À l'heure où les hommes vivent/
Delphine de Malherbe
Au début, Franck Steiner, chercheur en psychologie au CRNS, voit brûler accidentellement ( !) sa maison à Vincennes et cet événement va bouleverser sa vie. de rencontres en rencontres il va se poser des questions existentielles essentielles sur les besoins, le désir, l'ambition, le bonheur.
Tour à tour, l'auteur évoque le heurt des générations entre Franck et sa fille Alex, révoltée contre le système, l'usure du couple avec Elisa sa femme, la crise mondiale, et à quoi mesure t-on la réussite d'une vie …etc. Un amoncellement de questions qui restent sans réponses. Ce roman est sans profondeur tout en n'étant pas désagréable à lire. Mais il laisse une sensation de fadeur de vacuité et de décousu.
C'est un lieu commun de faire comprendre que Facebook allie l'exhibitionnisme et le voyeurisme. Tout le monde le sait.
Les dialogues sont souvent plats :
Le père à sa fille : « Tu es tout le temps scotché sur Facebook, Twitter, Instagram…Tu es complètement dépendante de ton écran, des profils des gens…Tu suis même les gens dont tu n'as rien à faire. C'est comme dans un feuilleton. »
Une rengaine souvent entendue dans les familles de nos jours.
Les personnages sont à peine esquissés, et notamment Franck le personnage central, antipathique au possible, dont on n'a aucune idée de ce à quoi il ressemble.
Le style tout en étant travaillé reste assez impersonnel et commun.
J'ai eu l'impression tout au long de cette lecture de ne pas savoir où l'auteur voulait en venir.
Et puis, quoique ce soit la mode actuelle, les nombreux anglicismes finissent par fatiguer.
Dans le positif, je citerai le tour de force de l'auteur, qui est donc une femme, de raconter cette histoire dans la peau d'un homme à la première personne.
En définitive la sagesse revient à
Georges Brassens cité par Yvan le père de Franck, personnage le plus sympathique :
« Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint, se borne à ne pas trop emmerder ses voisins. »
Quelques bons passages méritent d'être cités.
Yvan d'ajouter : « L'aventure de la vie est bien plus vaste que l'étroitesse d'une carrière réussie… »
Et s'adressant à son fils : « Je te souhaite la réussite, celle qui te permettra le développement de ta réelle individualité sans avoir été hostile aux autres. Mieux, en leur ayant été peut-être utile…Tu dois d'abord être quelqu'un avant de te battre contre des idées…Quelqu'un qui critique avant d'avoir construit est un imbécile, comme ces gens qui coupent la parole à tout bout de champ pour se donner de l'importance. Ils ont des avis sur tout parce qu'ils ne sont rien et trahissent leur vacuité dès qu'ils ouvrent la bouche. Celui qui sait se tait, à moins qu'on ne lui pose une question. »
En résumé un roman moderne qui me laisse perplexe comme nombre de lecteurs que j'ai rencontrés.