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EAN : 9782070387199
132 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.92/5   109 notes
Résumé :
Le 24 novembre 1970, Mishima prépare avec un soin minutieux sa mort. Il est âgé de quarante-cinq ans. Son oeuvre est ample. Il connaît la gloire mondiale.

Il veut que son suicide obéisse en tous points aux rigueurs du rite exigé depuis des siècles par la tradition de son pays, le milieu dans lequel il a choisi de vivre religieusement, socialement, littérairement, politiquement: il s'ouvre le ventre avant de se faire décapiter par la main d'un ami.>Voir plus
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Mishima ou la Vision du vide (1981) n'est pas une biographie mais plutôt un essai critique sur la mort dans l'oeuvre de Mishima. le suicide rituel spectaculaire et fascinant de l'écrivain faisant partie intégrante de son oeuvre.
Apparemment la discrète Marguerite Yourcenar et le spectaculaire Yukio Mishima ne se ressemblent pas. Cependant nous comprenons vite que les deux écrivains appartiennent à cette catégorie d'êtres humains « qui guettent [la mort] dans chacun des signaux qu'elle leur fait à travers les sensations de leur corps ou les hasards du monde extérieur ». Marguerite Yourcenar guette donc dans l'oeuvre de Mishima les signaux mortifères, tout en sachant qu'ils ne révèleront aucune vérité. Confessions d'un masque n'est pas une autobiographie mais une recomposition romanesque d'épisodes épars de sa jeunesse. Mishima est un masque, un personnage « cette ombre ou ce reflet que parfois l'individu lui-même (c'est le cas pour Mishima) contribue à projeter par défense ou par bravade, mais en deçà et au-delà desquels l'homme réel a vécu et est mort dans ce secret impénétrable qui est celui de toute vie. » Elle évoque nombre d'épisodes de ses oeuvres où la mort souvent solaire et érotisée mise en scène joue un rôle majeur : outre plusieurs passages des Confessions d'un masque, l'incendie du Pavillon d'Or, la noyade dans la Mort en été, la cécité par aveuglement des flammes dans un des Cinq Nô modernes, la description du suicide d'Isao dans Chevaux échappés, etc. Elle décrit les livres mais aussi les photos sur lesquelles Mishima pose en martyr héroïque ( la célèbre reprise du martyre extatique de Saint Sébastien) et puis enfin le film Patriotisme (encore plus réussi que la nouvelle éponyme). Elle compare le seppuku rituel romanesque du film, idéal et parfait au seppuku réel, incongru et foireux. Marguerite Yourcenar s'étend aussi longuement sur la notion de transmigration du bouddhisme tantrique et là j'ai quelque peu décroché. Je relirai aussi ces passages quand j'aurai lu la tétralogie de la Mer de la fertilité. La fin de l'essai est particulièrement stupéfiante. Elle évoque le vide, celui du Nô et fait réapparaître le fantôme de Mishima écrivain et dramaturge dans l'image finale des deux têtes. « Deux épaves, roulées par la Rivière de l'Action, que l'immense vague a laissées pour un moment à sec sur le sable, puis qu'elle remporte. »

Je signale qu'on trouve en ligne la vidéo du passage de Marguerite Yourcenar à Apostrophes.
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Je vous parlais hier d'une nouvelle de Mishima. Voici à présent l'essai de Marguerite Yourcenar sur cet auteur japonais.

« La vie humaine est brève, mais je voudrais vivre toujours. » (P150) Tels sont les derniers mots écrits de la main de Mishima avant de se donner la mort. Des mots aussi puissants que l'oeuvre de cet écrivain maudit. Yourcenar nous relate ici les aspects importants de la courte vie de l'auteur japonais et entreprend d'expliquer, à travers les us et coutumes du pays du soleil levant, les textes de celui qui restera célèbre pour son fameux Pavillon d'Or.

Cet essai est fort instructif et je ne regrette pas de l'avoir lu. Dans un premier temps, parce que je connaissais mal cet auteur et ses oeuvres, dans un second temps parce que cela m'a donné envie de pousser plus loin les recherches et de lire les romans de Mishima. Je ne peux m'empêcher de citer les paroles de sa mère, à l'annonce de son décès : « Ne le plaignez pas. Pour la première fois de sa vie, il a fait ce qu'il désirait faire. » (P158)
Lien : https://promenadesculturelle..
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La raison d'être de pareil ouvrage : Mishima ou La vision du vide ? Inutile de paraphraser Marguerite Yourcenar, laissons-la nous en faire la confidence à la page 81 - Editions folio : "Ce qui nous importe c'est de voir par quels cheminements le Mishima brillant, adulé, ou, ce qui revient au même, détesté pour ses provocations et ses succès, est devenu peu à peu l'homme déterminé à mourir".

L'intention de cet essai aurait pu être de faire l'apologie du talent de son sujet, Yukio Mishima, auteur japonais reconnu de la première moitié du vingtième siècle. Mais cette intention n'est qu'accessoire dans l'esprit de Marguerite Yourcenar. Des auteurs de talent l'histoire en compte plus d'un, fort heureusement. Des auteurs qui ont mis fin à leurs jours aussi. Ces derniers exercent forcément une forme de fascination qui incite à explorer leur motivation. On en tire souvent la conclusion d'une inspiration qui s'est brûlé les ailes aux confins du génie.

Le cas singulier de Mishima vient de la planification de longue date, le mûrissement, la préparation dans le moindre détail, plusieurs années avant, la mise en scène de l'acte fatal dans la plus pure tradition des Samouraïs japonais : le seppuku, forme rituelle de suicide par éventration, plus connu sous le nom de Hara-Kiri. Alors que telle pratique avait été interdite par les autorités japonaises un siècle plus tôt.

Et Marguerite Yourcenar de poursuivre dans la même chapitre : L'important est surtout de cerner le moment ou il a envisagé … son chef d'oeuvre."

Il y a donc dans cet acte morbide et spectaculaire une démarche spirituelle qui fascine et que cherche à décoder Marguerite Yourcenar. Elle se livre pour cela à une étude documentée de l'oeuvre de Mishima, auteur au talent reconnu de son vivant, et tente d'y détecter les prémices d'une justification, les étapes d'une montée en puissance. Avec l'outrecuidance de l'homo ignorantis que je suis, je n'en attendais pas moins d'elle, même si l'Everest d'érudition qui nous sépare – et c'est encore un euphémisme que de l'avouer – m'a rendu cette lecture parfois laborieuse. Non par son vocabulaire ou ses tournures syntaxiques qui restent abordables, Marguerite Yourcenar ne cherche jamais à jeter de la poudre aux yeux, mais par les références littéraires mises en oeuvre qui me renvoient au grand vide sidéral de ma culture comparée.

Il s'agissait donc bien là de faire la démonstration du fait que cette fin terrible était aussi rationnelle qu'inspirée dans l'esprit de son auteur et constituait en outre l'apothéose de son oeuvre. Son chef d'oeuvre. Elle laisse à la mère du supplicié par lui-même le soin de tirer la morale de cette fin tragique et sublime à la fois : "Ne le plaignez pas. Pour la première fois de sa vie il a fait ce qu'il désirait faire."

ll fallait bien tout le talent de la célèbre académicienne pour me convaincre de la logique de cette fin. Je n'ai pu que me ranger à ses arguments. Je poursuis mon ouverture à son talent en me délectant, dans la continuité de cet ouvrage singulier que je viens de refermer, du recueil des entretiens que l'illustre académicienne a accordés à Mathieu Galey et retranscrits dans Les Yeux ouverts. Édifiant, surtout de la part de d'une auteure si avare de confidences !
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Mishima ou La vision du vide est un essai dans lequel Marguerite Yourcenar analyse la vie et l'oeuvre de Yukio Mishima (1925-1970) dans le but de comprendre ce qui l'a conduit à choisir la mort par seppuku (ou hara-kiri).

Dans l'ensemble, je dois avouer que je suis restée en retrait du texte. L'auteure fait de multiples comparaisons avec des auteurs que je n'ai pas lu.

Quoi qu'il en soit, l'auteure a attiré mon attention sur plusieurs textes de Mishima comme « Confessions d'un masque » (1949) et la nouvelle « Onnagata » publiée dans le recueil « La mort en été » (1953).

« Chaque jour, attendez-vous à la mort, afin, quand son temps viendra, de mourir en paix. le malheur, quand il vient, n'est pas si affreux qu'on le craignait... »

Pas une lecture très joyeuse pour débuter l'année mais intéressante.






Challenge XXe siècle 2023
Challenge ABC 2022-2023
Challenge non fiction 2023 (111)
Challenge plumes féminines 2023 (6)
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Tout le talent de Yourcenar au service de la compréhension de l'oeuvre de Mishima ..

Comprendre et analyser Mishima .
Cerner son environnement politique .. esthétique et culturel .
C'est l'objectif de ce texte superbe et nuancé .

Mishima est l'auteur et le symbole de tous les paradoxes .
Nationaliste et traditionaliste tout en étant capable entre autre d'écrire un français littéraire en étant totalement acculturé au monde occidental .
Parcourir cet essai c'est découvrir intiment un homme qui a traversé une époque cruciale de l'histoire du japon contemporain .
Un auteur qui s'est alimenté à ces bouleversements pour nourrir son oeuvre .
Un homme dérangeant qui met mal à l'aise tout lecteur attentif à son idéologie .
C'est pour cela il fallait tout l'humanisme ( et la rigueur ) de Yourcenar pour jeter du baume sur toute cette douleur ( aussi maîtrisée que tragique et rigide ) tout en donnant du sens au tragique.

Traditionaliste forcené et indécent ( sexualité et condition féminine ) à l'aune de sa propre famille politique .
Un suicide qui sidéra le japon contemporain .
Un texte très fin et très respectueux qui s'avère indispensable pour saisir les contradictions ,spasmes et tensions qui ont secoués la vie de cette homme autant qu'ils ont transformés le Japon .
Mishima est une véritable caisse de résonances et la vision du vide est de surcroît une magistrale analyse littéraire.
Une fenêtre sur le japon contemporain .. une fenêtre sur Mishima .. une fenêtre sur le japon de Mishima .
Un zoom dur des oeuvres très parlantes et représentatives du sujet.
Sinon un texte utile pour saisir au vol des éléments essentiel sur le japon de Mishima .

Shinto de Bernard Mariller un document intelligent ainsi que très accessible et irremplaçable .
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Même au cours de la vie la plus éclatante et la plus comblée, ce que l'on veut vraiment faire est rarement accompli et, des profondeurs ou des hauteurs du Vide, ce qui a été, et ce qui n'a pas été, semblent également des mirages ou des songes ( page 123).
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ll y a deux sortes d'êtres humains : ceux qui écartent la mort de leur pensée pour mieux et plus librement vivre, et ceux qui, au contraire, se sentent d'autant plus sagement et fortement exister qu'ils la guettent dans chacun des signaux qu'elle leur fait à travers les sensations de leur corps ou les hasards du monde extérieur. Ces deux sortes d'esprits ne s'amalgament pas. Ce que les uns appellent une manie morbide est pour les autres une héroïque discipline.
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La réalité centrale est à chercher dans l’œuvre : c’est ce que l’auteur a choisi d’écrire, ou a été forcé d’écrire, qui finalement importe. Et, à coup sûr, la mort préméditée de Mishima est l’une de ses œuvres.
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L'Empereur... Tenno heïka Banzaï! (Longue vie à l'Empereur!) sera le dernier cri de Mishima mourant et du compagnon qui mourut avec lui. Il lui importe peu qu'Hirohito, fidèle en cela au rôle auquel le restreignent les circonstances, soit un chef d'assez médiocre envergure (encore qu'il ait pris au cours de son règne, poussé peut-être par son entourage, deux décisions que Mishima ne pouvait que désapprouver, l'écrasement du coup d'Etat militaire de 1936 et la renonciation à son rang de divinité solaire).
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Récit presque clinique d'un cas particulier, Confessions d'un Masque offre en même temps l'image de la jeunesse entre 1945 et 1950, non seulement au Japon, mais un peu partout, et vaut encore jusqu'à un certain point pour la jeunesse d'aujourd'hui. Court chef-d'oeuvre tout ensemble de l'angoisse et de l'atonie, ce livre n'est pas sans faire penser, en dépit du sujet différent et de sa position sur la carte, à l'Etranger à peu près contemporain de Camus; j'entends par là qu'il contient les mêmes éléments d'autisme.
Un adolescent assiste, sans les comprendre, à supposer qu'il y ait à comprendre, à des désastres sans précédent dans l'histoire, quitte l'Université pour l'usine de guerre, rôde dans les rues incendiées comme il l'eût fait du reste, s'il avait vécu à Londres, à Rotterdam, ou à Dresde, au lieu de vivre à Tokyo.
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Vidéo de Marguerite Yourcenar
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
#MarieMétrailler #LaPoudreDeSourire #LittératureSuisse
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