Un colonel de l'armée de Napoléon, dans la guerre d'Espagne, se retrouve piégé dans une forêt. Pour sauver sa vie, il va commettre un acte, qui le fera passer pour un traitre
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Pour combler petit à petit mes lacunes classiques, j'ai rapidement lu mon premier Zweig.
Ce court récit est plein de la désespérance d'une bataille, de la solitude du soldat perdu en territoire ennemi. Et la fin en pirouette, désespérante et absurde, illustre la rudesse des troupes. Intéressant, mais il me reste à découvrir une autre facette de son oeuvre.
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Que la vie est injuste! C'est ce que découvre ce colonel après avoir été pris dans une embuscade, alors qu'il souffre de solitude, de faim et de soif... La fin de cette nouvelle souligne ensuite toute la cruauté de son destin. Triste mais bien écrit.
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Un véritable déchaînement de fureur s’empara d’eux lorsque parmi les lambeaux ensanglantés l’un des pillards découvrit la croix du colonel porté disparu. Une croix de Napoléon dans la poche d’un bandit espagnol ! S’acharnant sur le cadavre, ils défoncèrent à coups de crosse le crâne du prétendu meurtrier, mus par une rage aveugle ils rouèrent de coups le corps dénudé et le piétinèrent en jurant, puis ils lancèrent la dépouille de l’infortuné avec une telle véhémence dans le champ, qu’après avoir décrit d’effroyables tourbillons dans l’air le corps retomba les bras ouverts, telle une croix immense et claire, lumière écartelée au milieu des mottes noires de terre calcinée.
L'idée d'être abandonné et perdu, sans remède lui oppressait le coeur... En tout cas il fallait fuir à tout prix.
Il éprouvait un merveilleux sentiment de liberté. Finis la colère, l’angoisse, la peur, le remords, le feu intérieur, il n’y avait plus que cette fraîcheur, la fraîcheur lunaire et la plénitude de cet air porté par une douce brise qui effleurait ses lèvres. Force, courage et détermination revigoraient ses membres : dressé de toute sa hauteur, il était redevenu le colonel de Napoléon.
Il voulait retrouver les hommes et cesser de vivre comme une bête parmi des cadavres, attisé par la peur et la faim, il voulait rejoindre son armée, son empereur, fût-ce au prix de son honneur. Un sanglot lui noua la gorge à la vue de l’uniforme abandonné comme une dépouille, l’uniforme qu’il avait porté dans vingt batailles, qui ne faisait qu’un avec lui, comme la mère et l’enfant.
La mesure était comble, il ne pouvait contenir plus longtemps la flamme attisée par la rage et le désespoir qui le dévoraient intérieurement. Et sans cesse ces ombres sur la route et le mugissement sourd de la forêt !
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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