Me voilà à nouveau avec mon auteur fétiche de l'été 2018.Cette fois,nous allons retrouver Arturo Bandini parti à la quête de la gloire dans les milieux littéraires de Los Angeles où, malheureusement,son talent ne semble pas forcément "sauter aux yeux de tout le monde".La gloire,c'est l'argent et,sans gloire....Il faut survivre et tout l'art de Bandini sera mis au service de la "débrouille ".Lorsque la chance tournera,Arturo ne saura pas toujours la saisir,souvent à cause d'une maladresse incroyable auprès de la gent féminine .Les situations cocasses ou dramatiques se succéderont dans toutes ses relations,au point,sans doute de provoquer indirectement la mort de la généreuse et amoureuse Helen.Bandini,c'est aussi la prétention ,la certitude,l'ironie cinglante et mordante.A ce titre,son retour au pays est un morceau d'anthologie qu'on peut lire et relire sans jamais se lasser.
Bandini ne s'est pas créé un monde,il est ce monde,il vit ce monde,il veut ce monde,on lui doit ce monde.Sa générosité envers sa famille est toujours bien présente et les demandes de ses parents toujours pressantes.
On verra peu son père et sa mère dans ce roman mais on sent bien leur présence en arrière plan, présence liée à l'intérêt financier pour son père,sans doute plus à l'amour pour sa toujours bigote de mère .
Dans son désir de plaire et de se sentir supérieur,Arturo s'éloigne de tous ceux qui pourraient sans doute lui permettre de s'épanouir ou de "mettre les pieds" dans un monde qu'il déteste autant qu'il l'envie.
Le style de John Fante semble s'être durci,le vocabulaire devient plus cru et augmente la sensation de malaise qu'on peut parfois ressentir .L'humour est aussi bien présent et si les scènes ont été vécues, on se doute aussi qu'elles ont été un peu" arrangées "pour notre plus grand plaisir.
Encore un très bon moment pour moi,une lecture vraiment addictive.
Commenter  J’apprécie         460
Comme les trois mousquetaires qui étaient quatre, la trilogie Bandini (Bandini, La route de Los Angeles et Demande à la poussière) se complète utilement de ces Rêves de Bunker Hill, publiés sur le tard.
Quel bonheur de retrouver Arturo Bandini, le plus grand écrivain du monde, désormais proche de la consécration et embauché par un studio d'Hollywood pour écrire ou co-écrire des scénarios. Et plus à coup de 50 cents le poème mais à 300 dollars la semaine. de quoi disposer d'une garde robe à la hauteur de son standing, de manger enfin à sa faim et de boire les coup qu'il souhaite où et quand il le souhaite. Bureau, secrétaire, salaire, tout est OK. Sauf qu'Arturo n'écrit rien, et le peu qu'il écrit est caviardé.
Alors vous le connaissez, l'Arturo, le naturel revient au galop. Il ventile, il disperse, il éructe, il disjoncte. Crétins d'Hollywood qui ne le méritent pas ; crétins de contemporains qui ne le comprennent pas ; crétines de femmes qui ne le désirent pas.
Dans ce dernier opus, l'immense John Fante a amené son double autobiographique au bout de sa quête, pour mieux nous montrer qu'elle n'était qu'un leurre. Et si le vrai bonheur était ailleurs : chez lui, au coeur de sa famille, loin de L.A. dans le Colorado ? Dans le retour chez sa vieille logeuse et amante ? En se tournant vers Dieu, que sur l'exemple de sa mère, il n'a jamais cessé d'implorer ?
Rien de tout cela, et Fante nous livre sa morale : le salut vient de l'écriture, encore et toujours. Une ligne, un vers ; une nouvelle, un poème ; dix de jetés, un de gardé ; dix refusés, un de publié... Écrire.
Rêves de Bunker Hill est précieux dans l'oeuvre de Fante. le texte est précis, économe, mais juste. Superbe point final d'une oeuvre à mon sens, sans égal.
Commenter  J’apprécie         256
La grande fan de Fanté que je suis est légèrement déçue par ce roman. Quelques pointes d'humour où l'on retrouve la verve que j'aime tellement chez cet auteur. Comment être publié quand on est sûr de son talent ? Galères et amours (surtout ses déboires) de notre ami Arturo à Los Angelès. Je pleure de savoir que c'est le dernier que je lis de lui, que ce dernier je l'ai repoussé un maximum. Fanté qui fait parti des écrivains à qui je dois le plaisir de lire.
Commenter  J’apprécie         265
Je m’assis à une longue table d’acajou et me mis à lire. Mon univers bascula aussitôt. Le temps s’évanouit. Le livre me tenait. Les larmes envahirent mes yeux demandant grâce. J’emmenai le livre à la maison. Je lus un autre livre d’Anderson. Je dévorai toute son œuvre, j’étais malade, seul et amoureux d’un livre, de nombreux livres, alors cela vint naturellement, je m’assis avec un crayon et du papier et essayai d’écrire, mais je sentis bientôt que je ne pouvais plus continuer, les mots ne coulaient pas aussi facilement que dans les livres d’Anderson, ils sortaient simplement de mon cœur comme des gouttes de sang.
Je m’allongeai sur le divan et l’attirai vers moi, sa bouche rencontra la mienne ; elle était douce, fraîche et pleine. Brusquement je portais la main à ma braguette et tirai sur la fermeture Eclair, tandis qu’elle se dressait pour relever sa jupe et retirer sa petite culotte blanche. Elle s’allongea par terre, puis écarta bras et jambes.
« Dépêches-toi », haleta-t-elle.
Je roulai au pied du divan et me mis en position entre ses longues jambes fuselées gainées de bas, mais ma fermeture Eclair était coincée, et je me battis désespérément avec elle. Les mains de Thelma descendirent vers ma ceinture, et après un effort violent mon pantalon fut sur mes chevilles. Je me penchai sur elle, mon outil au garde-à-vous ; j’essayai de la harponner, mais ratai mon coup plusieurs fois de suite. Thelma poussa un petit cri de contrariété, puis saisit mon truc pour essayer de le faire entrer. A cet instant précis, j’entendis le bouton de porte grincer, le bruit de la porte qui s’ouvrait, je dirigeai mes yeux vers la porte et découvris Harry Schindler qui nous regardait. Toute vie abandonna mon outil, et je restai allongé là, pétrifié de terreur tandis que Thelma, elle aussi en état de choc, tenais ma verge molle dans sa main.
Il y avait bien sûr un lieu où les gens m'aimaient,et j'allais les retrouver.Va donc te faire foutre,Los Angeles de mes deux,avec tes palmiers à la con,tes femmes qui pètent plus haut que leur cul,tes rues de pacotille,car je rentre chez moi,dans le Colorado,je retourne au bercail,dans la putain de meilleure ville des États-Unis:Boulder,Colorado.(p 158)
Je me séchai, enfilai un caleçon et entrai dans la cuisine. Elle était devant la cuisinière, le dos tourné, en train de préparer mon petit déjeuner. L’expert des appendices charnus que je suis détecta aussitôt la contraction de ses fessiers – signe indubitable de fureur chez une femme. L’expérience m’a appris à me montrer extrêmement prudent en présence d’une métamorphose aussi spectaculaire des fessiers féminins, si bien que je m’assis sans moufter.
Ma mère m'écrivit :
"Pauvre Mme Santucci... Son garçon est de retour après trois années d'absence, et il est communiste.Elle m'a demandé de prier pour lui.
Un si gentil garçon. Je ne parviens pas à croire qu'il communiste. Je trouve qu'il n'a absolument pas changé...
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Un innocent égaré dans un monde coupable, voilà le grand héros imaginé par un italo-américain à la fois très réaliste et bien déjanté : John Fante
« Demande à la poussière » de John Fante, c'est à lire chez 10/18.