Ajouter d'emblée à la liste qui va de « abats » à « zinc » en 450 pages : la collection « Dictionnaire amoureux »
http://blog-de-guy.blogspot.com/2017/04/dictionnaire-amoureux-du-journalisme.html
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Ayant évité les satisfactions d'un jour, cette édition datant de 2005 évite d'être démodée, elle exhausse nos délectations qui ont pris encore plus de valeur avec le confinement, rappelé des ravissements oubliés, et permis de vérifier des observations qui sont encore plus vraies aujourd'hui. Parlant des familles le dimanche matin :
« Tout d'un coup, ils ont énormément d'enfants et vous réalisez qu'en semaine, on ne les voit jamais sur les trottoirs de mon quartier. Ils sont à l'école, ou à des « activités ». Il n'y a plus que les adultes aujourd'hui qui jouent dans la rue. Ils font du patin. »
Si l'écrivain-journaliste décortique avec virtuosité « les cacahuètes », ainsi que « les anchois », « les boulettes », « l'ennui », « le train », « les vaches », « le gras », « les nouvelles locales »… il sait être laconique : « Femme : Ah les femmes ! »
ou « X : On dira ce qu'on voudra de la pornographie, mais c'est le seul moyen d'échapper à l'érotisme. »
Avec des accents qui pourraient appeler le manuel de savoir vivre, le facétieux rédacteur à l'écriture vive excuse nos faiblesses coupables tout en partageant de sages réflexions bien éloignées des préceptes des diététiciens et autres maîtres à penser qui envahissent les ondes en ce moment.
« On peut se délecter de la mythologie grecque et romaine, s'engouer de la nuque des femmes, savourer le haut moyen-âge, s'enthousiasmer pour les hérésies, se régaler des orages d'été, il n'y a pas de bonheur plus simple et plus rond que celui d'engouffrer un de ces oeufs mayo. »
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L’attente est devenu un art. L’art de désirer. Il en va souvent ainsi avec les contraintes. Par exemple, l’art de la conversation est né de ce que l’homme est absolument incapable de la fermer.
Dix minutes pour que le feu prît, dix mois pour que l’être aimé rendît les armes, une vie entière si on se lançait dans une quête, genre Graal : qu’importait le délai, c’était toujours de la durée. Désir et plaisir marchaient ensemble. Le plaisir non préparé était une distraction de tyran ou de soudard. A l’inverse, le désir inabouti conduisait à la masturbation, à la surdité, à la démence, au crime. Le désir n’avait de sens que dans son assouvissement.
J’aime bien les clichés. Ceux qui font rire. J’en possède tout un attirail, aux formes pittoresques et aux couleurs naïves. Il m’arrive de les proférer dans les dîners. Attention : de façon décalée. Le cliché est aux jeux de l’esprit ce que le kitsch est aux arts plastiques. Le kitsch donne le droit d’avoir mauvais goût et le cliché d’être simplet
Vite assouvi, le plaisir exige d’être répété. « C’est ma drogue », disent les fous d’Internet ou de jeux vidéo. Le désir est remplacé par le manque. La dose doit toujours être plus forte. C’est-à-dire qu’il faut du nouveau.
Il ne faut pas désespérer de l’homme, lequel, pris de remords, a remis des aiguilles à ses montres. Il n’en avait naguère que pour l’affichage digital et ses gros numéros. A vrai dire, il n’en a toujours que pour l’affichage digital et ses gros numéros, mais, au moins, les montres sont sauvées.
Pas les réveils, hélas ! On aura beau faire, dix heures moins vingt, ce n’est pas la même chose que neuf heures quarante. Quand il est neuf heures quarante, je suis sûr d’être en retard. Pourquoi ? Parce qu’on est toujours dans le neuf.
L’ail est la forte tête. Il est aussi d’une franchise ahurissante, sans toutes les chochotteries qui entourent le commerce de l’huile d’olive dans les centres-ville. Voilà un mélange assez rare de sauvagerie et de civilisation. L’ail est une espèce d’orage condimentaire. Il vous mordrait si vous n’y preniez garde. C’est d’ailleurs une excellente arme de défense. Contre la tension artérielle, les vers, le cholestérol, la peste, les vampires, les voisins.
[
Alain Schifres :
Dictionnaire amoureux des menus plaisirs]
Dans le décor du moulin d'Andé, dans l'Eure,
Olivier BARROT lit un extrait de "
Dictionnaire amoureux des menus plaisirs" d'
Alain SCHIFRES et en commente la particularité en passant en revue quelques définitions.