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EAN : 9780543900982
107 pages
BookSurge Publishing (13/10/2000)
  Existe en édition audio
3.87/5   1271 notes
Résumé :
C'est une lente et funèbre progression qui mène le capitaine Marlow et son vieux rafiot rouillé, par les bras d'un tortueux fleuve-serpent, jusqu'au "cœur des ténèbres."
Kurtz l'y attend, comme une jeune fille endormie dans son château de broussailles. Ou comme Klamm, autre K., autre maître du château tout aussi ensorcelé de Kafka.
Éminemment moderne, le récit de Conrad, écrit en 1902, suscitera toutes les interprétations : violent réquisitoire contre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (158) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 1271 notes
« Au coeur des ténèbres » a, depuis sa publication, fortement frappé les esprits et nombre d'artistes ont proposé des variations de cette oeuvre, que ce soit au cinéma ou en littérature, la plus connue étant bien sûr le « Apocalypse now » de Coppola. C'est justement ma récente lecture d'une variation de l'oeuvre de Conrad, « les profondeurs de la terre » de Silverberg, qui m'a donné envie de relire « au coeur des ténèbres ». Ma première lecture du roman remontait à bien longtemps, une quinzaine d'années, mes souvenirs du déroulé de l'intrigue étaient assez flous. Par contre, me restaient de cette lecture des sensations intenses, étouffantes, qui avaient durablement marqué mon esprit. Après cette seconde lecture, le roman de Conrad m'apparait encore plus comme un chef d'oeuvre absolu. Ce roman très court compte moins de 200 pages mais en parait deux fois plus. Non parce qu'il serait ennuyeux, il ne l'est pas, mais par sa consistance, sa richesse, tant sur le fond que sur la forme.

Plus largement qu'une charge contre la colonisation, le roman est une dénonciation des rapports de domination. A l'époque où se déroule le récit, le Congo n'est pas encore une colonie belge. Si le roi des Belges, Leopold II, exerce une souveraineté de fait sur ce territoire, c'est à titre privé, par l'entremise d'une société belge dont il est l'actionnaire principal qui est propriétaire d'une vaste partie du territoire et en exploite les richesses, ivoire et bois. Dans la façon dont l'auteur dépeint comment une compagnie privée peut s'accaparer des richesses et exploiter honteusement les populations locales, il n'y a pas à pousser très loin pour y faire le parallèle avec les dérives du capitalisme.
A cette dénonciation de l'avidité humaine, s'ajoute celle, encore plus forte, de la nature cruelle de l'Homme. le vernis de la civilisation n'est qu'un leurre, les ténèbres sont tapies dans le coeur de chacun, n'attendant que l'occasion pour reprendre le dessus. L'Homme occidental laisse libre cours à sa cruauté sans l'assumer, sa cruauté est hypocritement drapée dans les oripeaux de la volonté de civilisation du sauvage. Finalement, Kurtz qui s'est laissé dévorer par la jungle et qui est allé au bout de la folie n'est-il pas moins méprisable que tous ces Comptables et Directeurs ? Ces derniers ne sont d'ailleurs jamais nommés, ils se résument à leurs fonctions comme s'ils n'étaient même plus des êtres de chair et de sang. Au contraire de Kurtz dont l'âme est tourmentée mais qui, lui, en a une, ce qui lui permet un dernier éclair de lucidité L'autre personnage incarné du récit est Marlow, dont la fonction de témoin, d'observateur, en fait l'alter-ego du lecteur.

Rarement la jungle a été si bien dépeinte, prenant littéralement vie sous la plume de Conrad. L'auteur lui insuffle une personnalité envoûtante, inquiétante, si fascinante et insaisissable quelle transforme les Hommes qui lui sont étrangers. A la fois mère et maîtresse, elle peut consoler, aimer, mais aussi tuer ou rendre fou. Tantôt nourricière, tantôt meurtrière, elle est à la fois enveloppante et étouffante et toujours d'une beauté primitive, celle des origines. L'Homme dit civilisé prétend prendre possession de cette Nature sauvage, vanité qui ne peut que le perdre, physiquement et moralement. Ainsi, nombreux sont les membres de la compagnie à connaitre la maladie ou à perdre l'esprit.

Sur la forme, ce texte est d'une richesse infinie. Tout au long du récit, l'auteur utilise des jeux de correspondances, de rappels, de comparaisons qui offrent de nombreux axes de lecture.
Par de fines descriptions, Conrad fait appel aux sens du lecteur qui ressent la moiteur, l'exubérance de la forêt qui l'entoure. La lecture du « coeur des ténèbres » est très sensorielle.

« Au coeur des ténèbres » est un roman inconfortable à plus d'un titre, notamment dans la façon de refuser au lecteur une compréhension totale de ce qui se déroule. Beaucoup d'éléments restent finalement mystérieux, opaques, que ce soient des événements ou des personnages. le lecteur n'aura pas d'explication définitive. Lui est laissé le soin d'interpréter le périple de Marlow à la lumière ce qu'il comprend de la nature humaine. C'est comme si le sens véritable des choses restait dans l'obscurité de la jungle. Comme le mystère de la nature sauvage, il échappe à une compréhension absolue. le sens profond, on le pressent, on le devine, sans toutefois pouvoir en saisir l'entièreté.

A l'image de la nature dépeinte, l'écriture est envoûtante. Sombre, poétique, la plume est teintée d'une ombre de mystère comme la jungle est nimbée de brume.
Certains passages sont fracassants de beauté tant dans ce qui est évoqué que dans la façon de le faire.

Cette seconde lecture de cet immense roman n'est sans doute pas la dernière tant je suis certaine que je pourrai encore et encore y découvrir des beautés, des horreurs, en tout cas de la grandeur.
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D'abord, prendre le temps d'observer sur internet la vieille photographie de Joseph Conrad prise en 1904 par George Charles Beresford, découvrir avec fascination son regard usé de fatigue qui trahit une histoire tragique et révèle sa vision pessimiste du monde. Impossible d'imaginer ce visage en train de sourire. Ses rides, cicatrices de sa carrière maritime, marquent sous ses paupières les lignes de ses romans et nouvelles.
Puis, ce récit miroir dans les eaux troubles du fleuve et des âmes damnées. Conrad devait passer trois ans dans l'Etat libre du Congo, propriété privée de Leopold II, roi des belges, pour y travailler comme capitaine de Steamer mais il fut rapatrié au bout de six mois. Dans ses bagages, il ramena une dysenterie et un profond dégoût pour ses congénères, choqué par leur barbarie quand, éloignés de tout, ils se débarrassent de tous les interdits. Si pour Rousseau l'homme né bon, Conrad souligne qu'il ne peut retrouver son pucelage d'angélisme une fois qu'il a été corrompu par la société. Nul ne peut être reniaisé.
Peut-être frustré de n'avoir pu aller au bout de son aventure, Conrad charge Charles Marlow, alter égo fictif que l'on retrouve aussi dans « Lord Jim », de boucler son voyage. Son périple devient celui de son personnage, puis celui de millions de lecteurs. Les hélicoptères de Coppola suivront. En bande son, bien sur, la chevauchée des Walkyries de Wagner et The End des Doors.
Le jeune marin remonte le fleuve Congo et le temps vers le commencement du monde à la recherche de Kurtz, idéaliste et collecteur d'ivoire. le chemin initiatique qui mène à Kurtz, c'est une traversée de l'horreur. Nul ne s'amuse lors de cette croisière. En s'enfonçant dans ce milieu hostile, Marlow ne fait pas que tourner le dos à la civilisation, il pénètre les recoins les plus sauvages de la nature et primitifs de l'homme.
Au fil des pages, impossible de ne pas prendre conscience que Marlow ne trouvera pas le coeur des ténèbres sur une carte mais dans la dégénérescence de Kurtz. le personnage le fascine autant qu'il le répulse. Il se refuse d'écorner le mythe et cette ambivalence participe à la beauté trouble du récit. Il épargnera la mémoire du dément auprès de sa femme et de ses fidèles.
Marlow a croisé le regard de Marlon, qui a perdu la tête... Kurtz Brando, c'est aussi un peu « l'homme qui voulait être roi » de Kipling. de l'avidité des colonialistes blancs à la cruauté envers les africains, les mots de Conrad, s'ils ne jugent pas Kurtz, balafrent la corruption de l'impérialisme dans ces territoires perdus.
L'auteur n'oublie pas de décrire l'absurde de certaines situations dont il a été témoin comme le bombardement à l'aveugle de la jungle par un navire français et le ridicule de certains personnages. Certaines scènes d'Apocalypse Now, touchées par la grâce, transcendent ces passages.
On entend presque un dialogue entre le film et le livre. il ne s'agit pas d'une adaptation mais d'une conversation.
C'est la lecture récente de « ténèbres » de Paul Kawczak, premier roman très inspiré du récit de Conrad, à la trame plus charnelle, qui m'a donné l'envie de replonger dans les eaux troubles d' Au coeur des ténèbres dans la traduction très réussie de Jean Deurbergue.
This is the end.
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"Au coeur des ténèbres" est le livre qui a inspiré la trame principale du film "Apocalypse now" bien qu'ayant été écrit un siècle plus tôt.
j'aime le film, et la curiosité de comprendre et comparer m'a bien évidemment titillé, les adaptations sont parfois fidèles, mais pas toujours.
C'est un livre à peu près impossible à résumer, disons que sa trame est particulière.
Le capitaine Marlow qui doit prendre le commandement d'un vapeur échoué sur un fleuve d'Afrique en remplacement du précédent capitaine décédé va découvrir une situation à laquelle il ne s'attendait pas, il voulait de l'aventure et du dépaysement, il va être servi au-delà de toute attente...
Un périple dans une région quasi inexplorée et inhospitalière, une quête qui se dessine étrangement en cours de route avec un objectif qui gagne en substance au fur et à mesure de la progression.
Le bon sens et la perception de la réalité de Marlow vont s'altérer et basculer de façon étrange, en s'enfonçant au coeur de l'inexploré, il va se confronter à l'inconnu sur différents plans, un voyage aux portes de la folie et de l'irrationnel.
Si vous avez lu et aimé "Le voyage d'Anna Blum" de Paul Auster, alors vous apprécierez "Au coeur des ténèbres" car la similitude est évidente, jusque dans le style, dense, envoûtant et tout en monologues.
Pour en revenir à "Apocalypse now", l'influence du roman est évidente, le réalisateur a même gardé le nom de Kurtz, à part la transposition de l'histoire au Vietnam pendant la guerre, l'essentiel est là et c'est la même descente aux enfers qui est proposée au lecteur, une lecture assez fascinante et parfois dérangeante.
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Le capitaine Marlow est chargé de récupérer Kurtz, un chef de poste en Afrique équatoriale. Après une longue remontée du fleuve Congo sur un vieux vapeur rouillé il trouve l'homme moribond. Celui-ci, devenu le gourou d'indigènes dont il se sert pour collecter l'ivoire, ne tarde pas à mourir, mais Marlow reste fortement impressionné par ce philanthrope qui a basculé et s'est mué en tyran sanguinaire.

Rencontre avec le mal, rencontre avec un homme civilisé qui n'était pas préparé à la vie sauvage, primitive et fabuleuse de l'Afrique, Au coeur des ténèbres n'est pas une charge contre le colonialisme mais une réflexion sur le côté obscur de l'homme prêt à émerger à tout moment. Un livre sombre, envoûtant et indélébile.
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Ce livre m'a ensorcelée…à l'image de la couverture que je trouve particulièrement bien trouvée, « La charmeuse de serpents » du Douanier Rousseau…Même exotisme, même fascination, même atmosphère. Il m'a fallu le lire à voix haute tant je le trouvais tout d'abord complexe et alambiqué. Peu à peu le charme a opéré, j'ai été mordue. Les phrases, murmurées, d'une poésie exotique magnifique, ont diffusé leur venin pour laisser une empreinte singulière, l'empreinte funeste du coeur des ténèbres dans lequel ce livre nous invite, jusqu'à nous étouffer.

Joseph Conrad nous convie à suivre ses pas, à prendre le chemin que lui-même avait déjà emprunté, direction le coeur des ténèbres du Congo belge, vaste jungle primaire habitée par des peuplades primitives, où se trouve le précieux ivoire pour lequel les pèlerins blancs sont prêts à tout, y compris à faire éclore leurs propre ténèbres.

« le mot “ivoire” passait dans l'air, tour à tour murmuré ou soupiré. On eût cru qu'ils lui adressaient des prières »

Mais avant de partir dans la folie congolaise, il faut passer par la Belgique pour se faire engager. Conrad compare Bruxelles à un sépulcre blanchi, la mort étant évoquée à travers ces deux femmes tricotant devant le bureau du Directeur de la Compagnie des Indes, tressant « leur laine noire comme pour en faire un chaud linceul », funeste présage avant même le départ que raconte un certain Marlow, sorte de double de l'auteur. La visite au docteur, obligatoire pour tous les engagés, lui fait craindre le pire, le médecin lui mesurant la tête, l'interrogeant sur l'existence ou non de problèmes psychiatriques dans la famille...Peu reviennent du Congo belge, du moins peu en reviennent sain d'esprit…La Nature sauvage, puissante, impérieuse, diffuse ses ténèbres aux hommes qui basculent alors dans la sauvagerie la plus primaire.

Ce passage de l'un à l'autre, cette inoculation hallucinante, si je peux dire, des ténèbres de la Nature à celles des hommes, ce processus d'ensauvagement des hommes blancs, est narré de façon sublime, très imagée. Conrad, en auteur de la mer, emploie souvent des images maritimes, celles des vagues impétueuses. le but de l'auteur est de montrer comme les forces morales des hommes blancs (Conrad les appelle les pèlerins tant ils se pensent investis d'une grande mission civilisatrice), soi-disant civilisés, alors qu'ils ne font que piller l'ivoire, s'effondrent progressivement comme ensevelies, submergées par cette Nature foisonnante qui semble deviner leur sombre dessein.

« Des arbres, des arbres, des millions d'arbres, massifs, immenses, jaillissant très haut ; et à leur pied, serrant la rive à contre-courant, se trainait le petit vapeur encrassé, comme un bousier paresseux rampant sur sol d'un noble portique ».

Ce livre raconte l'aventure du capitaine Marlow et sa rencontre avec Kurtz, héros personnifiant précisément les sombres dérives de l'homme bousculant dans la sauvagerie. Sans doute que via Marlow, Conrad se libère des images noires qui l'ont habité lors de son propre séjour dans la folie congolaise.
C'est un récit pittoresque, exotique, empreint d'un certain racisme, celui qui avait cours à cette époque. L'auteur dénonce certes la cupidité des hommes blancs, leur petitesse, l'impérialisme de Léopold II, tout en regardant les hommes noirs avec une certaine condescendance. En ce sens, on ne peut pas vraiment dire que ce livre soit un réquisitoire contre le colonialisme. C'est bien plutôt un récit sincère, sombre et sans espoir, inscrit dans son époque, qui veut montrer que, dans le cadre du colonialisme, toute civilisation tombe dans la sauvagerie. Conrad reste bien du côté du colon, dans un regard eurocentré avec les biais racistes de son époque, mais un regard sombre et amer, me semble-t-il.

« Ils braillaient, sautaient, pirouettaient, faisaient d'horribles grimaces, mais ce qui faisait frissonner, c'était bien la pensée de leur humanité – pareille à la nôtre – la pensée de notre parenté lointaine avec ce tumulte sauvage et passionné. Hideur. Oui, c'était assez hideux ».

Ce regard des colons, entachés de clichés et de racisme, entraine en effet inévitablement une rencontre ratée avec cette Afrique vue à travers le filtre de la force primaire, de l'anthropophagie, de la bestialité et d'où émane « L'odeur de boue, de la boue des premiers âges ». Cette façon d'être en Afrique ne peut que venir ronger leurs rapports avec ces tribus, dresser un mur et les enliser jusqu'au pourrissement. Comme rejetés, crachés, vomis. le coeur des ténèbres victorieuses au battement régulier et sourd comme ce bruit régulier de tam-tam entendu souvent derrière l'épais rideau d'arbres.

J'ai aimé la façon dont Conrad entoure de mystère cet homme dont tout le monde parle, Kurtz, et la fascination qu'il engendre. Kurtz semble avoir disparu, on ne sait pas vraiment s'il est mort et la mission de Marlow est de le ramener. On le dit homme cultivé, artiste, peintre, homme remarquable. Marlow découvrira un homme devenu sauvage, qui a su se faire accepter par les tribus mais qui a entouré sa maison de têtes décapitées et empalées sur des pieux, têtes de rebelles, ce qui en dit long en réalité, sur son emprise. Ses seuls mots, bredouillés au seuil de la mort, seront « L'horreur ! L'horreur ! ». Son portrait, tout en subtilité et nuances, est complexe et mériterait, de ma part, une relecture pour tenter d'en comprendre tous les messages et déterminer si Conrad est bien cet écrivain impérial ou au contraire un écrivain anti-colonial, il me semble que ce personnage de Kurtz permet d'avoir quelques clés pour mieux comprendre. Et au-delà de la cette compréhension, la complexité du personnage décrit en fait un personnage de littérature fascinant qui mérite d'être revisité. Ce d'autant plus que, sans doute, ce personnage complexe traduit les propres ténèbres intérieures et contradictoires de l'auteur.

J'ai adoré l'écriture de Joseph Conrad pour décrire ces ténèbres, cette nature sauvage. J'y étais. Je voyais cette foule d'adorateurs soumis autour de Kurtz, l'obscurité de la forêt, le scintillement de la longueur du fleuve entre les sombres courbes, j'entendais le battement du tam-tam, régulier et sourd, comme un battement de coeur…J'ai senti combien Kurtz, rassasié d'émotions primitives, était devenu sombre, l'ombre de lui-même, « une ombre insatiable d'apparences splendides, de réalités effroyables, une ombre plus ténébreuse que l'ombre de la nuit, et drapée noblement dans les plis d'une éloquence fastueuse ».


C'est d'une beauté absolue, d'un exotisme hypnotisant, je crois n'avoir jamais rien lu ainsi sur l'Afrique, et compense largement la complexité du récit par moment et le véritable dessein de l'auteur que plusieurs relectures me permettront peut-être de mieux comprendre. Me restent, en attendant ce second rendez-vous, une sensation étouffante, intense, mystérieuse et un style classique au charme suranné.


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critiques presse (1)
BDGest
28 février 2014
Stéphane Miquel et Loïc Godart ont visiblement su les éviter et offrent un album réaliste, dénué de tout romantisme, que Joseph Conrad aurait certainement apprécié !
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (165) Voir plus Ajouter une citation
Elles auraient été encore plus impressionnantes, ces têtes ainsi fichées, si les visages n'avaient pas été tournés vers la maison. Une seule, la première que j'avais distinguée, regardait de mon côté. Je ne fus pas aussi choqué que vous pouvez le penser. Mon sursaut en arrière n'avait été, réellement, qu'un mouvement de surprise. Je m'étais attendu à voir une boule de bois, comprenez-vous. Je retournai délibérément à la première repérée - et elle était bien là, noire, desséchée, ratatinée, les paupières closes - une tête qui semblait dormir en haut de ce piquet, et avec les lèvres sèches et rentrées qui montraient les dents en une étroite ligne blanche, souriait, aussi, souriait continûment de quelque rêve interminable et jovial dans son sommeil éternel.
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La grande muraille de végétation, masse exubérante et emmêlée de troncs, de branches, de feuilles, de rameaux, en festons, immobile au clair de lune, était comme une invasion folle de vie muette, une vague roulante de plantes, empilée, crêtée, prête à s'abattre sur la crique, à balayer chacune de nos petites humanités hors de sa petite existence.
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La conquête de la terre, qui signifie principalement la prendre à des hommes d'une autre couleur que nous, ou dont le nez est un peu plus plat, n'est pas une jolie chose quand on la regarde de trop près.
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Le jour finissait dans la sérénité exquise d'un éclat immobile. L'eau brillait doucement. Le ciel, qui n'avait pas une tache, était une immensité bénigne de lumière immaculée. Il n'était pas jusqu'à la brume sur les marais d'Essex qui ne fût comme une gaze radieuse accrochée aux coteaux boisés de l'intérieur et drapant les côtes basses de plis diaphanes. Seule la pénombre à l'ouest, appesantie sur l'amont du fleuve, s'obscurcissait de minute en minute, comme irritée par l'approche du soleil.
Enfin dans la courbe de son imperceptible déclin, l'astre, très bas, passa d'un blanc lumineux à un rouge terne sans rayons et sans chaleur, comme s'il allait s'éteindre d'un coup, frappé à mort par le contact de cette pénombre qui pesait sur une multitude d'hommes.
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La Tamise s'ouvrait devant nous vers la mer comme au commencement d'un chemin d'eau sans fin. Au loin la mer et le ciel se joignaient invisiblement, et dans l'espace lumineux les voiles tannées des barges dérivant avec la marée vers l'amont semblaient former des bouquets rouges de voilures aux pointes aiguës, avec des éclats de livardes vernies. Une brume dormait sur les côtes basses dont les aplats allaient s'effaçant vers la mer. L'air était sombre au-dessus de Gravesend et plus en deçà encore semblait condensé en triste pénombre et pesait immobile sur la plus vaste et la plus grande ville du monde.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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