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EAN : 9782259310888
368 pages
Plon (13/01/2022)
4.03/5   45 notes
Résumé :
Promis, elle ne pleurera pas. Elle vous parlera d’elle. Elle, c’est Bibiche. Que peut-elle ajouter ? Vous dire que, non, elle n’est pas venue sur une barque de fortune, entassée parmi des dizaines d’hommes et de femmes. Elle n’a pas failli se noyer en attendant que des garde-côtes italiens la sortent de l’eau. Elle n’a pas fui une zone en guerre. Non, elle vient de la République démocratique du Congo. Elle n’a pas été menacée par le mouvement rebelle M23 ni par les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Elle a trente-sept ans. Elle vient de Kinshasa. Elle n'a pas connu les terribles souffrances d'une traversée précaire sur un bateau de fortune, et c'est une circonstance aggravante, pour son dossier. Elle doit prouver qu'elle était réellement menacée, devant un jury enclin à soupçonner le mensonge si l'argumentaire n'est pas irréprochable. Alors c'est l'attente, chez une bonne âme qui l'a dans un premier temps recueillie, puis dans un foyer, auprès de compagnons d'infortune guettant eux-aussi le passage du facteur.

Outre la nécessité de se fondre dans le paysage, de s'acclimater à une vie qui n'a rien de commun avec ce qu'elle a connu ailleurs, il faut attendre.

L'étape entretien psychologique est inévitable, là aussi à la fois dans un but de soutien mais aussi de consolidation du dossier. C'est à cette occasion que Bibiche évoque les cauchemars qui la hantent, peuplés des souvenirs douloureux de son emprisonnement au Congo.

Si ce statut de demandeur d'asile est lourd d'angoisse, il permet aussi à Bibiche de faire de belles rencontres, d'exilés comme elle, ou de travailleurs sociaux qui sont attachés à leur mission.

Alors oui, il est important de donner la parole à Bibiche et à tous ces expatriés qui n'ont pas eu d'autre choix que de fuir un pays qui les mettait en danger de mort.

Roazy Pellerin se fait porte-parole de cette population qui espère une vie meilleure dans un pays réputé terre d'asile. Souhaitons qu'il le reste.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Premier roman simple, réussi, sur un sujet si complexe. L'autriche nous invite à suivre les pérégrinations de Bibiche, Congolaise qui a fuit la dictature de son pays, et tente d'obtenir le statut de réfugiée politique, parce qu'elle est opposante au parti en place. On sent à quel point il y a les administrations d'un côté, mécanique, froide, qui font attendre, qui juge, qui contrôle, et, de l'autre des cas particuliers, très particulier, des vies, en jeu. Devoir répéter inlassablement les moments difficiles, du ce pour quoi on quitte son pays, les douleurs, les morts, les viols, les abandonnés, les sacrifiés... parce que celui qui est là à sauver sa peau est un rescapé, c'est rarement pour la jeunesse du voyage et le plaisir de la découverte... Alors l'aura-t-elle son statut ?
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Seule dans la petite chambre d'un foyer parisien, Bibiche attend. Elle attend les rendez-vous, elle attend ses papiers, elle attend que vienne le sommeil et que s'arrêtent les cauchemars. Elle est arrivée de Kinshasa, elle a fui son pays, elle a tellement peur de devoir y retourner. Elle avait l'espoir que la France, pays de liberté, lui offre la sécurité qu'elle demande… Mais tout est si compliqué… En quel avenir peut-elle croire ? Peut-elle aspirer au calme ?

Bibiche est un premier roman à la fois touchant, révoltant, étonnant. Raozy Pellerin maîtrise son sujet à la perfection et nous entraîne sur le dur chemin qu'empruntent les réfugiés une fois arrivés en France.

A travers le regard de Bibiche, cette jeune femme aux multiples blessures, c'est la réalité crue de la quête d'une liberté fragile.
Sans apitoiement, sans jugement, sans clichés, l'auteure éclaire de sa jolie plume le courage et la force nécessaires pour qu'enfin ces réfugiés puissent à nouveau respirer.

Au rythme des entretiens avec les différentes instances administratives, les psychologues, les travailleurs sociaux, c'est une histoire sans cesse évoquée, alors que la plupart tentent de l'oublier. Les violences, la honte, la culpabilité, le dégoût, la peur, Bibiche ne veut plus y penser… Pourtant, elle doit justifier, encore et toujours… Difficile de croire qu'elle est une victime, alors même que c'est elle qui se trouve debout devant un juge…

Bibiche est un roman très fort, sur la liberté, l'amour de son pays et le déchirement de devoir le quitter. C'est aussi une très belle histoire, où espoirs et doutes cohabitent. Bibiche aura connu des mains qui l'ont battu, elle aspire aujourd'hui à tenir celles qu'on lui tend… et plus tard, quand elle en aura de nouveau la force, la prêter à son tour pour soutenir… et avancer…

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Premier roman de Raosy Pellerin, Bibiche est le récit du parcours d'une réfugiée de République Démocratique du Congo à partir de son arrivée à Paris. de l'errance de la rue jusqu'aux papiers officiels, Bibiche dresse, par son récit, à la fois les méandres d'une administration opaque qui demande toujours plus de détails intimes pour accorder son sésame officiel et aussi un portrait de femme, volontaire et téméraire, qui chemine pour retrouver sa dignité.

Bibiche Nyandu Bilonda, on croirait à un nom d'emprunt ! Mais, c'est Anita Justine Makwanga, son nom d'emprunt, celui que les passeurs lui ont donné avec les faux papiers.

Au fil des pages, le passé de Bibiche, sa vie d'avant, se révèle, divers, varié, loin de nos représentations habituelles. Dans son pays d'origine, Bibiche est instruite ayant acquis une certaine liberté et autonomie depuis le départ de son mari du domicile conjugal et un statut social apprécié pour être à l'écoute des personnes de sa communauté. Ce n'est pas le rêve de la société occidentale ou le désir d'argent pour sortir de la misère sa famille qui fait partir Bibiche de son pays, la RDC. Non, ce sont des traumatismes répétés de son intimité qui l'obligent à fuir son pays.

Raosy Pellerin décrit le parcours de conquérante de Bibiche. de l'OFPRA à sa demande de statut de réfugiée, Bibiche raconte les démarches, les doutes, la solitude et ses égarements dans les méandres administratifs. Certes, l'exploitation des passeurs est rappelée mais on y découvre aussi celle des avocats privés, de l'administration devenant harcelante au motif de protéger, etc.. Les deux cents euros laissés par la narratrice entachent notre mémoire d'occidentaux d'une honte indélébile !

Le récit Bibiche de Raosy Pellerin interroge aussi sur la difficulté de se construire une nouvelle vie lorsque celle-ci n'a pas été choisie. En plus des traumatismes et de la culpabilité subis, cette femme se doit de poursuivre son chemin. C'est cette renaissance que décrit Raosy Pellerin, un chemin semé de chagrin avec l'envie d'en finir au plus vite, mais aussi d'un espoir dompté au fil des jours. Madeleine et ses enfants, mais aussi la jeune Dinah et même la psychologue seront autant de béquilles lui permettant de progresser vers son renouveau. Bien sûr, il faut aussi noter Raoul et sa relation à la fois si intime tout à la fois pudique qui saura l'accompagner sans la brusquer.

Mais ce récit fait réfléchir aussi sur l'obligation à dire, pas se confier, non, d'expliquer pour convaincre de la nécessité de l'asile. Se mettre à nu. Sur l'intime vécu. Sur l'intime broyé. Sur l'intime en miettes. Sur l'intime source de folie.

Ce voyeurisme de l'administration est ici décrit de façon froide, distancée. A celui qui saura raconter pour émouvoir, aura plus de chance de convaincre. Aucun critère factuel pour la protection obtenue. Juste des émotions à susciter. Ici, Raosy Pellerin décrit une violence institutionnelle, connue, acceptée et même revendiquée pour trier les bons des « mauvais » réfugiés, ceux qui pourraient sans raison profiter d'un système si attractif ! Mais, est-ce qu'on quitte son pays, sa famille, son univers juste parce que les lumières d'un pays sont plus vives ?

Ici, l'administration agit avec ses repères culturels sans comprendre l'immense violence qu'elle inflige à ces femmes, ou ces hommes, obligés de dire ce qui, dans leur pays, restent cachés par pudeur et dignité culturelle. Même Bibiche ne posera jamais les mots dans ce texte si fort. Son corps et son esprit montrent son vécu, mais les actes ne seront jamais nommés sauf de façon détournée.

Bibiche a une voix feutrée, étouffée, censurée par sa propre mémoire. Même quand les cauchemars se feront plus pressants, racontés par de courts chapitres en italique, Raosy Pellerin s'interdit de plonger son lecteur dans le glauque, la violence des mots et respecte ainsi la pudeur des femmes de ce pays. Mais aussi, elle démontre qu'il n'est pas nécessaire de décrire pour transmettre un ressenti. Malgré la noirceur du vécu, les mots sont maniés avec poésie et respect.

Ce que ne rappelle pas Raosy Pellerin, mais qu'elle nous montre par ce récit singulier c'est que, en RDC, les abus sexuels frappent les femmes depuis plus vingt cinq ans dans les zones de guerre mais aussi dans les régions stables. Plus de 400 000 viols sont commis chaque année, une par minute. Des chiffres terribles que le récit de Bibiche corrobore.

Bibiche de Raosy Pellerin est un premier roman particulièrement réussi sur le cheminement d'une femme qui tente de se reconstruire après des traumatismes répétées sans l'appui de son entourage habituel. Car, s'ajoute à sa situation son parcours d'émigrée. Ravie d'avoir pu découvrir cette nouvelle écrivaine ! Sûr que Bibiche fera parler d'elle !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Gros coup de coeur pour ce roman très poignant !

Bibiche vit chez Marguerite en attendant son autorisation provisoire au séjour. Elle s'est enfuie du Congo, de la prison dans laquelle elle était entassée avec d'autres femmes. Soumises à des maltraitances de la part de ses geôliers. Bibiche a la chance de croiser les bonnes personnes dans son malheur, celles qui lui permettront d'avancer dans sa quête de liberté et de sécurité, loin du Congo.
De trouver du réconfort après l'horreur.

Quel roman magnifique... J'espère de tout mon coeur qu'il fera partie des best-sellers de la rentrée littéraire.
Bibiche est courageuse et attachante. Sa volonté de s'en sortir, de ne pas baisser les bras, est très inspirante.
Grâce à ce roman, j'ai découvert le parcours du combattant pour être reconnu réfugié. J'étais complètement projetée dans les files d'attente devant la Préfecture et j'ai rempli les documents administratifs interminables avec Bibiche. A l'angoisse de vivre dans un pays inconnu s'ajoute celle d'être jugé sur son parcours de vie par des fonctionnaires. C'est terrible...
Et puis les scènes de viol, de maltraitance, d'humiliation dans la prison de Kinshasa...

Ne passez pas à côté de ce roman utile et terrible. Un de mes plus gros coups de coeur de la rentrée littéraire
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critiques presse (2)
LeFigaro
02 janvier 2023
Immersion romanesque dans la vie d'une jeune femme qui demande l'asile en France.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
26 septembre 2022
En faisant de son héroïne une jeune femme tour à tour solide puis vacillante, Raozy Pellerin nous rappelle avec justesse et pudeur que les demandeurs d’asile, dont les Etats font d’un côté des suspects et de l’autre des coupables, sont en réalité le plus souvent des êtres simples que la vie a frappés inopinément.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
À cette époque, le fait de dormir une nuit en prison lui paraissait chose courante. Elle était née sous une dictature, elle avait fui aussi la dictature. Seulement, il fallait avoir connu la prison pour en saisir l'impact sur une vie.

*
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Rapidement, Dinah et Bibiche avaient pris l’habitude de se rendre visite. La chambre de Dinah était plutôt la pièce où l’on ne faisait que passer. Bibche n’y restait jamais longtemps. Cette chambre lui faisait l’effet d’un refuge d’adolescentes, de ceux où l’on prend garde à ne pas pénétrer sans précaution. Dinah s’y enfermait parfois avec une certaine gravité, comme si elle s’apprêtait à y déterrer un trésor enfoui.
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Pas de tribunal ni de juge pour entendre ce que Blaise ou Kangi avaient à dire sur les souffrances qu'ils avaient infligées. Pas de procureur pour les questionner, remettre en cause leur parole. Bibiche était la victime, le témoin et l'accusée. Elle était aussi l'avocate de la défense, pour défendre son histoire, son passé.
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Vous êtes dans une période d'attente, une période d'errance, même. C'est aussi l'exil qui veut ça, vous avez traversé le pire. Vous errez entre la vie et la mort.
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En prison, c'étaient ces différences qui me terrorisaient le plus. Cette part d'inconnu dans la violence quotidienne, vous voyez ? Je ne m'habituais pas à toute cette violence ou à ces humiliations, malgré tout je pouvais au moins m'y préparer. Mais je n'avais jamais assez d'imagination pour me préparer à la cruauté à venir. C'est ça qui m'a rendue... folle, en quelque sorte.
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Video de Raozy Pellerin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raozy Pellerin
Rentrée littéraire 2022 - Bibiche - Raozy Pellerin (Éditions Plon) .EAN 9782259310888
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