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EAN : 9782749176550
240 pages
Le Cherche midi (24/08/2023)
3.85/5   53 notes
Résumé :
Une plongée romanesque dans l’œuvre de Richard Wagner et l’univers de ses passionnés.

Moshe Griebnisch est un célèbre critique wagnérien. Comme tous les ans, il se rend au festival de Bayreuth où ses avis sont attendus avec fébrilité. Après chaque représentation, il tient tribune dans une taverne où l’on se serre pour l’écouter. Tout se déroule comme d’habitude quand survient l’impensable : un jeune inconnu le contredit publiquement avec une insolence... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 53 notes
Deux critiques sur le Ring !
S'attaquer à la tétralogie de Wagner nécessite un peu de temps libre. C'est comme lire « A la recherche du temps perdu » sans sa montre et sans pause madeleines.
Le prologue (l'Or du Rhin) et les 3 opéras (La Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux) qui composent l'anneau (Ring en allemand) des Nibelungen, représentent 15 heures de représentation et autant d'esquarres car on est toujours serrés et très mal assis dans les salles d'opéras. On dirait un parking de SUV. Pour faire court, c'est long ! En général, une représentation de Wagner commence à l'heure du goûter pour ne pas voir arriver les spectateurs en pyjama.
Sur scène, des voix de comptables dominatrices (pléonasme), de la bonne mythologie Nordique qui s'inspire d'un poème du Moyen âge. de la tragédie Grecque assaisonnée de Tolkien. Deutsche Qualität ! Dans la fosse, peu de sceptiques, une phalange qui obéit au doigt et à la baguette, une fanfare sans majorette mais à pleins tubas et en apnée.
Je crois que c'est Sacha Guitry qui a dit que lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. Chez Wagner, même les temps morts font du vacarme. Musique en continue, arme léthale pour les conflits de voisinage.
Comme on est jamais mieux servi que par soi-même, expression dont je me désolidarise car c'est quand même bien de regarder les autres travailler, Richard Wagner n'a pas fait qu'écrire des partitions et des pamphlets antisémites puisqu'il a lui-même établit les plans et fait construire un théâtre adapté à ses oeuvres à Bayruth, en Bavière, puis un festival qui depuis 1876, y présente chaque année exclusivement ses oeuvres.
Charlie Roquin, dans son roman, prend pour cadre ce prestigieux festival pour initiés et fanatiques Wagnériens. Il faut réserver plusieurs années à l'avance pour espérer obtenir un strapontin. Son personnage, le critique Moshe Griebnisch fait la pluie et le beau temps du festival et ses sentences sont aussi attendues que redoutées dans la taverne où il réunit les afficionados de la baguette après chaque représentation. Un soir, un jeune effronté ose le contredire et l'escarmouche se transforme en pugilat d'esthètes.
Ce roman est d'abord une réussite car il donne envie d'écouter Wagner. D'ailleurs l'auteur a eu la bonne idée de proposer une playlist en fin de livre avec un QR code qui vous permet de lire dans l'ambiance walhalla. Moi qui préfère les opéras plus légers et moins martiaux, je dois avouer que certains de mes préjugés sont tombés. Par exemple, cette musique ne m'a pas donné envie d'enfiler un treillis et Parsifal et Siegfried ne sont donc pas seulement des pédigrées de dobermans.
Autre bonne raison de se lancer dans cette lecture, c'est qu'elle n'est pas inaccessible aux profanes. Certes, à travers les critiques, l'auteur étale un peu sa science mais comme l'histoire vire rapidement au règlement de compte familial, même un lecteur allergique à l'art lyrique et aux VO sous titrées peut se passionner pour ce récit.
Ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est la démonstration, à travers les joutes verbales des deux connaisseurs antagonistes, de la subjectivité totale des critiques qui relèvent autant du ressenti de l'oeuvre présentée que des humeurs et intentions des juges à coupettes. Moshe Griebnisch encense la programmation de la directrice du Festival par amitié et parce qu'elle flatte son égo alors que son adversaire ne contredit le maître que par vengeance et une rancoeur qui n'a aucun lien avec les représentations auxquelles il n'a parfois même pas assisté.
Côté regrets, les personnages féminins ne sont pas assez fouillés, notamment celui de la directrice du Festival, très contestée pour l'avant-gardisme de ses choix. Il aurait été intéressant que l'auteur approfondisse un peu plus la relation avec son fils et cette propension de certains à se servir d'une oeuvre plutôt que de la servir, à l'asservir aux préoccupations actuelles sous prétexte d'intemporalité. C'est vrai que j'ai du mal avec les ingrédients venant dénaturer le goût de produits nobles qui se suffisent.
Au final, un récit original, abordable malgré son sujet, qui m'a donné envie d'opéra tout en fuyant les entractes mondains. Tant pis pour les blinis.
Rideau !
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DISPUTATIO WAGNERIENNE

Sans faire partie de ceux pour qui Wagner est le nom d'une milice russe liée à un stupide accident d'avion, je dois avouer que ma culture de l'immense compositeur allemand était assez limitée, positionnée entre quelques musiques de pubs et l'inoubliable balai d'hélicoptères d'Apocalypse now.

Bref, j'étais assez dans la cible que fustigent les disciples du grand maître, tels que Charlie Roquin les met en scène dans Les maîtres de Bayreuth, sorti ces jours-ci dans la belle collection des Passe-Murailles (qui a notamment accueilli Gwenaële Robert ou Delphine Grouas).

« À cause de la scène de l'hélicoptère, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des gens réduisent Wagner à la Chevauchée des Walkyries aussi bêtement que si, dès qu'ils entendaient le mot “Italie“, ils s'écriaient “Pizza ! “ Putain de scène de l'hélicoptère. Putain de Coppola. En voulant rendre hommage à Wagner, il l'a bien desservi. »

Chaque année, pendant le festival de Bayreuth, un petit groupe se presse chaque soir après le spectacle dans une taverne d'habitués, pour écouter le jugement lapidaire de Moshe Griebnisch, critique référent de Wagner, louangeant ou lapidant l'opéra du soir.

« Avec lui, l'opéra prenait vie. C'était comme la physique expliquée par Einstein, la guerre par Sun Tzu : sans rien connaître, on comprenait tout. »

Et en cette année de Ring - la tétralogie du Nibelung (L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux) - dirigé dans une version revisitée, son oracle est particulièrement attendu. Sauf qu'un mystérieux contradicteur américain va venir troubler ses one-man-shows quotidiens…

Les Maîtres de Bayreuth est une disputatio à la mode wagnérienne, qui sur fond d'intrigue ancienne et de vengeance, oppose Griebnisch à son neveu, les anciens aux modernes, les tartuffes et les fats aux réalistes et aux pragmatiques.

Fourmillant de détails sur la vie et l'oeuvre de Wagner sans jamais en écraser son livre, Roquin badine autour des tendances actuelles qui revisitent, modernisent, verdissent et rendent tendance le patrimoine artistique classique. Et transforment ses lieux cultes en parcs d'attractions branchouilles.

À Bayreuth, « chaque année, de nouvelles rues étaient rebaptisées. Jusqu'où irait-on ? Bayreuth deviendrait-elle “Wagnerstadt“ ? Pour le bon plaisir des festivaliers, les autochtones auraient-ils l'obligation de se déguiser ? de prénommer leurs garçons “Sieg-quelque chose“, leurs filles “Brünn-machin“ ? »

Une lecture parfaite pour connaître davantage l'oeuvre et le culte wagnérien, même si elle ne me fera pas encore rejoindre le clan des ultras du maître :

Être wagnérien, c'est « faire d'une dizaine d'opéras, en quelque sorte, la bande son de sa vie. Découvrir la chair avec Siegfried, la mort avec Isolde, Dieu avec Parsifal ; rire des coups de marteau du père Sachs, se marier sur la Marche nuptiale, avoir les yeux qui piquent lorsque l'on écoute la Romance à l'étoile. »
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Un spécialiste mondial de Wagner est toujours attendu sur ses avis, notamment sur le festival de Bayreuth. Sa vieillesse aidant à la complaisance qui lui est faite sur lesdits avis. Jusqu'au jour où un jeune inconnu vient le titiller en public, impertinent (ou plutôt quand la pertinence dérange !) et très bien renseigné. C'est un combat de coqs cultivés et intelligents qui s'annonce. Mais pourquoi ce jeune impétueux vient-il perturber ce monument de la critique ? Et comme d'habitude l'écriture est d'un très bon niveau, les dialogues jubilatoirs. Et l'auteur prouve qu'il a de belles connaissances en la matière sans que le propos soit lourd. En aparté, si en plus vous êtes fan de Wagner et/ou de l'opéra, vous apprécierez d'autant plus.
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Dans une autre vie, j'étais musicienne. La fac, le conservatoire, l'opéra, les concerts en tout genre. Ce livre était une occasion de se replonger dans ce monde que j'ai quitté il y a longtemps. Au final, la plongée fut une déception. Ou au mieux une certaine indifférence.
Ça raconte l'histoire d'un critique wagnérien, censé être l'avis le plus sûr de tous, celui qui devrait avoir le meilleur goût et l'avis le plus objectif possible. Un jour, l'ancien se fait contredire publiquement par un plus jeune.
On y retrouve les thèmes classique du monde de l'art : les conservateurs face à la jeune génération, chacun pensant qu'il a raison quand l'autre à tort, les discussions et les polémiques sur des sujets maintes fois débattus. On y retrouve aussi le questionnement sur comment s'adapter au nouveau monde quand on est un totem de l'ancien. J'aime ces thèmes, mais je n'ai pourtant pas accroché à ce livre. Les personnages ne m'ont pas touchée. Je les ai trouvés finalement assez fades, surtout comparés à la magie du lieu dans lequel ils se trouvent. Car au-delà de la musique de Wagner, Bayreuth, c'est aussi un lieu. C'est malheureusement pour moi un peu oublié. Au lieu de ça, on bascule sur une histoire de famille glauque, dont je n'ai pas trouvé le sens.
Au vu des critiques que j'ai pu lire de ce livre, j'ai conscience d'être plutôt à contre-courant. Je suis probablement passée à côté. Dans tous les cas, cette lecture aura eu le mérite de me faire ré-écouter Wagner, et de me conforter dans le fait que l'opéra n'est vraiment pas le genre que je préfère dans la musique dite « savante ».
Merci tout de même à la Masse Critique de Babelio et aux édition le Cherche-Midi pour cette découverte.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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La ville de Bayreuth accueille chaque année l'un des festivals de musique classique les plus courus au monde. Fondé par Richard Wagner il y a 150 ans, ce festival lui est toujours entièrement consacré. Chaque année on y produit les dix mêmes opéras du maître. Inlassablement. Chaque année on y joue le Vaisseau fantôme, Tristan et Isolde et surtout l'Anneau du Nibelung. Surnommée le Ring, cette tétralogie est l'objet de toutes les attentions.

A cette réalité, Charlie Roquin vient apporter sa petite touche de fantaisie en imaginant les festivaliers se retrouver après chaque représentation du Ring dans une taverne bavaroise pour recueillir l'avis du critique le plus respecté du wagnérisme. L'avis de Moshe Griebnisch tient lieu de parole d'évangile, c'est pourquoi l'on retient son souffle - et sa propre opinion - tant que le maître n'a pas délivré sa sentence.

Décors, revue des chanteurs, qualité de la mise en scène, originalité de la production, fidélité à l'esprit originel de l'oeuvre… tout est passé au crible par le grand Moshe qui souvent s'emporte et parfois s'extasie face aux choix de la production. Personne n'a jamais osé interrompre ce monologue enfiévré. Encore moins le contredire. Jusqu'au jour où un parfait étranger décide de tenir la dragée haute à l'expert incontesté qui fait la pluie et le beau temps à Bayreuth. S'en suivra un combat sur le Ring autant qu'en dehors car ces deux hommes partagent bien plus qu'une passion pour Wagner…



Après s'être attaqué à l'absurdité du monde professionnel dans Metadata puis aux maux de la politique dans le Roi, voilà que Charlie Roquin s'amuse à démonter l'élitisme culturel en rappelant une évidence que beaucoup oublient : la critique n'a de valeur que pour celui qui l'énonce et éventuellement celui qui veut bien l'écouter. Dans son roman en quatre actes qui suit le découpage du Ring, il déroule une connaissance fine des oeuvres de Wagner au travers de joutes verbales de haut vol complétées de renvois et de notes qui intéresseront les lecteurs les plus érudits. Les autres se satisferont aisément de la tension de plus en plus vive qui donnera de faux airs de thriller à ce roman, par ailleurs bien sous tous rapports. Car le drame, à Bayreuth, va se jouer aussi bien sur scène qu'en coulisses. Car les échanges animés entre le critique et son détracteur ne sont pas tant motivés par un point de vue divergent sur l'interprétation du Ring, pièce centrale de ce roman, que sur des raisons personnelles et totalement extérieures au monde de la musique.

C'est cette double lecture qui rend Les maîtres de Bayreuth aussi plaisant à lire. Charlie y manie les mots avec une virtuosité qui force l'admiration et se montre aussi à l'aise avec le style oratoire qu'avec les codes du suspense. Depuis son tout premier roman, j'apprécie plus que tout son humour et son espièglerie que l'on retrouve disséminés dans des dialogues savamment amenés. Désormais je vais guetter également ses petites incursions dans le domaine de la littérature noire car entre dérision, érudition, passion et sensations, l'auteur nous prouve une fois encore qu'il maîtrise son art à la perfection et qu'il est capable de se renouveler en permanence pour nous servir à chaque fois un roman détonant !


Lien : https://www.lettres-et-carac..
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critiques presse (3)
LeFigaro
22 septembre 2023
Un célèbre critique wagnérien habitué du Festival de Bayreuth voit son savoir remis en cause par un jeune inconnu. Musique, suspense et humour sont au rendez-vous.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Marianne_
12 septembre 2023
Pugilat d'intellos lyriques, « Les Maîtres de Bayreuth » [...] procède à la savoureuse mise en scène d'un règlement de compte entre musicologues wagnériens. Une peinture drolatique et brillante du microcosme gravitant autour du palais des festivals de Bayreuth.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LaLibreBelgique
11 septembre 2023
Charlie Roquin nous donne un roman original, cocktail de musique, de suspens, de wagnérisme et d’humour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La référence à Apocalypse Now est si évidente que Dalmatius ne la précise pas en demandant:
" Tu sais pourquoi je déteste ce film ?
- Pourquoi ? gémit Moshe, de la fumée plein les poumons.
Parce qu'à cause de la scène de l'hélicoptère, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des gens réduisent Wagner à la chevauchée des Walkyries aussi bêtement que si, dès qu'ils entendaient le mot "Italie", ils s'écriaient "Pizza !"
Putain de scène de l'hélicoptère. putain de Coppola. En voulant rendre hommage à Wagner, il l'a bien desservi.
- Comme Hitler", dit Moshe...
(page 165)
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Je ne dis pas davantage que tout était parfait, un chef-d’oeuvre n’a pas à l’être, on lui demande seulement – mais c’est tant – d’être inspiré et inspirant, habité et habitable dans le sens où l’on peut y entrer, y déambuler, y contempler de l’intérieur le génie de l’architecte et le talent des artisans. Or qu’avons-nous entendu ? Une cathédrale…
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Ce que Moshe préférait écrire, et son public lire, étaient ses critiques sur le vif, a fresco, prêtes dans son esprit dès la chute du rideau, publiées le soir même sur son blog et les réseaux sociaux...
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Un malaise indéfini perturbait Moshe depuis son arrivée à la gare. Ses rapports avec Petula avaient toujours été faux mais quelque chose, cette année, dissonait particulièrement, Le ciel était trop bleu, tout semblait trop parfait. Il pressentait un drame comme on pressent l’orage. page 33
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Dalmatius lui disait souvent qu’il avait l’ouïe aussi aiguisée qu’un couteau à beurre.
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Videos de Charlie Roquin (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlie Roquin
À l'ombre de Wagner, une querelle familiale sur fond d'opéra.
Habilement construit, à la fois drôle et violent, plein de suspense, le nouveau roman de Charlie Roquin est une réussite.
Coup de Coeur WebTvCulture !
Découvrez l'émission en intégrale sur https://www.web-tv-culture.com/emission/charlie-roquin-les-maitres-de-bayreuth-53868.html
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