De l'amour

Le secret le mieux gardé d'Herbert Georges Wells est ici quelque peu dévoilé ... et c'est Laura El Makki qui détient la clef de son accès.
En effet, Laura El Makki pousse la porte donnant sur une oeuvre colossale, nous présente un écrivain dont on avait un peu oublié qu'il était à ce point hors norme.
Non, Herbert George n'est pas que le fondateur de plusieurs thèmes de science-fiction, ce qui, en soi, déjà aurait été suffisant pour sa gloire d'écrivain.
Qui était vraiment H.G. Wells ?
Un journaliste ? Un anticipateur ? un romancier social ? Un éducateur ? Un historien des hommes ? Un novelliste ?
Ne fut-il que, comme le surnommait Conrad, "l'improbable réaliste du fantastique" ?
Longtemps, on a pu lire ici et là, dans la revue "Fiction" par exemple, ou plus récemment sur quelques sites internet dédiés à la science-fiction, qu'en dehors ce genre toute l'oeuvre de Wells était peu intéressante, et qu'elle se résumait, pour l'essentiel, à quelques excentricités d'exalté politique et philosophique.
Voilà donc une réédition qui tombe à pic pour remettre les montres à l'heure, pour embarquer tout à chacun de ces spécialistes du genre dans la machine à remonter le temps.
Et, c'est Laura El Makki qui en est aux commandes.
Il faudra donc lui emboîter le pas, et, comme il est de coutume, suivre la "guide" !
Son propos est clair, éclairant, réjouissant même pour qui a, dans sa lecture, débordé de l'oeuvre SF pour suivre le maître dans sa tentative d'explication de la liberté et de l'émancipation.
Certes, les livres de Wells ont plus de corps et de saveur dans leurs vieilles éditions du Mercure de France, de la Table Ronde, d'Albin Michel et de chez Gallimard.
Car toujours le vieux bouquin a ce qu'il faut de pages jaunies et de coutures craquantes, pour remettre son nouveau lecteur en phase avec l'époque de sa première publication.
Il est parfois difficile d'éviter l'anachronisme dans sa réflexion.
Mais, ici pourtant, la relecture, grâce à un judicieux choix de texte thématique, se fait éclaircissement et approfondissement.
Et puis, une belle biographie illustrée d'abord, quelques inédits ensuite viennent illuminer le tout :
"le mari terrible", "la présence au coin du feu", un post-scriptum à la tentative d'autobiographie écrite par Wells en 1934, et parue chez Gallimard en 1936 et une introduction au livre de Catherine Wells qui longtemps a été la première lectrice de la plupart des oeuvres de son mari, révisait son texte, surveillait son péché mignon des répétitions verbales, critiquait et donnait des conseils ...
De l'amour, il est ici question.
De bousculer les consciences, aussi.
Car il fut un temps où l'amour n'était que possession ...