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Didier Leroy (Traducteur)
EAN : 9782876786608
216 pages
L'Aube (27/08/2001)
3.7/5   15 notes
Résumé :
La femme et la vie, la femme et la mort, c'est sous ces deux rubriques que sont classés les treize récits deLa Plaine de Caïnet, quel que soit leur emplacement dans le recueil, ils sont touségalement désespérés.Écrits et publiés pendant la période de l'occupation soviétique en Afghanistan, ce ne sont pas des histoires de guerre mais des sortes de cauchemars à la limite du fantastique. Dans une ville quasiment déserte qui n'est jamais nommée mais dont on peut penser ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce recueil de nouvelles de Spôjmaï Zariâb, le premier traduit et publié en français, remonte à 1988, lorsque notre connaissance de la littérature d'Afghanistan – et peut-être de la littérature persane contemporaine tout entière – était si modeste que l'introduction, par le traducteur, possède la généralité d'un texte destiné à des lycéens. J'ignore s'il s'agit aussi des nouvelles les plus anciennes de l'auteure ou de celles qui firent l'objet d'un choix pour être les plus percutantes, les plus aptes à impressionner et à subjuguer le lecteur d'une écrivaine alors inconnue : le fait est que je les trouve les plus puissantes que j'ai lues d'elle et aussi les plus difficiles à classer, à analyser selon leur forme ou selon un ou plusieurs thèmes. Un critique a dû les regrouper en nouvelles sur la femme dans la vie et la femme dans la mort. Sincèrement, cette catégorisation très vague me laisse perplexe : j'y trouve comme seule justification la circonstance que dans les douze nouvelles qui suivent la première, éponyme, la narratrice est une femme ; dans « La plaine de Caïn », en revanche, l'histoire d'un vieil homme est contée par un narrateur indéterminé.
Ce qui rassemble plutôt ces nouvelles, d'une force évocatrice incomparable, c'est leur noirceur cauchemardesque, l'indétermination des temps et des lieux, leur caractère littéralement et authentiquement EFFROYABLE, tantôt dans le réalisme, tantôt dans un symbolisme délirant, parfois dans l'absurde. La folie est souvent proche, ou bien une angoisse venant des tréfonds d'âmes tourmentées. L'espérance est absente, interdite, inconcevable. La poésie des images répétées comme un refrain à différents moments de la nouvelle est déjà utilisée avec maîtrise.
Structurellement, l'usage des récits parallèles et enchevêtrés n'est ici encore qu'esquissé dans une ou deux nouvelles, ce qui autoriserait à penser que l'auteure a expérimenté cette technique ultérieurement. L'impression ou l'illusion d'autobiographisme est également moindre dans ce volume que dans les successifs. Deux thèmes seront de nouveaux explorés : l'enseignement et l'aliénation dans un bureau de l'administration ; un autre est creusé dans plusieurs nouvelles de ce volume : l'errance sans but dans les rues de la ville, qui entraîne la protagoniste vers des rencontres néfastes. La dernière nouvelle, « Le caftan noir », cri déchirant sur la condition féminine, vaut mille de nos stéréotypes faciles sur la burqa et la réclusion domestique.
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"Les lèvres serrées, cousues même, je me tais comme se taisent toutes les femmes du monde."

Spôjmaï Zariâb est afghane et écrit en persan. Ce recueil de nouvelles n'est pourtant pas pour les Afghanes et encore moins pour celles, majoritaires dans ce pays, qui parlent cette langue : Spôjmaï Zariâb écrit pour toutes les femmes, de tous les lieux et de toutes les époques.
Elle écrit avec finesse, avec précision, avec la sobriété et le ton direct, sincère qui convient aux nouvelles. Un ton dans lequel se croisent et s'affrontent poésie et brutalité, soutenues par des mots et des images qui entrent sous la peau.
Elle écrit la peur et les coups, le sang et la mort, la domination.
Elle écrit l'absurdité des règles et des procédures administratives, l'absurdité et l'inéluctabilité de la violence quotidienne qui peut surgir de n'importe quel corps masculin munis de poings, de pieds et d'"un orifice obscur d'où ne jaillit que vociférations et insultes".
Elle écrit l'espoir, la crainte, la douleur, l'isolement, les rêves et les cauchemars (comme des moyens pour fuir).
Elle écrit les sentiments qui naissent, les portes qui se ferment, les foulards qui se serrent, l'enfermement, la folie (comme l'ultime moyen de fuir).
Elle fait rire le raisin et les vaches, voit des yeux dans les murs et les cadenas, donnent la parole aux clochettes des danseuses et des intentions aux portes, aux fenêtres et aux signatures sur les formulaires.
Elle frôle le surréalisme, bâtit des fables sombres ; à moins que ses textes soient des allégories, voire des éclats de poésie noire. Ou bien des rêves... Ou des cauchemars. Ou la dernière extrémité de la folie, cette folie fermée de l'intérieur, le moyen le plus sûr pour s'enfuir, presqu'aussi libérateur que la mort.
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Chacune de ces nouvelles mériterait un éclairage, un arrêt, un débat. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l'étrangeté et la grande puissance qui se dégage de ce recueil.
Mais j'en retiens la folle errance des personnages. Enfin, personnages... plutôt des êtres dilués, fantomatiques, dont on ne sait presque rien.
Des être animés certes, mais pour mieux tourner en rond. Comme ce libraire qui harangue les passants (« Le libraire fou ») ou ce forain qui cherche désespérément les enfants (« La Plaine de Caïn »).
Des êtres qui évoluent dans les ténèbres, dans des lieux désertés ou dévoyés (« La ville marchande », « Les demeures sans nom »).
Des êtres qui tentent vainement d'échapper à leurs propres cauchemars (« Un bruissement de clochettes », « Le Caftan noir »).
Des êtres qui tentent parfois de s'affirmer avant de fuir un monde glauque et déshumanisé (« Les Signatures », ma nouvelle préférée).
Je ressors envoûtée et déroutée par ces histoires fortes de paraboles, sans grands repères spatio-temporels. Ces histoires telles des contes gothiques et persans, qui recèlent bien des mystères et des hurlements.
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Combien as-tu sur toi?*
Pour moi c'est une plongée dans l'inconnu avec la découverte d'un monde et également d'une littérature dont j'ignore tout. Cet auteur est née en 1949 à Kaboul. Diplômée de littérature française, elle vit en France depuis 1991. Elle écrit en persan. Comme cela devient une habitude pour moi, je commencerai par un recueil de nouvelles ma première lecture de cet auteur. Ces nouvelles ont été éditées pour la première fois en France en 1989 et ont été écrites et publiées en Afghanistan pendant la période où les communistes étaient au pouvoir.
La suite ici :
http://eireann561.canalblog.com/
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Moi qui n'aime pas trop les nouvelles, j'ai beaucoup aimé ce recueil.
Certes, même si la majorité de ces nouvelles sont très dures à lire, je crois qu'il faut les lire quand même.
Spôjmaï Zariâb dénonce les violences sans entrer dans la surenchère.
Par contre, j'ai un peu moins aimé que dans certaines nouvelles il y ait beaucoup de personnification.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Alors le caftan noir s'agitait, les manches prenaient leur élan et les poings s'abattaient sur le visage d'Aïcha ; son crâne entier s'enflammait. Elle tournait alors son regard vers sa fille... mais ne croyez pas que pendant ce temps toute pensée s'arrêtait à l'intérieur du caftan noir ! Il en sortait par le bas deux gros pieds mal équarris qui venaient s'abattre de toute leur force sur la poitrine d'Aïcha, sur ses reins et ses cuisses. Elle se tordait de souffrance pendant que le caftan noir continuait de s'adonner à ses gesticulations frénétiques. » (p. 192)
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Caïn, nouveaux Caïn ! Caïn a pris la ville. Ces êtres damnés ont massacré leurs frères et leurs mères. Ils ont versé le sang, et ce sang répand son fumet. Le soleil et la terre ont vu ce sang. La terre l'a bu et n'a pas tremblé...
La ville est devenue un vaste orphelinat. Les enfants ont vieilli sans avoir été jeunes. Le soleil a vu les enfants-vieillards, le ciel aussi et la terre aussi, mais elle n'a pas tremblé. La terre toujours bonne s'est faite complice des nouveaux Caïn : elle a englouti leurs victimes sans le moindre tremblement.
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Dans la plaine ardente, l’écho de mon cri résonnait comme une énigme sans fin.
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