AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081331549
222 pages
Flammarion (02/04/2014)
3.73/5   13 notes
Résumé :
4ème de couverture:

Et si l'on concevait la tâche de l'historien comme l'enquête d'un Sherlock Holmes? Si la guerre pouvait être assimilée à un crime, les coupables se dissimulant, les alibis étant invoqués, des innocents désignés du doigt?

Dans cet ouvrage - ni «livre édifiant» ni «commémoration» -, Luciano Canfora aborde la guerre non comme un monument, mais comme un événement vivant qu'il s'agirait de retourner dans tous les sens pou... >Voir plus
Que lire après 1914Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Sous forme de courts chapitres, couvrant chacun un aspect éclairant des évènements, un essai éclairant sur la course à l'abîme de juillet 1914. Il complète bien le 1914 une guerre par accident de Georges Ayache, que j'ai chroniqué ici.
Ainsi, on peut lire:
"les faits avant-coureurs", une enquête sur la véritable origine du conflit, en remontant à Napoléon
"Démocraties contre autocraties ?", une interrogation iconoclaste sur la vraie nature des régimes politiques des belligérants;
"Partage colonial et guerres balkaniques", sur les conflits entre puissances européennes au début du vingtième siècle
"L'attentat", c'est bien sûr celui de Sarajevo; mais l'auteur s'interroge sur son rôle réel dans le déclenchement du conflit
"L'enquête et la réaction serbe - L'ultimatum" qui rappelle les conditions particulières de la délivrance de l'ultimatum par le Chancelier d'Autriche et les lourdes responsabilités de ce dernier
"l'alliance anglo-russe" et "La campagne De Belgique et la guerre des esprits" Où l'on voit que l'Angleterre était modérément décidée à intervenir et ne l'aurait peut-être pas fait sans le viol de la neutralité belge
"Mussolini entre en scène", au-delà de ce dernier, éclairage sur la guerre vue du côté italien, que nous connaissons très mal de ce côté des Alpes, comme il est vrai l'histoire de ce pays. Et beaucoup d'autres choses, notamment sur la propagande des deux côtés, le rôle des socialistes, celui de l'Eglise.
Chacun de ces chapitres pourrait fournir la matière d'un épais volume; mais l'essentiel est dit; passionnant, instructif et rapide à lire.

Commenter  J’apprécie          91
Une fois de plus la démonstration est faite que la taille et le nombre de pages d'un livre ne préjuge en rien de sa qualité. Il faut dire que Canfora est redoutable : historien clairement engagé, il ne cède rien à la rigueur pour autant. Spécialiste de l'histoire antique, une biographie de César souvent considérée comme une référence, il peut aussi bien disserter sur la démocratie (je ne saurais trop recommander La Démocratie. Histoire d'une idéologie) que sur Lucrèce, sur la bibliothèque d'Alexandrie que sur l'inquisition… et chaque fois avec une certaine maestria.

Dans son 1914, il se fait enquêteur, et restitue la juste valeurs des indices laissés par l'« histoire » pour nous permettre de cerner l'origine du crime. Ce faisant, il invite chacun à mesurer à quel point l'histoire qui nous est le plus souvent contée (que ce soit dans les manuels de nos petites têtes brunes et blondes ou dans des essais comme Les Somnambules, unanimement loué par cette critique qui n'en a que le nom et joue, en réalité, le rôle de chien de garde) est une vaste foutaise et cache les causes profondes du jeu auxquels se sont livrées les puissances impérialistes et qui expliquent non seulement la der des der des catastrophes mais celle qui lui a succédé 30 ans plus tard.
Pis : à bien y regarder, ces forces sont bien encore à l'oeuvre. Et ceux qui nous disent que nous vivons le retour des années 30 pour mieux nous terroriser avec la crainte d'un retour des fascistes ne sont rien d'autre, pour le coup, que des illusionnistes (peut-être eux-mêmes illusionnés par leurs propre jeu de dupes) : si retour il y a, c'est celui de l'âge premier du capitalisme, de ses forces débridées, de celles qui ont mené à la première conflagration mondiale. Une analyse, soit dit en passant, brillamment illustrée par le livre magistrale de Jacques Pauwels (La grande guerre des classes), qui rejoint le diagnostic que posait déjà Lénine en 1916 dans sa brochure consacrée à L'impérialisme [comme] stade suprême du capitalisme.
Commenter  J’apprécie          50
Livre intéressant qui décortique l'année 1914 pour y trouver les causes qui ont mené à la catastrophe que fut la première guerre mondiale.
Comment les États ont-ils poursuivi leur course folle vers une guerre qui allait faire plus de 10 millions de victimes ?
Quels mécanismes ont agi, comment les partis socialistes ont-ils manqué de faire jouer l'Internationale que Jaurès appelait de ses voeux.
Luciano Canfora nous livre ici une vision inhabituelle mais concrète de 1914 et de ce qui suivit, en adoptant une vision plus large que celle du seul conflit qui ensanglanta l'Europe pendant 4 longues années.
Un bon complément.
Commenter  J’apprécie          110
Un essai historique et historiographique. L'auteur évoque en détail les évènements qui ont mené au déclenchement de la Grande Guerre.

Tout au début, j'ai apprécié deux références littéraires très brèves, elles éclairent l'état d'esprit de l'époque : un roman de Conan Doyle datant de 1917et l'intrigue de la Montagne magique de Thomas Mann.

Au fil des pages, j'ai retrouvé des aspects que je connaissais déjà, comme le système des alliances ou l'attentat de Sarajevo et l'ultimatum ; mais j'ai découvert des détails moins connus. A titre d'exemple : le comte Tisza, président du conseil hongrois, isolé parmi les décideurs austro-hongrois, se montre opposé à la guerre.

L'auteur se penche également sur la question de la responsabilité de la guerre (quel pays est à l'origine du conflit ?) et conclut sur une responsabilité collective, p114.
Le chapitre « La faute allemande » m'a mis en appétit mais n'a pas satisfait ma curiosité. En consultant wiki, j'ai constaté que c'est un très vaste sujet, traité sur plusieurs pages : Kriegsschuldfrage (même sur le wiki français, la page dédiée à la responsabilité garde l'appellation allemande).
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin : le livre « Les Somnambules » de Christopher Clarck.

Extraits :
« L'Occident, en 1914, autant qu'au bout de la guerre, se trouve au bord du socialisme. Celui-ci est sur le point de se saisir du pouvoir, de fabriquer une Europe aussi moderne, et plus peut-être qu'elle ne l'est actuellement. En quelques jours, la guerre aura ruiné ces espoirs. » L'historien Fernand Braudel cité par Luciano Canfora, p 21

« Pendant la guerre il n'y eut pas de propagande plus efficace que celle qui expliqua que le conflit était une lutte de démocraties contre les autocraties [ ]. Cela n'a aucun sens parce qu'aux cotés de l'entente anglo-française, il y a la Russie tsariste. » p51
Commenter  J’apprécie          20
Ce petit livre d'un peu plus de 200 pages et qui se lit en un après midi, ne m'a absolument rien coûté puisqu'il est offert actuellement par les éditions Flammarion dans le cadre de leur collection Champs Histoire, sans contrepartie (ce qui est rare).

En une vingtaine de chapitres il présente les différentes causes de la Grande Guerre, et rappelle la situation (géo)politique des futurs belligérants. Ce que j'ai particulièrement apprécié, outre sa simplicité, c'est le point de vue de l'auteur italien. Son approche sort de la vision franco-française des événements. Certes les faits historiques sont ceux qu'ils sont, mais je trouve que le regard que porte Luciano Canfora est peut être légèrement différent.

Je le conseille donc à celles et ceux qui voudraient réviser ou en savoir plus sur les causes de la Première Guerre. Et je le répète gratuitement dans le rayon Histoire de votre librairie.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le vrai problème politico-militaire de ce mois de juillet fut en réalité tout autre. Il consista dans le fait que tous les acteurs du conflit recoururent au prétendu « risque calculé ». L’Allemagne comptait sur une guerre-éclair de l’Autriche contre la Serbie, qui aurait permis d’éviter l’intervention russe. Mais il n’en fut rien. La France et la Russie, de leur côté, pensèrent qu’en faisant des démonstrations de fermeté, elles contraindraient les Empires centraux à faire marche arrière. Mais il n’en fut rien. Bethmann-Hollweg était convaincu que l’Angleterre, qui n’avait pas d’intérêt direct dans les Balkans, resterait neutre. Mais il n’en fut rien. En conséquence, toutes les puissances en lutte portent la lourde responsabilité d’avoir conduit les peuples au massacre.

Dans cette guerre, les oppositions idéalisantes (« démocraties » contre « autocraties »5) étaient une « feuille de vigne » bien misérable, incapable de couvrir les pudenda : le principal allié des « démocraties », c’était le tsar !

Du reste, les deux camps en lutte se ressemblaient à tel point que la diplomatie italienne, pendant des mois, ne sut lequel choisir. Elle n’avait d’ailleurs pour seul critère que la recherche du plus grand profit pour l’Italie.

Cameron, Hollande, Merkel et Poutine feraient bien de réfléchir sur cette histoire d’il y a un siècle. De fait, l’échiquier mondial actuel ressemble par bien des aspects à celui de 1914 : nous sommes aujourd’hui également face à un monde polycentrique et face à des zones névralgiques (les Balkans en 1914, aujourd’hui le Moyen-Orient) où une étincelle pourrait déterminer un effet de réaction en chaîne, entraînant les grandes puissances dans un nouveau conflit : les différents camps, comme en 1914, ne seraient pas déterminés par des idéaux (contrairement à ce qu’il advint en 1939-1941) mais par des calculs d’intérêt. Espérons que la politique insensée du « risque calculé » et de la « dissuasion par la terreur » ne séduise pas de nouveau les chancelleries et les diplomaties des grandes puissances.

Ce texte a été écrit en 2014. Vous pouvez évidemment remplacer tout ou partie de "Cameron, Hollande, Merkel et Poutine" et "Moyen-Orient" par tels noms qui vous sembleront plus convenables aujourd'hui
Commenter  J’apprécie          30
L'attentat finit par être au fond une sorte de manne venue du Ciel, un don de la Providence, permettant de faire cette guerre que tant de gouvernement - et peut-être tous les gouvernements - appelaient de leurs voeux.
Commenter  J’apprécie          30
On voit les petites et grandes puissances, chacune sur le pied de guerre, établir entre elles des alliances de convenance, à la seule fin de se répartir le monde, de se répartir les richesses du monde
Commenter  J’apprécie          10
La propagande en soi est un objet d'étude intéressant, mais à condition qu'on sache qu'elle ment.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a certainement, dans les années, les mois qui précédent la guerre, un état d'esprit diffus et qui ne cesse de s'accentuer: on attend la guerre.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..