité là, est la source de l'originalité de ce recueil !

Chez Verlaine, l'influence de Rimbaud est indéniable et a été déterminante dans l'élaboration de « Romances sans paroles » (1874). Ce dernier a poussé Verlaine, ce rêveur sensuel et mélancolique, à chercher dans le rêve un nouveau mode d'expression qui permettant de traduire, immédiatement et musicalement, le ressenti des choses.
Pour ma part, je dirai que l'impressionnisme de Verlaine a atteint son point de perfection dans ce recueil ! Chaque sensation est signifiante et la conscience individuelle s'est trouvée d'elle-même (et non plus recherchée, comme nous l'avons dit plus haut).

L'harmonie et l'ordre chez Verlaine (alors que sa vie de jadis n'était que violences et ivresses, ivrognerie et brutalité), se trouve peut-être dans « Sagesse » (1881). L'intention apologétique y est manifeste. C'est le livre où reparaît le vie humble, où les faux beaux jours, la beauté des femmes, et même l'espoir (« qui luit comme un brin de paille dans l'étable ») sont des réalités rugueuses et parfois mal contrôlées (comme le vers) mais désormais susceptibles d'être interprétées par le poète.

C'est dans le même esprit de construction de soi au sein du monde que Verlaine compose « Jadis et naguère » (1884). Ce recueil voudrait intégrer le passé de l'homme et du poète dans une nouvelle perspective, qui sous-tend une option morale et religieuse.


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J'ai toujours été profondément touchée par la plume de Verlaine. Il a cette capacité unique à capturer les nuances les plus subtiles des émotions humaines avec une simplicité désarmante. À chaque lecture, je suis transportée dans un monde de mélancolie, de passion et de rêverie. Son jeu avec les mots, ses rythmes envoûtants et ses métaphores délicates font de lui l'un des plus grands poètes de la littérature française. Un véritable maître de la poésie, à redécouvrir encore et encore.
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