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EAN : 9782367601465
299 pages
Erick Bonnier (23/08/2018)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Contemporaine de John Keats, de Lord Byron et de Jane Austen, Anna Atkins vit au coeur du cercle des amis et collègues scientifi ques de son père, ayant accès aux travaux des pionniers de la photographie comme William Henry Fox Talbot et John Herschel qui lui enseigne la technique du cyanotype. Elle crée plusieurs centaines de cyanotypes, reproduisant sous forme de dessins photogéniques à fond bleu les familles des algues, des fougères et des fleurs.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La biographie d'Anna ATKINS dessine le portrait d'une anglaise et de l'Empire Britannique durant les soixante dix premières années du XIX siècle.

Fille du savant John CHILDREN, Anna perd sa mère à sa naissance, grandit durant les guerres napoléoniennes, subit la ruine de sa famille contrainte de vendre la demeure familiale, voit sa première belle-mère mourir au bout d'un an de mariage, supporte de longues fiançailles avec John ATKINS parti en Jamaïque gérer l'exploitation de sa famille, tout en travaillant aux cotés de son père et en devenant experte en botanique, ce qui lui offrira l'opportunité de recevoir le Baron CUVIER à Londres. Elle est chargée d'illustrer les catalogues des collections botaniques du Britisch Muséum.

Anna a le bonheur de voir son père se remarier, vit une union heureuse quoique stérile, et croise Jane AUSTEN, Lord BYRON, Mary SHELLEY puis William TALBOT et John HERSCHEL, pionniers de la photographie, qui l'initient à la technique du cyanotype qu'elle exploite immédiatement pour représenter algues, fougères et fleurs.

Contemporaine de Victoria et Albert, de WELLINGTON puis DISRAELI, elle est citoyenne de la puissance conquérante et dominante de son siècle et observe le déclin de la France fragilisée par une instabilité politique chronique qui condamne le roi Louis-Philippe puis Napoléon III à finir leurs jours en Angleterre.

Cultivée, dotée d'une formation scientifique exceptionnelle, proche de la nature, Anna est une artiste exceptionnelle mais un peu oubliée 150 ans après sa mort.

Anna ATKINS ressuscite aujourd'hui grâce à la plume de Gabrielle de LASSUS, poète et historien expert du XIX, dont le précédent ouvrage Hortus Conclusus révéla l'an dernier son talent littéraire et ses connaissances botaniques.

L'anglaise d'Azur trouve naturellement sa place aux cotés des biographies d'André MAUROIS et notamment de son fameux « Ariel ou la vie de SHELLEY » irremplaçable clé d'accès à la vie littéraire britannique du XIX.

Ce premier roman est un des faits marquants de cette rentrée littéraire ; rédigé par une belle plume, d'une lecture agréable, il ramène au premier plan une femme exceptionnelle par sa créativité et sa science.
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L'Anglaise d'Azur est un récit sur la vie d'Anna Atkins (1799-1871), une Anglaise considérée par certains comme la première femme photographe de l'histoire. Fille du scientifique John George Children, elle grandit dans le Kent et y passe la plus grande partie de sa vie. Elle réside néanmoins plusieurs années à Londres, d'abord avec son père, qui travaille pour le British Museum, puis avec son mari, John Atkins, qu'elle épouse en 1825. Passionné de chimie, de minéralogie et de zoologie, Children est très proche de sa fille unique, avec qui il partage ses connaissances. La mère d'Anna étant morte à la naissance de cette dernière, le jeune femme grandit dans l'ombre de ce père savant grâce à qui elle rencontre de nombreux scientifiques et ingénieurs tels William Henry Fox Talbot et John Herschel, pionniers de la photographie.

Fascinée par les plantes, Anna confectionne un herbier et assiste son père dans la classification de différentes espèces d'algues. Elle devient membre, en 1839, de la Société botanique de Londres, l'une des rares sociétés savantes qui accepte alors les femmes en son sein. C'est à cette période que sont développés plusieurs ancêtres de la photographie tels le daguerréotype français et le calotype anglais. Mais c'est pour le cyanotype que se passionne Anna : un procédé chimique qui permet d'obtenir un tirage photographique de couleur bleu azur. Un an à peine après la mise au point du procédé par Herschel, Anna commence la publication des British Algae, un recueil sur les algues britanniques illustrés par des cyanotypes qu'elle réalise elle-même. Dix ans plus tard, elle applique le même procédé aux fougères. Restée sans enfants, elle se consacre toute sa vie à l'étude de la botanique et lègue son herbier au British Museum quelques années avant sa mort, à l'âge de 72 ans.

L'ouvrage de Gabrielle de Lassus Saint-Geniès a le mérite de dévoiler un destin de femme jusque-là restée dans l'ombre des hommes qu'elle a côtoyés. Femme de son siècle, Atkins n'a pas jamais cherché à se positionner au-devant de la scène et son intérêt pour la botanique et la photographie s'est principalement exercé dans un cadre domestique. Spectatrice des grands bouleversements scientifiques et politiques du siècle, sa vie se déroule en coulisses, rythmée par les mariages, les naissances et les décès de ses proches.

Si l'auteure a le mérite de restituer de manière aussi fidèle que possible le quotidien et la façon de penser d'une bourgeoise du XIXe siècle, le résultat est parfois un peu ennuyeux pour le lecteur. Rédigé au passé à la manière de mémoires apocryphes plutôt qu'au présent à la manière d'un journal intime, le récit adopte souvent un style assez dense voire académique avec de nombreuses descriptions détaillées de personnes et de lieux. Ainsi, dans les premiers chapitres notamment, la description systématique du visage de chaque nouveau personnage mentionné créé un effet de "liste" qui n'aide pas vraiment le lecteur à s'y retrouver.

L'Anglaise d'Azur est donc bien une biographie romancée plutôt qu'un roman biographique. Pas de suspense ni de tension dramatique, mais une tranche de vie mise dans le contexte de son époque et relatée sur un ton très pudique, caractéristique de la réserve attendue des femmes de la bonne société au XIXe siècle. Un livre à recommander aux amateurs de l'Angleterre victorienne et à ceux qui s'intéresse à la condition des femmes au XIXe siècle. On sait gré à Gabrielle de Lassus Saint-Geniès de nous offrir à lire les mémoires qu'Anna n'a jamais écrits, préférant se consacrer à celles de son père (Memoir of John George Children, publiés en 1853).

J'ai aimé...
• le sujet du roman ;
• le souci de véracité et l'effort de l'auteure pour rester fidèle aux archives ;
• la structure chronologique du récit avec des chapitres cohérents et bien équilibrés.

J'aurais aimé...
• une intégration un peu plus subtile du contexte historique. Les références aux principaux évènements politiques et scientifiques de l'époque sont très intéressantes mais leur insertion dans le récit est parfois cousue de fil blanc, comme lorsque l'auteure énumère tout ce qui laisse Anna indifférente (ex. "Je me souciais peu que le recensement de la Grande-Bretagne indiquât vingt millions d'habitants. (...) le rétablissement de la hiérarchie catholique romaine en Angleterre me laissa indifférente.") ;
• des confidences un peu plus intimes, que la romancière aurait pu imaginer en tenant compte de la vie personnelle d'Anna. Sa relation de couple et sa stérilité sont ainsi évoquées de manière très lisse, alors qu'elles auraient pu donner lieu à des développements dramatiques et psychologiques intéressants ;
• des descriptions moins détaillées et moins systématiques des personnages et des lieux, ainsi qu'un peu plus d'action et de dialogues.

Merci aux Éditions Erick Bonnier de m'avoir permis de chroniquer cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse critique de Babelio.
Lien : http://histfict.fr/l-anglais..
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J'ai passé un très agréable moment en compagnie d'Anna Atkins, femme étonnante et attachante, botaniste passionnée. Curieuse et amoureuse de la nature, elle sera une pionnière de l'utilisation de la photographie, notamment les cyanotypes, pour ses ouvrages illustrés de botanique.
L'atmosphère du livre m'a rappelé Miss Charity de Marie-Aude Murail. Deux femmes dans un monde d'hommes qui s'émancipent et vivent dans leur passion, vivent dans leur art. J'ai aimé suivre cette amoureuse de la nature, j'ai frémi en même temps qu'elle devant les premiers émois de l'amour et leurs incertitudes, j'ai parcouru la campagne à ses côtés, cueillant plantes et fleurs pour ensuite les presser dans son herbier.
Cependant, j'ai souvent eu l'impression de lire une éphéméride des années qui défilent, comme un fast forward de son journal. Oui la mise en situation dans le siècle est intéressante, voire nécessaire, car elle nous plonge dans ce siècle qui découvre, étudie, expérimente et va d'inventions scientifiques en révolution industrielle. C'est le siècle de Darwin, de Daguerre, de Talbot, cela bout et cela frémit.
Toutefois, à la longue, cela m'a lassée et l'ennui est apparu. J'ai eu l'impression de perdre mon lien intime avec Anna Atkins, je n'entendais plus sa voix intérieure, parasitée par le fracas du temps qui passe. Je n'ai plus que suivi son histoire comme une spectatrice qui regarde par la fenêtre. C'est vraiment dommage car l'écriture est belle, fluide et toujours renouvelée. Avec des notes de poésie qui ne sonnent jamais faux. Même si les (nombreuses) descriptions de personnages auraient mérité davantage de finesse.
Merci à Gabrielle de Lassus Saint-Geniès d'avoir mis en lumière cette femme d'exception, qui a marqué son temps et été injustement oubliée. Merci à Babelio et aux éditions Erick Bonnier pour cette lecture à l'occasion de l'Opération Masse Critique
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Anna Atkins a eu la chance d'avoir été élevée par un père qui crois que chacun homme u femme doit développé son esprit et son intellect. ce point de vue n'était pas courant au 19ème siècle. Ainsi, elle étudia les sciences, le dessin, la botanique notamment
Elle parviendra à concilier l'amour qu'elle a pour son mari et ses recherches. Elle s'intéressera notamment au travail William Henry Fox Talbot et John, Hershel. La photographie et le cyanotype accompagneront dès lors tous ses travaux. Elle en deviendra une des spécialiste et l'utilisera notamment pour répertorier de algues, fougères et fleurs.
Livre agréable qui nous apprend à apprécier une des femmes étonnante du 19ème siècle
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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Erick Bonnier pour ce livre très intéressant. Anna Atkins est une jeune femme ayant été élevée au XIXème siècle sous la houlette de son père qui lui a appris que son esprit était son plus bel atour. il lui a enseigné les sciences, la botanique, lui a appris à être curieuse à poser des questions. Elle va construire sa vie autour de ce principe et alors qu'elle tombera amoureuse et se mariera poursuivra ses études et ses recherches. Elle se plongera notamment dans les recherches sur la photographies comme William Henry Fox Talbot et John, Hershel. Elle deviendra une des plus grande spécialiste de la pratique du cyanotype et l'utilisera notamment pour répertorier de algues, fougères et fleurs.
Une jeune femme à la vie remplie que nous sommes heureux de découvrir sous la plume de Gabrielle Lassus Saint Genis.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La plupart de mes amies avaient une mère. Pas moi. C'est pourtant elle qui m'avait donné la vie, le 16 mars 1799, dans un bourg anglais du Kent, à Tunbridge. Les filles élevées par leur père sont toujours un peu differentes de celles qui ont bénéficié d'une mère durant leur enfance. Elles sont plus indépendantes, plus curieuses, plus autonomes, comme des papillons qui seraient sortis de leur chrysalide plus tôt que les autres. Mon père, John George Children, gentleman de la science, à qui le papillon Childrena childreni avait été dédié, m'avait un matin montré un papillon en me disant qu'une femme ne devait jamais rester une chrysalide : elle devait faire craquer I'enveloppe de sa personnalité, déployer ses ailes, s'envoler, s'épanouir et émerveiller le monde. À l'époque où l'on apprenait aux filles à coudre, à danser, à savoir tenir un foyer j'ai été éduquée à concevoir des herbiers, à faire valser le nom des fleurs, à suivre des conversations sur la chimie et à connaître l'orientation des constellations. J'ai souffert de ne pas avoir un seul souvenir de ma mère, Hester Anna Holwell, morte en 1800 de complications de grossesse, au moment où l'Angleterre devenait le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande par l'Union Act.
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Écrit entre juin 2017 et janvier 2018, L'Anglaise d'Azur est un livre mystérieux qui a surgi dans mon existence comme une vague bleutée riche d'inspiration. De la vie d'Anna Atkins peu d’archives subsistent sinon quelques lettres, quelques témoignages, ses dessins, ses planches d'herbier et ses milliers de cyanotypes dont la beauté fascine tous ceux qui les contemplent. Quand Anna Atkins rédige en 1853 les Mémoires de son père, le savant John George Children, elle conclut son ouvrage avec une pudeur de femme toute victorienne en affirmant qu'elle s'est volontairement effacée de cet ouvrage, sauf exception, afin que ses sentiments filiaux ne trahissent pas l'hommage rendu à son père bien aimé.

Plus de 150 ans après, j’ai décidé d'écrire sur sa vie en ramassant la plume qu'elle avait fait tomber quand il s’agissait d’elle et de la tremper dans l'encrier de la fiction biographique, en rendant à mon tour hommage, modestement mais passionnément, à cette fille de scientifique, à cette femme artiste et pionnière de la photographie. Si la Science a été un fil directeur non négligeable dans L’Anglaise d Azur, c’est bien l'Art qui gouverne ce récit, en aidant à imaginer des faits réels de façon vraisemblable. J'ai pour cela moi-même réalisé plusieurs centaines de cyanotypes botaniques durant l’été 2017 afin de comprendre la démarche artistique et intellectuelle d’Anna Atkins.

Puisse cet ouvrage contribuer à défendre la mémoire de cette femme courageuse en rappelant ce que le monde de la photographie lui doit.

Ars gratia Artis.

Gabrielle de Lassus
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La passion de la botanique était telle que, chose admirable, grâce à un accord passé entre les amirautés française et britanique, le blocus entre la France et l'Angleterre fut exceptionnellement interrompu pour laisser passer des bateaux chargés de roses et de boutures de Kew. Elles avaient été envoyées par Kennedy, le spécialisre anglais de la culture des roses, à l'impératrice Joséphine. Cette dernière, qui raffollait d'horticultute, avait fait acclimater des plantes exotiques dans son domaine de la Malmaison en souvenir des jardins luxuriants de son enfance à la Martinique. Durant ces mêmes guerres napoléoniennes, en 1807, l'Institut de France ne craignit pas de décerner un grand prix à Humphry Davy, montrant ainsi que I'amour de la science était capable de dépasser l'aveuglement des conflits armés.
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Mrs Atkins ferma les yeux et fit une grimace qui me glaça : « L'amour ne sert à rien qu'à souffrir. Il ne ramène pas les morts à la vie, il ne ramène pas les bateaux aux ports ni l'eau dans I'amphore qui s'est brisée. » Je me tus. Le désespoir de cette femme était épouvantable. Il eut fallu une âme de saint pour l'attendrir tant la douleur avait fini par pétrifier son coeur. La source de ses larmes s'était tarie, sa volonté s'était orientée vers un seul but : le néant et l'oubli dans le laudanum qui provoquait des léthargies apaisantes en vidant son corps de la substance de sa conscience.
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Réel objet de méditation, la nature nous renvoyait le reflet de notre propre grandeur et de notre propre déchéance par sa naissance, sa croissance et sa disparition. De la chenille au papillon, dll papillon à la poussière, du germe à la plante, de la plante à la graine, la force de vie et la force de mort s'affrontaient inégalement : quand l'une croyait avoir remporté la victoire, l'autre la supplantait en faisant remonter la sève dans les lys en dormance ou en faucardant l'angélique après son ultime floraison. Les arbres, eux, veilleraient toujours sur nos destinées.
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