AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 254 notes
5
9 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis
Une écriture agréable, quoiqu'au style un rien mélodramatique, caractérise ce recueil de fragments d'histoire narrés avec la passion d'un érudit épris de recherches et fasciné depuis toujours par l'Homme.

"Les Très Riches Heures de l'Humanité" permettent à Stefan Zweig de s'adonner à un registre qu'il aime et dans lequel il s'est illustré avec talent : la biographie.

Ici sont croqués les portraits et les destinées d'hommes dont la renommée n'a pas été assez grande ou reconnue pour motiver les historiens à écrire leur biographie complète mais, comme un hommage, Zweig leur rend ici les palmes de la gloire ou du génie qu'il estime devoir leur revenir. Ainsi agit-il pour le plus grand bénéfice de Rouget de l'Isle, obscur officier et cependant auteur de la Marseillaise, pour le capitaine Scott, explorateur anglais de l'Antarctique ou encore pour Nunez de Balboa, le premier conquistador a avoir vu l'océan Pacifique, pour n'en citer que quelques uns.

Le choix de l'auteur (ou de l'éditeur ?) s'est porté sur un ordre chronologique. de la moitié du XVème siècle au début du XXème siècle, c'est un voyage à travers le temps et quasiment à travers les cinq continents que propose le célèbre auteur autrichien.

Pour ma part, si la lecture de ce bref opus a été agréable, elle n'a pas été complètement exaltante. J'aurais pourtant aimé pouvoir hisser mon émotion au niveau de celle, palpable, de l'auteur chez lequel admiration et nostalgie cheminent de concert. J'apprécie l'éclectisme mais quand il garde une certaine cohérence, ici, on est plutôt plongé dans une sélection hétéroclite dont les thèmes varient non seulement dans leur époque et leur espace mais aussi dans leur forme : certains sont traités très brièvement, d'autres presque trop longuement ; certains sont des récits d'aventures palpitants, d'autres des extraits d'oeuvres littéraires.

Pas de fil rouge les chaînant, hormis le choix de l'auteur de classer tous ces exploits ou toutes ces entreprises intrépides dans la catégorie des "très riches heures de l'humanité". Je dirais que cela n'engage que lui, je ne me fais pas complètement sa complice lorsqu'il s'agit des massacres perpétrés par les conquistadors espagnols au Nouveau Monde, ou encore les horreurs de la guerre ayant opposé Mehmet II à l'empereur de Byzance en 1453, pour ne citer que deux exemples.

Par contre, par d'erreur, ça nourrit la culture générale et ça, ça ne fait jamais de mal !


Challenge AUTOUR DU MONDE
Commenter  J’apprécie          430
Merveilleux Stefan Zweig, encore une fois !
Ce livre d'Histoire publié en 1927, analyse 13 "minutes-clefs", 13 décisions capitales prises par des hommes plus ou moins connus, qui bouleversèrent le monde.
Entre autres...
Le sultan turc Mahomet II décide de faire franchir le Bosphore par la terre à une escadre maritime pour surprendre Constantin de Byzance et prendre sa ville, malgré sa résistance acharnée ;
Balboa, sur des indices, décide d'aller à Panama pour découvrir la mer du sud ( le Pacifique ) ;
Le maréchal Grouchy, lui, par son indécision, fait sans doute perdre Waterloo à Napoléon ;
Goethe, 74, qui demande comme un fou la main d'Ulrike, 19, puis crée "L'élégie de Marienbad" ;
La fabuleuse entreprise de l'américain Field, tenace pour relier par télégraphe sous l'Atlantique l'Irlande à Terre-Neuve, raccourcissant le temps de communication ;
Lénine, expatrié depuis 14 ans, décide, malgré son statut de traître, de rentrer en Russie en passant par l'Allemagne, en 1917...
.
Mais les deux nouvelles ou mini-biographies qui m'ont le plus ému sont ceux du "maître" Dostoïevski, gracié par le tsar en 1849, qui produit ensuite un chef d'oeuvre ( que je n'ai pas encore lu, oh le vilain !) "Les frères Karamazov" ;
et Léon Tolstoï, qui se décide enfin, à 83 ans, à quitter sa femme perverse pour vivre ses idées avant de mourir.
La nouvelle sur Dostoevsky est toute en vers ;
celle de tolstoï est sous forme d'un dernier acte écrit par Zweig de la pièce inachevée du Russe : "La lumière luit dans les ténèbres", où Saryntzev représente tolstoï lui-même qui cherche à fuir sa femme, mais sous emprise, n'en est pas capable.
.
Toutes ces mini-histoires, réelles d'après l'auteur, sont superbement racontées, car outre son style extrêmement fluide (et je tire aussi mon chapeau aux traducteurs de Zweig en général ), chaque histoire est minutieusement contextualisée, et l'auteur reprend souvent deux ans en arrière chaque bio pour expliquer la minute capitale de la décision, ou de la non-décision dans le cas de Grouchy.
.
Je me suis régalé !
Régalez-vous !

PS : je m'aperçois, en lisant ce livre, que Léon Tolstoï, entre autres, est à la révolution russe ce que Jean-Jacques Rousseau et ses compères du siècle des lumières sont à la révolution française.



Commenter  J’apprécie          410
Dans ce livre stefan Zweig nous raconte certains événements qui ont changé la face du monde. Il nous raconte la petite histoire, celle que le monde n'a pas retenue et qui, pourtant, a eu une importance capitale sur le déroulement des opérations.Ce grain de sable qui enraye la machine, qui fait que l'histoire retiens le nom des hommes ou bien les oublis.
Ces voyages dans le temps et l'espace avec stefan Zweig, servi par une écriture de talent, nous font apparaître l'histoire de l'humanité sous un angle particulier.
A lire sans hésitations !
Commenter  J’apprécie          350
Un petit livre, court et très attrayant. Ecrit vers 1920, Stefan Zweig montre ici tout son talent de conteur à travers douze personnages ou faits historiques, douze moments de l'humanité.
En allemand le titre est beaucoup plus beau : Les Heures étincelantes.

Un choix très varié qui s'étend du XVième siècle à l'aube du XX ème.
La prise de Byzance en 1453 par le Sultan qui transformera Sainte Sophie la grande cathédrale en un mosquée, Mahommet abattant la croix qui la domine, une chute dit Zweig qui « fait frissonner tout l'occident »
Le final c'est 1917 Lénine arrivant en Russie, délaissant l'exil en Suisse, il rentre pour changer le destin de millions d'hommes, accompagné de façon prémonitoire par Staline « Les dix jours qui ébranlèrent le monde vont bientôt commencer »
Entre ces deux évènements Zweig dresse le portrait d'hommes qui ont changé le monde, voyez Haendel composant son Messie et Dostoïevski attendant son exécution ou encore Rouget de Lisle composant un chant « alliant à la perfection paroles et musique »

L'art de Zweig est de dresser en peu de page le portrait d'un personnage, de situer un fait déterminant dans une histoire plus riche, de donner envie d'en savoir plus.
Inventeur, découvreur, aventurier, vainqueur ou vaincu arpentant la plaine de Waterloo, tous ont changé à leur façon le cours de l'histoire des hommes.

La lecture est aisée, Zweig fait preuve d'un lyrisme qui marque son admiration pour ces moments de l'histoire.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          330
S'il y a un traducteur dont il faut dire quelques mots c'est bien Alzir Hella ! Pour une fois je vais reprendre ce qui est écrit sur lui avant la préface :
« Correcteur d'imprimerie, syndicaliste et anarchiste, Alzir Hella (1881-1953) fut à la fois le traducteur, l'agent littéraire et un ami très proche de Stephan Zweig, qu'il contribua à faire connaître en France. Comme l'a écrit Dominique Bona, « Alzir Hella accomplira au service de l'oeuvre de Zweig un travail considérable pendant de longues années, et lui amènera un de ses publics les plus enthousiastes ». Alzir Hella traduisit également d'autres auteurs de langue allemande, notamment À l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. »
Le titre allemand « Sternstunden der Menschheit » avait été traduit littéralement par « Les Heures étoilées de l'humanité » (dans l'idée des grands moments...). Zweig pensait mettre le sous-titre : « Miniatures Historiques », ce qui n'a pas été possible car Alzir Hella avait fait publier un peu rapidement le livre en France alors que l'auteur était parti aux Etats-Unis début 1939 (voir Anne-Elise Delatte, thèse d'études germaniques, 2006, page 139). C'est en 1989 qu'une nouvelle traduction des éditions Belfond a donné « Les très riches heures... ».
Zweig a écrit la préface où il dit entreprendre de faire revivre ces heures porteuses de destin : « ... un seul oui, un seul non, un geste avancé ou retardé rend cette heure irrévocable pour cent générations et détermine la vie d'un individu, d'un peuple ou même la destinée de l'humanité entière ». La première traduction de 1939, réalisée par Alzir Hella ne comprenait pas la Préface de Stefan Zweig, ni les trois textes indiqués par un astérisque *.
La prise de Byzance : Zweig fait le récit épique de la prise de Constantinople (nom romain de cette cité auparavant grecque) par les turcs de Mahomet le 29 mai 1453. Il explique comment, de capitale de l'Empire romain puis citadelle isolée de la puissante Venise, elle est devenue la fragile forteresse en proie aux dissensions entre Venise, Gênes et les autres pays d'Europe. Les turcs auraient pénétré par une petite porte laissée ouverte par négligence. C'est ainsi que la cathédrale Sainte-Sophie a été transformée en mosquée... et la puissance turque d'exercer son influence mondiale pour longtemps ! Un récit dont on voit toute l'actualité avec Erdogan et sa volonté d'expansion.
La fuite dans l'immortalité : récit de la conquête de l'Amérique par ces grands aventuriers et bandits, mis à l'honneur dans nos livres d'histoire. Vasco Nuñez de Balboa est ce conquistador qui, rebelle au roi, connaîtra la gloire en traversant l'isthme conduisant vers la mer du sud le 25 septembre 1513 (découverte de l'océan Pacifique), puis sera exécuté pour laisser toute la place à Francisco Pizarro dans cette course aux conquêtes et aux pillages.
La résurrection de Georges-Frédéric Haendel : le grand musicien est terrassé a 52 ans par une attaque d'apoplexie, le côté droit est paralysé. Il va vivre quatre mois dans l'incapacité de se mouvoir. A la sortie de son abîme, il écrit « le Messie » le 21 août 1741.
Le génie d'une nuit : histoire de la naissance de l'hymne national. Un homme modeste et sans génie, Rouget de Lisle, passe à la postérité en composant dans la nuit du 25 avril 1792 le chant de guerre pour l'armée du Rhin qu'on lui a commandé. En fait, ce sont les volontaires marseillais en route pour Paris qui l'adoptent, en juillet 1792, dans cette guerre contre la coalition des rois et des empereurs.
La minute mondiale de Waterloo : Stephan Zweig raconte la bataille de Waterloo le 18 juin 1815 à travers le destin du maréchal Grouchy. Celui-ci a reçu l'ordre de rechercher les Prussiens dans la direction indiquée par Napoléon. Instructions qu'il va suivre à la lettre alors que le bruit des combats est perceptible, les troupes anglaises ayant engagé une bataille décisive avec celles de Napoléon. Attaqués de flanc par les Prussiens qui ont totalement échappé à Grouchy, la défaite devient historique.
L'Elégie de Marienbad : le poète Goethe a 74 ans quand il envisage le mariage avec la jeune Ulrike von Levetzow qui a seulement 19 ans... Cela ne se fera pas. Il compose alors le 5 septembre 1823 ce grand poème d'amour, célèbre en son temps, comme un adieu adressé par la vieillesse aux espérances enfuies des jeunes années.
La découverte de l'Eldorado : c'est l'histoire de Johann August Suter en marche vers la Californie, faisant fortune puis découvrant de l'or sur ses propriétés en janvier 1848. Cette date marque le début de la fin pour lui. Il va vite être broyé, lui et toute sa famille, par la vague de cupidité déclenchée par sa découverte.
Instant historique : c'est un poème que présente ici Zweig afin de commémorer ce terrible 22 décembre 1849 à Saint-Pétersbourg. le célèbre écrivain Dostoïevski fut condamné à mort pour avoir participé à des réunions révolutionnaires puis gracié au dernier moment par le tsar Nicolas 1er. Celui-ci aurait organisé ce simulacre afin de lui donner une leçon !
Le Premier Mot qui traversa l'océan* : récit épique de la pose des premiers câbles télégraphiques de communication entre l'ancien et le nouveau monde, selon les termes utilisés à l'époque. Après bien des échecs, cette pose est réalisée le 28 juillet 1858.
La Fuite vers Dieu* : tolstoï a exprimé son enfer familial dans la pièce inachevée « La lumière luit dans les ténèbres » qu'il écrit fin octobre 1910. Zweig imagine et nous présente la fin de cette pièce.
La lutte pour le pôle Sud : le capitaine Scott et ses compagnons ont atteint le pôle sud le 16 janvier 1912, juste après le passage d'Amundsen. Scott et son groupe ne rentreront jamais de ce voyage, victimes de la fatigue et des intempéries.
Le Wagon plombé* : Lénine, exilé en Suisse, rentre dans son pays le 9 avril 1917 suite à la nouvelle de grèves et de révoltes en Russie.
On pourrait continuer cette liste des grands moments de l'humanité. Pour ma part j'ajouterais l'appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940, le discours de Martin Luther King « I have a dream » prononcé le 28 août 1963, la libération de Nelson Mandela le 11 février 1990 après plus de 27 ans de prison...
Mais j'ai en mémoire bien plus de moments sombres que « d'Heures étoilées » ou « de Riches Heures ». Alternance de jours et de nuits, de lumières et de crépuscules plus ou moins intenses, ceci depuis que les hommes et les femmes occupent cette belle planète. Et vous, quels évènements ajouteriez-vous ?
J'ai trouvé passionnant de découvrir ces « miniatures historiques », vues par Stephan Zweig avec la complicité de son traducteur et ami Alzir Hella, à la confluence de la littérature, de l'histoire et de la mémoire. de très riches heures de lectures surtout si on prolonge, comme moi, les recherches sur tous ces sujets !
******
Chronique complète sur le site Bibliofeel avec mes illustrations personnelles. Vous pouvez vous abonner par le lien « s'abonner au blog par e-mail ». N'oubliez pas de valider votre inscription en cliquant sur le lien situé dans le courriel de confirmation qui vous est envoyé (pensez à regarder dans vos Spams et, si le message Wordpress s'y trouve, à lui attribuer le statut « non indésirable » après un clic droit). Vous pouvez aussi me retrouver sur facebook sur la page « clesbibliofeel ».

Lien : https://clesbibliofeel.blog
Commenter  J’apprécie          233
Cet ouvrage a piqué ma curiosité sur des événements historiques dont j'ignorais la genèse et les dessous, et Stefan Zweig en révèle quelques-uns, choisis par ses soins, ceux qu'il considère comme des tournants majeurs dans l'Histoire du monde.
De la prise de Byzance par Mehmed II en 1453 jusqu'au voyage de Lénine et sa suite en wagon plombé vers la Russie révolutionnaire en 1917, Zweig revisite les siècles passés à travers leurs moments-clés.
Ainsi en va-t-il, entre autres, de la pose d'un câble sous-marin destiné aux communications intercontinentales en 1858, de la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815 et de la création par Haendel, durant une nuit inspirée de 1741, de son oeuvre la plus connue, le Messie.
Stefan Zweig réussit à susciter l'intérêt sur chacune de ses vignettes et son écriture y contribue pour une bonne part. Un bon départ pour qui veut connaître la grande Histoire sans se taper de volumineux bouquins.
Commenter  J’apprécie          170
Sans s'élever à la hauteur de ses oeuvres les plus fameuses, cette série d'articles, chacun centré sur un fait historique plus ou moins célèbre, se lit avec plaisir et profit. L'idée directrice est simple et efficace: s'attarder quelques pages sur des moments où une connaissance, un empire, un destin individuel bascule irrémédiablement.
Evidemment, d'un point de vue historique, on est dans l'ordre de la vulgarisation, et sans être spécialiste de chaque période, on sent bien que Zweig est allé régulièrement s'abreuver à des sources qui ne sont pas archi-fiables ou qui ne présentent que des vérités partielles, mais qui font la part belle à l'événementiel et aux tensions dramatiques (ah! les 4 galions de Gênes qui s'immobilisent juste devant Constantinople, faute de vent, assaillis par des centaines de petites embarcations ottomanes...). A plus d'une reprise, on sent que le rythme du récit importe plus que l'exactitude.
On n'en retrouve pas moins ses qualités d'écriture: une vision nette et précise, un goût du croquis rapide et sans bavure, une clarté qui s'accompagne de vues profondes et d'une certaine mélancolie face à l'inéluctable. Et, de manière étonnante, bien que ces micro-récits soient forcément lacunaires ou superficiels, j'ai à chaque fois appris des détails, même sur les quelques moments que je connaissais bien - l'épopée tragique de Scott, notamment, largement popularisée et régulièrement abordée dans les magazines d'histoire, je l'ai redécouverte, avec une forme de fraîcheur: pour la première fois, j'avais l'impression, par delà les chiffres et les faits, d'être avec le malheureux Scott et les siens, sous leur tente, s'éteignant lentement.
Commenter  J’apprécie          130
C'est un livre qu'un ami m'a chaudement recommandé et prêté sachant que j'adore Stefan Zweig. J'adore sa plume et sa façon d'héroïser les personnages et les situations. On est loin de la Nouvelle histoire mais je m'en fiche pas mal. J'aime les histoires qui se racontent, pas celles qui s'étudient. Ce que je n'ai pas aimé dans Les Très riches heures de l'humanité, c'est qu'il s'agit d'une compilation d'épisodes. Je préfère les grandes biographies de Zweig ou Souvenirs d'un Européen. Certains épisodes cependant m'ont marquée, comme l'épopée du premier câble télégraphique transatlantique, la concurrence anglo-norvegienne pour la découverte du pôle sud ou le destin de la Marseillaise. D'autres m'ont déçue comme la grâce de Dostoïevski ou la traversée de l'Allemagne en guerre de Lénine. Pour la seconde, j'ai été frustrée. J'aurais aimé qu'il raconte toute la Révolution d'octobre. Pour les amateurs d'histoire plutôt non spécialistes, c'est très bien.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai ressenti un étrange malaise à la lecture de ce livre.
La volonté de l'auteur est de relater quelques moments choisis de l'histoire de l'Humanité. Il alterne "grande histoire", comme la prise de Byzance ou la débacle de Waterloo avec d'autres épisodes plus tournés vers les grandes réalisations humaines, que ce soit la pose du premier cable télégraphique dans l'Atlantique ou la composition de la Marseillaise. Selon les sujets abordés, certains chapitres m'intéressent plus que d'autres. Ainsi, le récit exalté de la genèse de Messie de Haendel me laisse plutôt froid. Au contraire, l'entreprise titanesque de Cyrus W Field, qui relia l'Europe et l'Amérique au réseau télégraphique me passionne.
Mais, dès le deuxième récit consacré à la recherche del l'El Dorado, une gêne s'installe.
Stefan Zweig, en plus d'être un grand écrivain, était un humaniste convaincu, un esprit progressiste et brillant. le fait que chacune de ces très riches heures de l'Humanité ne prenne en compte que l'histoire "européenne" n'est pas en soi dérangeant. C'est un choix de l'auteur, forcément subjectif dans lequel je ne vois pas de mauvaises intentions.
Mais comment ne pas trouver étonnant que dans ce récit épique, il insiste lourdement sur le fait que les conquistadors soient les premiers hommes à admirer l'Océan Pacifique ? Il traite déjà avec beaucoup d'indulgence les exactions des conquistadors. Mais il assimile de fait l'Humanité aux seuls Européens, niant de fait l'appartenance des Amérindiens à cette Humanité qu'il entend célébrer.
Et que dire de cette petite phrase sur l'odyssée tragique de Suter, aventurier suisse qui s'appropria la Californie, obligé de défendre son bien contre les "envahisseurs indigènes" ? Bel oxymore qui en dit long.
Dans l'un des derniers chapitres relatant la conquête du Pôle Sud, il écrit "des contrées encore enveloppées de ténèbres il y a soixante ans sont déjà assujetties au besoin de l'Europe". Encore une fois, on ne peut soupçonner Zweig de racisme à titre personnel. Ce genre de phrase chez Céline ne m'aurait pas fait autrement tiquer. Chez un esprit aussi éclairé que Zweig, ces phrases écrites il y a 90 ans à peine, me rappellent à quel point la société avait intériorisé (et continue de le faire) une vision complètement tronquée du monde, justifiant l'inacceptable et entérinant une lecture révisionniste de l'histoire.
Il s'agit d'un exemple édifiant du racisme structurel. Et cela m'a directement rappelé un dialogue au début de "l'autre côté du Soleil" de Chimamanda Ngonzi Adichie. l'action se déroule ua début des années 60, dans un Nigéria indépendant. Un jeune nigérian y apprend qu'il y a 2 réponses aux choses qu'on enseigne au Nigéria: la vraie réponse et celle qu'on doit donner à l'école. Suit l'exemple de la découverte du fleuve Niger, qui a été découvert par un blanc du nom de Mungo Park, alors même que l'on pêchait déjà bien avant la naissance des grands-parents de Mungo Park. Je vous laisse deviner quelle est la réponse pour l'école.
Commenter  J’apprécie          72
En douze récits de moment clés de l'histoire de l'humanité Stephan Zweig redonne vie à quelques personnage dont le nom ne nous est pas inconnu mais qui nous apparaissent maintenant avec une précision étonnante :
- le fils du sultan Mourad qui va prendre Byzance,
- Vasco Nunez de Balboa qui découvre la rive pacifique de l'Amérique centrale
- la résurrection de G.F. Haendel qui compose le Messie
- Rouget de l'isle qui compose en une nuit la Marseillaise
- l'erreur fatale de Grouchy lors de la bataille de Waterloo
- la composition par un jeune homme de 83 ans de l'Élégie de Marienbad
- la découvert de l'or en Californie par John Sutter
- la pose du premier câble transatlantique
- la fin de Léon Tolstoï
- la lutte pour le pôle Sud de Scott et Amundsen
- la traversée de l'Allemagne en wagon plombé par Lénine.

Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (674) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1881 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..