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EAN : 9782748526141
288 pages
Syros (17/01/2019)
3.48/5   25 notes
Résumé :
Les yeux d'Aireine
Dominique Brisson

Pendant quelques mois, quelques années peut-être, la réalité du monde se détraque.
De nombreux jeunes changent brusquement de personnalité, oubliant qui ils ont été jusque-là.
Des coccinelles se mettent à tomber par grappes entières, tandis que le ciel acquiert une couleur étrange. Puis certains adultes se volatilisent du jour au lendemain, sans laisser d'explications.
Aireine, alors ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre assez étrange, onirique, très beau, plein de mystère.
Beaucoup de questions restent sans réponse, mais j'ai aimé connaître Aireine et les autres personnages
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Comment parler d'un roman si foisonnant, si proliférant qu'à chaque strate de sa construction de nouvelles interprétations surviennent, non pas en contradiction avec les précédentes mais en complémentarité, pour créer un ensemble qui se ramifie, s'approfondit, se densifie jusqu'au vertige ? Comment l'évoquer, le commenter sans le dénaturer ? Je me lance...
Dans la Ville, Aireine et Eli, sa meilleure amie, déploient leur énergie et leur enthousiasme en des cascades de rires, de confidences et de rêveries. Prêtes à mordre dans la vie à pleines dents pour en goûter toutes les saveurs, elles rayonnent de leur jeunesse, de leurs promesses et de l'éclat de tous leurs possibles. Mais, insidieusement, un glissement s'opère qui fait naître l'inquiétude : le soleil sature la vue de "reflets métalliques" et la chaleur fait apparaître des grappes de coccinelles qui colonisent la Ville ; la personnalité et le comportement d'Abé, un élève du Socle, l'école fréquentée par Aireine et Eli, changent inexplicablement ; le frère d'Eli, qui lui était si proche, subit la même métamorphose radicale et rejette sa soeur. Quand Aël, le premier amour d'Aireine, devient lui aussi un être différent, quand le regard maternel devient prédateur, la jeune fille se résout à fuir. A ce stade, le roman semble installer un univers à la lisière du fantastique, mais que remettent sans cesse en question les annotations de fin de chapitre qui - et c'est déconcertant et palpitant- à la fois, jettent le doute sur les interprétations et les corroborent. Et l'énigme à laquelle Aireine doit faire face devient la nôtre : que se passe-t-il avec le regard que les adultes portent sur les adolescents ?
Au coeur d'une Clairière, Aireine va trouver un abri et, entourée d'autres adolescents, elle pourra prendre son envol pour vivre la vie qu'elle s'est choisie. C'est là qu'Achelle, son arrière-petite-fille, atteinte d'une rare forme d'amnésie, le "syndrome blanc" qui "efface sa vie au fur et à mesure qu'elle s'écrit", la rencontre pour la première fois et découvre son histoire par le biais de ses carnets. Mais qui faut-il croire ? Cette aïeule qui évite tous les regards et que sa propre famille a tenue à l'écart ? le vieil Aël qui affirme que les souvenirs d'Aireine ne sont qu'élucubrations de mythomane ? Les archives qui tantôt reconnaissent les faits, tantôt les nient ? Ou bien sa propre intuition qui la pousse à se fier à cette arrière-grand-mère qui possède ce dont Achelle est privée : une mémoire et des souvenirs qui ont nourri son existence entière, lui donnant force et indépendance ; une somme de connaissances et d'expériences qui continuent de faire bouillonner son âme.
Tout est efficace et magistralement construit dans ce roman que je n'ai pas lâché avant la dernière page... et qui ne me lâche pas depuis ! Cette architecture, qui enchâsse des récits comme autant de points de vue portés sur la réalité, porte une intrigue captivante et aborde des thématiques que l'écriture de Dominique Brisson tisse avec souplesse, laissant le lecteur libre de forger sa propre interprétation. le récit est imprégné d'une confiance lucide et d'une radieuse admiration pour l'adolescence. le pouvoir et les paradoxes du regard, celui que l'on porte comme celui que l'on supporte, sont au coeur de l'histoire et, sur cette trame, viennent se faufiler d'autres motifs, tout aussi passionnants : la force de la transmission, la notion de passage, l'interdépendance des histoires personnelles et familiales, la vision pervertie par l'âge, l'inextricabilité des relations humaines...
Roman fantastique, roman d'initiation, roman d'apprentissages, roman d'amour, roman poétique, roman onirique... "Les yeux d'Aireine" est tout cela et bien plus ! Transcendant les genres et les âges de lecture, il s'impose de manière fulgurante par une écriture sensorielle, sensuelle, qui fusionne avec les personnages et leur environnement. Comme une énigme lancinante, dont il m'est impossible d'épuiser le sens, il continue de m'interroger, de me fasciner par son homogénéité, sa profondeur et son intensité.

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J'ai été vraiment emballée par l'écriture simple et claire; le réel frôle le fantastique. C'est très troublant: une invasion de coccinelles orange (pas comme nos petites rouges, si sympathiques et alliées du jardin) puis une invasion d'aveugles (le regard est très important dans ce roman) et enfin les personnages qui changent, un suicide de la meilleure amie, un mystérieux Aël et des ados qui survivent loin de la Ville, robinsons du moment, ils font tout à partir de presque rien. Aireine, puis Achelle sa petite fille, qui au début semble croire son aïeule , faisant foi aux journaux intimes mais le doute s'installe, Aireine est-elle mythomane, voire folle (ce que suggère Aël, le grand amour d'Aireine, au moins dans son monde imaginaire: il nie tout) Aireine et Aël se retrouvent, malgré lui dans une maison de retraite où elle le harcèle avec ses souvenirs...qu'il ne partage pas.
Troublant mais ce livre m'a beaucoup plu.
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Un très beau roman, poétique et surprenant, mais je n'ai pas vraiment accroché.

Une dystopie dans laquelle je n'ai pas trop su entrer, même si le sujet m'a paru intéressant.

Il me manquait trop de données pour me sentir proche des personnages, et je me suis contentée de les observer, plutôt que d'entrer dans leur histoire.

Il est vrai que la fiction n'est pas vraiment le thème dans lequel je me sens à l'aise.



On a différentes parties, bien distinctes.

Si j'ai eu un peu de mal au début, j'ai bien aimé ensuite la deuxième partie, où Achelle l'arrière petite fille, se raconte.

Apprécié aussi la vie dans La Clairière, ce monde où tout est à réinventer, ces enfants livrés à eux-mêmes, à leurs angoisses, mais qui apprennent à revivre.

La fin m'a laissée perplexe.



Le texte est beau, comme toujours chez Dominique Brisson, qui nous emmène à chaque roman dans un monde bien différent.

Je l'avais découverte avec "Une vie merveilleuse" si triste et si originale avec sa forme d'abécédaire.

Plus légère dans Gros sur la tomate, où les mots et leurs formes ont tant d'importance. Mon préféré restant sans doute le road movie de On dirait le sud, une échappée belle d'une mère et son fils.

Tous des sujets bien ancrés dans la réalité, et voilà que nous basculons de l'autre côté du miroir, dans un monde proche du nôtre mais dont l'évolution ne fait pas rêver.

Avec des chapitres très courts, parfois moins d'une page, on est obligé d'aller de l'avant !



Je relirai ce roman, car il contient tant de choses qu'une seule lecture ne peut suffire à tout apprécier je crois.



Et je voudrais ajouter une anecdote personnelle un brin impressionnante :

Je n'étais pas chez moi quand j'ai lu ce roman, et le soir, je rentre, et je découvre sur mon portail une coccinelle, orange à 7 points !

Qui s'attend à voir une coccinelle en plein mois de décembre, un soir trempé et froid ?

Je précise que, comme beaucoup, j'aime bien la petite coccinelle rouge, la bête à bon dieu de notre enfance, qui protège mes rosiers des pucerons.

Mais quand nous arrivons dans notre maison de Savoie, des multitudes de coccinelles orange et noire* nous y attendent, l'air plus mort que vif, mais qui se réaniment sitôt la chaleur du poêle revenue. On les sort par pelles entières, et on continue à en voir sans cesse grimper aux carreaux, avec des nombres de points très variables, et toutes les nuances de l'orange au noir.

Alors, lire une histoire qui commence par une invasion de coccinelles orangées, et en trouver le soir même en plein hiver une sous mon nez, quel signe faut-il y voir ?

* La réforme de l'orthographe n'a-t-elle pas touché les adjectifs de couleur ? Ce serait bien utile, c'est probablement un des domaines les plus compliqués de l'orthographe française.

Mais si pas de réforme, je maintiens mes coccinelles orange et noire

"les adjectifs de couleur unis par la conjonction de coordination 'et' restent invariables lorsqu'il s'agit d'une seule et même indication (par exemple : des oiseaux vert et bleu), mais s'accordent lorsqu'il s'agit de deux indications distinctes (par exemple : des plumes vertes et bleues, autrement dit des plumes vertes et des plumes bleues)"
Lien : https://livresjeunessejangel..
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J'ai découvert l'écriture de Dominique Brisson avec son roman « une vie merveilleuse », un roman bouleversant. Et ce fut le début de ma collaboration avec les éditions Syros. C'est donc avec émotion que je découvre « Les yeux d'Aireine ».

Je trouve la couverture de ce roman très belle. On entre dans l'histoire rien qu'en la détaillant.

C'est un roman en quatre partie. Avec des types de narrations différentes et des histoire très singulières. Des chapitres assez courts, parfois juste un paragraphe. On n'a pas le temps de s'ennuyer on se laisser transporter par l'histoire.

Un roman étonnant qui nous embarque dans l'univers de l'adolescence mais en d'autres temps. le temps voilà ce qui m'a marqué, cette façon de nous faire revivre plusieurs vies dans des temps indéterminés. On ne se rend pas compte tout de suite qu'on est dans une dystopie. On note quelques étrangetés dans la narration, puis une touche de ce qui pourrait être un scène fantastique, avant de réaliser qu'on est dans une scène futuriste.

Ce qui m'a intrigué et intéressé dans la première partie ce sont les annotations à la fin de chaque chapitres. C'était surprenant de voir ses commentaires. On découvrira dans la deuxième partie qui les a écrites et pourquoi. On découvre ses histoires d'adolescents et des bouleversements qu'ils font subir.

Dans la troisième partie on change de à nouveau de temps de narration. On découvre en fait la suite des premiers écrits. Je n'ai peu m'empêcher de penser à « Macha » de Jérome Leroy avec cette reconstruction dans la forêt.

Quand à la quatrième partie c'est la conclusion que je vous laisse découvrir.

Ce roman m'a plu mais j'aurai aimé que certaines parties soient plus développées. Il y a un côté elliptique qui fait le charme de cette dystopie jeunesse. Il y a de nombreux personnages mais certains ne font l'objet que d'un paragraphe.

Il y a des passages inquiétants sur les effets secondaires de « l'épisode ».

Une nouvelle fois Dominique Brisson traite entre autre sujet celui du suicide et des conséquences sur la fratrie.

Amitié .folie. mémoire .vieillissement. sang. pureté . Tant de pistes de réflexion…

Le rôle de la famille est perverti par ce qui se passe. Elle ne joue plus le rôle de protecteur, bien au contraire. C'est assez déstabilisant pour les personnages.
Lien : https://latelierderamettes.w..
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critiques presse (2)
Actualitte
27 août 2019
Dans un jeu maîtrisé entre le passé et le présent, Dominique Brisson distille un suspense haletant qui fait vaciller les certitudes de son lecteur jusque dans les dernières pages. Menée avec brio, son histoire donne à réfléchir sur la notion de mémoire et de transmission entre les générations.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Ricochet
05 mars 2019
Le thème du jeunisme et son corollaire l’immortalité ne sont pas nouveaux, mais Dominique Brisson invente une histoire suffisamment choquante, et surtout la raconte de façon suffisamment complexe pour marquer durablement le lecteur [...] L’ensemble génère tellement d’interrogations littéraires et philosophiques qu’on restera toutefois complètement envoûté par ces Yeux d’Aireine.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Regarder" : quel drôle de mot ! Il y a de la douceur, du moelleux, du rassurant en lui. "Garder", c'est mettre en soi, c'est s'approprier quelque chose pour en prendre soin ou pour l'aimer peut-être, puisqu'on peut le faire par "égard" pour la personne. Mais pourquoi "re" ? Je crois comprendre qu'il y a de la réaction, de la réponse, du rebond ou du rejaillissement dans ce préfixe. J'y perçois aussi du recommencement, de la réciprocité. Je te donne, tu me redonnes.
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Nous étions des rescapés.
J'ai mis du temps à faire monter ce mot, le plus juste de tous. Ni malades ni blessés, plus victimes, pas encore pleinement vivants : plutôt rescapés d'une catastrophe
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Moi qui ai toujours été seule, je ne pouvais pas savoir ce qu'était un premier amour. Je ne pouvais pas imaginer à quel point c'était si spécial, si précieux que l'on pouvait mettre ses dernières forces à vouloir le réveiller, que l'on pouvait avoir, même centenaire, le projet fou de fouiller dans les cendres d'un vieil homme perdu pour y trouver un petit bout d'âme encore tiède.
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J'ai définitivement cessé de prendre des notes sur ma vie. Le temps était venu de tirer parti de cette amnésie. Je ne tenais plus à m'agripper aux souvenirs, bien au contraire, l'idée de me débarrasser de tous ces lambeaux, ce millefeuille indigeste qui me servait d'existence, me redonnait espoir. Qu'allais-je oublier, d'ailleurs? Vraies ou fausses réminiscences, souvenirs rapportés et reconstruits, mélange pâteux dont j'aurai toujours à douter. Allais-je continuer de conserver mes vieux cahiers pour les feuilleter de temps en temps et ne rien reconnaître, avoir l'impression de lire une histoire d'une autre ? Non, je brûlerais tous ces carnets, toutes ces listes, toutes ces notes, et sans doute aussi les écrits d'Aireine, j'allais bientôt ne plus en avoir besoin.
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Pour l'heure, j'étais tout à mon bonheur d'avoir eu la chance d'entrer dans son monde, le monde d'Aël, délicat et enchanteur. J'ai été happée par cette nature imaginaire, ses tourbillons de couleurs, ses univers codés qu'il m'a présentés avec confiance, en sollicitant mon avis, en écoutant mes appréciations. Comme les mots que j'ai cherchés pour exprimer ce que je ressentais étaient plats !
J'ai fini par ne plus plus parler : j'ai regardé les dessins en silence et lui m'a regardée les regarder ...
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