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Anne-Marie Soulac (Traducteur)
EAN : 9782070766697
392 pages
Gallimard (04/09/2002)
3.04/5   13 notes
Résumé :

Dublin, 1916. La rébellion irlandaise gronde. Dans la famille Bellman, deux générations s'affrontent : les aînés, Christopher et sa soeur Katleen ; les jeunes patriotes intransigeants, catholiques et nationalistes, France et son fiancé Andrew. Et, entre eux, la belle Millie. Femme libre dans ses moeurs comme dans son langage, elle se donne à tous les hommes de la famille et tisse sa toile destructrice.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Andrew Chase-White est un Irlandais engagé dans l'armée britannique. Au printemps 1916, il profite d'une permission dans sa famille avant de retourner combattre en France. Peut-être en profitera-t-il pour faire enfin sa demande à la belle Frances Bellman, qu'il connaît depuis toujours et avec laquelle il est plus ou moins engagé. Mais il repousse sans cesse le moment tout en se préparant à le provoquer. « La peur le poussait à s'approcher le plus possible de l'objet de ses terreurs. » (p.13)

Pendant ce temps, Millicent, sa très belle tante, est courtisée par Christopher Bellman, le père de Frances. Cette femme libre et très sensuelle cèdera-t-elle à la demande insistante de ce veuf très épris ? Rien n'est moins sûr : Millie est de ces femmes dont la sensualité a besoin d'être nourrie et elle est prête à se donner à tous les hommes de la famille, incapable de résister à une passion.

Il y a Pat et Cathal, deux frères très unis. Mais Pat s'éloigne, exalté par la perspective d'une guerre prochaine entre l'Irlande et l'Angleterre. « C'est ainsi que pour Pat l'idée d'un soulèvement armé, brusquement imminent, était devenue le but même de l'existence. » (p. 109) La révolte irlandaise gronde depuis quelque temps et le combat semble inévitable. Pour Pat, c'est l'occasion de se réaliser, enfin, et de s'opposer à son cousin Andrew et à son uniforme anglais. « L'Irlande qu'il aimait n'était ni personnifiée, ni décrite, c'était la contrepartie purifiée, affinée de sa propre qualité d'Irlandais, le pôle magnétique indispensable au ressentiment d'une servitude qu'il voyait autour de lui et, plus que partout, en lui. Pour cela, il se battrait et son combat serait nécessairement sanglant. » (p. 109)

Entre Rameaux et Pâques, les drames personnels se nouent et la guerre se prépare. Certains n'y croient pas et refusent d'envisager un conflit : l'Irlande et l'Angleterre sont deux pays civilisés qui ont su dépasser leurs différends. « Il se peut qu'il y ait eu quelques évènements déplorables autrefois, mais tout cela est du passé, je suis certaine que l'Angleterre n'a jamais fait souffrir volontairement ; ce n'était rien d'autre qu'un phénomène économique. » (p. 47) Ce point de vue n'est hélas pas partagé par tous, surtout pas par la jeunesse.

La guerre civile irlandaise est un sujet qui m'intéresse depuis longtemps. Hélas, je me suis ennuyée avec ce roman pourtant parfaitement écrit. La mise en route est longue, trop longue. Certes, cela permet à l'auteure de définir très précisément ses personnages et de présenter les tréfonds de leurs âmes tourmentées. Mais voilà, à mon sens, il n'y a que ça dans ce roman, des personnages. Ils sont complexes, ils sont émouvants, ils sont puissants, mais ils font si peu ! Et le peu qu'ils font est tellement précipité ! Dès le titre, on s'attend à des affrontements. Ils seront de deux titres, familiaux et nationaux, les premiers prenant largement le pas sur les seconds. En témoigne le dernier chapitre qui raconte en quelques pages le déroulement et la conclusion des combats que l'on attendus pendant 370 pages. Mais peut-être était-ce la volonté de l'auteure de ne pas écrire un énième roman sur la guerre civile. Ou plutôt, il semble qu'elle a voulu incarner le conflit national dans un conflit intime, montrant ainsi l'Irlande comme une grande famille tiraillée et déchirée.

Iris Murdoch a une plume saisissante et un talent certain pour créer des personnages. Il faudra que je lise d'autres romans d'elles pour ne pas passer à côté de ce que je sens être une grande auteure !
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Le titre de la couverture m'a attiré de suite, je pensais que c'était un thriller. En lisant la 4 ème de couverture, j'avais totalement tord mais aimant lire plusieurs genres notamment ceux en lien avec l'Histoire, j'emprunte le livre à la bibliothèque. Curieuse de découvrir cette période de première guerre mondiale entre l'Angleterre et l'Irlande que je ne connais pas.

Très descriptif lors du premier quart (100 pages), j'ai failli abandonner la lecture mais le chapitre 5 m'a complètement fait rentrer dans l'histoire. le début concerne une longue description de l'arbre généalogique des personnages, des histoires de chacun-e et les liens entre eux-elles. Puis, l'histoire se construit pour captiver. Nous n'échappons pas à de nouveaux chapitres avec des longueurs de description mais intégrée à l'histoire, cela se lit plus facilement.
Mon personnage coup de coeur est Frances, j'aurais souhaité qu'il soit plus développé au cours de ces chapitres. La tante Millie par son excentricité et sa quête de liberté dynamise le roman par les liens qu'elle a avec quasiment tous les personnages, ses répliques m'ont amusé.

L'écrivaine a une belle plume et cela m'a motivé à continuer jusqu'au bout, ce que je ne regrette pas et j'ai beaucoup apprécié la fin. Je souhaiterais découvrir d'autres ouvrages de cette auteure.
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« Pâques sanglantes » est le nom donné à l'insurrection de Pâques 1916, menée par des Irlandais nationalistes, les Irish Volunteers, principalement dans la ville de Dublin, contre le gouvernement britannique. A travers l'histoire de personnages fictifs et réels, Iris Murdoch assoit donc son roman sur un chapitre marquant de l'histoire irlandaise.
Le récit débute avec le retour en Irlande d'Andrew Chase-White, après plusieurs années passées en Angleterre. La guerre fait rage en Europe et le jeune homme, anglo-irlandais, profite d'une permission pour revenir dans le pays natal de sa mère et retrouver Frances Bellman, sa future fiancée si le jeune homme ose enfin se déclarer. Autour des deux jeunes gens apparaissent de nombreux autres personnages : le père de Frances, Christopher ; sa tante Kathleen et son mari ; ses cousins Pat et Cathal ; et enfin Millie, femme libre et sensuelle, grande séductrice qui fait tourner la tête de tous les hommes. Autour des intrigues personnelles des différents personnages se dessinent les préparatifs d'une insurrection qui va opposer les nationalistes irlandais et l'armée britannique. L'heure des choix a sonné, tant intimes que patriotiques.

J'avais espéré avec « Pâques sanglantes » plonger dans un récit historique suffisamment romancé pour en faire une lecture agréable. Certes, j'ai découvert un chapitre de l'histoire irlandaise que je ne connaissais pas. J'ai également suivi l'Histoire à travers les yeux de personnages fouillés, aux vies pour le moins tourmentées… mais ce fut pour moins sans passion. J'ai trouvé le style lourd et ennuyeux, l'enchainement des événements beaucoup trop long. J'attendais quelque chose qui donne enfin de l'élan à l'histoire… Ce quelque chose n'est jamais arrivé. Dommage car j'étais partie très enthousiaste sur cette lecture.
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Le livre débute en avril 1916 à Dublin dans le jardin de la famille Bellman. Andrew Chase-White doit bientôt se marier avec Frances Bellman. Il est engagé dans le régiment de cavalerie du roi Edouard, il est en permission et doit rejoindre son escadron à la fin de la semaine dans la ville de Longford. La famille d'Andrew est anglo-irlandaise. Son père était anglais ce qui a permis à Andrew de grandir à Londres. “Il se sentait anglais, instinctivement ; comme du reste, instinctivement, il se disait normalement irlandais. Se dire irlandais était pour lui davantage un geste qu'une description. Il arborait des armoieries, une cocarde pittoresque. L'Irlande demeurait un mystère pour lui, un problème non résolu et, en outre, de manière obscure, un problème déplaisant.” Sa mère, Hilda, est effectivement irlandaise et Andrew passait du temps durant son enfance chez ses cousins. Sa défiance par rapport à l'Irlande vient de ses souvenirs, Andrew passait ses vacances à tenter de se mesurer à son cousin Pat Dumay. Ce dernier ne cessait d'avoir le dessus et il exaspère autant qu'il fascine Andrew. La semaine que passe Andrew à Dublin bouleverse totalement sa vie et celle de l'Irlande.

Pâques sanglantes” est le nom donné à l'insurrection de Pâques 1916 qui a eu lieu à Dublin. Les deux principales milices patriotes irlandaises : l'Irish Citizen Army et l'Irish Volunteers Force, se rallient pour occuper la Poste Centrale de Dublin et d'autres bâtiments stratégiques. Patrick Pearse, un des chefs nationalistes, proclame alors la République irlandaise. Mais cette rébellion reste localisée à Dublin et même dans la ville les nationalistes ne sont que peu soutenus. Ils sont vus comme des traîtres car de nombreux Irlandais combattent en France aux côtés des Anglais. Et les classes supérieures considèrent que l'Irlande est incapable de survivre sans l'Angleterre. La mère d'Andrew l'exprime ainsi : “Je ne comprends rien de ces histoires de domination. Personne ne juge les Irlandais inférieurs. On les aime, on les accueille partout dans le monde ! Je ne peux pas supporter ce patriotisme irlandais parvenu, c'est tellement artificiel ! le patriotisme anglais est quelque chose de tout à fait différent. Nous avons Shakespeare, la Grand Charte, l'Armada et ainsi de suite. Mais en fait l'Irlande n'a pas de véritable histoire.” Cette insurrection, qui sous-tend tout le roman d'Iris Murdoch, dura six jours et fut sévèrement réprimée par les britanniques. Cette journée fut néanmoins un premier pas vers la naissance de la République irlandaise et donc vers la guerre civile.

Iris Murdoch traduit l'antagonisme présent dans la population irlandaise à l'aide des deux cousins : Andrew Chase-White et Pat Dumay. le premier s'est engagé avec l'armée britannique et se sent plutôt étranger en Irlande. Son appartenance à l'armée ne vient pas d'un sens patriotique élevé. Il s'agit surtout de rivaliser et de surpasser Pat. Ce dernier ne s'est pas engagé et cela est mal vu dans la famille. Andrew espère ainsi impressionner celle qu'il doit épouser, Frances. Pat refuse bien entendu de combattre aux côtés des Anglais. C'est un Irlandais patriote, il est prêt à donner son sang pour l'indépendance. Pat se prépare à l'insurrection de Pâques 1916. La rivalité entre les deux cousins est au coeur même du roman d'Iris Murdoch et elle se solde dans la violence.

Le personnage de Millie, la tante d'Andrew et Pat, est un révélateur pour l'ensemble de la famille. Elle relie tous les personnages les uns aux autres et déclenche de nombreuses réactions. Elle cache les armes de Pat par amour pour lui et l'aide durant l'insurrection. Millie dépucèle Andrew, terrifié par les femmes. Elle est aussi à l'origine de l'abandon de la prêtrise de l'oncle Barney. Millie envoûte totalement tous les hommes de la famille et souvent les fait courir à leur perte. C'est un personnage fascinant, déclencheur des destins des autres qui tentent de se détacher d'elle pour acquérir une forme de liberté.

Pâques sanglantes” est un roman d'une grande densité de par son histoire et de par l'extrême précision avec laquelle sont traités les différents personnages. C'est avec une grande finesse psychologique qu'Iris Murdoch décrit tous les protagonistes. Les âmes sont mises à nu, les affres des choix de vie de chacun nous sont connus. L'écriture d'Iris Murdoch est très soignée aussi bien pour décrire les personnages que leur environnement. L'eau, la pluie, la mer imprègnent les descriptions des paysages. “La pluie irlandaise semblait toujours d'une substance différente de la pluie anglaise ; ses gouttes étaient plus petites, plus nombreuses. Pour l'instant elle paraissait plutôt se matérialiser en l'air que tomber du ciel et transformée en vif-argent, elle moirait la surface des arbres avant de glisser en chute plus lourde des palmiers lamentables et du marronnier.”

La lecture de “Pâques sanglantes” a été passionnante. Je ne connaissais pas cet épisode de l'histoire irlandaise qui a été tout à fait décisif dans la prise de conscience des Irlandais vers l'indépendance. La force d'Iris Murdoch est la complexité de l'intrigue et des personnages. “Pâques sanglantes” demande de la concentration, c'est un roman qui ne se donne pas facilement mais qui vaut la peine de s'accrocher.
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J'étais réellement très impatiente de lire ce roman, et il fut une vraie bonne surprise! Voici pourquoi:

-L'aspect historique: on ne peut évidemment pas passer à côté de cet aspect important du roman. Même si il s'agit d'une oeuvre de fiction, j'ai trouvé que Iris Murdoch parvenait très bien à rendre, grâce à son style et son histoire, cet événement dramatique de l'histoire irlandaise. J'ai appris beaucoup de choses, et c'est quelque chose que j'ai particulièrement apprécié. La question de l'indépendance est largement abordée, à travers des débats entre les différents personnages notamment. Je comprends que cet aspect peut paraître trop scolaire ou déplaisant à certains lecteurs, mais si l'histoire vous intéresse, Pâques Sanglantes saura vous séduire!

-L'histoire en elle-même: L'histoire est passionnante, en mixant deux intrigues. On oscille entre moments dramatiques, qui nous mettent presque la larme à l'oeil, et moments un peu plus cocasses (je pense notamment à une scène où les différents amants de Millie se croisent dans la maison de celle-ci). Il n'y a pas de temps morts, on ne s'ennuie pas!

-Les personnages: Pâques Sanglantes est riche en personnages variés et très différents les uns des autres. le lecteur a le choix entre le patriote presque possédé (Pat), la femme fatale, le jeune un peu perdu, le croyant qui ne sait plus où il en est... C'est un vrai tableau humain, et vous trouverez sûrement un personnage à votre goût. Personnellement, j'ai beaucoup aimé Frances et Barney, deux personnages très touchants et sympathiques. Christopher est aussi très drôle!

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Vous ne devriez pas avoir ce fusil. C’est mal. C’est une chose mauvaise. Vous, les hommes plus âgés, vous devriez donner le bon exemple. Que pouvez-vous attendre des jeunes ? Vous devriez vous débarrasser de ce fusil. La violence ne peut pas être une règle de vie. La violence rend fou le monde entier. » (p.189)
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« L’Irlande qu’il aimait n’était ni personnifiée, ni décrite, c’était la contrepartie purifiée, affinée de sa propre qualité d’Irlandais, le pôle magnétique indispensable au ressentiment d’une servitude qu’il voyait autour de lui et, plus que partout, en lui. Pour cela, il se battrait et son combat serait nécessairement sanglant. » (p. 109)
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« Il se peut qu’il y ait eu quelques évènements déplorables autrefois, mais tout cela est du passé, je suis certaine que l’Angleterre n’a jamais fait souffrir volontairement ; ce n’était rien d’autre qu’un phénomène économique. » (p. 47)
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« il ne doutait nullement que le système capitaliste fût irrationnel, tyrannique et mauvais. » (p.108)
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« C’est ainsi que pour Pat l’idée d’un soulèvement armé, brusquement imminent, était devenue le but même de l’existence. » (p. 109)
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Vidéo de Iris Murdoch
Iris Murdoch est une inconnue. Ou plutôt, on la connaît en tant que romancière, mais pas en tant que philosophe. On ne trouve aucune entrée à son nom dans les dictionnaires et les encyclopédies de philosophie en français. Et pourtant, son nom figure au programme de philosophie depuis la rentrée 2020. Alors qui est-elle ? Que pense-t-elle ? Peut-elle nous intéresser du point de la philosophie de la religion ? Petit spoiler : la réponse est « oui ».
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