Histoire banale, intrigue prévisible mais belle plume ciselée. Un court récit sur la précarité de l'amour et la solitude affective qui conduit au retranchement dans l'écriture. Si "la forme, c'est le fond qui remonte à la surface," alors c'est une nouvelle à ranger parmi les classiques du narratif de l'amour plutôt qu'au rayon des Harlequin.
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On pourrait qualifier ce livre , de livre de gare , si on était méchant;...on se prend à l'histoire, le temps passe et en 2 heures, c'est fini....mais c'est quand meme bien plus que cela...l'écriture est belle et le rythme agréable . et puis, jai vibré dans cette aventure qui sent tellement le vrai ....finalement , oui il y a de la douleur mais tellement d'amour.....cela mérite bien 2 heures;...
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Quelques phrases magiques... Une petite nouvelle très vite lue.. Quelques belles émotions. Mais rien de bien nouveau ou de transcendant.
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"Ce doit être difficile d'écrire."
(...)
"Détrompez-vous. Ca n'est pas difficile du tout. Il suffit d'avoir des souvenirs. Vous savez, poursuit-elle, il y a des chances qu'un de ces quatre vous dénichiez dans un de mes romans une scène de café comme celle qui nous réunit. Les écrivains ont pour seul talent de retenir davantage que les autres, et de savoir réutiliser, recycler."
Paris, villa d'Alésia, le 4 septembre
Parfois, elle a pour lui ce regard famélique des femmes qui deviennent tributaires des hommes, qui perdent pied face à eux, qui abdiquent leur superbe dans l'espoir qu'ils ne s'enfuient pas et qui risquent d'être quittées à force de ne plus ressembler à celles qu'elles étaient à l'heure de la conquête.
Parfois, ce regard implorant des femmes qui redoutent qu'on s'intéresse moins à elles, qui usent d'artifices pour conserver la main et ne font que s'empêtrer dans leurs maladresses.
Ce regard affolé des femmes qui, égarant leur assurance, en deviennent arrogantes; renonçant à leur simplicité et à leur clarté, paraissant tarabiscotées et obscures; oubliant la puissance de leur vérité, se diluent dans des mensonges ou des contrefaçons.
Ce regard embué des femmes qui témoignent leur émotion dans la grandiloquence et les sanglots; leur tendresse dans des gestes brutaux et désordonnés; leur désir dans une insistance de mauvais aloi; leur besoin d'amour dans une plainte muette.
Le regard vide et avide des femmes au bord de se défaire.
Paris, rue du Faubourg-Poissonnière...
Ne pas dire toute la vérité, ce n'est pas trahir. Il estime ne pas avoir entamé leur contrat de confiance. D'ailleurs, ils n'ont jamais signé un tel contrat.
S'il était parfaitement honnête, il reconnaîtrait que c'est la première fois qu'il n'est pas tout à fait transparent avec Cécile. Mais comment pourrait-elle, de toute façon, lui reprocher d'avoir envoyé une lettre à Jeanne Dorval, l'écrivain? Il n'y a là rien de répréhensible, qu'il sache.
Elle, elle ne sent rien, ne soupçonne rien. Elle est une toute jeune femme encore, n'a pas appris les manquements, les écarts des hommes, leur lâcheté. Elle n'aperçoit que le visage lisse de Vincent, sans aspérité, où la lumière du dehors rebondit. Elle croit à la pureté, aux apparences.
Elle se blottit contre lui, réclame un baiser qu'elle obtient aussitôt, pose sa joue contre son torse. Il la serre fort, les yeux perdus dans le vide. Si elle entrevoyait son regard en cet instant, elle n'aurait pas peur. Elle aurait tort.
Une fois qu'ils ont terminé leurs cafés, elle insiste pour régler la note. Cette fois, elle était la puissance invitante. Il s'y résigne sans lutter. Ils se lèvent, sortent sur le trottoir. Là, elle le regarde, d'abord sans rien dire. Et puis, elle pose une parole sur ce silence. Une parole définitive.
"Vous saisissez que nous allons vivre ensemble, que c'est incontournable désormais, que c'est cela qui va se produire?
- Oui, bien sûr."
Elle l'embrasse calmement. Elle abandonne un peu de rouge sur ses lèvres à lui, qu'elle efface avec le pouce de sa main droite. Elle monte dans un taxi. Il traverse la rue pour aller récupérer son vélo.
Paris, rue du Faubourg-Poissonnière, le même jour
Il se réveille. Pourtant, il ne sait pas se réveiller, n'a jamais su. Il y a des hommes qui sont en pleine forme dès le matin, qui bondissent hors de leur lit, qui sont débordants d'une insupportable énergie. Lui, non. Il doit accomplir un exploit surhumain pour seulement s'extraire des draps, de la bonne chaleur. Cela lui prend parfois plus d'une heure.
Philippe Besson à Bordeaux Chez Mollat pour « Un soir d'été » (31 janvier 2024)