Spirou vu par...
Frank Pé (et
Zidrou) représente un gros ratage. Un très gros ratage.
je sais que beaucoup attendaient ce Spirou depuis longtemps, alléchés par une rencontre qu'on espérait fructueuse
Mais il y a deux éléments qui posent légèrement problème, et c'est un euphémisme.
Spirou porte un joli T-Shirt rouge tout le long de l'histoire. Evidemment, c'est Spirou, le groom. le rouge lui est indissociable. Mais si le T-Shirt était bleu, cela vous sauterait aux yeux. Ceci n'est pas Spirou. C'est Broussaille. L'histoire qui rappelle dan ses motifs et ses thèmes "Les baleines publiques", un Bruxelles fantasmé, une thématique qui polonge ses racines dnas le rapport intime, quasi viscéral, à la nature.
Rien qui ne soit typique de Spirou.
Broussaille tout craché.
Ceci n'est pas un Spirou.
Mais ceci nous est vendu comme tel.
Comment faire en sorte que l'illusion prenne ?
Il suffit d'invoquer des personnages typiques de l'univers de Spirou. Et même du Spirou de
Franquin.
On ressuscite Noé, le dresseur fantasque et touchant de
Bravo, les Brothers.
On intègre Champignac-en-Cambrousse. Pour se faire, les auteurs inventent un intrigue parallèle complètement inutile et rattachée de manière artificielle à l'histoire générale: des champignons noirs qui ne devraient pas exister qui prolifèrent mystérieusement. Double avantage, cela permet d'atteindre les 80 planches (et je m'étonne que Dupuis n'est pas surfé pour en faire le premier graphic novel de Spirou, tant qu'ils y étaient) et d'ancrer cette histoire dans la mythologie du persopnnage.
Reste que cette intrigue tombe à plat, n'est pas très bonne et ne sert à rien. C'est presque dommage par que cette partie est paradoxalement la plus proche de Spirou.
Ce qui nous amène au deuxième problème de cet album.
Mais que ce scénario est pénible et cucul.
Des toiles d'un peintre mystérieux sont envoyée à une galerie bruxelloise. le galeriste, flairant le bon coup, fait monter les enchères en mettant en concurrence deux collectionneurs crétins et incultes mais blindés comme Midas. Cela permet aux auteurs de se moquer de l'art contemporain (égrotrippé, méprisant, élististe, coupé du monde, ridicule...) et de s'extasier devant le beau. En fait, une vision bien beauf qui me rappelle l'humour des années 70-80.
En parallèle, Spirou claque sa démission au Moustique après que la nouvelle rédactrice en chef lui ait demandé de revoir l'un de ses articles pour plaire aux annonceurs. Il retrouve alors Noé, qui officie dans un petit cirque, au moment ou celui-ci vient d'hériter de Fauvette, une adolescente rebelle qui se trouve être sa fille. Il en connaissait l'existence mais ne s'en était jamais occupé.
D'abord laissée au soin de sa mère, puis d'un ami lorsque cette dernière est morte, puis à sa grand-mère lorsque ce dernier est mort dans des circonstances mystérieuses, il s'empresse de la refiler à Spirou. Vous devinez bien sûr que sous ses airs de rébellion adolescente, elle ne rêve que d'enfin découvrir ce père qui se révèle distant et plus proche des animaux que des humains. Il y a un petit côté détestable dans cette partie de l'intrigue, une vision vieillote des rapports familiaux dans laquelle tout doit s'aranger et on pardonne, on se retrouve partce que c'est dans l'ordre des choses.
Bienvenue dans le monde moderne.
Gag, ayant égarée sa valise, la gamine doit se coltiner en costume de groom. Référence, mise en abîme, clin d'oeil... que c'est amusant.
Il s'avère alors que le peintre mystérieux en question est Bornéo, le vieil orang-outang de Noé.
Je veux bien tout l'aspect fable écologique, joli symbole et tout le bazar, mais il y a un moment ou l'antropomorphisme et le symbolisme mignon et joli passe les limites du supportable.
Et quand je pensais que les auteurs avaient atteint le fond, l'un des deux a eu une idée
- J'ai bien un truc qui pourrait faire chouette, mais je suis pas sûr
-dis moi...
- et si... , mais honnêtement, je crois que c'est un peu trop
- mais non, c'est super
- mais non, franchement, c'est un peu ridicule
- mais siiiiiiii, faut y aller. Ca va faire trop beau. Tu vois, le message des animaux qui reconnecte les hommes à la beauté. L'authenticité, le lien à la nature... c'est top
- si tu le dis, allons-y
Et nous voilà avec la cerise sur le gateau, d'une naïveté et d'une stupidité sans nom. On se croirait dans un truc de livre pour enfant, sauf que c'est calibré soit-disant pour le tout public mais en vari pour les nostalgiques bedonnants. D'ailleurs, pour faire bon ton, le tout a été imaginé dans un Bruxelles pseudo-futuriste ou l'atomnium est en ruine.
Et spirou porte des lunettes tandis que Fantasio se fait des implants capillaires. les auteurs ont pris soin de coller aux préoccupations de leurs lecteurs.
C'est tout à leur honneur.
J'ose presque qualifier ce truc de bouse.
C'est dire.