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Henri Robillot (Traducteur)
EAN : 9782070747535
352 pages
Gallimard (23/01/1997)
4.06/5   8 notes
Résumé :
«Nous sortîmes dans le soleil étincelant et marchâmes dans l'air desséché jusqu'à Long Wharf où le showboat, immense, était amarré contre le quai. Contrairement à ses équivalents du Mississippi, L'Opéra Flottant d'Adam, Original et Sans Rival n'était pas une extravagance architecturale surchargée d'or et de pâtisseries.- Qu'est-ce que c'est que ça, Toddy ? demanda Jeannine avec agitation.- C'est un showboat, répondis-je. Tu peux dire ce mot-là, showboat ?- Showboat.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'opéra flottant est le premier roman de John Barth. le livre a pour cadre cette région de la côte Est du Maryland, autour de la baie de la Chesapeake, où l'auteur ses années d'enfance et d'adolescence. Dans ce pays de baies et d'estuaires, de golfes et de marais, on trouve de petites villes endormies — telles Cambridge, la ville natale du romancier et le cadre de son premier roman — peuplées de pêcheurs de crabes, de chasseurs de canards sauvages, de dragueurs d'huîtres et des petites gens généralement assez conservateurs.

L'opéra flottant est un récit raconté à la première personne par Todd Andrews, un avocat de Cambridge, un grand bel homme célibataire de cinquante-quatre ans, considéré par ses voisins comme quelque peu excentrique. le narrateur essaie de reconstituer une journée de sa propre vie, celle du 23 juin 1937. Cette journée a été d'une importance capitale pour lui puisque, pendant ces vingt-quatre heures, il a voulu se suicider et qu'il a, finalement, changé d'avis.

"Etre ou ne pas être ?" Todd s'est posé la fameuse question d'Hamlet. Son père, avant lui, a réfléchi sur le suicide et y avait répondu affirmativement : Todd l'avait trouvé un jour pendu, fort proprement, dans sa cave, à la suite d'un désastre financier provoqué par la Grande Dépression. L'éducation de Todd n'a pas contribué à lui donner l'amour de la vie. Orphelin de mère de très bonne heure, Todd a été sevré d'affection maternelle. Il a, pour ainsi dire, jamais pu communiquer avec son père.

Il s'est engagé à dix ans et a connu, dans l'Argonne, la peur de la mort. Blessé d'un coup de baïonnette, il a tué un soldat allemand et n'a jamais pu oublier cet atroce épisode. En revenant de France où il a combattu, il a poursuivi ses études à l'université. Il a beaucoup lu mais aussi beaucoup bu. Et il a mené une vie parfaitement déréglée. Il a, par la suite, adopté une série de "masques" qui lui ont permis de faire illusion en même temps qu'il se leurrait lui-même. Adoptant une morale de l'indifférence, il offre, en cette période de sa vie, le "masque" d'un aimable cynique. D'autre part, sa santé n'a jamais été bonne : il a le coeur fragile, souffre chroniquement de la prostate et est de moins en moins capable d'avoir une vie sexuelle satisfaisante. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il soit devenu désespéré, de ce désespoir qui "pourrait mener les hommes aux temples, aux églises, aux messies, vers n'importe quelle béquille qui se trouve à proximité".

La conclusion logique de sa réflexion sera, non pas la foi, mais le suicide, parce que rien, aucun absolu, ne le retient sur cette terre. Cependant, après avoir ouvert le gaz et avoir été sauvé accidentellement, après avoir été troublé par l'expression d'inquiétude de la mère d'une fillette malade, il a refusé de mourir. Il reste persuadé qu'il n'a aucune raison de vivre mais décide qu'il n'en a pas non plus de mourir. Il n'y a pas de valeurs absolues mais il y en a peut-être de relatives. Et Todd ne veut pas mourir avant d'avoir essayé de comprendre un peu, de démêler l'écheveau de sa vie.

Les personnages secondaires du roman ne sont pas dépourvus d'intérêt. Harrison et John Mack — le meilleur ami et la maîtresse de Todd — forment un couple bien curieux. Ce sont des instables qui ne sont pas sûrs d'eux-mêmes et qui cherchent à se rassurer de bien étrange façon : en faisant ménage à trois avec Todd. Un beau jour cependant, ils décident de partir pour l'Italie, sans Todd, leur santé morale et leur équilibre fondamental enfin retrouvés.

Fort bien campés également les deux vieillards qui habitent le même hôtel que Todd. le premier, M. Haecker, est un ancien directeur d'école qui cite Cicéron ("Si un dieu m'accordait de revenir en enfance, de pleurer de nouveau dans un berceau, je refuserais fermement"). L'autre, le capitaine Osborn, est un ancien pêcheur et dragueur d'huîtres qui souffre d'une sinusite aiguë et, de plus, est devenu arthritique et frappe tous les matins sur sa jambe droite pour la réveiller et la mettre en route. Haecker et Osborn représentent deux attitudes différentes face au problème central du livre. Tandis que le premier conclura sa vie par un suicide, le second attendra la mort en lançant des jurons, en soignant sa sinusite à l'aide d'un excellent whisky et son moral en écoutant, pendant ses périodes d'insomnie, le couple d'amoureux qui occupe la chambre d'à côté.

En conclusion, le premier roman de John Barth est une histoire habilement contée, un roman extrêmement bien écrit, vivant, qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne.
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Proud Mary keep on turning


Ce bouquin est une curiosité. Je ne connaissais pas le moindre du monde John Barth. Y-a-t-il quelqu'un ici qui ait lu Barth? Pas Roland Barthes que je n'ai pas lu non plus d'ailleurs. Qu'est-ce qu'il y en a des trucs que j'ai pas lus! Cet auteur est si j'ai bien compris, parfois comparé à Pynchon, lui-même quelque peu hermétique, paraît-il. de toute façon je ne l'ai pas lu, Pynchon. C'est donc n'ayant pas lu grand-chose que je vais vous donner, si, si, donner, mon sentiment sur "L'Opéra Flottant", pris presque par hasard à la Bibliothèque alors que je cherchais Rick Bass (lui, je l'ai lu par contre, mais pas encore assez). Je divague parfois en considérations alphabétiques.

L'Opéra Flottant, c'est un bateau à roue, comme sur le Mississippi, mais dans le Maryland. Mais il m'enchante moins que le Proud Mary de Creedence Clearwater Revival, le plus fringant bateau du rock. Décidément on a du mal à en venir au fait avec ce livre. A Cambridge, Maryland, Todd Andrews est avocat et le Capitaine Adam commande le showboat, pour l'heure amarré sur Long Wharf. Todd Andrews se suiciderait bien, à tout hasard. C'est vrai que son père s'est pendu, que son meilleur ami est le mari de sa maîtresse. Tiens, quelque chose de normal. Il y a aussi un vieux riche qui a conservé ses restes organiques réguliers en bocaux et dont l'héritage est sujet à caution. D'où quelques lignes, trop de lignes, dignes d'une maîtrise de droit international, peu digestes.

John Barth, féru de navigation, aurait fini par me donner le mal de mer avec cette métafiction dont les exégètes que j'ai vaguement croisés sur l'océan de la toile évoquent le cousinage de Nabokov ou de Borges. Mais heureusement on se marre pas mal à bord de ce voyage décousu. Et Barth est sauvé in extremis de ma vindicte car ça vaut finalement le déplacement malgré la canicule et le mauvais goût carabiné de la revue nègre à bord de L'Opéra Flottant. Et je terminerai sur une ultime citation de Françoise Sammarcelli, auteur de "John Barth, les bonheurs d'un acrobate" (Belin:coll. Voix Américaines):"La parodie, l'esthétique du faire-semblant et du masque jouent contre les totalisations". Quand je vous ai dit qu'on riait!
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L'histoire d'un revirement.

Todd Andrews est associé dans un cabinet d'avocat. Son existence a été marquée par trois épisodes délicats qui ont infléchi son idiosyncrasie et lui ont fait prendre ce qu'il appelle des masques aux divers stades de son développement intellectuel. Jeune on lui découvre une endocardite, c'est le début de sa période de débauche, memento mori et donc carpe diem, en somme. Puis il est atteint de douleurs intolérables et fort précoces de la prostate, ainsi s'ouvre, bien obligée, l'ère de la sainteté. Enfin il découvre son père qui s'est pendu suite à des manoeuvres financières imprudentes, le voilà qui prêche le cynisme le plus radical. Ces postures ne sont que des tentatives demi conscientes et futiles pour maîtriser la réalité avec laquelle il est contraint de vivre. Et donc s'annonce cette journée du 21 ou 22 juin 1937, le narrateur n'en est plus très sûr, où ce dernier en vient à conclure que le meilleur et finalement plus efficace moyen de garder le contrôle sur sa vie reste encore le suicide...

Le narrateur est un personnage assez singulier qui consigne tout par écrit et qui se laisse volontiers aller aux digressions. Ainsi la narration ne suis résolument pas un canevas chronologique et le récit laisse un furieux sentiment de décousu, de nébuleux. Avec John Barth on navigue dans le postmodernisme et le métafictionnel, ce n'est pas inintéressant ni dénué de qualités mais ça laisse une impression trop prégnante de parcellarité qui peut nuire à la pleine compréhension du texte dans son développement erratique.

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