Le Shanhaijing ou le Livre des monts et des mers est un immense ouvrage à la fois géographique et mythologique chinois. Sa rédaction plonge dans les tréfonds de l'histoire, les premières versions dateraient de quelques centaines d'années d'avant notre ère. Mais le texte a été remanié et commenté de nombreuses fois.
Gao Xingjian se base sur des études récentes, qui essaient de revenir aux sources du textes, et le débarrasser des ajouts plus tardifs pour essayer de retrouver les légendes chinoises de l'Antiquité authentiques, sans les déformations apportées entre autres par les lettrés confucéens.
Nous sommes donc plongés dans la mythologie chinoise antique. Il est très difficile de résumer ce texte, car tout cela est un peu décousu, nous passons d'une histoire à une autre, d'un personnage à un autre (il y a en a des dizaines et des dizaines). Un récitant raconte, commente ce qui se passe, avec une certaine ironie par moments.
Dans les différentes histoires qui se déroulent, on peut évoquer celle des fils de l'empereur Jun et de Xihe, sa première épouse, le Soleil. Leurs dix fils devaient se partager le char du soleil, mais ils en ont abusé, et brûlé la terre. L'empereur Jun chargea Yi de les remettre dans le droit chemin, en lui donnant un arc et des flèches magiques. Mais les enfants du soleil n'ont fait que rire des menaces de Yi et s'en sont pris à lui, qui au final en a tué neuf sur dix, laissant un seul vivant pour conduire le char du soleil. Cela rappelle un peu l'histoire de Phaéton, le fils d'Apollon, puni de mort pour avoir conduit de manière désastreuse le char de son père. Yi sera précipité sur terre et privé de la vie éternelle en punition. Il tentera de retrouver l'immortalité auprès de la Reine Mère d'Occident, qui lui remettra un fruit magique, lui permettant de retrouver sa condition d'immortel. Mais une de ses femmes va le lui dérober, le privant à jamais de vie éternelle, et il succombera peu après tué par une foule en colère. Cette dernière légende quand à elle évoque quelque peu l'épopée de
Gilgamesh, ce qui montre à quel point les légendes, la mythologie, se répondent d'une culture à une autre.
Je passe sur d'autres récits, dans lesquels j'ai eu parfois une certaine difficulté à me retrouver, des histoires de guerres, de batailles, de luttes pour le pouvoir, de monstres et dragons combattant pour tel ou tel. Avec à la clé, la séparation définitive du Ciel et de la Terre.
Je reste un peu perplexe devant cette lecture, manquant sans doute de clés pour suivre tous ces récits, dont je vois mal l'articulation des uns avec les autres. La pièce me paraît très difficile à monter, à cause de tous les personnages, des nombreux et spectaculaires monstres, des combats, batailles et autres actions à grand spectacle qui supposeraient des moyens colossaux pour être mis sur la scène.
Un peu une curiosité.