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Francis Kerline (Traducteur)
EAN : 9782330177423
272 pages
Actes Sud (01/03/2023)
3.56/5   16 notes
Résumé :
À l’université de Logos, au Texas, d’immenses gaillards équipés d’épaulières rembourrées et de casques rutilants jouent au football américain avec passion. Au cours d’une saison sans précédent où ils enchaînent les victoires, leur running back, un garçon brillant du nom de Gary Harkness, développe peur et fascination pour le conflit nucléaire. Parmi les joueurs, les terminologies du football et de la guerre atomique deviennent interchangeables et leur sens se détéri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Actes Sud se décide enfin à traduire le deuxième livre ( 1972 ) d'un des plus grands « oubliés du Nobel » ( vague appellation à vocation commerciale ).
Bon… mais tout le monde s'en fout.
On voit bien que vous ne faites pas partie des dingues ayant mandaté plusieurs envoyés spéciaux aux Amériques afin de mettre la main sur sa version originale… de guerre lasse… la maison arlésienne ayant déjà tergiversé avant d'éditer son tout premier, « Americana », affublé d'une quatrième de couverture frisant l'indigence, preuve qu'elle ne l'avait manifestement pas bien compris…
On parle davantage du nouveau Bret Easton Ellis, bien qu'il n'ait rien écrit de bien valable depuis près de vingt ans… au moins on continue d'entendre parler de lui, simplement parce qu'il adore donner son avis, même quand personne ne lui demande.
( Vous pensez peut-être que j'y vais un peu fort… mais voyez un peu les bêtises qu'il a pu sortir sur ses confrères… dont une charge que personne n'a encore bien comprise contre David Foster Wallace et ses lecteurs… )
Alors je babille, je frétille, et on n'a encore rien dit sur ce livre… normal, venant d'un de ses plus grands admirateurs…

Son dernier livre en date, « Le Silence » a quasiment déçu tout le monde ( sauf Bret Easton Ellis… ), résultat d'une oeuvre ayant basculé avec le temps vers une épure trop affirmée, intériorisant ce concept de « Point Omega » comme abîme de complexité, d'où la trame romanesque ne pourrait que s'étioler avant de disparaitre complètement… comme ses lecteurs…
On trouvera toujours, dans la presse branchouille spécialisée, une personne pour proclamer « The Body Artist » comme son meilleur livre, confirmant que la multiplication des avis induit mécaniquement l'originalité ou l'anti-conformisme comme seules valeurs…
Et l'on espère qu'à l'aune du bilan, le grand Don saura à nouveau nous sortir un grand livre, de la trempe de ses classiques ; en attendant, il nous reste à découvrir celui-ci, en y ajoutant son unique livre sous pseudonyme, « Amazons », ou l'histoire de la première femme à jouer dans la ligue nationale de hockey sur glace, publié en 1980 par Cleo Birdwell, dont l'intrigue à présent pourrait intéresser le plus grand nombre, énième manifestation de prescience de ce géant de la littérature.
Actes Sud ayant dépassé sa peur du football américain, pourquoi ne pas en faire de même avec cette patinoire…?

Car c'était sûrement cela le problème, la crainte d'un livre qui ne toucherait que les connaisseurs d'un des sports les plus exclusifs à la culture étasunienne… Il y a bien eu quelques précédents, notamment avec le baseball, toile de fond plus ou moins présente de quelques romans à succès ( dont l'ignoble « L'art du jeu » de Chad Harbach ), donnant lieu à d'obligatoires lexiques, voire à de fantaisistes traductions lorsque le jargon n'est pas retranscrit en V.O…
Ici, le traducteur s'en sort honorablement ( Francis Kerline, en charge déjà de Will Self, Franzen, Lethem, etc. ) préférant laisser tel quel ce vocabulaire. On s'inquiètera au passage de ce qu'est devenue Marianne Véron, elle qui avait brillamment traduit toute son oeuvre jusqu'à « Zero K », et dont nous n'avons plus de nouvelles depuis sa non-traduction du « Silence » ( confié à Sabrina Duncan, soupçonnée d'être un pseudonyme… Drôle de Dames… et puis rien d'autre… ), et dont le peu d'informations glané sur un site à tendance « point médian » nous parle surtout de son travail sur Doris Lessing… forcément…
C'est pourtant elle qui avait traduit, pour la revue « Desports » des Editions du Sous-Sol, la nouvelle « Stratégie de Match », variation d'un des chapitres du présent roman… Si quelqu'un a de ses nouvelles…
Bref, un autre petit moment de solitude… Ils sont décidément trop nombreux…

Et puis, vous l'aurez compris, le football n'est ici que prétexte à faire de la littérature.
Don réussi à nouveau ce qui m'avait tant enchanté dans « Americana », « Bruit de Fond » ou « L'Etoile de Ratner » : composer un roman empilant de manière rigoureusement simultanée le sérieux et sa parodie ; rarement les deux ne cohabitent ; ici ils existent en même temps, sans s'annuler ni se déprécier.
Il se sert à nouveau beaucoup des dialogues, laissant ceux-ci former une image pour chaque personnage, plutôt qu'essayer de nous les représenter. Ceux-ci font encore penser à des individus atteints d'un vague syndrome type Asperger, tant ils semblent chacun évoluer dans les conversations de manière parallèle.

On y retrouvera les thèmes de prédilection de l'auteur, brillant de la spontanéité du second roman, où le héros Gary Harkness serait une évolution logique de l'inoubliable David Bell de son premier livre, la névrose s'y développant…

On s'y engagera gaiement, surtout après avoir aimé arpenter une bonne partie de ses romans.
Ce n'est pourtant pas un livre à réserver à ses seuls adeptes — comme pourraient l'être certains de ses romans ainsi que sa production théâtrale — sa fraîcheur ébouriffée et son humour de guerre froide en faisant un livre dont la sortie tardive, à défaut d'être saluée comme un événement (brrrr), vient combler un certain vide.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'envie de remercier cet éditeur.
Merci Actes Sud.
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LES JEUX ET LA BOMBE : End Zone - Don DeLillo (édition Actes Sud)
Violence des échanges en milieu tempéré

Gary Harkness est étudiant à l'université de Logos (« langage en tant qu'instrument de la raison », il y a un indice quant à ce qui va venir), Texas. Il a la vingtaine, il est aussi footballeur. Celui où l'on s'arrête de jouer toutes les 15 minutes, où l'on s'arrache comme un gladiateur, où l'on se rentre dedans, où l'on prend des coups, où on se pète les dents, se poche les yeux, se casse le nez. Ce genre de football. le football américain. le jeu auquel on ne comprend rien en Europe, le foot du pays où rien n'est normal, où tout est démesuré.

Les angoisses de Gary elles aussi sont démesurées. Gary joue au foot, sort avec Myna et pense à la bombe. Pense à l'extermination massive des populations civiles, à la fin de la civilisation, aux retombées radioactives, aux villes désertées, à la fin de toutes vies (exceptée celles des insectes). Ces obsessions ne sont pas celles d'un psychopathe, mais celles d'un jeune américain des années 70. Celles d'un jeune homme qui a vécu, et subit les retombées géopolitiques et géostratégiques de la guerre froide, comme toute une génération largement oubliée aujourd'hui - et remplacée par une génération pleurnicharde qui pense être la seule à avoir peur de la fin du monde (fin de diatribe).

Entre métaphysique, art de la guerre au temps de la domination nucléaire, violence du jeu, réflexion sur la mort et le langage, le langage de la mort et la mort du langage, Gary essai de trouver un sens à sa vie.

End Zone, la zone de touche en football américain est le second roman de Don DeLillo. Jamais traduit pour cause de suppositions fumeuses (« on ne comprendrait pas le roman en France puisque l'on ne comprend rien au football américain ») il rejoint finalement ses pairs en traduction. Il était temps, c'est certainement un de ses meilleurs livres, et autant dire qu'il ne parle pas vraiment de football.

End Zone évidement, comme tous les romans de DeLillo est un prétexte pour analyser - a la manière bien particulière de son auteur - la vie aux États Unis à cette époque, la vie en général et l'état du monde.
Un roman politique, philosophique et linguistique. A la manière de Bruit de Fond, récemment adapté au cinéma, End Zone s'attaque au langage comme fondement biaisé et corrompu du monde et des idées que l'on nous impose. Et c'est un rien brillant il va sans dire.

On retiendra surtout (et c'est un paradoxe) le chapitre où l'auteur décrit un match de foot américain, à la fois incompréhensible et hilarant (les mots, là encore, leur absurdité, leur non sens, hormis dans un environnement donné, l'obsessionnelle spécialisation du langage humain), ainsi que celui d'un jeu de stratégie que le personnage principal engage avec un officier de l'armée de l'air dont il est ami. Deux passages qui sont comme deux miroir de la folie et de la brutalité humaine, à deux échelles différentes.

J'ai adoré.
C'est à lire, évidement !
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— Gary Harkness voue un culte à la performance lors de ses matchs universitaires de football américain au Texas. Cet entrechoquement de casques grillagés exacerbe, pour DeLillo, les pulsions guerrières des rapports humains. le parallèle entre compétition sportive et destruction se retrouve dans l'obsession étrange du narrateur pour le conflit nucléaire. Lors de ses cours de "technologie du désastre", il pense aux insectes, capables de survivre à la radioactivité. Car l'instinct de survie émane invariablement de ce texte – face à l'équipe adverse, aux angoisses métaphysiques, aux basculements géopolitiques, aux dangers de la technique – dans un monde moderne fasciné par la violence.
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critiques presse (5)
LeJournaldeQuebec
26 juin 2023
Écrit et publié au tout début des années 1970, le deuxième roman du grand écrivain américain Don DeLillo vient d’être traduit en français pour la première fois.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
16 mai 2023
« End Zone » décrit la fascination troublante et visionnaire d’un jeune joueur de football américain pour les catastrophes provoquées par l’arme atomique, par l’Américain Don DeLillo.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
17 avril 2023
C’est le deuxième roman du grand écrivain américain Don DeLillo. Publié aux Etats-Unis en 1972, End Zone n’avait jamais été traduit en français. Casque grillagé, épaulettes XXL : son narrateur, Gary Harkness, est un joueur de football américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
14 avril 2023
Le jeu, la jouissance et la mort. Amalgamant ces trois thèmes, Don DeLillo met en lumière les nombreuses correspondances qui les lient.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
20 mars 2023
L’écrivain dédie son deuxième roman, publié en 1972, au football américain. Une histoire située dans un collège perdu au milieu du Texas.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Qu'est-ce qui est le plus bizarre dans ce pays ? C'est que, lorsque je me réveillerai demain matin, ma première petite poussée de peur ne concernera pas nos ennemis nationaux, nos traditionnels ennemis de la guerre froide ou je ne sais quelle guerre. Non, je n'ai pas du tout peur de ces gens. Alors de qui ai-je peur, parce que j'ai réellement peur de quelqu'un ? Écoutez-moi, je vais vous le dire. J'ai peur de mon propre pays. J'ai peur des États-Unis d'Amérique. C'est ridicule, n'est-ce pas ? Mais regardez. Prenez le Pentagone. Si quelqu'un nous tue sur une grande échelle, ce sera le Pentagone."
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Videos de Don DeLillo (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Don DeLillo
White Noise | Teaser officiel VOSTFR | Netflix France. Inspiré du roman "Bruit de fond" de Don DeLillo, WHITE NOISE (2022) est un film de Noah Baumbach avec Adam Driver et Greta Gerwig.
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