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Critiques de William Boyd (781)
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L'amour est aveugle

« L'amour est aveugle »… Pas forcément le lecteur.

Je ne pense pas que l'auteur et l'éditeur soient partis une semaine en séminaire pour trouver le titre de ce roman. Ils ont dû se contenter de prendre une bière à notre santé au troquet des lieux communs. Avec l'usure du temps et son usage dans le langage courant, cette locution (d'origine shakespearienne tout de même ! ) a perdu une grande partie de sa poésie. le sous-titre, « le ravissement de Brodie Moncur », alourdit encore le blason.

Si l'auteur n'avait pas été l'immense William Boyd, je pense que j'aurai boycotté cette lecture.

Pour rester dans le registre des expressions toutes faites à haute valeur ajoutée, je dirai que ce roman m'a laissé une impression mi-figue mi-raisin.

Côté figue, un premier tiers du livre assez ennuyeux. Brodie, un jeune accordeur de piano écossais très talentueux découvre Paris à l'aube du 20ème siècle. Il se met au service d'un virtuose vieillissant qui vit avec son frère, agent fourbe et machiavélique, et Lika, une ravissante compagne russe, chanteuse sans grand talent. Sans surprise, le jeune accordeur entame une liaison passionnée avec Lika.

Pour tomber encore un peu plus dans le mélodrame convenu, Brodie découvre qu'il est atteint de Tuberculose… Ah, les héros de romans situés à cette époque avaient décidément les poumons bien fragiles. Les sanatoriums devaient sponsoriser les écrivains pour générer une telle hécatombe.

J'ai également trouvé que les personnages étaient trop effacés, trop effleurés, plus creusés à la petite cuillère qu'au tractopelle. William Boyd est un romancier de l'action, un conteur imaginatif, très à son aise dans les récits tissés sur fond d'espionnage. Il suffit de relire plusieurs de ses derniers romans pour s'en convaincre ( « La vie aux aguets », « l'attente de l'aube », « les vies multiples d'Amory Clay »…). Ce n'est pas pour rien si les descendants de Ian Flemming lui avaient confié l'écriture d'une aventure de 007 (« Solo »).

Je l'ai donc senti moins à son aise dans cette histoire surannée d'amour impossible et les relations troubles suggérées entre le pianiste, son frère Malachi et Lika, auraient mérité une place plus importante dans le roman.

Côté raisin, William Boyd demeure un grand romancier et je me suis laissé peu à peu embarquer dans l'histoire. Brodie suit le virtuose dans une tournée à Saint-Pétersbourg avant de fuir avec sa belle. La partie Russe du roman compense à elle seule le démarrage un peu toussoteux…si j'ose dire. William Boyd y semble habité par l'âme russe et squatté par ses grands auteurs, notamment Tchekov, cité à plusieurs reprises. Les sentiments sont voraces et les réactions démesurées. le roman prend vie.

Obligé de fuir, l'auteur nous fait ensuite traverser l'Europe et il dépeint de façon très réaliste et documentée les villes étapes à cette période. La qualité des dialogues (Boyd est également un grand scénariste) permet d'éviter au récit de tomber dans le circuit touristique, façon guide vert littéraire. le roman se termine avec une touche exotique et décalée dans les îles Andaman-et-Nicobar.

Au final, un bon moment de lecture mais un roman selon moi mineur dans l'oeuvre de William Boyd. Qu'il retrouve vite ses espions.



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Trio

Le monde merveilleux du cinéma !

Je ferai court au vu du nombre de critiques .

Je lis et apprécie cet auteur depuis «  Comme neige au soleil » , il y a bien longtemps et d’autres œuvres , au moins huit ou neuf mais je l’avais un peu perdu de vue.

Emprunté à la médiathèque où il était présenté.

Comme souvent dans la plupart de ses romans , il s’amuse à peindre intelligemment l’envers du décor.

Dans la station balnéaire de Brighton, à l’écart du tumulte révolutionnaire de cet été 1968 , trois personnages sont réunis , aux prises avec les besoins d’un film au nom très long , «  L’épatante Échelle pour la lune d’Emily Bracegirdle » .dans l’esprit des «  Swingin’ Sixties » ….



Tous ont une double vie.

Talbot kydd ——marié à Naomi , naïve , depuis 26 ans , ils ont deux enfants ——, producteur chevronné , affronte les embûches habituelles des tournages : erreurs de casting , manque ou défection au dernier moment de l’actrice principale , réécriture et j’en passe,,l,,



Il regarde avec envie les garçons mais ne se décide pas , n’ose pas faire son coming - out.

Reggie le metteur en scène , qui préfère se faire appeler Rodrigo, plus exotique , marié à Elfrida Wing, épouse délaissée , romancière dépressive , autrefois saluée comme la nouvelle «  Virginia Wolf » , ne parvient plus à écrire une ligne depuis dix ans, devenue alcoolique , elle se vautre dans l’alcool à grandes rasades de gin tonic, toute la journée …tente de le cacher …

Pourtant la vedette Anny Viklund , une jeune beauté américaine de vingt - huit ans , qui passe ses nuits dans les bras du jeune premier Troy Blaze ——



Ce jeune garçon lui donne un excellent moral , une mine réjouie jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par son ex - mari , elle n’a été mariée que quelques mois, terroriste en cavale , il lui soutire de l’argent , il suscite l’intérêt de la police et du FBI , Anny est obligée de s’enfuir en France .



Avec malice l’auteur décrit les créateurs menteurs , les perdants de la première et deuxième heure , les minables qui tournent «  Des films à la con » …

Duplicité , capitulation , évasion , les trois parties jubilatoires et désenchantées de cet opus , pétri de satire et d’ironie féroce , piquant, signent une fois de plus le talent du romancier qui tente d’aller chercher la vérité des hommes malgré leurs mensonges éhontés : «  les siroteurs » «  les cuiteurs », les menteurs et dissimulateurs .



À l’aide d’une plume déchaînée , aiguisée, à grand renfort de vodka, whisky, sherry, bière et vin , comprimés d’équanil l’auteur décrit ces personnages complexes , tourmentés, attachants , pathétiques, adeptes de la plus parfaite dissimulation , ils se mentent à eux- mêmes .

Une sorte de farce délicieuse à l’apparente légèreté , satirique à souhait , rocambolesque , portraits fins , malicieux, jubilatoires de ces mauvais joueurs en quête éperdue de sens , aux prises avec leurs frustrations , regrets , secrets où l’alcool est de rigueur!



Chacun joue jusqu’au bout à être quelqu’un d’autre !

Peut - être aussi l’esprit d’une époque !

Un bon roman qui dégoûte de l’alcool , surtout si l’on n’est guère adepte comme moi !

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Comme neige au soleil

"Comme neige au soleil", c'est la grande Histoire de la Grande Guerre, vue depuis le promontoire du Kilimandjaro, planté sur la frontière des colonies d'Afrique orientale, l'allemande et la britannique. C'est aussi la petite histoire de deux familles, l'une anglaise, l'autre allemande, et d'un Américain, tous aux prises avec des événements qui les dépassent. Au début de l'été 1914, personne ne croit réellement à la guerre, ou alors on croit à une petite guerre, à peine quelques échauffourées avant de s'arranger entre gens civilisés. Enfin, ça c'est ce qu'imaginent les Anglais, qui se présentent au combat avec un flegme tout british. Parce que les Allemands, autrement prévoyants et conquérants, font preuve d'une organisation et d'une efficacité bien germanique.



Absurdité de la guerre (pourquoi se bat-on, déjà?), incurie des états-majors (sur quelle plage africaine devons-nous débarquer, damned?), cynisme de la vie (survivre à quatre années de guerre et mourir de la grippe espagnole, un mois après l'Armistice), personne n'en sort indemne. William Boyd n'évoque pas seulement la génération perdue d'hommes morts, estropiés ou brûlés au gaz moutarde, mais aussi les femmes, leurs femmes, victimes collatérales à bien des égards. Et leurs histoires d'amour, compliquées ou favorisées par la guerre. Ou les deux en même temps, dans un triangle amoureux tragique entre jeunes gens victimes de leur immaturité et de la pudibonderie victorienne.



En 1985, Bernard Pivot avait dit de ce roman, dans son émission « Apostrophes », qu'un « lecteur normalement constitué ne peut pas ne pas lire ce livre avec passion », et s'engageait à rembourser tout lecteur déçu. Je dois constater que je ne suis pas une lectrice « normalement constituée », parce que je n'ai pas réussi à me « passionner » pour ce roman. Du même auteur, j'ai bien davantage apprécié « Orages ordinaires » et, dans une mesure un peu moindre, « Brazzaville plage ». Ici j'ai traîné mon ennui au milieu des descriptions de manoeuvres militaires, un peu à l'image des jeunes recrues tuant le temps lors des interminables semaines à bord des bateaux transportant les troupes des Indes en Afrique. Mais bon, en cette fin 2015, 30 ans après « Apostrophes », il y a prescription, et je m'en voudrais d'envoyer une réclamation à Monsieur Pivot.
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Brazzaville Plage

J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les aventures de Clovis, Darius, Mr Jeb, Rita-Mae, Rita-Lu et bien d'autres... Quid de ces prénoms bizarres ? Ce sont ceux des chimpanzés dont Hope Clearwater s'est vu confier l'étude depuis qu'elle a accepté de travailler pour le parc national de Grosso Arvore, devenu réserve animale de pointe.

Dans ce roman : Brazaville plage, William Boyd se plaît à brouiller les cartes, à nous faire sourire ou rire, comme lorsqu'au début du récit, il plante le décor en créant dans ses descriptions de personnages, une amusante confusion entre comportement animal et humain, allant même jusqu'à pousser malicieusement le mimétisme entre l'exhibition des attributs virils chez Clovis, chef du clan des chimpanzés et Hauser, chef du laboratoire de Grosso Arvore et collaborateur de Hope.

Mais l'humour facétieux n'est pas toujours de mise et il laisse souvent place, au fil du récit, à une critique beaucoup plus acerbe lorsqu'il évoque le parallélisme qui s'installe entre la violence et la férocité de la guerre chez les chimpanzés et chez les hommes. Là encore, Boyd nous déstabilise et bouscule nos représentations du monde animal et de l'humain. Aux chimps, les stratégies guerrières sophistiquées, l'art du guet- apens et l'ultime férocité qui se traduit par des infanticides et des pratiques cannibales. Aux humains, la guerre d'opérette, dans un Etat africain imaginaire et dont les acteurs ne sont que des fantoches qui détalent à la moindre occasion ou meurent presque par accident, comme ce sera le cas pour Amilcar, le chef des rebelles dans une guerilla africaine complètement décontextualisée.

"Struggle for life" semble donc être le credo qui animent tous les combattants qu'ils soient animaux ou humains, avec pour ces derniers, en prime, un goût exacerbé pour la compétition et une mégalomanie sans frein...

Seuls remèdes face à cette noire conception de l'existence, une lucidité sans faille et un solide sens de l'autodérision. C'est en tout cas, les traits les plus marquants de Hope Clearwater, qui a élu domcile dans une maison au bord de la plage de Brazaville, après les désastres qui ont émaillé son existence à commencer son divorce avec John Clearwater, archétype du savant fou, perdu dans sa mono passion pour les mathématiques et son travail de chercheur. Tout aussi fou est Mallabar, le chef de mission de Grosso Arvore, éthologue de son état et qui va être pris d'un délire meurtrier lorsqu'il va constater que les observations de Hope contredisent ses propres travaux.

La recherche scientifique joue donc un rôle non négligeable dans le fil de l'intrigue, mais ce n'est, de mon point de vue en tout cas, qu'un prétexte pour démontrer que même dans un univers où l'on pourrait penser que rationalité et modestie sont de mise, on se trouve confronté à un monde impitoyable où tous les coups sont permis...

Noir de chez noir le roman de Boyd ? Pas vraiment si l'on en juge par la pirouette finale de l'épilogue qui vient à point pour "consoler" la lectrice ou le lecteur et lui souffler au creux de l'oreille : "Mais non, tout n'est pas aussi noir que tu le penses..."

Au final, un bon William Boyd si l'on accepte de suivre l'auteur dans cette histoire rocambolesque, tantôt féroce, tantôt joyeusement loufoque !
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Trio

L’anecdote est tellement connue et elle a été si souvent reprise que je ne sais plus si j’en ai été le témoin en direct ou si j’en ai reconstitué l’image à force de l’avoir lue. En 1985, lors d’une émission d’Apostrophe, Bernard Pivot se prend pour Darty et s’engage à rembourser tout lecteur non satisfait de Comme neige au soleil, l’un des premiers romans d’un jeune écrivain britannique, William Boyd.



Moi, je n’ai rien réclamé et j’ai même continué à acheter du Boyd. Trente-cinq ans plus tard, sans avoir lu l’intégralité de ses romans, je ne crois pas en avoir manqué beaucoup. Aucun ne ressemble à un autre. William Boyd est un écrivain imaginatif et curieux, qui n’hésite pas à remonter dans le temps jusqu’au début du XXe siècle, à faire voyager ses personnages un peu partout dans le monde et à investir tous les univers socio-économico-politico-culturels. En six ans d’écriture de critiques, celle-ci est la troisième que je lui consacre, après Les vies multiples d’Amory Clay et L’Amour est aveugle.



Son dernier-né, Trio, nous emmène à Brighton, une station balnéaire de la côte sud de l’Angleterre (Ah ! mes quinze ans et les petites anglaises…). Nous sommes en 1968, année tourmentée un peu partout sur la planète. A Brighton, tout est calme. On tourne un film, L’Epatante Echelle vers la Lune d’Emily Bracegirgle. Quelque chose de très fort, un scénario très conceptuel, une symbolique dans l’air du temps, selon le réalisateur… « Un film à la con, avec un titre à la con » grommelle le producteur, pas convaincu.



Et du titre du roman, Trio, que peut-on dire ? Pas sûr qu’il déclenche l’envie irrépressible d’ouvrir le livre, mais il est au moins explicite. Au sein de la petite communauté mobilisée pour le tournage du film, nous sommes invités dans l’intimité de trois personnages.



Engagée pour le rôle principal, Anny Viklund est une toute jeune actrice américaine très jolie. Considérée comme une star à Hollywood, elle est mal préparée à ce statut dans la vraie vie. Elle est incapable de choisir entre trois hommes exerçant une emprise sur elle, chacun à leur manière. Pour supporter cette situation fausse, elle s’en remet à une collection de tranquillisants, de somnifères, de stimulants et de coupe-faim, dont elle gère les quantités avec une bonne dose d’approximation



Elfrida Wing ne fait qu’indirectement partie de l’équipe du film. Elle est l’épouse du réalisateur, un homme volage. Aujourd’hui quadragénaire, elle avait écrit des romans dont le succès lui avait apporté notoriété et confort matériel. Mais ça, c’était avant !… Depuis dix ans, elle est en panne sèche d’inspiration, sauf pour imaginer les titres de ses prochains livres, ce qui lui permet de faire patienter son éditeur. Elle se console en éclusant en secret une quantité phénoménale d’alcools en tous genres.



Talbot Kydd est le producteur du film. Cet homme de soixante ans à l’allure très britannique est un professionnel expérimenté, pragmatique et cynique. Il cherche en permanence à trouver des solutions concrètes aux aléas du tournage et à satisfaire aux exigences parfois loufoques des parties prenantes, tout en veillant à éviter les dérapages budgétaires. A titre personnel, ses rêves érotiques lui ont fait prendre conscience de son homosexualité, sans pour autant qu’il franchisse le pas de relations concrètes. Ça le travaille !



Le roman livre une critique caricaturale amusante du monde du cinéma et des coulisses d’un tournage. Les comportements des personnages secondaires n’ont rien à envier à ceux du trio. Sur le plateau et autour, les motivations secrètes et refoulées finissent par se révéler, impliquant des compromissions insolubles. Le salut réside, semble-t-il, dans l’imagination des scénaristes et dans leur aptitude à apporter des adaptations parfois acrobatiques au script d’origine.



En l’absence de véritable intrigue, on peut regretter dans Trio un manque de consistance globale de l’histoire et une fin décevante. Mais Boyd confirme son talent de conteur hors pair à l’imagination débridée. Son œil acéré et sa plume goguenarde font passer un très bon moment de lecture. A déguster page après page, sans en demander plus, remboursement non garanti !


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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L'amour est aveugle

Outre le nom de William Boyd que je lis depuis longtemps, c’est la couverture somptueuse qui m’a irrésistiblement attirée vers ce livre.

En ce 19ème siècle qui s’achève, Brodie Moncur, fils d’un pasteur qui impose à ses dix enfants une discipline de fer, a la chance d’être doté de l’oreille absolue ce qui lui permet de briller comme petit chanteur dans une chorale. Lorsque sa voix se transforme il se découvre un talent certain pour accorder les pianos et trouve un poste à la mesure de ses compétences au sein des Etablissements Channon.

Très rapidement son patron lui propose de prendre la direction du magasin parisien : « Vous connaissez les pianos comme votre poche et vous êtes un accordeur de classe internationale et vous parlez couramment le français ». Son audace commerciale et son talent artistique propulsent Channon au sommet.

Et l’amour dans tout ça ? Il aura les traits de Lika, jeune cantatrice russe d’une grande beauté. Ce qui aurait pu être une belle histoire va être vécue dans la clandestinité, Lika est en effet la compagne de John Kilbarron, célèbre pianiste dont les Etablissements Channon sont le sponsor.



Passion pour la musique et passion amoureuse se mêlent dans une histoire qui nous promène aux quatre coins de l’Europe avec des descriptions précises des villes, des hôtels, de l’art de vivre.

Les personnages sont disséqués avec minutie jusqu’au tréfond de leur cœur par un auteur qui semble en être réellement épris.

« L’amour est aveugle » est un magnifique et grand roman, de ceux, assez rares, dont on se souvient longtemps.



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L'attente de l'aube

Lysander Rief, jeune acteur en devenir à tout pour être heureux, enfin presque. En effet, un petit problème d’ordre mécanique l’empêche de s’affirmer sexuellement. Il se rend à Vienne au cabinet du Dr Bensimon, ce rendez-vous anodin va plonger notre jeune héros dans des aventures insoupçonnées, alors que l’Europe s’apprête à basculer dans le chaos de la première guerre mondiale.

Le dernier William Boyd est une nouvelle fois une réussite. En tout premier lieu parce que l’anglais est un conteur né, qu’il n’a pas son pareil pour nous balader vers des horizons et des rebondissements surprenants. C’est fort bien mené, constamment plaisant, Lysander est un type attachant, l’intrigue constamment cohérente. Même si « L’attente de l’aube » n’est pas son meilleur roman, Il n’en demeure pas moins une nouvelle fois un livre ou prime le plaisir, et c’est pas si anodin de nos jours.

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Le Romantique

C'est la biographie romancée de Castel Greville Ross . Nous le suivons de son pays natal , l'Irlande à l'angleterre où il s'enrôle dans l'armée. Tout au long du 19ème siècle , de péripéties en péripéties cet aventurier-écrivain nous entraîne de Waterloo aux Indes ,il arpente la France et l'Italie . On ne s'ennuie pas . Il se lie d'amitié avec Byron et Shelley avant de tomber amoureux de la mystérieuse Raffaella.

Un coup de cœur pour moi qui découvre avec plaisir cet auteur Je n'en resterai ,pas là car cest très bien écrit, très bien traduit par Isabelle Perrin .

Je me suis régalée. Je vous conseille ce livre pour passer un très bon moment .

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Les vies multiples d'Amory Clay

L'héroïne de ce roman porte un prénom d'homme, toutefois elle aurait pu figurer dans les portraits des Culottées de Pénélope Bagieu.

Le lecteur suivra l'histoire d'une vie, du berceau à la tombe.



William Boyd nous accueille dans son univers en nous livrant une vraie biographie d'un faux personnage.

Vous avez compris le truc ???

Parce que moi, j'étais persuadée qu'Amory Clay avait existé et qu'il s'agissait de sa biographie !! Au point d'aller la « googler » afin de mieux découvrir son oeuvre !



Première grosse surprise sur l'écriture de William Boyd :

Il aime jouer avec notre esprit de lecteur crédule !!

Pour sa défense et celle de la maison d'édition : il n'est marqué nulle part qu'il s'agit d'une biographie 



Boyd dit : « Quand vous estompez la ligne entre la fiction et les faits, paradoxalement, la fiction devient plus forte – ce qui, fondamentalement, est mon but : je veux montrer le pouvoir du roman, montrer que c'est la meilleure forme d'art pour comprendre la condition humaine »



Une fois le postulat accepté et la déception un peu retombée, nous pouvons finalement apprécier ce portrait de femme tout à fait passionnant.



William Boyd nous fait traverser le 20ème siècle à travers les choix et les clichés d'une photographe, mais finalement nous capturons des instantanés des périodes historiques à travers ses yeux.



Le fascisme en Angleterre dans les années 30 ; la haute société écossaise dans les années 50 et la guerre du Viêtnam ont pris vie grâce à chaque clic de l'obturateur d'Amory Clay imaginés par l'auteur





J'imagine William Boyd s'amuser à rédiger les légendes des photos débusquées dans des brocantes ! Un joli tour de passe-passe qui prouve que c'est qui compte dans l'écriture c'est le pouvoir de nous faire voyager.





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L'attente de l'aube

Ce roman est à déguster à petites gorgées, le plus lentement possible tellement on s’y sent bien ! Les chapitres sont courts ; c’est idéal pour faire de nombreuses pauses, s’imaginer dans la peau du personnage principal, se poser les mêmes questions que lui et patienter autant qu’on le peut en attendant sereinement que le mystère soit révélé à la toute fin (ne pas oublier le titre), après moult péripéties et rebondissements. Jusque là, le parcours aura été aussi agréable pour le lecteur que mouvementé pour le héros.

« C’était une belle journée d’août 1913 », le lecteur est invité, dès la première page, à se transporter à Vienne pour y observer un jeune anglais préoccupé presqu’autant par son chapeau qu’il vient d’oublier sur un banc que par l’issue du rendez-vous auquel il se rend.

En quelques lignes, nous sentons le chaud soleil et la brise légère qui « soulève ses fins cheveux châtains », notre regard est attiré comme le sien par une affichette déchirée et de ce fait difficilement lisible…sans doute un opéra ? C’est cinématographique et intriguant et cela le restera jusqu’à la fin.

On commence donc à Vienne, en musique, peinture mais aussi psychanalyse (on y croisera Freud), sculpture ou théâtre. Surgissent une fiancée, une guérison, une maîtresse, un enfant, puis vient 1914, la guerre, le danger, la ligne de front au-delà des barbelés, un traitre, un espion, une veuve bien séduisante, un oncle baroudeur et une mère adorée, qui mérite bien un gros mensonge. Tous les ingrédients d’une histoire passionnante sont réunis.

William Boyd nous emmène dans les pas de son héros et réussit à nous faire partager ses émotions, ses pulsions, ses amours, sa peur et ses soupçons jusqu’à ce que l’aube révèle enfin la vérité…quoi que !

Quel beau roman, solaire comme un été viennois mais aussi mystérieux comme un soir de « fog londonien » !

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Le Romantique

Il y a quelque chose de merveilleux à lire William Boyd. Oui, c’est ça, un pur émerveillement de lecture.

Le Romantique correspond à tout ce que j’aime dans le genre romanesque et, cerise sur le pudding, boucle une sorte de grand œuvre ( un peu comme La Recherche) initiée par Un anglais sous les Tropiques, il y a presque 40ans

J’ai donc dégusté chaque chapitre lentement, ce fût un pur délice.

À partir de quelques éléments biographiques moyennement intéressants, William Boyd va imaginer la vie picaresque d’un certain Cashel Greville Ross . Né en Écosse en décembre 1799, élevé en Irlande puis à Oxford, Cashel est décédé en 1882 dans de troublantes circonstances !

L’auteur nous rappelle judicieusement que n’importe lequel d’entre nous sera oublié totalement après…3 ou 4 générations. Diable, je n’avais jamais vu les choses comme ça…

Mais ce ne sera pas le cas de Cashel (Appelons-le par son prénom !) qui, grâce à cette vraie-fausse biographie, passera à la postérité.



Nous allons donc le suivre dans un extraordinaire périple, difficile à décrire sans spolier. Contentons nous des lieux : Oxford donc, Portsmouth, Waterloo, Madras, Ceylan, Pise, Florence, Ravenne, Arles, Londres, Boston, Londres, Zanzibar, la Tanzanie, Londres encore, Milan, Trieste, Venise !

Il ira de magnifiques réussites en cruelles désillusions, rebondira toujours, tâtera de la prison et du palais…

Il aimera beaucoup mais, au final, sera l’homme d’une seule femme.

Cashel est bien un romantique, privilégiant le cœur à la raison.



On retrouve dans ce fabuleux roman les thèmes chers à Boyd : l’héroïsme, la déchéance, la maladie, la confusion des sentiments et une sorte de best-of de tous les aléas de la contingence.

William Boyd, en spinoziste émérite, joue les destinées sur un coup de dés…qui jamais n’abolira le hasard !

C’est souvent très drôle, érudit et au final totalement jubilatoire. On apprend beaucoup de choses sur l’occident du XIXe siècle, dans le quotidien de nombreuses classes sociales, version british bien sûr. C’est à dire arrosé d’humour, de Brandy, et d’une désarmante trivialité.

Et pour ne rien gâter, la traduction est remarquable.



Ne ratez surtout pas le Romantique cet été, c’est très loin des filegoude qui sentent le sable chaud et la crème solaire, mais c’est un splendide roman d’aventures et d’amour. Un roman romantique en somme, au sens le plus radical du terme !
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Un Anglais sous les tropiques



Morgan, le héros de « Un anglais sous les tropiques » se doute des très probables infidélités de sa maitresse africaine : blennorragie, ce qui l’empêche d’assurer auprès de la fille qu’il aurait dû séduire pour avancer sa carrière. Il apprend que celle ci, ne pouvant que le prendre pour un impuissant, un garçon de bains vantard, un faux étalon fanfaron, se fiance avec son subordonné. Il subit le chantage d’un homme politique véreux, à contre courant des ordres que lui donne son chef, ordres impossibles à exécuter et contradictions diverses.



Alors, pour chasser ses idées noires, il prend un livre au hasard : « le pire est pour demain » !



Voici un bon début dans l’anthologie de ses désastres personnels, dont il nous confie les conséquences dans la première partie, et les causes dans la deuxième.

Il a donc tout raté, ce Morgan, il en profite pour relever le comique innocent de certains africains, l’un exhibant les prodigieuses lacunes de sa denture, les autres à l’aéroport, endimanchés, le mari porte une robe jaune et pourpre, la femme est en dentelle argent et les deux enfants en pyjama écarlate.





Hilarant, avec des trouvailles à chaque page, des remarques sur un pays imaginaire de l’Afrique de l’Ouest, William Boyd, né au Ghana, fait d’abord l’inventaire de la vie grouillante d’une petite ville, où se côtoient grand mères ratatinées aux seins flasques et chérubins aux ventres rebondis, avec poules, chiens et chèvres explorant les tas d’ordures. Sans compter les mendiants lépreux, aux moignons rongés, « d’agiles rabatteurs de parking escortant des vendeuses aux grosses fesses , des gamins proposant stylos billes, peignes, chiffons à poussière, oranges, porte-manteaux, lunettes de soleil et montres russes », et puis des vaches, et parfois des fous laissés libres ,maudissant les voitures des carrefours.



Cafards, moustiques et autres bestioles , chaleur tropicale :on y est, c’est l’Afrique.





Et puis, les expatriés ?



« Il y a les piliers de bar, les emmerdeurs, les feignants et les coureurs. Cocufiants et cocufiés se côtoyaient autour des tables de billard, les épouses désœuvrées jouaient au bridge ou au tennis, se doraient autour de la piscine, abandonnant leurs enfants aux nurses, les corvées ménagères aux domestiques et les maris à leurs bureaux où ils gagnaient à longueur de journée de confortables salaires. Elles papotaient et médisaient, rêvaient à des amours illégitimes, parfois s’y adonnaient. »

Et bien sûr les carriéristes, les profiteurs, les alcooliques. (d’expérience l’eau au delà d’un niveau de touffeur ne comble pas la soif, mais les gin tonic, si. Comprendre un gin tonic. )





Pour ceux qui ont vécu en Afrique : On a tous connu des expatriés racontant leur « carrière brillante » ( dans le livre, en Orient) ou ayant laissé en métropole haras et château, pour se retrouver dans ce qu’ils considèrent un trou de deuxième zone. On a tous entendu de simples méchancetés ( Morgan appelle la femme des son chef la Grande Garce ou la Grande Pouffiasse.) ragots et calomnies sur les autres expatriés, puisque, les places étant chères, il fallait écraser les autres comme des cafards.





On a tous ri aussi devant l’innocence et le mépris des apparences de certains africains, devant certaines scènes ubuesques, par exemple les enfants africains scandent tous à son passage « oyimbo, oyimbo, le blanc, »en l’escortant : Morgan se demande s’il leur arrive parfois de ne pas remarquer la chose. La buvette portant l’inscription : Sissy ‘s tout va bien bien buvothèque »





Les deux mondes ne se croisent pas, n´habitent pas les mêmes quartiers, ne se mélangent pas, sauf les employés logés près de la résidence du haut commissaire.



Derrière la truculence, William Boyd décrit la puissance des croyances animistes, et aussi l’importance du fric pour en sortir, la corruption des élites africaines, et aussi les intérêts de l’ex colonie ( pétrole, richesses diverses, monopole qui se négocie ).



Il s’agit du Haut-Commissariat anglais, dix après l’Indépendance du pays, et sans doute toujours appartenant au Commonwealth, car pour compliquer les choses, une visite officielle d’une cousine de la Reine d’Angleterre est annoncée pour Noel, au moment des élections.



Et comme le rire se couple souvent sur des réalités plus sombres, ces élections sont manipulées par le Foreign office, qui désigne le futur gouverneur local, le corrompt , et s’assure qu’il est bien prêt à vendre son pays pour ses intérêts privés.



Pari réussi, l’impérialisme ou neo colonialisme court toujours.

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Orages ordinaires

Un polar qui n’est que prétexte à décrire les conditions de vie des SDF d’un côté et des magouilles au sein des grosses sociétés, en l’espèce un laboratoire pharmaceutique.

Un prétexte, certes, mais quel prétexte ! Le contraste est saisissant.

Le rythme est enlevé, chaque court chapitre apporte sa pierre à l’édifice.

Un style épuré qui va droit au but et qui contribue à la fluidité et la rapidité de la lecture.

Je regrette néanmoins de ne pas avoir pas retrouvé, ou si peu, le cynisme qui m’avait agréablement fait grincer des dents dans Armadillo

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Le Romantique

« Je naquis en Ecosse, au petit matin du 14 décembre 1799. Plus tard ce même jour, l'ancien président des Etats-Unis d'Amérique, George Washington, mourait à son domicile de Mount Vernon en Virginie. Je veux croire qu'il n'existe aucun lien entre ces deux évènements. Nous sommes à la veille de mon anniversaire ; j'aurai demain quatre-vingt-deux ans.

Ainsi débute l'autobiographie inachevée, décousue et quelque peu déconcertant de Cashel Greville Ross (1799-1882), tombée en ma possession voici quelques années avec des documents connexes.

Qui fut ce Cashel Greville Ross ? Quelle fut la nature de sa vraie vie ? Comment reconstruire son ontologie singulière ? Nous disposons au moins de quelques éléments pour démarrer, mais jusqu'à quel point pouvons-nous nous y fier ?

Aussi, plutôt que de m'escrimer à rédiger une biographie de Cashel Greville Ross, j'ai considéré que l'histoire de sa vie, de sa vraie vie, serait bien mieux servie si on l'écrivait ouvertement, sciemment, honnêtement sous la forme d'un roman. »



Quelle course épuisante autour du monde, c'est un romantique qui ne s'arrête jamais, mais aussi quel bonheur de le suivre dans ces pérégrinations.



Cashel, enfant heureux, vit avec sa tante Elspeth Soutar, suite au décès de ses parents, à Stillwell Court, dans le comté de Cork, en Irlande. Malheureux, un jour il apprend qu'ils doivent déménager en Angleterre, à Oxford, il fait ses études au « collège académique pour jeunes gens du recteur Archibald Smythe ».



Il doit obéir à la lettre aux recommandations de sa tante, sinon ils auront des problèmes. Il n'est plus son neveu, mais son fils, il ne comprend plus rien. Il aura deux frères Hogan et Buckley.



Il se pose beaucoup de questions et un jour, en farfouillant dans les tiroirs fermés à clé, il apprend un secret qui change totalement sa vie. Sous l'effet du Gin, il s'engage dans le 99e régiment d'infanterie du Hampshire comme tambour. Il est logé dans une caserne à Portsmouth. Il participe à la bataille de Waterloo. Retour en Angleterre, suite à une blessure. On le retrouve avec la fonction de lieutenant dans l'armée de la présidence de Madras de la Compagnie anglaise des Indes orientales. A Ooty la verdoyante, la vallonnée, la Suisse de l'Inde australe.



Obligé de partir, il quitte Bombay par bateau, pour revenir à Waterloo et décide d'écrire son histoire, il voyage en France, en Belgique, en Suisse, Paris, Milan, son camp de base pour explorer les alentours, Pise, il se fait des amis, Shelley, lord Byron, les sujets de conversation tournent le plus souvent autour de la littérature.



On le retrouve à Ravenne, attirée par la contessa Rafaella Rezzo « Il voyait à présent que toute sa vie l'avait mené jusqu'à Ravenne. Une complexe alchimie d'embranchements, de diversions, de reculades, de décisions impromptues et de hasards l'avait amené à se trouver dans ce Teatro Municipale près de cette femme fascinante et extraordinaire. »



1832, Cashel se trouve maintenant, propriétaire de la ferme de Willow Creek, à New Banbury, dans le Comté de Middlesex, Massachusetts. Il sera tour à tour fermier, brasseur.



Retour en Angleterre, entre chaque pan de sa vie, il fait une pause, avant d'aborder une autre destination.



1856, de nouveau, son coeur l'entraine à Zanzibar, pour découvrir les sources du Nil. « Lorsqu'on l'approche depuis les hauts fonds des eaux azur, Zanzibar paraît enchanteresse, écrivit Cashel dans son calepin. Sur cette étendue de bleu resplendissant, de petits agrégats de pierre corallienne blanche se découpent en alternance avec le vert éclatant des palmiers, des tamariniers et des figuiers. »



1859, retour à Londres, il persévère dans l'écriture de son livre, il veut prouver au monde qu'il est le premier Européen à avoir vu le grand Nyanza Oukéréoué, que les sources du Nil Blanc se trouvaient bien sur la rive nord du lac Oukéréoué, mais il y a de la concurrence. D'autres veulent avoir le premier rôle.



1864, la vie en Angleterre, l'ennuie, il accepte le poste de consul de la république du Nicaragua à Trieste.



Cashel a toujours écouté son coeur, « Est-ce une grande force ou une terrible faiblesse ? » à vous de le découvrir.



Un magnifique récit qui nous entraine d'un continent à l'autre, sans jamais nous ennuyer. C'est diablement bien écrit. Une aventure dont on ne se lasse pas, tant c'est remuant.



Passionnant, Le Romantique de William Boyd. 431 pages sur ma liseuse que je n'ai pas vu passer.

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L'amour est aveugle

Fumer tue !...et pas seulement avec la nicotine, le goudron et les autres saletés qui collent aux poumons tuberculeux de notre héros, mais aussi par son attachement à une marque de tabac, qui telle une balise le géolocalise partout dans le monde...elle vous intrigue ma petite énigme ? Il va falloir que vous lisiez ce dernier roman de William Boyd pour comprendre.



On est au tournant du siècle, fin 19e début 20e, on entre très vite dans le récit des aventures et des amours compliquées de Brodie Moncur, jeune écossais, fils d'un pasteur assez terrifiant, qui tombe amoureux d'une cantatrice russe, au point de tout abandonner pour elle.



Ce qui intrigue, c'est la magie de son milieu professionnel lié à celui des musiciens, celui des accordeurs et facteurs d'instruments, un artisanat magnifique que l'auteur décrit avec passion et minutie. Il nous embarque à travers l'Europe de cette époque dans un grand roman sentimental et musical, sur les traces de ses personnages, un quatuor aux liens sulfureux.



On ne peut pas parler de fresque historique puisqu'on a juste un croquis d'ambiance pour chaque lieu parcouru, cette « dame aux camélias » au masculin nous promène plutôt dans divers univers romanesques assez reconnaissables, et pas forcément les plus pacifiques.



C'est fluide, bien construit , bien raconté avec un soupçon de décalage . Il est vrai que le héros est très myope et malgré la technologie très perfectionnée de ses lunettes pour l'époque, détail maintes fois rappelé dans l’histoire, il ne voit pas vraiment ce qui se joue autour de lui...



un bon roman pour l'été !

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La vie aux aguets

En 1939, les anglais avaient bien compris que seule l'entrée en guerre des Etats-Unis feraient gagner la guerre aux Alliés : c'est leur tentative de faire basculer les Etats Unis dans la guerre que nous raconte William Boyd dans la Vie aux aguets ; une histoire d'espionnage de haut vol qui rejoint l'histoire bien sûr, une histoire palpable puisque nous savons bien l'importance qu'avait l'entrée en guerre des Etats-Unis.

En 1976, Ruth Gilmartin découvre que sa très britannique et distinguée mère, est en réalité à moitié russe et travaillait en 1939 pour le compte de l'Angleterre. Un roman d'espionnage passionnant où William Boyd dessine deux vies de femmes prises dans la toile de l'Histoire. Magistral !

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Trio

On va suivre la trajectoire de trois personnes : Talbot Kydd un cinéaste connu, une romancière et enfin Anny Viklund actrice américaine en pleine gloire, chacun vivant un moment décisif de son existence.



Talbot Esaïe de tourner un film dont le titre, à lui seul, vaut son pesant d’or « L’épatante Echelle pour la Lune d’Emily Bracegirdle » ! il est marié, et a du mal à accepter son homosexualité. Il doit faire face à un associé magouilleur, aux demandes des uns et des autres, qui pour avoir un petit rôle, qui pour se faire de la pub et relancer sa carrière de chanteur en imposant sa dernière composition au générique, sans oublier les exigences de acteurs…



Elfrida Wing, a connu le succès il y a dix ans, mais depuis, c’est la panne sèche. Elle noie son chagrin dans l’alcool alors que son mari la trompe avec la nouvelle scénariste, plus jeune. Etant donné qu’on l’a surnommé la « nouvelle Virginia Woolfe » à l’époque du succès, à son grand dam, elle décide de tordre le cou à ce « surnom » et écrivant un roman sur le dernier jour de Virginia, c’est-à-dire ce qui l’a conduite à se suicider. Mais, voilà, elle réécrit sans cesse la première page alors que son éditeur n’est pas convaincu. Depuis la panne d’inspiration, elle se contente de noter des titres qui pourraient donner lieu à un futur roman.



Enfin, nous avons Anny Viklund, qui a choisi l’Equanil comme tranquillisant et elle en avale des quantités astronomiques. Elle a été mariée quelques mois à un individu plus ou moins anarchiste, poseur de bombes en cavale, et vit officiellement avec Jacques, Français militant, en plein mai 68. Elle file le parfait amour avec l’acteur principal Troy.



Talbot va se retrouver avec un film qui lui échappe et une actrice qui prend la tangente !



Le but de William Boyd est de comparer la trajectoire de ces trois personnages, et la manière dont ils peuvent ou non faire face à une vie qui leur échappe.



Ce récit est composé de trois parties : Duplicité, Capitulation, Évasion, pour évoquer l’évolution du fameux trio. Magie du chiffre 3 pour l’auteur ? ou enfoncer le clou ?



Si vous avez des illusions sur le milieu du cinéma et tenez à les garder, mieux vaut passer son chemin !



C’était ma première incursion dans l’univers de William Boyd et je dois reconnaître que j’ai eu un mal fou à arriver au bout de cette lecture, tant je me suis ennuyée, j’en ai même presque oublié de relever des extraits, tant l’écriture, (pas plus que l’histoire abracadabrantesque !), ne m’a pas convaincue. Je suis sortie de ce récit, presque en état d’ébriété, en tout cas, incollable sur les cocktails !



Peut-être le moment était il mal choisi pour lire ce roman ? Cela ne m’empêchera pas de lire « Un Anglais sous les tropiques » qui est dans ma PAL depuis fort longtemps, je n’ai pas envie de rester sur cet avis mitigé.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.



#Trio #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Comme neige au soleil

Afrique orientale, de 1914 à 1918. Un épisode de la 1ère guerre mondiale peu connu. Je ne dévoilerai pas l'intrigue, comme à mon habitude, mais j'aimerai que ma critique donne vraiment envie de lire ce livre. On suit quelques personnages, ballottés par la tourmente de l'Histoire. Quelques aventures individuelles qui se passent essentiellement en Afrique coloniale anglaise et allemande avec quelques brèves incursions dans le Kent en Angleterre. Boyd avec beaucoup d'humour mais également avec un sens aigu du tragique nous campe avec truculence et beaucoup d'émotions la vie de ses personnages. On est véritablement plongé dans l'atmosphère de cette époque qu'il restitue avec un grand réalisme aussi bien en Afrique qu'en Angleterre. Temple et von Bishop, fermiers voisins de part et d'autre du Kilimandjaro, les frères Gabriel et Félix Cobb, Charis, la jeune épouse. Tous vont subir de plein fouet cette guerre qui transformera à jamais leur vie.

J'avais déjà beaucoup aimé "Un anglais sous les tropiques". Avec "Comme neige au soleil", Boyd ajoute la dimension historique et la tragédie. C'est également une critique acerbe de l'absurdité de la guerre et une réflexion sur les aléas de la vie qu'on ne maîtrise pas, les destins perturbés. Un roman parfaitement équilibré dont on lit les 400 pages d'une traite.

Un chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.
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Armadillo

Ami lecteur, permets-moi de commencer cette chronique par un coup de gueule : la 4ème de couverture de l'édition de poche (Points 1998) de ce roman, c'est du n'importe quoi. Nous dire que le héros découvre, un beau matin d'hiver, l'homme avec qui il a rendez-vous pendu dans les ruines de son entreprise, rien à redire. Mais ajouter ensuite que c'est à ce moment-là que « tout va changer dans la vie de Lorimer » puisqu'il perd tout, boulot, argent, amis, sommeil, alors là, non non et re-non, ça ne va pas du tout. Le sommeil, Lorimer l'a perdu depuis belle lurette, les amis, il n'en avait pas vraiment, et je n'ai vu personne de son entourage se détourner de lui. Quant au boulot, source de ses revenus, il ne le perd qu'à la page 322 (sur 367!), alors que le pendu est intervenu (si on peut dire) à la 6ème ligne de la première page, et que quelques semaines passeront entre-temps. Bref, après ce résumé « approximatif » de l'éditeur, on s'attend à lire l'histoire d'un type tombé en disgrâce au premier chapitre, et la façon dont il remonte (ou pas) la pente. Mais en fait, non, on assiste à une lente descente aux enfers (enfin, tout est relatif) de ce héros malgré lui qu'est Lorimer Black et on essaie de repérer les indices annonciateurs du licenciement, évoqué dès la 4ème de couverture. Avouez que ça change un peu la perspective et que ça casse l'effet de surprise. Mais je m'emporte.

« Et l'histoire, dans tout ça ? », me direz-vous. Ah oui, j'oubliais.

Nous avons donc Lorimer Black, golden boy d'une compagnie d'assurances londonienne, expert en règlements de sinistres. Sa fonction consiste à revoir à la baisse les demandes d'indemnisations des assurés sinistrés. Il ne s'encombre guère de morale et d'éthique, et garnit tranquillement son compte en banque grâce aux bonus qu'il empoche à chaque règlement. Jusqu'à la grosse affaire de trop, dans laquelle il flaire l'arnaque d'envergure et se mêle de ce qui ne le regarde pas, risquant ainsi de mettre au jour des malversations qui le dépassent. Intimidations, menaces, agression, voilà notre petit soldat (armadillo = petit homme armé) bien démuni face au cynisme de sa profession. Une faille de plus dans sa propre confiance, dans son armure en carton doré qui, de loin, peut faire illusion, mais qui prend l'eau au moindre nuage noir à l'horizon. Troubles du sommeil, racines familiales embarrassantes, sentiment permanent d'insécurité matérielle et amoureuse sont les autres boulets que traîne Lorimer dans cet hiver londonien gris et glacial.

Avec bienveillance et une certaine tendresse, et surtout un humour au flegme si britannique, William Boyd tire le portrait de ce héros déboussolé en même temps que celui d'une ville en mutation immobilière et d'une époque en mal de repères, soumise à la tyrannie de l'apparence. Ecrit il y a presque 20 ans, ce roman n'a pas pris une ride.
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L'amour est aveugle

La scène appartient à la légende de l'émission littéraire Apostrophes et à celle d"un auteur anglais âgé alors d'une petite trentaine d'années : William Boyd. L'enthousiasme de Bernard Pivot et sa promesse de rembourser tous les lecteurs insatisfaits, si tant est qu'il puisse y en avoir, a propulsé les ventes de Comme neige au soleil au zénith et initié l'histoire d'amour entre son auteur et le public français. Depuis ce 22 mars 1985, William Boyd a rarement déçu et son dernier roman, L'amour est aveugle, est sans doute l'un de ses meilleurs, pour la dernière décennie. Le plus romantique sans l'ombre d'un doute avec l'histoire de cet accordeur surdoué écossais dont le destin allait s'écrire entre Paris, Saint-Pétersbourg, Nice, Trieste, Genève, Vienne et même les exotiques Iles Andaman. Une vie tumultueuse et aventureuse comme aime à les imaginer William Boyd, au tournant du XXe siècle, dans un monde reconstitué avec une précision horlogère. L'univers de la musique classique avec ses accords et désaccords sert de décor au roman. Mais c'est bien entendu la passion amoureuse qui domine le livre, et conditionne la destinée de son héros qui oscille entre grand bonheur épisodique avec sa maîtresse russe et longues périodes d'attente contaminées par la jalousie. L'amour est aveugle atteint une sorte de perfection dans le romanesque, nous transportant, nous amusant et enfin nous transperçant d'émotion dans de dernières pages déchirantes. Les libraires pourraient proposer de rembourser les lecteurs insatisfaits, le risque couru ne serait guère plus grand que 34 ans plus tôt.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Le héros de ce roman est ...........

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