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EAN : 9782290325551
317 pages
J'ai lu (17/11/2004)
3.25/5   46 notes
Résumé :
« Vous écoutez Blue FM et demain matin, c’est la fin du monde. » Dans le ciel, la Lune se meurt. Ici, au coeur de Londres, le compte à rebours est lancé. Dans une atmosphère où se mêlent panique et insouciance, un marathon de danse sur Trafalgar Square marquera les derniers instants.
Juste avant le tomber de rideau, le docteur Loom mène une quête désespérée par amour pour sa femme. Elle meurt de tristesse et seul un mystérieux film pourrait lui rendre le sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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À bien y penser, l'histoire n'est pas si différente de (l'excellentissime) Toxoplasma : face à une catastrophe inéluctable, les personnages coincés dans une ville aux accents surréels profitent d'une dernière parenthèse de liberté et de folie – le tout rythmé par une radio pirate. C'est très touchant sous des dehors loufoques et déjantés, ça donne envie de s'en mettre plein les oreilles avec Les Planètes de Gustav Holst (là où Toxoplasma donnait envie de réécouter la filmographie complète de David Cronenberg).

Pourtant, malgré pas mal d'éléments percutants (notamment les Victoriens convaincus de voyager dans le temps), l'ensemble global m'a moins marquée. Contrairement à Toxoplasma, je ne garde pas de cette lecture un souvenir impérissable et j'ai un peu de peine à m'expliquer pourquoi. Dans Wonderful, les enjeux sont beaucoup plus gros, mais on a bizarrement l'impression que ça va beaucoup moins loin – peut-être à cause de personnages moins creusés, d'un fond politique moins assumé, d'un traitement plus vieilli qui résonne moins bien avec l'époque, d'une plume plus classique, je ne sais pas exactement.

J'aurais tendance à penser que comme Wonderful a été écrit quinze ans avant Toxoplasma, c'est plutôt une bonne nouvelle que ça soit moins bon. Ça laisse penser que Sabrina Calvo a fini par trouver le ton juste et mettre sa plume en valeur, sans jamais renoncer aux éléments de base qui en font une autrice si particulière.
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Ne lisez pas ce livre sans avoir pris votre came. Et encore.
Loin de moi pour autant l'idée de dire que "Wonderful" est mauvais. C'est tout le contraire : il tient ses partis pris jusqu'au bout. Mais le problème, ce sont ses partis pris en eux-même.
David Calvo, pourtant, c'est un mec avec un humour génial, une imagination dingue et une poésie folle. Un peu trop, peut-être ? Non, même pas. de l'imagination, on n'en aura jamais assez. Mais il faut savoir la doser.
C'est pourtant pas ce que j'aurais aimé voir en ce livre. J'aurais aimé voir un enchevêtrement de situations de fin du monde, et voir comment les gens réagissaient, comment tout était lié sans pour autant qu'un élément piétine les autres. La lune meurt, OK ; les hommes en noir, le vent, OK. le postulat auquel je m'attendais, c'est : "C'est la fin du monde, donc la lune mourante est une conséquence". le postulat de l'auteur, c'est : "La lune meurt, donc la fin du monde est une conséquence".
Bon, c'est pas pour autant que le livre est mauvais. Tout est lié, oui, mais c'est centré autour de la lune, soit. Les relations humaines sont montrées, elles aussi. Seulement, ça va loin, très très loin. Et pas forcément dans la direction qu'on voudrait.
Car côté surréalisme, on s'y enfonce à pieds joints : les planètes sont des entités douées de conscience qui peuvent se matérialiser sous une forme humaine, on a un gros complot cosmico-cinglé avec une histoire de sanskrit qui ne sera jamais résolue, la neige sur la télévision est de la neige pour de vrai, les nains se mettent à exister et les détectives privés se transforment en galliminus. Bon, je sais, suspension d'incrédulité, mais ce n'est pas parce que le cosmos part en couille que les humains aussi. D'accord, c'est la fin du monde et ils n'ont aucune issue, donc ils auront donc un comportement inapproprié, mais ça ne justifie pas toutes leurs réactions parfois complètement cartoonesques.
Et puisqu'on parle d'humains, le livre pose sur eux une vision vraiment particulière : les humains sont petits et égoïstes, et les Planètes, les divinités, valent mieux qu'eux car leur monde est merveilleux et qu'elles sont bien plus âgées et expérimentées. Qu'un livre puisse nous délivrer une telle leçon d'humilité, pourquoi pas ? Des alternatives à l'humanisme ou au nihilisme, on n'en croise pas tant que ça. Mais les Planètes sont certes mystérieuses, il n'en reste pas moins que leurs réactions et leurs relations entre elles soient totalement humaines. Et les vrais humains sont montrés eux tels quels, ce qui fait qu'il n'y a aucun contraste. Vous savez à quel point j'ai horreur des clichés et je rejette le manichéisme simpliste (car il peut être complexe, à condition d'être atténué), mais là... il n'y a aucune raison de respecter la volonté des Planètes d'anéantir l'humanité. Ce n'est même pas à elle qu'elle en veut ! Et si le message, c'est "les dieux sont des ordures", alors strictement rien n'est orchestré pour nous faire penser ça.
Alors, qu'est-ce qu'a ce livre de si bon ? Eh bien, d'accord, il est totalement surréaliste et premier degré, mais il invente sa propre logique et il s'y tient. Ou du moins, il ne la brise pas sans une bonne raison. L'histoire est surréaliste, alors on pousse le bouchon jusqu'au bout. Son intrigue est décousue et improbable, alors on ne va pas chipoter sur des degrés d'une crédibilité quelconque. le sense of wonder est présent, lui aussi, mais mêlé à du carton-pâte, du grand-guignol : toutes les extrémités qu'on pouvait expérimenter dans ce domaine-là sont poussées dans leurs derniers retranchements. On peut peut-être comparer ça à du David Lynch en un peu moins noir, mais je vois surtout dans ce déferlement créatif une envie de se défaire d'absolument tout ce que la littérature, spéculative ou non, a pu imposer. Mais des fois, c'est le trop-plein : la poésie qu'on désire tant apporter au roman ne prend pas, sauf dans les tout derniers chapitres. Pourtant, elle aussi sait en mettre plein les yeux.
C'est donc un de ces livres maudits, à la fois bâtards et harmonieux, des fleurs du mal postmodernes complètement barrées et assumées ; c'est donc aussi un patchwork. Et très franchement, en voir de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Et si on en faisait une adaptation, bordel ! qu'est-ce que j'aimerais la voir ! J'imagine tellement bien une Londres grise et glacée sous un éclairage bleu pâle, habitée seulement de la symphonie d'Yves Klein... Eh oui, parce que non seulement ce serait beau, mais en plus, le bleu a mine de rien un sacré rôle : c'est l'hiver, l'instant où le monde paraît délavé et le ciel plus azur que jamais ; et Blue FM, par son total non-sens, symbolise une humanité perdue, sur le chemin de l'extinction, décadente et obsolète. Quant aux autres Couleurs, elles se révèlent étrangères et donc hostiles à ce monde en perdition.
Donc, "Wonderful", c'est un peu de diversité (beaucoup, même), et une expérience à tenter. Et c'est encore mieux quand on écoute un morceau de tribecore totalement défoncé et tout aussi délirant.
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Wonderful... le bouquin qui traînait dans ma pile à lire depuis holala.. et qui s'est retrouvé dessus, donc allez zou, hop, lu.

Pitch :
Vous écoutez Blue FM... La radio de la fin du monde... Pour que votre fin soit plus douce, pour que vous dansiez sur le bord du monde, alors que le monde touche à sa fin...
Le ciel va nous tomber sur la tête... La lune surtout... Et pourquoi la fin du monde ne se ferait pas en musique ?

Vachte j'ai des livres chelous !
Vous savez les livres où vous panez rien, vous lisez et vous panez rien... vous aimez, vous lisez encore, mais vous panez pas plus, à peine.
Vous lâchez prise, avec ce livre obligé de lâcher prise. Si vous vous accrochez ne serait-ce qu'à un zeste de rationalité, vous allez vous perdre encore plus. Ça ne passera pas. Pas du tout.
Alors vous lâchez prise, vous oubliez que vous panez rien... que vous êtes aussi perdu que Loom...

Loom ce médecin de fin du monde, qui pense à Pooh en train de mourir de chagrin dans un complexe cinématographique où l'on passe des Hitchcock...
Loom qui court, Loom qui pense, Loom qui veut comprendre (comme nous).
Loom qui se retrouve aux prise avec des entité étranges, des aventures foutraques, des rencontres exubérantes... surréaliste.
Surréaliste épicétout !

Fou, un trip sous acide, avec une bande son...
Avec Tom Waits et sa voix éraillée, avec les dessins d'Arthur Rackham... avec les étoiles.
Avec les rêves, les folies, avec les oripeaux de normalité jetés aux oubliettes, pour faire place à la féerie, la dinguerie, bizarrerie baroque.
Rencontrer la reine Mab dans les jardins de Kensington... rencontrer Clochette même si elle s'appelle autrement... faire un clin d'oeil à Barrie et à son Peter Pan, ou à Alice et son pays des merveilles...
Danser, manger du chocolat...
Le tout sur fond d'une musique qui craquelle...
Les costumes sont changeant, ceux des rêves de l'enfance qui viennent effacer les respectabilités d'adulte... ne plus avoir peur et se balader en costume de homard de dinosaure... de Dodo...

Une dernière chasse aux trésor, une dernière aventure... Pour faire passer le temps, pour ne pas y penser à cette fin du monde qui pèse... Pour oublier le vide en nous, autour de nous, le vide des écrans de télé qui vomit sa neige.... Et ce grand vide qui se rapproche à pas de géants...

La fin du monde est là, à quoi bon... redevenir des mômes, avec des rêves de mômes et des ballons gonflés à l'hélium qui crissent... vont-ils finir par s'envoler dans le bleu du ciel ? Pour être enfin libre ?
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Le roman « Wonderful » a obtenu le prix Julia Verlanger, pour ma part, je lui dédis le prix du livre ennuyeux de mes lectures 2021 ex æquo avec « En approchant de la fin ». Ici, on est dans un récit pré-apocalyptique, c'est-à-dire qui se passe juste avant une catastrophe qui doit décimer la vie terrestre, en l'occurrence la chute de la Lune sur la Terre. On pourrait s'attendre à une guérilla de survie, mais nous sommes au pays de sa majesté avec tout le flegme britannique. Tandis que nous nous battons, nous barbares, pour des rouleaux de papiers toilettes, eux seraient du genre à tendre la main pour vous le donner. Bref, si vous voulez de l'action, de la violence, du dynamisme… passez votre chemin. C'est dans la continuité d'un Ballard.

Que dire, à part qu'il ne passe pas grand-chose, même rien sur le tiers du livre, soit la contenance de ma lecture. Après, m'être bien ennuyé et sachant que le reste serait du même acabit, j'ai décidé de refermer définitivement ce livre avec un désagréable goût de perte de temps. C'est bien dommage quand je vois qu'une grande majorité des lecteurs, ont adoré ce roman, mais je ne suis pas le seul à ne pas parvenir à continuer et le finir, ce qui me réconforte un peu.

Ce livre avait de bonnes idées, je pense à la tension que l'on aurait pu avoir avec la chute imminente de notre joli astre, sans oublier les factions, la décadence de la famille royale remplacée par la branche Victoria. Ce bouquin rejoint une liste déjà importante de mes lectures abandonnées.
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Des failles étoilent la Lune. C'est certain : elle se meurt. Avec elle, la Terre va disparaître et tous ses habitants « et tous les enfants et les papas, et les mamans, les plages et le sable et le souffle blanc quand il fait froid, la sueur sur le front et la neige dans la télévision » (p. 295) C'est l'apocalypse, autrement nommée « fin du monde ». Ça a l'air terrifiant, ça a l'air très beau aussi, comme des feux d'artifice qui en éclatant révèlent leur superbe visage destructeur. La fin du monde se chante sur Blue FM au rythme des tubes aux titres suggestifs. Au milieu de tout cela, dans un Londres déboussolé, le Docteur Loom s'est lancé à la poursuite d'un film très convoité pour sauver sa femme qui se meurt de chagrin. Des hommes en noir vont faire barrage tandis que les couples se pressent pour s'inscrire au grand marathon de danse sur Trafalgar Square…

Cette oeuvre a la douceur et l'amertume des bonbons d'antan : en fondant lentement sur la langue, les mots révèlent une nostalgie pleine d'une tendresse douce-amère. Dans ce passé-futur qu'invente David Calvo, le lecteur vogue parmi des personnages décalés, absurdes, attachants. « Wonderful » est une sorte d'« Alice au pays des merveilles », un conte fantastique, fantaisiste, labyrinthique, où l'on ne se perd pourtant jamais, si l'on accepte de lâcher la bride du sens pour s'ouvrir à la langue de l'au-delà des mots. le sens est peut-être niché dans ce flocon de neige, le bel « Ornette » qui clignote dans le tube cathodique d'une télé remplie de neige ? La poésie coule à flot, côtoyant l'absurde, le révélant, l'embellissant. L'absurde d'un monde voué à une fin. le point final est effrayant, dérangeant, on l'élude ou on le met en lumière, comme David Calvo, pour louer sa beauté terrifiante. En suspens, suspension d'espace. En attente, capitonnée, feutrée. Et finalement, la fin paraît bien belle, comme ce feu d'artifice qui en éclatant de lumière terrifie si sûrement.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
« Je suis une fenêtre cassée. Je suis un être de verre. Je suis un être de verre qui disparaît sous la pluie. Je me tiens parmi vous, agitant mes bras et mes mains invisibles. Je crie mes mots invisibles. Je suis épuisé (…). Je vous fais signe de là-bas. Je rampe en cherchant l’entrée du vide (…). Je crie mais ce ne sont que des fragments de glace brisée. Je vous informe que le volume de tout ceci est bien trop haut. Je vous fais signe. Je vous salue de la main, je disparais. Je disparais, mais pas assez vite. »
David Wojnarowicz, Seven Miles a Second
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Il y a de tout : des chiens, des chevaux de pantomime, des cheminots, des créatures mythologiques, des lutins, des fées, des rats, des extraterrestres, des samouraïs, des moines tibétains, des démons et des anges, des mouettes, des Victoriens, des animaux, des scientifiques, des prostituées, des new-yorkais, des drogués, des petites filles à couettes, des chanteurs country, des kangourous, des écrivains ratés, des quakers, des moujiks...
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Le Kaléidoscope est une longue-vue sur les étoiles : la voûte céleste comme un enfant pourrait l'imaginer, avec des mots en lettres d'or, de fausses coordonnées mathématiques et des fusées imaginaires qui traversent les cieux en bourdonnant.
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Elle mesure brusquement l'étendue de son ignorance. Tout ce qu'elle sait sur les humains elle l'a lu. les livres sont ses seuls compagnons, les seules choses qu'elle juge dignes de confiance, et les livres ont toujours, toujours raison.
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Doucement, sans brusquer l’ordre des choses ni l’équilibre de l’univers, Loom se dit que le temps était venu de laisser gagner la pulsation et de s’effondrer. Il savait qu’il ne trouverait pas d’autre occasion, pas d’autre instant plus propice à la chute du rideau de son petit théâtre sans spectateurs. Il s’affaissa doucement, comme une feuille morte. Il se glissa dans l’ouate d’un sommeil chaud et s’y endormit paisiblement, laissant le vide l’envahir. Tout son corps devint l’incarnation d’une seule émotion, sans regret, ni souvenirs, ni rêve. Il n’était que la sensation du moment.
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Vidéo de Sabrina Calvo
Léanne, libraire du rayon Science-Fiction, présente Melmoth Furieux de Sabrina Calvo paru aux éditions La Volte.
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