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EAN : 9782350873862
284 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (03/11/2016)
3.5/5   10 notes
Résumé :
Au seuil de la vie éternelle, Elizabeth patiente. A ses côtés, se trouvent dix animaux tués lors de conflits armés. Aucune âme ne sera autorisée à passer avant qu'elle n'ait fourni la preuve de sa foi. Alors, pour tromper l'ennui, ils racontent leur histoire : une moule victime de Pearl Harbour, un ours affamé durant le siège de Sarajevo, un chien fauché pendant la Seconde Guerre mondiale...
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Quel beau dépaysement, je viens d'avoir ! C'est comme ci ce livre m'avait emmené sur une autre planète. Dix nouvelles, avec la particularité que les narrateurs sont des animaux. On y trouve, en autre, La chatte de Colette, la chienne de Hitler, le perroquet de Flaubert. Et aussi un ours, un dauphin, etc. Une excellente histoire de la tortue qui a vécu avec la fille de Tolstoï puis qui fut envoyé en Angleterre à Virginia Woolf qui demande dans son testament que George Orwell la recueille. En toile de fond la guerre, les services secrets, dans l'espace, dans la mer et autres, mais surtout le plaisir de croiser des écrivains. Se mettre dans la peau d'un animal et observer notre égoïsme et cruauté. Qui est le plus pourvu d'humanité ? Original, intelligent et captivant.
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 Animals est traduit de l'anglais (Australie) par Joachim Zemmour et Marianne Colombier.
Il s'agit, selon moi, d'un véritable chef-d'oeuvre.
L'ouvrage se présente comme un recueil de dix histoires indépendantes. 10 vies non-humaines condamnées par l'Homme, durant une période chaotique de l'histoire : un ours affamé durant le siège de Sarajevo, une moule victime de Pearl Harbor, un chien fauché sur le front au cours de la Seconde Guerre mondiale, un perroquet tombé sous les bombes de Beyrouth, ou encore une tortue, ayant appartenu à la fille de Tolstoï, évanouie dans l'espace pendant la guerre froide...
La particularité de ces histoires ? Ce sont les animaux eux-mêmes qui les racontent. de petites biographies de ces laissés-pour-compte de l'Histoire.
 
Un peu d'humour au sein de ce chaos
Malgré la tristesse des événements, l'auteur parvient à éparpiller ici-et-là des petites touches d'humour. Les personnages de la tortue de la fille de Tolstoï, et du chat de Colette vont feront sans aucun doute sourire.
Quelques exemples :
« Cette nuit-là, le matou a insisté pour que nous chassions en no cat's land, comme il l'appelle » (le chat de Colette)
« Il paraît qu'il n'a même pas daigné mettre une tortue dans l'histoire –pas même une tortue totalitaire ! – ce qui en dit long sur les sentiments qu'il me portait. » (la Tortue qui a vécu une partie de sa vie avec Georges Orwell)
« Muss n'était pas très instruit, mais s'il y avait bien une chose qu'il savait mieux que tout autre, c'est qu'il n'avait plus envie de s'entendre dicter, depuis sa prime jeunesse de moule bleue, tout ce qu'il devait faire ou manger, quand sécréter ou non ses filaments de byssus, à quels tuyaux artificiels adhérer et selon quel schéma, etc. […] » (une moule)
« Ma mère était sans arrêt contrariée par les noms stupides que la Navy donnait à ses dauphins : pourquoi nous recruter en raison de notre intelligence supérieure, pour ensuite nous appeler Tuffy ? » (un dauphin de l'US Navy)
 
Une réflexion sur le spécisme
La mise en avant de différentes formes d'intelligence permet de reconsidérer la place d'inférieurs que notre société donne aux animaux non-humains.
« Eux –les humains – semblent croire que ce qui les distingue des autres animaux, c'est leur capacité à aimer, à éprouver du chagrin, à se sentir coupables, à passer l'abstraction, etc. Mais ils se trompent. Ce qui leur confère une place à part, c'est leur talent pour le masochisme. C'est en cela que réside leur pouvoir. Prendre plaisir à souffrir, tirer sa force de la privation : voilà ce que c'est, l'être humain. » (un chimpanzé)
Cette mise en avant se fait tant dans la manière d'écrire - on se rend compte que pour comprendre un animal non-humain, on a besoin qu'il transmette ses pensées par écrit ou en parlant, or c'est évidemment impossible dans la réalité, et cette distance du langage nous incite à les mettre à l'écart - que dans la mise en scène de la nouvelle d'un singe en 1917 en Allemagne : celui-ci a acquis tous les comportements humains - langage, habits, comportement, tenue du corps, etc. - et c'est absolument effrayant.
On se rend alors compte que façonner un monde à notre image n'est pas notre but, c'est par définition contre-nature alors pourquoi ne pas vivre en paix avec ces différences et en profiter?
« Elle aimait à me rappeler la chance que j'avais d'avoir vu le jour dans un centre d'entrainement militaire d'élite. Je pense que ce qu'elle voulait dire, c'est que je devais être reconnaissante de ne pas être née dans un aquarium, vouée à une existence inutile. C'était sa façon de s'arranger avec la culpabilité d'avoir mis au monde un être qui ne connaîtrait jamais la liberté. Entre jouir de la liberté puis la perdre, ou ne l'avoir jamais connue, quel est le pire ? Je ne peux pas dire que cela m'ait manqué. » (un dauphin de US navy).
Comme le rappelle cette citation (J.M. Coetzee) en début de livre : "Toute créature est une clé pour toute créature. Un chien en train de se lécher au soleil, dit-il, est un chien à un moment donné et au moment suivant il est le véhicule d'une révélation."
Beaucoup d'écrivains sont mis en avant dans chaque nouvelle comme ayant considéré les animaux non-humains comme leurs égaux. On pourra citer entre autres Kafka, Colette, Hemingway, Jack Kerouac, etc.
« Elle avait perfectionné son jeu de mime pour son rôle-titre dans La chatte amoureuse, au Bataclan, en m'observant encore plus attentivement que d'habitude, rampant par terre autour de moi, copiant mes moindres mouvements, mes moindres frémissements, mes moindres mines affectées… » (le chat de Colette)
« Dans la hiérarchie affective de notre maîtresse, il avait toujours été clair que les chats étaient supérieurs aux chiens, mais aussi que n'importe quel quadrupède surpassait l'engeance des « Deux-pattes » […]. » (le chat de Colette)

Lien : https://chrisylitterature.jo..
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Livre lu hier (en quelques heures) et gros coup de coeur

L'auteure Ceridwen Dovey s'est mise dans la peau de 10 animaux et raconte leur vie (plus précisément elle raconte leur mort)
Au début j'ai eu peur que ce soit morbide puisque chaque animal qui prend tour à tour la parole meurt à la fin de son chapitre. Et bien non, pas du tout, c'est très drôle, parfois triste, toujours ironique et en phase avec l'animal en question.
Par exemple, voici le début du témoignage de la Tortue :

" Un matin, au tout début du printemps 1913, alors que je venais à peine d'émerger de mon long sommeil hivernal, j'ai décidé de quitter Oleg l'ermite et d'aller me présenter à nos voisins, la famille Tolstoï.
En avant toutes ! D'un pas allègre, je me suis lancée à travers l'espace broussailleux menant à leur domaine ; et trois mois plus tard, en juin j'atteignis le perron de leur manoir. Epuisée, je n'ai pas trouvé en moi assez d'énergie pour monter les marches..."

J'ai aimé être dromadaire dans le bush australien en 1892, j'ai tremblé pour Kiki-la-doucette dans les tranchées en 1915, j'ai failli m'effondrer en larmes avec l'histoire de Sprout (quel prénom!!) la maman Dauphin.

Chaque animal va mourir par la faute de l'homme (essentiellement dans une guerre) : une mort soit indirecte avec par exemple des animaux morts de faim dans les zoos soit de façon directe avec les chiens porteurs de bombes pendant la seconde guerre mondiale.
J'aurais dû savoir ce qui allait arriver quand Sprout la Dauphine écrit à Sylvia Plath....

La plupart des animaux fait également référence à un auteur (Colette pour la chatte Kiki ; Flaubert et Barnes pour le perroquet ; Kafka pour la petite chimpanzé "fiancée" de Peter le rouge ; Tolstoï, Virginia Woolf et Georges Orwell pour la tortue - cela vit longtemps une tortue) ou à un personnage historique (Himmler, Hitler et leurs chiens).

Au delà de la prouesse de l'exercice de style, ces portraits d'animaux nous en disent long sur les hommes et leur folie meurtrière.
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D'abord merci à Babelio pour ce masse critique qui m'a permis de découvrir un recueil plutôt original. En même temps, je ne prenais pas beaucoup de risques en choisissant un livre dans la thématique « histoires d'animaux ». Un recueil de nouvelles qui met en scène, à chaque fois, un animal dans un contexte particulier, au gré de différentes époques. On débute ainsi avec un chameau, en Australie, en 1892,et on finit avec un perroquet en 2006, au Liban. Entre les deux, le lecteur apprendra à connaître les destins d'une chatte, d'un chien, d'un dauphin, d'un ours, d'un primate, d'éléphants ou encore d'une tortue et même d'une moule ! Chaque récit est vécu de l'intérieur, par l'animal qui raconte les circonstances de sa mort. C'est en effet la première originalité de ces récits. On sait que chacun des animaux est mort, donc, ce qui nous est dévoilé, ce sont les circonstances. Seconde originalité, toutes ces malheureuses âmes sont des victimes collatérales de la guerre des hommes. Seconde guerre mondiale, guerre civile, conflit ethnique… les bêtes, utilisées, asservies, oubliées ont été sacrifiées au nom de l'intérêt humain et d'une guerre qui ne concerne pourtant pas le monde animal. Mais chaque histoire révèle la lâcheté de l'homme, sa cruauté, son indifférence, son égoïsme, et pas seulement à l'égard de ses semblables. Mine de rien, le lecteur est amené à réfléchir pas uniquement sur l'absurdité de la guerre (c'est quand même un peu bateau) mais sur une question morale : au nom de quel grand principe faisons-nous des animaux des instruments de guerre ?
Enfin, aux lecteurs qui se sentiraient d'avance blasés ou rebutés par ces témoignages teintés d'anthropophormisme, le plus souvent déprimants, poignants et accablants, je soulignerai la troisième originalité de ce recueil : c'est un hommage – réussi – à une poignée d'écrivains, que l'on aura plaisir à deviner ou retrouver au fil des pages. Colette, Kerouac, Orwell et d'autres.
Au final, une jolie surprise, dans une traduction que j'ai eu plaisir à lire, et que je recommande sans hésiter.
Lien : https://labibliothequedefolf..
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J'ai été sélectionnée lors d'une masse critique pour ce livre, et je traine un peu pour en faire la critique, car je ne sais pas vraiment quoi en dire.
Tout d'abord lorsque j'ai lu le résumé j'étais persuadée d'adorer cette oeuvre. Des nouvelles dont les personnages principaux sont des animaux, qui montreent en plus la cruauté des hommes envers eux, cela ne pouvait que me plaire, moi qui adore les animaux.
Mais au final, je ne peux pas dire avoir adoré. En effet, autant j'ai énormément aimé certaines histoires, comme celle de la chatte de Colette, autant je n'en ai pas aimé d'autres, comme celle de Peter le Rouge.
De plus, par moment, le livre me tombait un peu des mains, et j'avais du mal à le reprendre pour continuer ma lecture.
Il faut quand même reconnaître que c'est très bien écrit. Et le fait d'avoir un autre regard sur L Histoire à travers ces histoires animales, est vraiment original et intéressant, on apprend des choses.
Enfin, ce que j'aime dans cet ouvrage, c'est qu'il nous interroge sur notre rapport aux animaux, la façon dont nous les considérons, dont nous les traitons.
En conclusion, j'ai quand même apprécié ma lecture que j'ai trouvé intéressante, enrichissante et qui permet aussi de se remettre en question.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En un siècle où les gens croient de moins en moins au fatalisme au sens religieux du terme, il semble que les livres soient devenus des signes à interpréter et à suivre : si ce roman est venu à moi, il y a une raison, se dit-on ; l’auteur me parle, à moi et à moi seul.
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- Tu savais, a-t-il continué, que les Perses lâchaient des chats sur les champs de bataille quand ils se battaient contre les Égyptiens ? Vu que les Égyptiens nous vénéraient, ils préféraient toujours se rendre plutôt que de risquer de blesser un chat.
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Après une série de tirs de barrage massifs, visant la ligne de front de l'ennemi, l'ordre a été donné aux hommes, tard dans l'après-midi, de sortir de la tranchée dans une dérisoire tentative de faire avancer notre position. Moi, je ne pouvais pas regarder. Le soldat filiforme qui s'est mis dans la tête qu'il était mon Maître d'adoption m'a serrée contre lui, avant de grimper docilement et de commencer à ramper dans la boue, le fusil relevé, la baïonnette pointée vers l'avant, comme si cela pouvait lui garantir une sorte de protection magique contre les balles et les obus.
J'ai abandonné la tranchée déserte et, restant à couvert, me suis dirigée vers le poste de secours et la cantine, situés à une distance suffisamment éloignée de la ligne de front. Les infirmiers attendaient la fin de l'opération afin de commencer à ramasser les corps ; mais pour l'heure, ils n'avaient rien à faire. Pour amuser la compagnie, l'un d'eux avait caché un oeuf à l'intention d'une vieille ponette qu'ils appelaient Fufu. Son rôle à elle, c'était de tirer les civières chargées de soldats blessés. J'ai observé Fufu passer de l'une à l'autre des ses deux activités du moment : la première consistant à trouver l'oeuf, et la seconde à se coucher par terre en allongeant ses courtes jambes, les yeux fermés, à chaque fois qu'elle entendait venir le gémissement d'un obus. Dès que celui-ci avait explosé à quelque distance, hop ! elle se redressait, prête à reprendre ses recherches.
- Fufu !
Le matou m'avait suivie et appelait la ponette :
- Fufu , par ici !
J'ai jeté au chat un regard oblique, dans lequel j'ai mis le plus de dédain possible. Fufu est venue à notre rencontre.
- Tu sais où ils ont caché l'oeuf ? a-t-elle demandé.
- Sous ce côté de la tente, a répondu le matou.
- Merci ! a-t-elle dit avant de s'aviser de ma présence. Qui est-ce ?
- C'est Kiki-la-Doucette, a répondu fièrement le matou. Sa maîtresse est l'une des femmes les plus fascinantes de Paris, la romancière et comédienne Colette. Beaucoup considèrent Kiki comme la véritable muse de
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Rien n’est comparable à la magnifique capacité d’écoute d’un enfant insatiablement affamé de la voix de sa mère.
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J’ai rencontré Muss pile au moment où j’avais décidé que tout était foutu, où j’en avais marre de réduire le monde à des théories… Une nuit, il s’est pointé dans notre cercle, avec son petit air d’extatique, de joyeux prophète, d’escroc curieux de tout. C’est mon ami Gallos – celui qui s’est échoué sur ma jetée du fleuve Hudson, où il est resté un moment pour y écrire sa poésie – qui m’a présenté à Muss. Il paraît qu’il est né pauvre, qu’il a été élevé « à la dure » dans une ferme marine de l’Ouest, entouré de personnages tristes et retors qu’il aimait et détestait.
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Video de Ceridwen Dovey (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ceridwen Dovey
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