Hervé Jaouen commence cette histoire à la fin de la Première Guerre et la finit (provisoirement, car une suite est prévue) en 1944, à la libération de Quimper et des environs. Comme d'habitude avec lui, ses personnages sont forts, aux caractères bien trempés, totalement ancrés dans leur terre natale. Dire de
Gwaz-Ru qu'il est têtu serait un pléonasme, il est Breton, ça devrait suffire pour connaître son entêtement, son côté obtus et rigide et indépendant. C'est un beau personnage, un patriarche qui ne s'en laisse pas compter, mais
Hervé Jaouen n'en a pas fait un tyran : il règne sur sa maisonnée, c'est à la fois une réalité et une tromperie ; certes, il dirige, prend des décisions, mais Tréphine est omniprésente, et si dans certains romans ou films, on doit deviner que derrière l'Homme se cache la Femme, là Tréphine n'est absolument pas en retrait. L'auteur en fait une femme douce, travailleuse et aimante pour son mari et ses enfants, mais au caractère assuré et assumé qui ne se prive pas de dire à qui de droit ce qu'elle pense, ce que d'ailleurs
Gwaz-Ru accepte et aime aussi chez elle.
Souvent chez
Hervé Jaouen, je trouve des portraits jouissifs, ce roman ne fait pas exception
L'écriture est truculente, tout à fait adaptée au parler franc et direct des paysans de l'époque (enfin, ce que j'en imagine, puisque je n'étais point né), et si elle fait la part belle aux protagonistes, elle n'oublie pas de parler du pays, de la Bretagne, présente dans toutes les pages, à la fois par son paysage, par son climat et sa langue, le breton que parle une grande partie des intervenants,
Gwaz-Ru en premier.
Pour être très franc, ce roman n'est pas mon préféré de l'auteur, le genre saga quand bien même il se passe en Bretagne n'est pas vraiment mon truc, je me suis même demandé plusieurs fois pourquoi je continuais à le lire, mais j'étais bien incapable de m'arrêter et même survoler comme je peux le faire parfois m'était difficile. Je n'ai donc point boudé mon plaisir et ai humé profondément l'air breton qui devait passer entre les pages, dans les mots de
Gwaz-Ru et Tréphine et dans l'écriture d'
Hervé Jaouen, toujours au diapason des histoires qu'il raconte avec talent.
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