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EAN : 9791095434108
136 pages
Editions Do (03/05/2018)
2.83/5   3 notes
Résumé :
Dans les histoires de Joanna Walsh, les femmes observent leur vie avec la lucidité réjouissante de ceux qui voient dans la trivialité la matière inépuisable de récits édifiants. Elles dissèquent méticuleusement tout ensemble le quotidien et leur intimité, sans négliger d'épingler au passage le ridicule d'une mère, d'un amant ou d'un voisin de table. S'éprouvant le plus souvent comme des étrangères ou des êtres déplacés, elles n'en parviennent pas moins, de nouvelle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Vertige » de l'anglaise Joanna Walsh, traduit de « Vertigo » par Véronique Béghain (2018, Editions Do, 136 p.) est typiquement un livre de femmes, sans qu'il y ait une goutte de péjoratif là-dedans.
C'est une description ou plutôt des points de vue sur la vie quotidienne de diverses femmes, que ce soient les parties de lèche-vitrine, les repas, ou les relations avec le reste de la famille, enfants le plus souvent. Quatorze nouvelles, agréablement écrites, courtes, entre deux et une dizaine de pages.
Joanna Walsh est active à East Anglia University, Norwich, au Nord-Ouest de Cambridge. Elle y a obtenu un PhD en « Literature, Drama and Creative Writing». Elle a déjà publié sept livres dont un roman entièrement numérique « Seed » mais maintenant en version papier (2021, No AlibisPresss, 220 p.). Il s'agit d'un roman expérimental luxuriant et sensuel avec une contrainte linguistique cachée.
L'histoire est narrée par une Ophélie des temps modernes, de 18 ans, dans une série d'environ 70 miniatures. Chacune est navigable selon une suite de vignes étagées, enchevêtrées de sorte que parfois une même souche donne accès à plusieurs autres branches de l'histoire. Cette histoire d'Ophélie moderne ne me convainc que très moyennement. Je lui préfère, et de loin « Purgatoire » ou « Spiachtchaïa krassavitsa » (littéralement « La Belle Endormie »), le troisième, et dernier roman écrit en russe, en 2005, par Dmitri Bortnikov, avant qu'il n'écrive directement en français. « Quand quelqu'un se noie, il y a deux attitudes possibles : il y a celui qui se jette à l'eau sans réfléchir pour le sauver, et il y a le sage qui ne bouge pas, parce qu'il se dit qu'il ne sait pas nager. Rimbaud n'a pas réfléchi, il s'est jeté à l'eau. Partout où les gens ne voyaient qu'un mur, il leur a montré où était la fenêtre. Et quand tout le monde a vu la fenêtre, il a cessé d'écrire. »
Son dernier livre, « Break.up », vient de paraître chez Semiotext(e). Elle a aussi un certain nombre de nouvelles dans « Granta », et des critiques régulières dans « The Guardian ». Elle est rédactrice en chef de « 3:AM Magazine » et « Catapult.co », et elle a fondé et dirige « #ReadWomen, » décrit par le « New York Times » comme un « cri de ralliement pour l'égalité de traitement des femmes écrivains ».
Lu également un interview joint avec Sally Rooney, auteur entre autres de « Normal People » traduit par Stéphane Roques (2021, Editions De l'Olivier, 320 p.). La vie, malheureuse, de deux adolescents Connell et Marianne. Un jour que Connell ramène Marianne en voiture à Carricklea, « À Longford, la radio passe une chanson des White Lies, un tube des années lycée, et sans baisser le volume ni parler plus fort pour se faire entendre, Connell dit : Tu sais que je t'aime. Il n'ajoute rien. Elle a dit qu'elle aussi, elle l'aimait. Il a hoché la tête, puis a roulé comme s'il ne s'était rien passé, ce qui, d'une certaine façon, était le cas ». Un roman sur la jeunesse, l'amitié, le sexe, la découverte de la vie avec ses errances affectives et intellectuelles d'un couple de milléniaux. C'est une prose simpliste, c'est le moins que l'on puisse dire. « Les cerises pendent aux branches des arbres vert foncé comme autant de boucles d'oreilles. Il repense à cette phrase une ou deux fois. Il l'écrira dans un e-mail à Marianne, qu'il ne pourra pas lui envoyer puisqu'elle est au rez-de-chaussée ». Et les exemples ne manquent pas, avec des images surprenantes. « On aurait dit un freezer qui avait dégivré trop vite à l'extérieur et qui fondait partout, alors que l'intérieur était toujours congelé ». Là ce sont des vies normales, vécues par des gens normaux, d'une banalité rare. « J'avais l'esprit aussi vide qu'un bocal en verre ».

Un premier texte « Fin de collection » qui passe en revue les rayons du magasin « le Bon Marché » à Paris. Tout cela parce que « une amie m'a dit d'acheter une robe rouge à Paris parce que je quitte mon mari ». C'est typiquement sous-côter une liaison a prix du mètre de tissus. En fait, une chance pour le mari pour lequel il n'y aura ni ourlet ni réajustement de taille à effectuer.
Une seconde nouvelle à propos d'huitres, dont on ne sait trop si c'st la pénurie de main d'oeuvre dans l'hôtellerie, la cherté du fioul pour bateau qui réduit les aller-retours aux parcs à huitre, ou encore l'impatience des client(e)s qui retardent le déjeuner. Mais heureusement, il y a « le bruit des vagues se répétant tranquillement ». Finalement, elles auraient dû commander du « fish and ship ».
« Les vacances, c'est rentrer, perdre ». Il est vrai que « ma fille a fait sa première concession à la mode. Elle s'est acheté une jupe courte rose avec de la dentelle, qui ne lui va pas et qui ne convient pour aucune saison et aucune occasion ».
Plus loin, dans « En ligne », le toujours mari de la robe rouge, ou un autre d'ailleurs, on s'en moque. « Je lui dis : Comment ça va / Et il dit « Bien » / Et je dis « Tu veux un café ? » / Et il dit « Oui / Merci » ». Et elle se demande pourquoi « mon mari a rencontré des femmes en ligne et que je l'ai découvert ». On sent de suite que l'analyse psychologique à l'intérieur du couple a encore des progrès notables à faire.
Dans « Aux Antipodes », à la soirée de clôture du congrès tu demandes au directeur d'une chaîne de télévision de te montrer le fleuve. Il est minuit et il a passé la soirée à te parler un bras passé autour de tes épaules mais quand tu lui parles du fleuve, il dit qu'il est marié ». Soit la demande était mal formulée, soit il avait besoin d'un appui pour son bras fatigué et las, une ancienne blessure qui se réveille.
On voit que ces soi-disant auteurs millénaristes ont beaucoup de points communs (très communs d'ailleurs). Cela me déçoit un peu, même un peu plus, de la part des Editions Do. Mais, bon il faut bien faire un peu de chiffre.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
à la soirée de clôture du congrès tu demandes au directeur d’une chaîne de télévision de te montrer le fleuve. Il est minuit et il a passé la soirée à te parler un bras passé autour de tes épaules mais quand tu lui parles du fleuve, il dit qu’il est marié
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ma fille a fait sa première concession à la mode. Elle s’est acheté une jupe courte rose avec de la dentelle, qui ne lui va pas et qui ne convient pour aucune saison et aucune occasion
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Je lui dis : Comment ça va
Et il dit « Bien »
Et je dis « Tu veux un café ? »
Et il dit « Oui
Merci »
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