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Freddy Michalski (Traducteur)
EAN : 9782743613631
622 pages
Payot et Rivages (04/02/2005)
3.78/5   46 notes
Résumé :

Récit autobiographique d’Edward Bunker, qui ne se limite pas au parcours d’un individu depuis sa chute jusqu’à sa rédemption. Il dépeint la pègre californienne des années 50 et 60, sa vie en maison de correction puis en prison, sa rencontre avec Louise Wallis (femme du producteur Hal Wallis) qui le prend sous sa protection. L’écriture est pour lui le meilleur moyen d’intégration, une des ver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'éducation d'un malfrat... Ou la bio qui traînait dans la pile et qui s'est retrouvé au-dessus.. hop..

Alors alors... Bunker on le connaît tous (même si on a pas lu ses livres), au moins de vue, il a joué dans pas mal de films, même si des petits rôles, Mister Blue dans Réservoir Dogs par exemple..
Bon moi j'ai lu deux de ses bouquins en plus... Aucune bête aussi féroce et La bête contre les murs. Pour le troisième La bête au ventre j'ai jeté l'éponge comme les boxers, les deux autres m'avaient trop mise K.O...

C'est d'ailleurs sans doute le pourquoi j'avais acheté cette bio... et puis j'aime bien les bio d'écrivains aussi.
D'abord je dois dire que narrativement c'est un peu le bordel, il y a des manques, des trous... des gros.
Est-ce l'éditeur qui l'a fait sabrer dans le vif ? le côté n'en jette plus. Ou est-ce que ça vient de lui ? Aucune idée.
Ensuite Il y a beaucoup de redite...

Après il est vrai que c'est beaucoup moins incisif que l'écriture qu'il a dans ses romans. Et quelque part c'est normal.
Dans ses romans Bunker nous balance sa tripe au visage, morceaux de sa vie (et les pires), violence, uppercut gauche dans le foie, crochet à la mâchoire. Les bouquins qui te laissent la tête dans le seau, et une folle envie de vomir face à tant d'inhumanité.
Là, objectivement non, même si oui, de l'inhumanité y en a aussi, et toutes les horreurs qui vont avec. Non, c'est vachement moins tête dans le seau.. Peut-être parce qu'il raconte, se raconte et que s'il se raconte c'est qu'il est là, vivant, s'en est sorti...

Là Bunker raconte, se raconte avec objectivité et sans pathos. Et pourtant il ne s'appesanti pas, sorte presque de voile pudique sur les pires moments...
Et presque avec humour, l'humour rempart, comme si on racontait une bonne blague, distanciation face à sa propre histoire...
Dans le roman l'auteur peut déverser (consciemment ou non) des pans de son histoire et nous les envoyer dans la face à nous lecteur. Et Bunker ne s'en prive pas, jamais, Dieu que ses romans sont durs.
Dans l'autobiographie il y a le côté conscient de ce que l'on écrit, ce que l'on raconte, de soi. Il n'y a plus cette frontière, barrière que donne le roman...
Donc cela ne m'a pas étonné, du tout. Certains dirons que c'est moins bon, moins fort, moins quelque chose. C'est possible.
Mais nous sommes dans un autre registre.

Alors ce qu'il faut dire c'est que Bunker c'est un autre temps, lointain.. Bunker c'est les années 40, les années 50... jusqu'au années 70...
La Californie, L.A et Hollywood, et l'univers carcéral de ces années-là...
C'est plus un livre d'histoire, presque de socio qu'une véritable autobiographie..
Ou une autobiographie en dents de scie.

Bunker c'est plus dedans, en taule que dehors... et dehors c'est aussi bien les putes les macs et les voleurs que le milieux du cinéma... il va croiser beaucoup de monde, va entendre de sacrés musiciens...
Bunker c'est le derrière de l'âge d'or... Ce qui pour nous, n'est plus qu'une image désuète, un cliché glacé, un roman noir... Lui il l'a vécu.
Bunker c'est les livres.. Ce mec a lu plus de trucs qui comptent, d'auteurs que moi... et puis le jazz...
Ouais Bunker c'est le mec cultivé... sacrement même.

Bunker c'est la réalisation de la monté des émeutes raciales ( putain on y est encore...) du fossé grandissant entre les « races », jusque dans les pires pénitenciers... les changements de visions, d'habitudes même chez les bandits...
Bunker nous raconte la bêtise, et toutes, les siennes et celles des autres...
Bunker nous raconte la violence, et toutes... subie donnée... témoin de la bêtise des hommes...
Bunker nous raconte la peine de mort et ses couloirs vu de l'intérieur.. cette menace qui pèse, une constante... celle de l'establishment ou celle qu'on risque de recevoir au détour d'un couloir...
Bunker nous raconte la peur... La rage et la fureur... et tout ce qui va avec.

Bunker nous raconte la rédemption aussi... même si franchement c'est pas passé loin...
Une sacrée vie, histoire...
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Voilà un auteur recommandé par Olivier Marchal comme une référence du polar. Je n'ai pas été déçu. Après Aucune Bête aussi Féroce, je me suis lancé sur l'Education d'un Malfrat, autobiographie de Bunker publié dans l'excellente collection Rivages Noir dirigée par François Guérif.

Personnage haut en couleur, casse-coup, impétueux, à la fois barré, malin et cérébral, Bunker raconte son parcours à Los Angeles. Il y a d'abord l'enfance brisée très tôt par le divorce de ses parents, lui machiniste, elle danseuse ; avec le pensionnat où il commence sa carrière de fauteur de troubles, puis l'école militaire où la fugue devient une solide habitude, le foyer Mayfair. En lutte contre toute forme d'autorité, son seul engagement est la recherche de la liberté, le vagabondage pour mieux découvrir la vie à travers les rues de la ville et les films au cinéma. Les grandes trajectoires de la vie se dessinent par de petites choses qui s'accumulent. Pour lui, les petits larcins familiaux le conduisent à la prison juvénile où il bascule dans la sauvagerie. le cycle s'enclenche alimenté par un caractère irréductible et frondeur et le mène au pénitencier de Saint Quentin.

Il faut vous dire qu'un taulard de Saint Quentin qui mentionne le père Theillard de Chardin, Victor Hugo et Françoise Sagan est quelqu'un hors du commun. Car, oui, Bunker ne fait rien comme les autres. Ainsi pour démarrer en littérature, il se paye des cours par correspondance en prison ; et pour ça, il vend son sang.

" Je me souviens de m'être posté sur le balcon (...) et d'avoir contemplé la plaine des lumières de la ville, avec la voix d'Ella Fitzgerald qui chantait The Rodgers and Hart Songbook. (...). le monde s'étendait à mes pieds. J'étais roi de tout ce que mon regard embrassait."

C'est bien ça, la vitalité qui traverse le livre, chaque ligne est une pulsation, le flux sanguin irrigue à travers l'encre un récit dense et chargé d'humanité.

Bunker pense à Cervantes et Dostoïevsk dont l'oeuvre doit aussi beaucoup à la geôle. Six manuscrits oubliés, le septième sera publié.

Après vingt ans de prison, virage à 360 degrés : il publie quelques romans à succès, il est recruté pour des petits rôles au cinéma et croise Dusting Hoffman, Quentin Tarentino, Chiara Mastroianni, Andrei Konchalovski, Walter Hill. La bête s'est-elle assagie ?

"Mais pour l'instant, mieux valait être recherché que capturé. Mieux vaut être fuyard que taulard. L.A., me revoici."

Référence pour James Ellroy, Edward Bunker a par rapport à lui l'avantage de nourrir ses récits d'un vécu authentique. Les coups dans le ventre, la lueur des couteaux, le bruit des armes à feu, les courses poursuites, il a connu tout ça. le style alerte et réaliste ne sacrifie pas à la qualité de l'écriture et des idées. Riche en personnages secondaires, on voit l'itinéraire d'un homme qui aurait pu être brisé par le système et qui se redresse, cherche son chemin sans se renier.

Thomas Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Le mobile de Bunker, en écrivant sa biographie, est de laisser une trace moins dure, moins terrible pour son jeune garçon : non il n'a jamais tué personne comme Dumbo, par exemple. Ce désir de coller davantage à la réalité suscite un petit problème, la narration est forcément plus "plate" (si on excepte les traitements épouvantables qui lui sont réservés dans les maisons de correction.)

Autre souci, plus ennuyeux, est le trou aux 2/3 du livre quand Bunker sort du pénitencier et l'instant d'après s'y retrouve sans explications. On imagine son éditeur américain se disant : " Ca suffit comme ça !" Très dommage. mais ça n'enlève pas grand chose à la force du témoignage.

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Edward Bunker, écrivain américain admiré par James Ellroy et William Styron, se met à nu dans son autobiographie. Chaotique ne serait pas un terme assez fort pour décrire les quarante premières années de sa vie, au cours desquelles il a passé dix-huit dans une des prisons les plus dures des Etats-Unis.
L'éducation d'un malfrat peut se lire comme un roman. Si l'auteur parle à la première personne du singulier, s'il ne fait aucun doute qu'il parle de lui, de ses échecs et de ses errances, il raconte aussi une époque et un milieu social. C'est sans doute la qualité de cette narration qui m'a attirée dès les premières pages et m'a intéressée jusqu'à la dernière. le roman est pourtant dense (plus de 600 pages dans la version poche).
Incapable de s'intégrer dans la société, Edward Bunker a commencé à fuguer à sept ans, a connu les maisons de redressement et les internements pour mineurs dès la petite adolescence. Il a été incarcéré à San Quentin en Californie à l'âge de seize ans. Son dossier pesait déjà lourd : c'est au quartier des criminels les plus endurcis qu'il est affecté.
L'éducation d'un malfrat décrit minutieusement deux décennies de gestion de la délinquance, entre 1945 et 1965, aux Etats-Unis. L'univers carcéral est décortiqué à la loupe, comme dans un essai sociologique. Edward Bunker n'accuse pas ; il analyse les sources de la violence, l'absence d'espoir, la montée du racisme et son paroxysme dans les années 1960. Il explique les moyens d'éviter les coups de surin et autres actes de folie meurtrière. Il ne fait pas de procès au système carcéral, mais dénonce les coups et blessures infligés par les matons aux prisonniers récalcitrants. Y a-t-il un moyen de rédemption ? Il n'en voit qu'un seul : l'acquisition de connaissances.
Voici l'autre volet de cette passionnante autobiographie. Vers ses seize ans, l'auteur est embauché par Mrs Hal Wallis, une ancienne actrice du cinéma muet qui consacre sa vie à sauver des vies d'enfants. Il travaillera quelques mois pour elle ; si cette période ne lui permet pas de s'amender tout de suite, elle lui ouvre de nouveaux horizons qu'il ne saura exploiter que des années plus tard. Pour lui, la sortie de l'impasse est passée par l'écriture. Il en écrira cinq avant d'être publié et de se sauver.
Tranche d'histoire des Etats-Unis, aperçu d'une société aux codes terribles, implacable essai de criminologie, voilà en quoi consiste L'éducation d'un malfrat. Une oeuvre bouleversante.
Lien : https://akarinthi.com/
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Livre complètement dingue à tous les niveaux. On peut le lire sous 3 angles differents: psychiatrique, sociologique ou purement romanesque! Moi mon côté Durkheim est ressorti et je n'ai pu qu'être purement scotché par le parcours d'Ed, "élevé" par le système judiciaire américain, et qui au fil des années et de son parcours tente de se délivrer de cette puissance déterminatrice.
A lire pour ceux qui ont un mental d'acier
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quand je me suis rapproché de Denis, Ebie, Paul et Andy Pope, la conversation portait sur la peine de mort.
— Ils en ont combien la-haut maintenant ?
— Je ne sais pas. Peut-être cent cinquante... Quelque chose comme ça.
— Et ils en rajoutent deux ou trois tous les mois, exact ?
— Ouais.
— Un jour viendra où ils auront poussé le bouchon trop loin. Faut qu'ils les exécutent plus vite qu'y z'arrivent. Sinon, y vont en avoir des milliers. Qu'est ce qui vont faire alors ? S'offrir une sorte de bain de sang ?
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Nous avons pu entendre Billie Holliday au Jazz City sur Hollywood Boulevard près de Western. Billie, de toute évidence, était en manque et à moitié malade, et donc, pendant l'entracte, quand elle est descendue aux toilettes, Sandy l'a suivie. Il était impossible pour Billie de se faire son shoot, mais Sandy lui a offert une reniflette - et quand Billie a chanté sa deuxième partie, sa voix était rauque et profonde, unique, le meilleur d'elle même. Il est phénoménal de constater à qu'elle vitesse une petite dose de neige élimine l'angoisse et les souffrances et pratiquement toutes les autres douleurs.
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Il existe deux mondes dans lesquels les hommes se retrouvent mis à nus, toutes façades disparues, de sorte qu'on peut voir leur noyau dur. Le premier est le champ de batailles ; l'autre, la prison.
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Lève-toi mec. La merde va voler dans la cour.
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Johnny Cash mentait : on ne peut pas entendre les trains depuis l'intérieur du pénitencier de Folsom.
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Video de Edward Bunker (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edward Bunker
Le Récidiviste (STRAIGHT TIME), film 1978, bande-annonce
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