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EAN : 9782130731900
128 pages
Presses Universitaires de France (11/01/2017)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Février 1917. L’empire de Nicolas II s’enlise dans la guerre. Les failles de l’économie russe, dont la modernisation est restée inachevée, apparaissent au grand jour. Entre l’autocratie des Romanov et une société en pleine mutation, le fossé se creuse.
Quelques jours suffiront pour renverser le tsar. Sa chute ouvre la voie à une expérience démocratique unique dans l’histoire multiséculaire de la Russie, une expérience qui durera moins de huit mois : en octobr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Très heureuse surprise que ce Que-sais-je ? sur les révolutions russes de 1917 ! Je l'avoue, je l'avais choisi in extremis dans une sélection Masse critique de Babelio. D'un côté, je me disais que j'avais bien besoin de remédier à mon ignorance crasse sur le sujet, et d'un autre, j'étais sceptique sur ma capacité à me passionner pour ledit sujet. Il se trouve que Nicolas Werth a très bien rempli son contrat : cerner la question de façon concise (en à peu près 120 pages), claire, d'une plume qui se lit facilement. M'étant attaquée à ce livre un peu à reculons, j'ai finalement eu du mal à le lâcher. Je n'irai pas jusqu'à affirmer qu'il se lit comme un roman, mais enfin, le style de l'auteur accroche bien son lecteur.

Le propos est clair et net dès le départ. Entre une historiographie soviétique et une interprétation libérale (toutes deux entachées du biais inévitable de l'idéologie), il y avait naturellement de la place pour d'autres types de travaux concernant l'année 1917 sur le territoire russe. Travaux qui existent depuis les années 70-80, qu'on regroupe sous l'appellation pas très heureuse de "courant révisionniste", et sur lesquels s'appuie Nicolas Werth pour nous proposer une approche, par conséquent pas tout à fait nouvelle, mais en tout cas pas forcément très connue du grand public, et - ça paraît l'évidence - plus scientifique que celles mentionnées plus haut. Bref, ce Que sais-je ? se veut une sorte sorte de synthèse des études dites "révisionnistes".

Un chapitre après l'autre, l'auteur nous expose avec clarté et concision les graves problèmes et injustices auxquels était alors confrontée une grande partie de la population russe : paysans, soldats (issus en grande partie de la paysannerie), ouvriers, minorités nationales ; comment des revendications radicalement différentes ont pu converger vers un même point ; comment la Grande Guerre a pu servir de catalyseur. de même, le contexte purement politique, les différentes forces en présence, la constitution de plusieurs gouvernements successifs, qui, tous, ont fini par être déposés, les divergences au sein même du mouvement socialiste, le déroulé des événements qu'on appelle soit "insurrections", soit "révolutions" et, finalement, la prise du pouvoir par une minorité bolchevique : tout cela est saisi et analysé de façon très efficace pour des lecteurs non avertis. Bref, celle ou celui qui, comme moi, n'avait qu'une vision assez nébuleuse des révolutions russes de 1917, sortira de cette lecture avec les idées beaucoup plus claires. Certes, quand on est ignare sur la question, ça fait pas mal d'informations à intégrer et à digérer, mais la grande qualité de cet ouvrage, c'est justement de les faire passer avec facilité, d'une plume relativement légère étant donné les contraintes d'un Que-sais-je ? L'écriture souple de Nicolas Werth allège pas mal l'effort auquel est soumis le lecteur novice.

Pour parfaire la chose, le livre se termine sur une réflexion concernant les différents points de vue sur les révolutions russes de 1917  (historiographies soviétique, libérale, et travaux "révisionnistes") à travers trois grandes thématiques. Que demander de plus ? J'avoue que, pour ma part, un chapitre introductif sur la révolution de 1905 n'aurait pas été inutile, mais je comprends que le format imposé de l'ouvrage ne l'ait pas permis. Me reste à lire la suite, soit les deux autres Que-sais-je ? que Nicolas Werth avait déjà consacré à l'histoire de l'Union soviétique.



Masse Critique générale
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Pour le centenaire, je me suis dit qu'il serait intéressant de me renseigner un peu plus sur les révolutions russes, qu'on étudie souvent peu en France, tout occupé qu'on est à apprendre la bataille du Chemin des Dames et les mutineries de 17.
Le plan chronologique m'a semblé très clair et efficace. J'ai le sentiment de bien mieux comprendre ce qui a pu motiver cette révolution, et son déroulement (la différence entre la révolte de février et de celle d'octobre m'avait toujours semblée floue).

J'ai particulièrement apprécié le dernier chapitre, "Débats et controverses" qui reprend les différents points de vue sur les révolutions russes, et nous rappelle que l'histoire n'est jamais neutre, mais toujours utilisée pour faire entendre un avis. Un bon que-sais-je pour saisir les enjeux complexes des révolutions russes, pour résumer.
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La lecture de ce petit ouvrage nous offre une histoire vive et savante des révolutions russes de février et octobre 1917. Se libérant des historiographies soviétiques et libérales, Nicolas Werth nous rappelle le rôle de la Grande guerre dans le déclenchement des révolutions, les causes de la chute du régime tsariste et la participation des soldats de l'arrière sur la Révolution.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Par l'intermédiaire de leurs assemblées traditionnelles [...], puis, à partir de la mi-mars, des comités de canton [...], les paysans expriment eux aussi leurs aspirations. Les motions et les pétitions envoyées au Soviet de Petrograd au aux soviets des chefs-lieux de province exposent, de manière quasi-unanime, un idéal de démocratie agraire où chacun aurait son lot "en fonction des bouches à nourrir" : "On ne doit laisser aux grands propriétaires qu'un domaine qu'ils sont en mesure de mettre en valeur eux-mêmes, sans l'aide ni de salariés, ni de prisonniers de guerre." Parmi les autres revendications figurent : la saisie des terres des apanages, le moratoire des transactions foncières jusqu'à la réunion de la Constituante, la révision des baux à la baisse, la redistribution des pâturages et des bois. Mais aussi, des mesures politiques plus générales : "proclamer la République démocratique", "hâter la réunion de l'Assemblée constituante", "instaurer le vote égal et l'instruction pour tous", "conclure au plus vite une paix juste et équitable". Fait remarquable : alors qu'il existe une indéniable adéquation entre le programme des partis socialistes et les motions ouvrières, aucun mot d'ordre des différents partis n'apparaît dans les motions paysannes : "ni "abolition de la propriété privée", ni "socialisation de la terre", ni "nationalisation". Irréductibles aux programmes et aux stratégies élaborées par les citadins, les paysans vont suivre, tout au long de l'année 1917, leur propre voie révolutionnaire, faite de milliers de petites actions, rarement coordonnées au-delà de leur horizon quotidien, celui du village ou, tout au plus, du canton.

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Autres aspirations exprimées avec force : celles des minorités nationales bridées par la politique russificatrice de l'autocratie tsariste. La révolution de Février donne une impulsion décisive aux mouvements nationaux. Quelques organisations nationales, qui ont, bien avant 1917, constitué leurs propres partis socialistes, Ukrainiens, Lettons, Juifs du Bund, entrent au Comité exécutif du Soviet de Petrograd. Toutefois, la plupart des organisations nationales refusent de se greffer sur des soviets dominés par les Russes, et se constituent en centres autonomes de ralliement, puis de pouvoir. À Kiev, par exemple, dès le 4 mars, trois organisations se disputent l'autorité : un conseil des organisations civiques, un soviet ouvrier, et une rada des organisations culturelles ukrainiennes. Rapidement, la Rada, simple organe de l'expression culturelle de l'intelligentsia ukrainienne, prend le dessus. S'exprimant au nom de tous les Ukrainiens, elle réclame, en mars, une large autonomie interne, puis, à partir de juin, la reconnaissance de l'indépendance de l'Ukraine. Des revendications similaires se développent en Pologne, en Finlande et dans les pays Baltes.

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Quant aux soldats, ils expriment leur espérance en une "république démocratique" et leur conviction que la victoire de la révolution marquera l'avènement d'une société plus juste où chaque paysan aura droit à la part de terre qui lui revient. Ils réclament un certain nombre "d'améliorations légitimes en faveur des citoyens-soldats qui versent leur sang pour la Patrie" : augmenter la solde, accroître les allocations aux familles des combattants, assurer certaines garanties aux soldats devenus invalides. Ils exigent, conformément à l'esprit de l'ordre n°1, immensément populaire parmi la troupe, la fin d'une certaine conception de la discipline militaire fondée sur des règles dégradantes pour le soldat, la suppression des mauvais traitements, la libéralisation et la démocratisation de l'institution militaire. Sur la question cruciale de la continuation de la guerre, ils expriment leur profonde lassitude des combats et leur désir d'une "paix juste".

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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Les ouvriers demandent, pour l'essentiel, l'application immédiate des mesures correspondant au programme minimum de la social-démocratie russe. En priorité, la journée de huit heures, accordée rapidement par le patronat de la capitale (10 mars), puis, les grèves se prolongeant en province, par la plupart d'une trentaine de grandes villes industrielles. Parmi les autres revendications, figurent l'institution d'assurances sociales d’État, le contrôle des licenciements par le comité d'usine, la fin du travail des enfants, la suppression des amendes et des mesures vexatoires et, pour soulager la misère quotidienne, de modestes augmentations de salaire "afin de pouvoir acheter trois livres de pain par jour".

Chapitre III : Les débuts d'une nouvelle Russie
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La plus grande "fête de la liberté" se déroule, le 23 mars 1917, sur le champs de Mars, à Petrograd, à l'occasion des funérailles solennelles des victimes de la révolution, promues au rang de "héros de la liberté". Des centaines de milliers de personnes assistent à cette cérémonie grandiose. Ailleurs, les "fêtes de la liberté" sont l'occasion d'enterrer symboliquement l'ancien régime : on défile, drapeaux rouges en tête et aux sons de "La Marseillaise" spontanément adoptée comme le nouvel hymne révolutionnaire, portant le cercueil noir de l'autocratie.

Fête révolutionnaire et rhétorique de l'ennemi
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Vidéo de Nicolas Werth
L'historien Nicolas Werth est un grand spécialiste de la Russie et président de l'association Mémorial-France, attaché culturel près l'ambassade de France à Moscou durant la perestroïka avant d'intégrer le CNRS, est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages importants sur le système soviétique et les crimes staliniens. Il a de surcroît édité les carnets de guerre de son père, le journaliste britannique Alexander Werth, né en 1901 à Saint-Pétersbourg, correspondant à Moscou pour la BBC et le Sunday Times entre 1941 et 1948. Dans ce premier épisode d'une série vidéo en cinq volets, Nicolas Werth retrace l'origine sociale et la jeunesse de son père, le futur journaliste vedette du « Manchester Guardian » : Alexander Werth, né à Saint-Pétersbourg en 1901, mort à Paris en 1969.
L'épisode est à voir en intégralité ici https://www.mediapart.fr/journal/international/090822/de-saint-petersbourg-sous-le-tsar-la-france-occupee#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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