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EAN : 9782749171548
272 pages
Le Cherche midi (13/01/2022)
2.5/5   6 notes
Résumé :
De nos jours, à Paris. Une jeune femme appelée Ève nous fait découvrir son langage et sa vision singulière du monde. Timide, rêveuse, elle est négligée par sa mère qui va d’un homme à l’autre pour son bon plaisir. Pourtant, un soir, Ève l’entend confier à un amant ou ami qu’il est temps de « l’initier ».

Ainsi Ève se trouve-t-elle quelques jours plus tard devant une assemblée de sexagénaires qui l’entourent, assis, patients et silencieux, et devant le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'éditeur commence par un avant-propos qui éveille l'intérêt : l'autrice qui veut rester anonyme (il s'agit d'un pseudonyme), lui présente un livre pas commun, au dessus de la médiocrité ambiante, et ne souhaite pas forcément le succès ! Et en effet, ce livre est peu commun, surtout en raison de son personnage principale, Ève. Fille-femme qui ne s'aime pas, qui évite le monde, qui souhaite laisser le moins de trace possible, voire rester invisible. L'écriture est franchement intelligente, peut-être trop intello-culturelle parfois la rendant peu fluide (pénible ?) à certains moments (cette Culture parigo-chiante de passionnés et autres collectionneurs). Mais les réflexions sont originales, acidulées. Eve reste froide, parce que sans sentiment, sur ce monde mais aussi sur elle-même, intéressée à rien, les hommes lui servant pour ce qu'elle en a besoin : une jouissance par mois ! Et, même si l'autrice se fait d'abord plaisir, comme ces gens qui s'écoutent quand ils parlent, prétentieuse assumée (dès sa lettre d'introduction - mais peut-elle se le permettre quand effectivement ses réflexions volent au dessus de la moyenne dégringolante ?!), provocatrice qui attire. Belle plume en tout cas qui oblige à s'arrêter sur des phrases étonnantes, jusqu'à la fin.
Sur le pseudonyme, Le Figaro souligne que ce texte a la maîtrise d'une plume professionnelle pour un soi-disant premier roman. C'est drôle qu'il insinue Houellebecq ou Nothomb "qui s'amusent", parce que j'ai aussi eu cette impression souvent.
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Le récit démarre par des pages liminaires intitulées « Note de l'éditeur ». Celles-ci présentent une lettre que la maison d'édition aurait reçue de la part de l'auteur, expliquant sa démarche. Si cette lettre est sans doute réelle, le lecteur ne peut que se rappeler la littérature du XVIIIe siècle qui donne la parole à des narrateurs qui font croire qu'ils ont trouvé un manuscrit oublié, dans un coffre ou autre endroit secret ou qu'ils vont relater une histoire dont ils ont été témoins (on peut penser à l'oeuvre de l'Abbé Prévost par exemple). le XVIIIe siècle est une période littéraire très prisée tout au long du roman et notamment, à travers sa langue, seul sursaut de sensations qui apparaît dans ce récit que je qualifie d'initiatique. Comme une sorte de Candide désenchanté (mais la vie, du point de vue de l'auteur n'est-elle pas une sorte de grand théâtre où chacun avance masqué sur la scène de l'hypocrisie – à commencer par le pseudonyme de l'auteur qui a souhaité rester anonyme ? -) qui a pour mentor non pas le philosophe Pangloss mais un érudit, M. Cassagne dont les citations sont omniprésentes à travers le récit : « comme le dit M. Cassagne ». Ainsi, la narratrice (personnage désabusé et pleins de ressentiments) nous raconte sa courte existence à travers différentes initiations d'ordre artistique, sexuel, vinicole. Cette dernière initiation par un certain Du Marsais, personnage esthète, est un clin d'oeil au célèbre grammairien dont la science est tant appréciée par la narratrice : « « Où est ma place ? / - Cherchez vos tropes , m'a dit Du Marsais. / Se moquait-il ? Je n'aime pas les mots savants, surtout en société, et il en venait parfois comme des rots à la bouche de du Marsais ».
Eve va être amenée à côtoyer un groupe de gens passionnés par la littérature et la belle langue avant de devenir leur « récitante ». Après la mort de sa mère qui apparaît comme sa véritable entrée dans la vie, elle deviendra apprentie chez un cadreur où elle découvrira le monde de l'édition puis celui de la musique. Cette vie plutôt riche et mouvementée n'est pas sans rappeler celle du personnage De Beaumarchais, Figaro, si ce n'est la vie de cet auteur, lui-même. A travers ce parcours, la narratrice brosse des portraits plutôt péjoratifs des gens qu'elle rencontre. Aussi et de façon paradoxale, Eve dit aimer la belle syntaxe mais n'hésite pas à lâcher quelques grossièretés (comme plus haut dans la précédente citation) ou à nous relater ses gestes masturbatoires : « Ma main me suffit ce soir-là ». de même, le verbe « jouir » apparaît un nombre infini de fois dans ce récit et ce qui est intéressant, c'est que la narratrice raconte qu'elle a «jouit » où évoque la jouissance des autres sans jamais évoquer de sensations, de joie physique. Au fil du récit, la narratrice multiplie des relations pragmatiques, hygiéniques comme si elle voulait tout contrôler, « encadrer », à l'instar de sa mère, professeur de mathématiques qui lui a appris à se réfugier dans les signes du langage : « Pour vivre heureuse, cache-toi dans la langue […] Quant à ma mère, elle demandait au langage des maths la maîtrise de ses désordres intérieurs : insomnies, maux de ventre, moments de tristesse dont elle parlait beaucoup […].
L'auteur, très érudite, évoque beaucoup d'auteurs et de titres d'oeuvres, de peintres et de musiciens contemporains, notamment dans la dernière partie. On peut parfois avoir l'impression d'un catalogage de connaissances, récité sur un ton monocorde, ton qui est en adéquation avec celui du personnage en récitante du groupe des Silentiaires.
A mon sens, ce récit ne partage pas grand-chose avec le lecteur, si on excepte la partie qui me semble la plus intéressante, celle relative aux Silentiaires et à leur rapport au temps et au silence, rappelant ainsi l'étude du critique Georges Poulet dans son Etude sur le temps humain comprenant une réflexion sur le temps chez différents grands auteurs, la distance intérieure et aussi, la conscience des écrivains.
Et c'est justement cette mise à distance permanente qui m'a le plus dérangée : je ne me suis pas sentie convoquée par l'auteur ni concernée par le récit de la narratrice, qui, à l'instar d'un acteur méprisant et prétentieux, tournerait le dos au lecteur, se gargarisant de sa logorrhée. Mais aussi, on peut avoir l'impression que l'auteur s'est intéressée à la fonction méta du langage et de l'art, s'essayant aussi à une sorte d'auto-réflexivité qui manque cruellement d'humour pour être captivante.
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Dans le cadre de l'opération Masse Critique sur Babelio, j'ai lu ce roman que je n'aurais sans doute pas choisi en médiathèque ou en librairie. Il est vrai que j'avais été attirée par le thème de la lectrice, celle qui lit pour les autres et donne sa voix à des inconnus. Cependant, la seconde partie du résumé m'avait laissée perplexe.
Le principal élément que je retiendrai de cette lecture est la relation entre l'auteur et le lecteur. Tout d'abord la volonté de l'auteur.e de rester anonyme pour cette pseudo-autobiographie m'a ramenée au plaisir éprouvé pendant la lecture de « L'amie prodigieuse » d'Eléna Ferrante. de plus, le choix du tableau pour la première de couverture m'a interpelée car la lectrice représentée nous regarde avec une force étonnante. Hasard étrange, j'ai ouvert un livre consacré au peintre Vallotton dans les jours qui ont suivi la réception de ce roman et j'ai trouvé l'oeuvre en question sous le titre « La lecture abandonnée ». Enfin, au niveau de l'écriture, j'ai relevé un grand souci d'argumenter grâce aux détails du récit, à la reprise des éléments importants voire à l'interpellation du lecteur. Ainsi j'avais parfois l'impression de me trouver face à Eve qui prévoyais certaines de mes réactions … Il faut dire tout de même, sans dévoiler l'intrigue, que l'auteur nous donne plusieurs versions successives. Mensonges ou illusions ? Ajoutez à cela des faux tableaux, faux autographes, faux noms ...
Mais je l'avoue, l'ambiance de ce récit linéaire avec quelques retours récurrents dans le passé m'a semblé lourde, lestée par l'absence d'émotions positives. Colère, dégoût, tristesse, résignation dominent chez chacun des personnages. Eve se sent insignifiante, mal aimée, incapable. Elle vit dans le passé. La lecture et la musique sont ses seuls centres d'intérêt. Elle va devenir le centre passif de cercles secrets. Outre sa mère et sa tante, les personnages secondaires sont presque tous masculins et dominants. Ce sont eux qui vont modeler sa vie d'adulte.
Pour finir, je dirais que j'ai eu parfois l'impression d'être invitée à un jeu de colin maillard comme si l'auteur me bandait les yeux, me promenait dans un premier récit puis me faisait ensuite ouvrir les yeux sur une autre version tout aussi convaincante. Cette invitation a été favorisée par le soin apporté au choix des mots (double sens, sonorités, énumérations). L'auteur.e sait manier les mots et a l'amour du langage. Ce roman est vraiment original, intrigant et fort.
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Roman reçu dans le cadre de Masse Critique. le résumé était prometteur mais cette lecture a été une déception. La narratrice se sent insignifiante et ne sait pas quoi faire de sa vie, un jour elle est mise en relation avec un cercle secret de personnes pour être leur lectrice puis elle se retrouve introduite dans d'autres sociétés du même type. J'ai bien aimé l'originalité de ce sujet, les références à la "belle langue", la littérature et l'art. En revanche, il m'a été difficile d'éprouver de la sympathie pour la narratrice qui se complet dans la solitude à part pour vivre des expériences sexuelles malsaines avec des inconnus, ce qui est assez malaisant et nous dire sa haine des hommes. Elle a visiblement un lourd passé traumatique: attouchements pédophiles, mère toxique, deuils multiples... Néanmoins elle ne cherche pas à guérir et se blinde contre tout y compris le positif. L'ensemble est donc très déprimant, et sans jamais une note d'humour. Je ne sais pas quoi retirer de ce texte qui n'est pas un témoignage mais un roman (autobiographique?) désenchanté. Il y a de plus des répétitions dans le texte (et dont on se passerait bien) : "j'ai la chance de jouir vite" et les pages de fins qui énumèrent des réfèrences musicales sont très lourdes. J'ai été tout de même prise dans la lecture, une certaine ambiance mais au final cela reste pesant et ne provoque aucune émotion.
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Eve est une parisienne de 30 ans qui revient sur son passé, sur sa vie. Elle n'a pas connu son père, et sa mère partira bien vite. le problème d'Eve ? Elle ne veut pas faire d'étude et ne sait rien faire. Heureusement, des personnes qu'elles rencontrent vont l'aider à vivre : lectrice, encadreuse, chanteuse ...
Je me suis ennuyée du début à la fin de ce roman. Eva n'a aucun caractère, ne prend aucune décision, elle est molle et pathétique. Aucun suspens dans le roman, aucun rebondissement, l'histoire m'a paru plate et sans intérêt. le seul élément intéressant c'est toutes les références littéraires, artistiques et musicales. Mais le roman ne donne pas vraiment envie de creuser plus ses références tellement elles sont entourées d'ennui.
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critiques presse (1)
LeFigaro
20 janvier 2022
Il est permis de douter qu’il s’agit d’un premier jet parce que ce texte caustique, insolent et désenchanté, est trop bien maîtrisé.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Seule, méfiante, dans le vent d'octobre, vulnérable, obligée de chercher mon chemin entre le pire et l'incertain
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