Gérard de Villiers débute son roman à la trique.
Lors d'un banquet, deux apparatchiks soviétiques se font astiquer sous la nappe, simultanément par la même dame, main droite main gauche.
À l'instant le lecteur sait qu'il n'ouvre ni un roman de
François Mauriac, ni une pièce de
Paul Claudel...
Mais on lui pardonne car cette scène n'est pas inutile pour la construction de l'intrigue.
Quand on veut kidnapper un ministre du kremlin, viser au niveau de la braguette n'est pas forcément idiot quand on se trouve derrière le mur de
Berlin.
Mais hélas, mille fois hélas, il n'a pas su s'arrêter à temps et d'autres scènes aussi inutiles les unes que les autres viennent se chevaucher, troublant le récit.
Remplissage ?
Autre point faible qui me paraît rédhibitoire, ce sont les dialogues qui sont d'une pauvreté affligeante, parfois tellement ridicules qu'on ne peut s'empêcher de rire, consterné.
C'est dommage car il suffisait de presque rien - Peut-être dix années de moins ? - pour que
Gérard de Villiers emporte mon assentiment.
Grâce à une recherche documentaire sérieuse, il parvient à immerger totalement le lecteur dans le pays choisi pour l'intrigue. Ici la Hongrie, du temps de la guerre froide, est révélée d'une touche très réaliste. À la fin du livre j'avais la sensation d'être allé à Budapest.
Chaque fois que j'ouvre un S.A.S, j'ai toujours l'espoir de tomber sur l'exception qui confirme la règle. Sachant que
Gérard de Villiers a utilisé des "nègres littéraires", j'espère encore dénicher celui qui dans l'ombre a su éviter tous les écueils, trichant avec le cahier des charges.
Dans les vide-greniers il n'est pas rare de trouver un carton entier de cette littérature.
Je me laisse parfois tenter.
C'est l'histoire de ce Piège à Budapest dont les mâchoires ont brisé mes espoirs.