Après avoir lu
l'Idiot, j'avais envie de poursuivre avec une lecture de
Dostoïevski, mais plus légère, plus courte.
La lecture de ses
notes d'hiver sur impressions d'été m'ont laissée quelque peu perplexe par moment : les passages sont très inégaux, et les premiers chapitres sont laborieux, comme le signale d'ailleurs le narrateur "forcé" par ses amis à décrire son voyage en Europe.
Après une sorte de faux démarrage, les villes européennes défilent : Berlin, Paris, Londres, toute reliées par le train, nouveau moyen de transport qui semble fasciner l'auteur (et que l'on retrouve d'ailleurs dans
l'Idiot et dans
Dernières miniatures). Les rencontres qu'il provoque servent
Dostoïevski, qui s'empresse de comparer les voyageurs d'après leurs nationalités : Russes, Anglais et Français, les deux derniers n'ayant que rarement le beau rôle.
Une fois cette nouvelle introduction passée, l'on découvre par les yeux de l'auteur Londres et Paris : la première par ses bas-fonds et l'extrême misère des ouvriers alcooliques et violent, dont femmes et enfants se prostituent, la seconde par les pérégrinations de
Dostoïevski autour du Palais Royal, en observant avec minuties les moeurs bourgeoise du bribri et de sa mabiche, dont le seul idéal est désormais l'accumulation de richesses. On ne peut manquer de songer à
Balzac, et on se demande parfois si le narrateur ne cherche pas à confirmer ses impressions de lectures passées plutôt qu'à vraiment s'imprégner de ce qui l'entoure. Certaines descriptions sont tordantes, d'autres plus politiques, à l'image de son argumentation sur le socialisme français.
Finalement, les "études" de Londres et Paris sauvent les deux premiers chapitres plutôt malheureux, et fournissent une intéressante opinion d'un voyageur russe ignorant tout de l'Europe vécue jusque-là, mais la connaissant intimement par ses lectures
De Balzac et de Dickens, pour ne citer que ceux-là !