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Jean-Baptiste Brunet-Jailly (Traducteur)
EAN : 9782842610395
208 pages
Le Serpent à plumes (21/06/2007)
3.39/5   9 notes
Résumé :
Grégor, Henrik et le narrateur se retrouvent pour une partie de chasse. Ce sont des amis, des passionnés de " l'art de donner la mort ". Le soir, après avoir battu ensemble les froides forêts nordiques, ils se livrent à d'étranges rites autour de leurs tableaux de chasse
Les proies se faisant rares, le désir de chasser efface une à une les dernières traces de valeurs morales. Dans le silence glacé du monde blanc, les trois amis décident de se constituer eux-m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une partie de chasse, choc politique et esthétique subtilement déguisé en hommage bucolique...

Ce roman de 1986, le troisième de l'auteur suédois, publié pour la première fois en français en 1990, est un choc politique et esthétique majeur, magnifiquement déguisé en communion bucolique avec la nature, et très subtilement construit.

Trois amis sont réunis pour une partie de chasse hivernale : communion avec la nature, respect des règles et des proies, belle camaraderie virile sanctionnée par les viandes et les armagnacs, dans la langue précise, châtiée, magnifique même par moments (et dont la traduction par Jean-Baptiste Brunet-Jailly impressionne, au passage), du narrateur, l'un des trois protagonistes. Les hautes et belles considérations philosophiques et mystiques échangées par les trois amis sonnent juste, en harmonie avec leur environnement, même si, au fil des pages, quelques énormes "beaufferies", proférées avec élégance, peuvent alerter le lecteur, à côté de quelques autres "détails"...

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ATTENTION : deux "spoilers" partiels suivent.
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C'est que, premier glissement opéré en moins de 10 pages, la passion de la chasse est souveraine, dévorante, absolue : lorsque le gibier, averti, fuit le terrain au bout de quelques jours, les trois amis vont "naturellement" décider de devenir eux-mêmes traqueurs ET cibles, dans une ambiance toujours aussi virile, respectueuse et "saine", qui évoque comme en écho les discours "revivalistes" entendus au long du "Délivrance" de Boorman, par exemple, ou bien le sidérant vide métaphysique d'un Langlois chez Giono...

C'est aussi que, second glissement, beaucoup plus tardif, et souvent négligé par les commentateurs, cette dérive apparente n'en est pas une, du tout, et qu'au fil de la mise en place du dénouement, une tout autre réalité se fait jour, dans laquelle le rituel tragique, loin d'être occasionnel, tient une place centrale dans une construction sociale collective, à peine secrète, orchestrée par de nombreuses sociétés de chasse, rivales pour mieux contribuer au même "bien commun"...

Glaçant, effroyable, vertigineux, au milieu du givre habillant joliment les arbres au petit matin et de la communion élégiaque avec "notre mère Nature"...

"De retour au cabanon, nous nous sommes mis en devoir de décharger la voiture, avec la collection d'objets préhistoriques apportée par Gregor. Nous les avons disposés sur la table de la cuisine, en les classant selon leurs qualités respectives : percuteurs, éclats de silex, haches, pointes de flèche, ainsi qu'une pointe de javelot datant de l'âge du bronze, que nous avons mise à part. le silex luisait d'un éclat marmoréen, enfermant un réseau de lignes gris foncé, souvent floues, et que la lumière faisait s'évanouir au toucher. Nous nous sommes attablés pour les examiner, éprouvant du bout des doigts le tranchant d'un couteau, ou nous lançant l'un à l'autre une hache afin d'en vérifier l'équilibre, mais il est arrivé que, tout à notre ardeur, nous laissions échapper l'un de ces objets ou un autre, et qu'il se brise alors dans sa chute."
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Un style tellement ampoulé qu'il aveugle et rend le texte illisible... on se perd dans des périphrases absconses qui ne rendent pas hommage à la simplicité des paysages arctiques.
L'éditeur a eu la bonne idée de dévoiler le coup de théâtre dans sa quatrième de converture, le style étant ce qu'il est (savant, selon la même quatrième), il ne reste que les pour surprendre le lecteur, s'il ne s'est pas endormi avant.
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cachée derrière les arbres comme si j'y étais
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les vagues de la discussion montaient et redescendaient, selon que nous ravivions les flammes de la cheminée en y jetant de nouvelles bûches. Nos visages se mettaient à l'unisson l'un de l'autre, et la lueur du feu douait de contours plus vifs objets et phénomènes. Le sentiment d'harmonie que nous éprouvions naissait du désir inconscient de s'adapter à autrui. Il n'avait rien à voir avec la volonté de s'anéantir soi-même, mais tirait son origine du besoin passionné de se fondre en un tout. Et d'un autre côté nous nous trouvions requis par l'individuel. En cela nous étions d'étranges créatures, qui préféraient la vue qu'on a de la montagne à celle que présente le rivage. La nature n'avait pas daigné nous offrir des ailes, mais nous avait dotés de serres, dont nous avions bientôt appris à nous servir. Nous étions en état d'imiter le vol de l'oiseau, quand nos regards planaient sur les étendues qui s'ouvraient au pied de la montagne. En même temps nous avions la nostalgie des échos qui s'éveillent entre amis, lorsque le singulier cède le pas au pluriel. Immergés dans le collectif nous nous trouvions privés de la faculté d'agir, mais l'échange repoussait les bornes du domaine privé jusqu'à nous permettre de saisir comme une éclaboussure de la totalité. Cependant, c'était seulement après nous être de nouveau retirés dans nos coquilles que nous pouvions engranger nos découvertes et poursuivre.
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Il n'y avait plus maintenant qu'à préparer la viande, pour témoigner à la bête notre vénération. L'accommoder avec soin, c'était manifester le respect éprouvé pour l'animal auquel on venait de ravir le jour. Ainsi était sauve la vie, car si l'on admettait qu'elle fût un mouvement et la chasse un désir, les égards prodigués à la dépouille étaient source de vie éternelle.
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