Dans le New York de 1987, Corrine et Russell Calloway forment un couple idéal. Ils sont jeunes -
trente ans et des poussières-, ils sont beaux et ils s'aiment. Elle est courtière, il travaille pour un éditeur. La vie leur sourit et ils se sentent pousser des ailes. Enivré par l'ambiance festive et l'argent qui semble couler à flots, Russell décide de lancer une OPA hostile pour racheter Corbin, Dern afin d'éditer les livres qui lui plaisent sans le veto de son mentor trop timoré.
Plus pragmatique, Corrine se méfie des emballements de son mari, et de la Bourse. Son travail ne la satisfait plus et elle aspire parfois à passer une soirée tranquille avec Russell, loin de leurs amis, des bars branchés, des restaurants à la mode. Pour garder les pieds sur terre, elle est bénévole dans une soupe populaire. Et tandis que son mari fréquente les banquiers et dilapide une fortune pas encore acquise, la jeune femme rêve de fonder une famille.
- ‘'La chance que vous avez, mes enfants. le monde vous appartient, hein ?''
- ‘'Un tout petit bout, peut-être'', dit Russell, sans vraiment lui donner tort.
Oui Russell et Corrine ont le monde à leurs pieds. Ils profitent de l'effervescence des années 80, les ‘'années fric''. Dans leur groupe d'amis, ils font figure de modèle qui étonne, la fidélité étant une vertu rare dans une ville où l'on prône toutes les libertés. Certains collectionnent les coups d'un soir, d'autres se noient dans la drogue. Les nouveaux riches côtoient les vieilles fortunes. Manhattan est gonflée à bloc. Cette fièvre va finir par retomber et pour le couple idéal, ce sera aussi la fin des festivités.
Trente ans et des poussières est un roman générationnel, celle des jeunes cadres dynamiques, des golden boys, du capitalisme triomphant. Les Calloway avec leurs heurs et malheurs, leur crise de la trentaine, leur frivolité, deviennent attachants au fil des pages et on se laisse bercer par le ton doux-amer et désenchanté de
Jay McInerney. Un retour réussi dans les années eighties.