«
Marcher est ma plus belle façon de vivre », beau titre qui attire, derrière lequel on découvre
Joël Vernet, qui n'aime rien tant que l'errance. D'un voyage à l'autre, « regarder courir la vie changeante », la vie passagère, la vie éphémère. Il n'est pas de ceux qui possède une chambre d'écriture, il écrit n'importe où, au gré de ses vagabondages, dans de petits carnets et ce sont tous ces trésors glanés le long des routes qu'il nous offre plein de poésie, de rires d'enfants, au fil de ses "journées banales et merveilleuses".
« Hier, dans l'après-midi ensoleillé, le bonjour de trois coquelicots sur le mur gris d'un cimetière. » p 21
Ce recueil débute par une belle lettre envoyée de Sardaigne destinée au « Voyageur immobile » et se poursuit par ce qui ressemble à une suite de réflexions, de maximes « L'homme désaffecté » puis « La lumière n'est à personne » ( dédié à Christian Foustier, qui cherche la lumière dans la peinture).
p 42 « Au jour le jour, le plus bel emploi du temps. Ton art de vivre. N'avoir d'yeux que pour le désoeuvrement. Prairie de maximes, désert de pensées. Pour atteindre la nuit, son silence, son lit d'étoiles. Avant qu'ils ne bouclent tout dans leur cage, fassent de nous des oiseaux emmurés. »
La part la plus longue intitulée « La lumière dans les arbres » est composée de 7 chapitres où il semble prolonger et approfondir les réflexions précédentes qui paraissaient jetées à la volée sur le papier et revient sur les lieux de son enfance.
« Une telle douceur émanait des arbres, des feuillages , des papillons, au-dessus des myrtilles que nous cueillions dans l'enfance pour gagner quatre sous. Parfois, une libellule bleutée glissait dans ce silence somptueux, presque naturel, comme les mots que je n'avais cessés désespérément d'atteindre. » p 87 88
Joël Vernet écrit comme il respire, lancé dans « l'aventure des mots » : « Ils sont libres les mots, ils n'admettent aucune injonction. ils se méfient de la littérature.(…) Ils ont le mystère pour origine mais aussi l'épaisseur des conversations de la vie ordinaire. Ils sont le bien de tous, mais quelques-uns les embellissent par une sorte de grâce. Les mots sont notre souffle et seule la mort saura éteindre ce feu allumé par l'amour. » p 14
Joël Vernet est aussi un homme intranquille, vrai, vibrant, brûlant, un insoumis et un chercheur de lumière :
« La solitude : ton gagne-pain. Cet état dont personne ne veut. Vivre avec la pluie, toutes ces larmes en soi. p 22
« La vie est brève : mieux vaut donc aimer que détruire. » p 36