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EAN : 9782266330503
544 pages
Pocket (16/02/2023)
4.02/5   144 notes
Résumé :
« N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. »

Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et tot... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 144 notes
Ce livre, véritable bombe atomique, devrait être lu par tous pour soulever enfin le voile, le faire exploser, pour entrapercevoir l'étendue des dégâts possibles du réchauffement climatique dans quelques décennies. Pour mettre des images derrière ces mots galvaudés, devenus quasi ritournelles.
Conséquences sociétales, sur la faune et la flore, alimentaires, conséquences géopolitiques, économiques, et philosophiques. Etienne Cunge, biologiste de formation et expert dans le développement durable, aborde, sans ton moralisateur ni condescendance sucrée, ces multiples impacts de main de maitre. A la fois à l'intérieur de son épopée dans laquelle s'entremêlent quatre personnages au destin lié, mais aussi à chaque début de chapitre par ces extraits hallucinants d'une radio, « Radio Collapse », qui raconte des tranches de vie bouleversées par le changement climatique. Peuplades des bords de mer contraints de vivre sur un assemblage de bateaux, exilés climatiques désormais esclaves, lutte vaine de pompiers contre d'immenses incendies, mort terrible dans le dégel puis le bouillonnement du pergélisol, prolifération des méduses au détriment des poissons…Ce sont autant de petits nouvelles, des nanofictions, venant en préambule de chaque chapitre… effet garanti, à peine avons-nous terminé un chapitre, que le suivant nous happe tant ces préambules sont passionnants, prenants, glaçants ! Je suis épatée par le talent de conteur visionnaire et réaliste d'Etienne Cunge qui fait de cette bombe une symphonie !

Tout démarre en 2019, l'année où les événements extrêmes commencèrent à accélérer leurs manifestations et où l'épidémie due au Covid 19 se répandit, « associée au Grand Confinement, préparant le monde d'après, recroquevillé sur lui-même ». L'Ère de l'Effondrement à partir duquel désormais on compte le temps selon un nouveau repère. Nous sommes dans les années 50 de cette nouvelle ère. Une cinquantaine d'années constellées de marqueurs, dénommés les Grandes Plaies, au nombre de 5 : réchauffement climatique, désagrégation des écosystèmes, montée des eaux, incendies géants et le dernier en date : la rupture du cycle de la matière organique.

« Désormais, la nature n'offrait plus, dans la majorité des lieux, qu'un spectacle désolant pour le coeur et les yeux. le bord de mer plus que tout autre. Les terres, de leur côté, formaient un univers couvert de déchets organiques et d'amas spongieux de bactéries mêlés de champignons tentant désespérément de venir à bout de cette abondance. Parmi l'infinie diversité du vivant qui prévalait autrefois, seules quelques espèces invasives tiraient leur épingle du jeu de sélection massif en cours que l'homme lui-même avait déclenché dans sa poursuite du bonheur ».

Deux générations se côtoient désormais, celle qui est née avec l'Ère de l'Effondrement, qui a traversé les Cinq Plaies, traumatisée, souvent en proie au mal du siècle, la solstalgie, ce mal du pays sans exil, et les jeunes nés bien après, qui n'ont rien vécu d'autres. Un gouffre insondable les sépare.
Des questions éthiques insupportables, vous vous en doutez, sont soulevées. Elles portent essentiellement sur la question des réfugiés climatiques source d'une traite humaine qui traverse désormais un nouvel âge d'or. Elles portent sur la question de la nécessaire diminution de la population : la procréation, le traitement des handicapés et des personnes « âgées », c'est-à-dire des personnes ayant plus de 60 ans. Quand les européens incitent les familles à faire moins d'enfants en imposant des taxes croissantes après le premier enfant, les chinois ont de leur côté des méthodes plus radicales pour éliminer leurs anciens, en les incitant en effet à se suicider pour laisser la place aux jeunes et aux bien portants afin de ne pas devenir un poids économique et environnemental. Glaçant…

Les moindres gestes du quotidien sont appréhendés à l'aune de l'émission carbone qu'ils induisent, dissonance cognitive entre la responsabilité collective et la recherche culpabilisante d'un peu de plaisir dans ce monde devenu si triste :

« Il appelait depuis sa cuisine et le bruit d'un expresso en cours d'élaboration – un luxe incomparable – résonnait derrière lui. Elle ne put s'empêcher de penser à l'impact carbone d'un tel vice. Elle se trouvait pourtant des plus mal placés pour lui faire la leçon avec son amour du vin, des sous-vêtements chics et sa passion de l'époque disparue où chacun pouvait consommer sans modération… »

4 blocs géopolitiques, 4 puissances sont désormais les seuls maîtres du monde : les États-Unis, l'Europe, la Fédération de Russie et la Chine. L'Europe s'est lancée dans une décroissance imposée de telle façon par le gouvernement que les européens sont appelés des « écomunistes », ne sachant pas si ces contraintes fortes sont « les fruits d'une démocratie responsable affrontant une crise majeure ou ceux d'une dictature dissimulée sous les oripeaux d'une république peinte en vert »…La Chine et la Russie sont, elles, de véritables dictatures muselant fermement leurs populations. Seuls les États-Unis continuent dans leur lancée en ne changeant rien à leurs valeurs sociétales, en restant le plus gros consommateur d'énergie et de matériaux, en rejetant toute forme de loi bioéthique, avec la liberté comme principe de vie, notamment la liberté d'entreprendre. Les inégalités y sont à leur paroxysme.

Ces quatre puissances seules ont l'arme nucléaire (l'Inde, avec son milliards d'habitants, aussi se doute-t-on d'où un embargo à son encontre déployé), arme désormais présente dans l'espace et non plus sur Terre devenue sujette à de telles catastrophes que l'espace est un lieu désormais bien plus sécurisé pour l'abriter. Un équilibre de la Terreur représenté par 4 navires spatiaux dont vous pourrez facilement deviner les nationalités : le Putin, le Freedom, l'Esperanza et le Dragon de Jade.
Ces 4 puissances spationucléaires en apesanteur seront ébranlées cependant par les visées d'un milliardaire qui met tout en oeuvre pour voir aboutir son projet privé Surviving Tomorrow : créer des ilots, des bulles parfaites, sous terre, une chance de futur pour quelques riches privilégiés, le chaos et la mort pour les autres. Une sorte d'Eden, de renaissance que les politiques actuelles, en repoussant un peu les limites de régénération de la Terre bon an mal an, réduisent à néant, ou repoussent en tout cas à trop tard du vivant de cet entrepreneur obsédé par son projet.

« Vous imaginez déjà un monde glauque, éclairé par des néons grésillants, voire intermittents… Mais il va de soi qu'il n'en sera rien. La lumière naturelle, propagée partout grâce au plus grand réseau de fibres optiques au monde, parviendra jusque dans les villas, appartements et jardins les plus enfouis, à près de deux cents mètres sous la surface. Pour l'énergie, un système innovant de ventilation, inspiré des termites, exploitera les différences de température entre l'extérieur et les profondeurs, garantissant l'équilibre thermique sans injecter la moindre calorie, tout en assurant le renouvellement d'air et la production d'électricité grâce à l'implantation de microéoliennes. Pour l'eau, le recyclage intégral, plusieurs puits sur nappe profonde, la récupération des précipitations ainsi que des systèmes permettant de collecter l'humidité de l'air par condensation garantiront l'approvisionnement. Une alimentation saine et équilibrée pour tous proviendra de serres agricoles exploitées en permaculture et de matrices de croissance tissulaire pour la viande et le poisson. D'autres plantations produiront des biomatériaux, indispensables à la technologie comme à la vie quotidienne. L'ensemble ne générera presque aucun déchet ou rejet. Un cycle fermé sur lui-même, dans la limite permise par l'entropie ».

Ça vous fait rêver ? Alors réservez d'ores et déjà votre place sur Surviving Tomorrow. Si vous n'avez pas les moyens financiers, pas les aptitudes, ou le bon ADN permettant d'assurer la diversité génétique de ce futur paradisiaque, je vous en prie, « soyez écoresponsables, suicidez vous » !

Un grand merci à Etienne Cunge pour nous permettre, de façon haletante et brillante, de nous emparer de cette question terriblement actuelle, d'y projeter des images, de soulever des questions multiples. Quel foisonnement, quelle richesse, quelle angoisse aussi ! Un livre qui restera en moi et que je relirai sans aucun doute…Un livre à prêter ou à offrir pour échanger et changer !
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Ça c'est de la bombe !

Début septembre, je reçois un mail de l'éditeur pour me faire part d'un de leur prochain roman. Dans la présentation, une phrase : "N'oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous." Comment résister à cette punchline ? Moi, j'ai signé de suite (pour le roman, pas pour le suicide, il faut que je lise le dernier Jean Baret).
Avec ce mantra, on se doute que ce texte ne va pas être très gai, mais sûrement bien jouissif. Et c'est le cas, lu en deux trois mouvements.

L'auteur nous conte le monde dans 50 ans. Et le moins que l'on puisse dire, il va mal, très mal. Il a été placé en soins palliatifs même si l'espoir guide encore quelques esprits. L'Europe s'est lancée dans une décroissance contrainte. Les États-Unis restent sur leur lancée, il ne faut pas restreindre la liberté d'entreprendre, la Chine et l'Union soviétique musellent leur population.
Un nouvel équilibre de la terreur a été établi entre ses 4 puissances, mais certains aimeraient bien que tout ce merdier se termine au plus vite. Un voyage sans retour sur Terre et dans l'espace.

Voilà un roman assez désespérant sur le monde des puissants, dirigeants politiques ou économiques. Si tu es riche, très riche, tu t'en sortiras, sinon... Un thriller sur fond écologique où l'on suit quatre personnages qui vont tenter de faire l'histoire parfois à leur corps défendant. Et tous vont devoir faire des choix qui auront leur empreinte sur le futur.
Chaque chapitre s'ouvre sur un extrait de Radio Collapse, la radio qui vous fout le bourdon en racontant des tranches de vie bousculées par le dérèglement climatique.

J'avais peur que le roman soit un peu didactique, un cri d'alarme pour agir au plus vite, mais Étienne Cunge (prononcé queunnege et pas quinge comme je le pensais), bref un texte à message au forceps, mais que nenni, place au thriller 48h chrono qui va vous empêcher de dormir (par sa qualité et par sa noirceur). J'avais peur aussi que ce soit un roman rempli de bienveillance sirupeuse, ce qu'il n'est pas du tout, c'est dur et c'est âpre : Réfugiés climatiques, écoanxiété et difficultés à changer sa mentalité consumériste, rien ne nous est caché.

Un petit bémol, les relations entre grandes puissances m'ont semblé un peu maladroites, mais la raison d'État est bien rendue.
Et un gros bémol, je trouve cependant le prix du livre un peu cher, mais comme nous allons bientôt crever, autant se faire plaisir...

Et n'oubliez pas, soyez écoresponsable, suicidez-vous. 
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Effondrement climatique, dissuasion nucléaire, guerre froide entre quatre blocs qui s'affrontent, un cinquième en arrière-plan (Inde) : c'est un roman d'anticipation, une dystopie captivante qui se lit comme un thriller.
Après en avoir subi cinq, la Terre attend bibliquement sa sixième plaie, le feu nucléaire, déclenchée par l'un des quatre blocs possédant des stations spatiales porteuses d'ogives en orbite autour de la planète toujours bleue.
On va croiser un astronaute européen dont les interrogations et les doutes vont nous suivre au fil du roman, un jeune kirghiz qui veut mettre son peuple en sécurité plus au nord, dans les terres encore froides de la Russie, une hackeuse européenne (encore !) qui travaille pour une Europe ayant basculé dans une forme d'éco-totalitarisme, l'écomunisme... égalitaire dans le dénuement... mais qui cherche un sens à sa vie.
Et il y a « Radio Collapse », la « fréquence de la fin du monde » qui, en chaque début de chapitre, nous raconte le quotidien désespérant des terriens : Mine à ciel ouvert pour esclaves migrants climatiques « Majid réalise que ses bourreaux ont gagné. Il ne lui reste aucune once d'humanité », Typhons avec vents de près de trois cent kilomètre par heure « du haut de ses dix-neuf ans, Sanae rêve de liberté ; dehors, la tempête balaye ses espérances sans pitié. »
C'est démoralisant à souhait et pourtant on se plaît à suivre les aventures de ces quelques terriens qui tentent de sauver ce qui peut l'être...
Au niveau de l'écriture, c'est sans grande difficulté ni invention, les dialogues sont relativement banals car les protagonistes sont des archétypes et se cantonnent à leurs rôles. La priorité du récit est donnée à l'action, c'est le côté « thriller » dystopique qui prévaut. La seule description de ce futur apocalyptique venant des incipit de chapitres cités plus haut.
De plus le déroulement de l'action m'a paru assez invraisemblable, les interactions entre chefs d'états de ce niveau et dans une telle situation peu crédibles, leurs expressions également ...
Bref, un petit roman de fiction futuriste qui se laisse lire sans déplaisir mais qui ne renouvelle pas le genre.
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Voilà un roman de pure anticipation. le meilleur de la SF de qualité.
Etienne Cunge, biologiste français de formation nous livre un thriller passionnant tel qu'on pourrait imaginer notre monde dans quelques dizaines d'années.
Les grandes puissances en prennent ici pour leur grade !
Ces 4 puissances nucléaires se "partagent" la planète : les Etats Unis, l'Europe fédérale, la fédération de Russie, et la Chine (l'Inde ayant été mise de coté).
Chacune équipée d'une station spatiale munie d'ogives nucléaires prêtes à tirer en cas de besoin : le Freedom, l'Esperanza, le Putin, et le Dragon de Jade.
L'équilibre de la terreur est là, mais il tient à un fil.
Jusqu'à ce qu'un milliardaire américain obsédé, cinglé, et prêt à tout, décide de créer des ilots, des bulles (nommées "Surviving Tomorrow"), pour riches personnalités pour se protéger du chaos qui pour lui arrivera certainement. Cet homme s'assure de gros soutiens financiers d'une part, et d'autre part particulièrement d'un Kazakh d'Asie centrale qui lutte contre la Russie entre autres, et qui va mettre le feu aux nombreuse poudres de la région.
Mais je n'en dit pas plus, car on imagine déjà le pire.
Comme je disais, la bande des 4 en prennent chacune pour leur grade avec leurs défauts que l'on connait de nos jours :
Les américains, avec à leur tête une sorte de Trump, et qui comme d'habitude, sont donneurs de leçons mais nuls en diplomatie.
Les européens, baptisés les écomunistes (!), peu glorieux.
les russes, plutôt féroces, secrets, expansionnistes.
Les chinois, grands commerçants et habiles négociateurs. Ce serait curieusement ceux qui seraient les mieux armés et les plus conscients.
Bref, entre la guerre impitoyable quelque part dans les steppes asiatiques, et les 4 stations spatiales avec chacune à leur tête des commandants prêts à tout qui attendent l'ordre de tirer sur n'importe quelle cible ennemie, on ne s'ennuie pas une minute !
D'où viendra le salut ?
C'est inextricable, tellement il y a des intérêts divergents et de nombreux rebondissements. Mais petit à petit on déroule la pelote de laine, et on arrive à entrevoir qui tirent ces ficelles très emmêlées imaginées par Etienne Cunge.
C'est vivant, c'est prenant, c'est exaltant.
C'est un futur très possible malheureusement. Les héros de cette aventure sont tous très crédibles, (heureusement qu'il existe encore quelque part quelque bons résistants mais ils sont rares), et comme d'hab, les politiques agissent comme des ... politiques.
Rajoutons qu'au début de chaque chapitre, "Radio Collapse" nous fait vivre une courte histoire de terriens qui essaient de survivre après les nombreuses plaies que la Terre a subie. Et c'est terrifiant.
Symphonie Atomique vous fera douter de tous les beaux discours que l'on tient à l'heure actuelle.
Mais le pire n'est jamais certain.
Quoique.

Lien : https://laniakea-sf.fr/
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« N'oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. » C'est le mot d'ordre proposé par Radio Collapse, la fréquence de la fin du monde. Car ça y est, les prévisions les plus noires se sont réalisées. Notre apocalypse est advenue, avec l'arrivée des plaies qui ont frappé la Terre les unes après les autres. On n'en est pas encore à la septième, mais la planète a bien morflé : inondations, tempêtes, sécheresses. Malgré cela, les différents blocs de pays se hérissent encore sur leurs positions respectives, laissant planer la menace d'une guerre atomique.

Ce qui m'a marqué, en premier, dans ce roman, c'est le réalisme des situations présentées. On s'y croirait, hélas ! Les scènes décrites par Étienne Cunge paraissent tout droit sorties d'un avenir que nous promettent les scientifiques qui étudient le réchauffement climatique et que remettent en question nombre de personnes, renchérissant ainsi le risque que ce futur advienne. Et les scènes sont décrites d'une manière très réaliste. Trop par moments, devrais-je dire, tant elles peuvent angoisser. Si, comme je le pense, le propos de l'auteur était de nous envoyer une grande baffe afin que la prise de conscience soit enfin effective, c'est réussi. Je me suis vu, dans quelques décennies, sur cette planète en grande partie dévastée, sans réel espoir d'une amélioration significative. Et je dois dire que c'est assez terrifiant.

Mais Symphonie atomique n'est pas qu'un roman engagé. Loin de là. C'est avant tout un thriller de haute tenue, qui tient son lecteur par le bout du nez du début à la fin. Étienne Cunge connaît son affaire en matière de personnages et de rythme de narration.
Les personnages, tout d'abord, sont assez nombreux pour apporter une complexité nécessaire à l'intrigue, sans pour autant demander de faire des fiches pour s'y retrouver. D'ailleurs, ils sont suffisamment bien caractérisés pour être reconnaissables au premier coup d'oeil même si, comme moi, vous éprouvez quelque difficulté avec les prénoms. On trouve de quoi s'attacher, de quoi haïr aussi. Car les motivations sont ancrées dans la chair de ces femmes et de ces hommes marqués par une vie difficile, sans beaucoup de choix tant les éléments ont repris le pouvoir et qu'il ne reste plus grand-chose à espérer. Ils doivent, s'ils désirent encore exister en tant qu'individus, accomplir des actions fortes, voire folles. Mettre leur vie dans la balance. D'où les réactions fortes que l'on ressent en leur présence.
Le rythme, ensuite. Comme souvent, on passe d'un personnage à un autre en changeant de chapitre. Chapitres tous initiés par un extrait de Radio Collapse donnant un exemple de vie dans cet avenir qui pourrait être le nôtre. Et l'action est au rendez-vous. Car nous sommes en pleine crise politique mondiale. Les intérêts de plusieurs groupes visent à déstabiliser l'ordre précaire qui permet à la planète de ne pas sombrer dans le chaos. Quatre grands blocs se partagent le pouvoir : les États-Unis, repliés sur eux-mêmes, sous la férule d'un clone (enfin, pas un vrai clone, mais quelqu'un qui a le même type de comportement) de Donald Trump ; les Russes, toujours aussi adeptes du secret, même aux dépens de la vie de leurs compatriotes ; les Chinois, commerçants aux espions efficaces et habiles négociateurs, pour qui la vie humaine compte peu ; les Européens, sous le coup d'une sorte de dictature écologiste, qui tentent de vivre avec le plus petit impact sur la planète. Et les autres me direz-vous ? Eh bien, comme ils ne possèdent pas d'armes nucléaires flottant dans l'espace, ils peuvent se taire ! Car le nucléaire a été relégué dans l'espace où trônent quatre bases spatiales, une par grande puissance. le célèbre équilibre de la terreur, venue du ciel lointain cette fois-ci.

Nous sommes donc plongés dans un monde en plein bouleversement, puisque un cinquième (voire un sixième) groupe tente de tirer son épingle du jeu. Et son plan est plutôt futé, quoique complètement cinglé. Et terriblement meurtrier. Je n'en dirai pas plus, car une partie du plaisir de la lecture de Symphonie atomique consiste à découvrir les tenants et aboutissants de ce monde ainsi que les manoeuvres mises en oeuvre. Et surtout, par qui. Car les pions sont multiples et ne réagissent pas tous comme prévu. Ce qui amène à des situations incroyablement dangereuses et complexes à souhait. Et angoissantes. Mais je me répète…

Je ne saurais trop conseiller la lecture de Symphonie atomique, car ce roman m'a touché et diverti. J'ai été happé par l'intrigue, estomaqué par la force de l'évocation d'un futur redouté, convaincu par le réalisme des personnages. Un très bon moment, donc. Une très belle découverte.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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critiques presse (1)
Syfantasy
12 octobre 2021
Rien à redire sur ce roman. Effondrement climatique, menace nucléaire, guerre froide et personnages terriblement humains : Etienne Cunge signe un grand roman d’anticipation. Critic propose un roman à mettre entre toutes les mains qui douteraient encore des risques du réchauffement climatique ! Bravo !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Les prévisions les plus pessimistes des modèles climatiques du début de siècle n’arrivaient pas à la cheville de la réalité. Les cataclysmes se succédaient à un rythme effréné. Les scientifiques nommaient ces vagues les « marqueurs de l’effondrement ». Au nombre de cinq, ils portaient les doux noms de réchauffement climatique, désagrégation des écosystèmes, montée des eaux, incendies géants et, enfin, dernier en date : rupture du cycle de la matière organique… Le fondateur de la très apocalyptique secte des Témoins des Derniers Jours popularisa, plus tard, un autre terme : les Plaies. Un vocable passé depuis dans le langage courant.
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Le plus souvent, il prenait plaisir à cette balade, bien qu’il en ressorte plein de nostalgie, ou plutôt de solstalgie : ce sentiment de perte irrémédiable, successeur de la solastalgie. Cette pathologie était apparue très tôt dans l’histoire humaine – les Amérindiens et les peuples aborigènes pouvaient en témoigner. Ce mal, cette dépression due à la perspective de la destruction de son environnement, connu et aimé, n’avait cependant été décrit, diagnostiqué et nommé qu’à partir du début du troisième millénaire, lorsque les Occidentaux en expérimentèrent les ravages à leur tour.

Rien de bien nouveau dans une telle ségrégation de l’histoire et de la science…

Les générations actuelles subissaient un syndrome un peu différent. Conséquence psychique de la rémanence d’un paradis perdu, perçu dans l’enfance, mythifié, et dont on ignorait tout mais qui vous manquait en dépit de cela. Cette affliction, plus agressive encore que la précédente, s’en distinguait par la perte d’un simple « a ».
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Sous ses pieds, la planète bleue tournait et il devinait désormais la partie du globe plongée dans la nuit. Les incendies géants y brillaient comme des feux follets sur le mât d’un navire. La crainte se distilla dans les tripes du spationaute : qui était-il pour décider d’achever sa planète à l’agonie ? De quelles sanctions pourrait-on le menacer s’il n’exécutait pas le commandement reçu, vu que, presque quoi qu’il advienne, il mourrait, ici, en orbite, abandonné de tous ?
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Comme beaucoup, elle ne parvenait pas à s’empêcher d’écouter Radio Collapse. La fréquence qui foutait le bourdon et encourageait ce genre d’idées. Un véritable vice… comme on ne peut s’abstenir, malgré la douleur, de jouer avec sa langue sur une dent branlante.
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Deux ans plus tôt, sa maman aurait dû participer au Jour du Don, le nom attribué à la cérémonie de suicide assisté, autrefois volontaire, désormais imposé, aux anciens à leurs soixante ans. Selon le gouvernement, c’est indispensable pour réduire leur impact environnemental, comme les coûts sociaux, à un niveau acceptable
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Video de Etienne Cunge (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Etienne Cunge
Étienne Cunge vous présente son dernier roman "Symphonie Atomique". 14 sept. 2021
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